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17 mars 2014 1 17 /03 /mars /2014 10:03
Kris BOWERS : “Heroes + Misfits” (Concord / Universal)

Perméable à de nombreux styles musicaux, ce premier disque captive de bout en bout, ce qui n’est pas banal. Kris Bowers puise allégrement dans la soul et le hip hop, provoque la surprise en variant sans cesse ses orchestrations. Arrangé avec soin, son disque fourmille de bonnes idées, de mélodies attachantes. Stevie Wonder aurait pu signer celle de Wonderlove, un thème digne de ses grands albums des années soixante-dix. Kris a baigné dans cette musique, celle de ses parents qui appréciaient aussi Marvin Gaye et Earth, Wind and Fire. Mais Kris Bowers est aussi un remarquable pianiste. En 2011, il remportait la prestigieuse Thelonious Monk International Jazz Piano Competition devant un jury comprenant Herbie Hancock, Jason Moran, Danilo Pérez et Renee Rosnes. S’il prend bien sûr quelques chorus, affiche un lyrisme, une facilité insolente à faire chanter l’instrument, il laisse beaucoup s’exprimer les musiciens qui l’entourent. Jouée par Adam Agati, une guitare électrique branchée sur des pédales d’effets occupe ainsi l’espace sonore de Wake the Neighbors, un des nombreux morceaux à tiroirs de l’album. Casey Benjamin et Kenneth Whalum se partagent les saxophones et plusieurs plages en bénéficient. Chris Turner, José James et Julia Easterlin assurent les parties vocales. Chanté par cette dernière, Forget-er fait penser à du Björk. Avec ferveur, José James plonge Ways of Light dans un bain de gospel. Soutenu par une section rythmique très souple privilégiant groove et rebonds, Burniss Earl Travis II à la basse électrique et Jamire Williams à la batterie, Kris Bowers utilise divers claviers. Piano acoustique, Fender Rhodes, synthétiseurs offrent une large palette de couleurs à ses compositions, les instrumentaux du disque se révélant très cinématographiques. A New York, à la Julliard School, le pianiste s’était aussi spécialisé dans la composition de musique de films. Avec une équipe réduite, le re-recording permettant de doubler les voix, de multiplier les saxophones, il parvient ainsi à créer une bande-son aux climats variés et inattendus. On ne sait jamais ce qu’il va advenir d’un morceau. Il bifurque, redémarre avec une mélodie nouvelle, hérite d’autres rythmes, fait de grands écarts. La surprise est totale. Cet album qui s’ouvre sur des gazouillis d’oiseaux mérite mieux que les quelques lignes négatives que lui consacre Jazz Magazine / Jazzman. Il est recommandé de l’écouter fort. Le choc en est d’autant plus grand.

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