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25 septembre 2014 4 25 /09 /septembre /2014 09:11
L'évangile selon Saint Duke

Invité le 16 septembre 1965 à présenter un concert de musique sacrée en la cathédrale de la Grâce de San Francisco qui se dresse au sommet de Nob Hill, Duke Ellington inaugura un genre inédit de musique sacrée : le “Sacred Concert”, sorte d’oratorio au sein duquel cohabitent le jazz, le gospel, le blues et la magie ellingtonienne. Le Duke connaissait l’histoire d'un jongleur, qui, au Moyen Age avait exprimé sa gratitude à la Vierge en dansant devant sa statue. Outre deux chorales, il fit donc appel à un danseur de claquettes. « In the Beginning God », Au commencement Dieu…, trois mots sur lesquels s’ouvre la Bible du roi Jacques, fournirent le thème principal du concert, une composition qu’Harry Carney introduisait au saxophone baryton. Le programme comprenait bien sûr Come Sunday, un extrait de “Black, Brown and Beige”, et The Lord’s Prayer, gospel porté avec ferveur par l’orchestre au complet.

L'évangile selon Saint Duke
L'évangile selon Saint Duke

Un Second “Sacred Concert” vit le jour le 19 Janvier 1968 devant 6 000 personnes en la cathédrale Saint-Jean l’Evangéliste (St. John the Divine) de New York et fit l’objet d’un enregistrement studio chez United Artists trois jours plus tard. Presque toutes les compositions étaient nouvelles. Il débutait par Praise God confié là encore au saxophone baryton de Carney. Le très remarqué Supreme Being fut composé à cette occasion, de même que Something about Believing, The Shepherd, Heaven (chanté par la soprano Alice Babs), Meditation (duo qui réunissait Duke Ellington au piano et Jeff Castleman à la contrebasse), et It’s Freedom (contribution du Duke à la lutte de son peuple pour l’obtention de ses droits civiques). Introduit par Alice Babs (en photo avec Ellington), le final, Praise God and Dance, s’inspirait du psaume 150. Jimmy Hamilton, Paul Gonsalves et Cat Anderson étaient les principaux solistes de cet acte de foi.

Mal préparé avec un Duke Ellington déjà malade (il devait disparaître quelques mois plus tard), un troisième “Sacred Concert” fut créé à Londres, à Westminster Abbey le 24 octobre 1973.

L'évangile selon Saint Duke

Tous ces morceaux et d’autres encore, seront joués le mercredi 1er octobre, à Paris, en l’église de la Madeleine. Porté par cinquante deux colonnes corinthiennes lui donnant un air de temple grec, son architecture massive étonne toujours les visiteurs. Napoléon voulait en faire un temple maçonnique dédié à la raison. Le bâtiment faillit être transformé en gare ferroviaire en 1837 et, pour finir, devint une église en 1845. Éduqué par la Bible, mais aussi franc-maçon, Ellington dont l’indicatif des concerts de son orchestre était Take the ‘A’ Train aurait sûrement apprécié y faire jouer sa musique. De son vivant, il donna un concert de musique sacrée dans une autre église parisienne, à Saint Sulpice en décembre 1969. Plusieurs mois de préparation, des travaux coûteux, une estrade spéciale, une sonorisation pointue et une resquille record écartèrent tous bénéfices autres que spirituels raconte l’organisateur de la manifestation, le regretté Philippe Koechlin, dans ses “Mémoires de Rock et de Folk”.

L'évangile selon Saint Duke

Souhaitons que pareille mésaventure n’arrive pas à Laurent Mignard, grand responsable de cette résurrection ellingtonienne. Enthousiasmé par les “Sacred Concerts” qu’il donna ces dernières années, le Duke Ellington Center for the Arts de New York présidé par Mercedes Ellington, la petite fille de Duke Ellington, a commandé au Duke Orchestra, l’orchestre de Mignard, une tournée des Musiques Sacrées d’Ellington dans les cathédrales de France. Pour la lancer, Laurent a décidé de frapper fort. La foi ne soulève t-elle pas des montagnes ? Pas moins de 80 artistes sur scène à la Madeleine : le Duke Orchestra au complet (en citer les membres serait fastidieux), mais aussi l’ensemble Les Voix en Mouvement que dirige Michel Podolak, les chœurs Gospel Attitude et White Spirit, le chœur de La Celle Saint-Cloud et de prestigieux invités. Chorégraphe du “Sacred Concert” de 1968, Mercedes Ellington en sera la récitante, Emmanuel Pi Djob, Nicolle Rochelle et Sylvia Howard les vocalistes et Fabien Ruiz le danseur de claquettes.

Dans sa grande bonté, le pape François a promis un an d’indulgence à tout possesseur de billets. Toujours souffrant, Monsieur Michu a déjà pris le sien. Qu’attendez-vous ? Pour une fois que le ciel nous fait perdre la tête…

L'évangile selon Saint Duke

DUKE ELLINGTON SACRED CONCERT

Eglise de la Madeleine

Mercredi 1er octobre 2014 - 21h00

 

Billetterie :

www.laurentmignard.com

www.fnac.com

 

Infos :

Tel : 01 40 93 36 60

Photo de Laurent Mignard © Pierre de Chocqueuse – Autres © Photos X/D.R.

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