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16 octobre 2013 3 16 /10 /octobre /2013 10:09
Ralph ALESSI : “Baida” (ECM / Universal)

Ce disque, le premier de Ralph Alessi pour ECM, est l'un de ses meilleurs. Ceux d'entre vous qui s'intéressent à la scène new-yorkaise connaissent ce musicien qui enregistre de trop rares albums sous son nom avec des partenaires exigeants. Craig Taborn ou Andy Milne auraient pu tenir le piano de cette séance supervisée par Manfred Eicher. Le trompettiste leur a préféré Jason Moran, plus convaincant que jamais lorsqu'il accompagne, se met au service des autres. Avec la même équipe - Drew Gress à la contrebasse et Nasheet Waits à la batterie -, Alessi et Moran ont enregistré "Cognitive Dissonance" pour le label CAM Jazz en 2010, un disque moins abouti que ce nouvel opus. Car, travaillant ici sur une musique ouverte et fluide qui demande précision et rigueur, les quatre hommes la façonnent collectivement, lui apportent un surplus d'invention, tant mélodique que rythmique. Auteur de toutes les compositions, le trompettiste n'est donc pas seul à prendre des risques, à sauter dans le vide, à éprouver le vertige qu'offre une musique aérée qui, entre des mains virtuoses s'abstenant d'en faire trop, trouve naturellement sa place dans l'espace. C'est d'ailleurs une plage modale et rêveuse qui ouvre l'album, morceau repris in fine, ultime pirouette musicale pour clore des moments intenses et de grande beauté. Trompette et piano rivalisent souvent de délicatesse mélodique. A cet égard, Sanity, une ballade, apparaît comme l'un des sommets lyriques de l'album. La contrebasse chante, la trompette s'envole, le piano assure un contrepoint de notes lumineuses et rares. Le mélancolique I Go, You Go est de la même veine. Une semblable respiration mélodique traverse Throwing Like a Girl, morceau porté par une contrebasse ronde et précise, un drive d'une rare souplesse, mais aussi Maria Lydia dont le thème s'inspire d'un lieder d'Igor Stravinsky. Ailleurs, le groupe explore des tempos plus énergiques. Le discours reste toujours cohérent, même lorsque le pianiste fait feu de dissonances (Chuck Barris), adopte un langage plus abstrait. Une réussite incontestable.

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