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14 septembre 2014 7 14 /09 /septembre /2014 09:15
Mieux vaut tard que jamais

Enrico Pieranunzi Trio © Andrea Boccalini

Sortis respectivement en mai et en juin, les nouveaux disques d’Enrico Pieranunzi et de Chick Corea méritaient des chroniques. Elles ont tardé, je vous l’accorde, mais les voici, écrites avec la passion qui m’habite et m’inspire. Merci d’avoir patienté.  

Mieux vaut tard que jamais

Enrico PIERANUNZI : “Stories”

Cam Jazz / Harmonia Mundi

Depuis 2009, Enrico Pieranunzi enregistre avec Scott Colley à la contrebasse et Antonio Sanchez à la batterie, un nouveau trio qui permet à sa musique de rester lyrique tout en étant plus agressive. “Permutation”, son disque précédent, était déjà centré sur la pratique intensive du jeu collectif. Sorti en mai dernier, “Stories” l’est davantage encore. Les musiciens se connaissent mieux, jouent ensemble depuis plus longtemps, et cet opus excitant, parfois aventureux (Which Way Is Up), confirme leur entente, leur capacité à réagir en temps réel à leurs propres inventions. Confiées à leurs instruments, les idées jaillissent, se structurent à pleine vitesse. Rapides, les trois premiers morceaux débordent d’énergie. Le pianiste fascine par un jeu fiévreux qui reste lisible et cohérent, le Maestro parvenant toujours à faire chanter la phrase musicale, à la faire respirer. Il nous réserve aussi de nombreuses ballades, l’aspect mélodique de son travail gardant son importance. Toutes sont de qualité. The Slow Gene, une composition de Colley, s’intercale avec bonheur entre deux pièces fébriles. Ponctué par une contrebasse qui n’oublie jamais de dialoguer avec le piano, Where Stories Are nous touche par sa mélancolie et Flowering Stones par son tendre balancement. The Real You qui conclut le disque ruissèle de belles couleurs harmoniques. Sous les doigts d’Enrico, la musique devient alors tendresse, foisonnement de notes exquises. Un trio musclé mais sensible la sert avec bonheur.

Mieux vaut tard que jamais

Chick COREA : “Portraits”

(Concord / Universal)

La discographie de Chick Corea renferme peu d’enregistrements en solo. Ce ne sont d’ailleurs pas les meilleurs. Son travail d’orchestrateur ou ses opus en trio se révèlent plus conséquents. S’il n’apporte rien de vraiment neuf, ce disque n’en reste pas moins intéressant. Le pianiste se penche sur son passé, sur les sources d’inspiration qui ont jalonnés sa déjà longue carrière. “Portraits” renferme deux CD et le premier, presque entièrement consacré à la relecture de standards, est un hommage à des musiciens qui l’ont influencé, ou dont il apprécie la musique, tel Stevie Wonder dont il reprend Pastime Paradise. Thelonious Monk, Bud Powell et Bill Evans, auxquels il a consacré des albums et souvent interprété les compositions, ont marqué son piano. Cet enregistrement est un live et, se faisant pédagogue, Corea les présente brièvement avant de les jouer, de nous donner des versions parfois enthousiasmantes de leurs œuvres. Dans le second CD, il joue du Alexandre Scriabin – deux Préludes de l’opus 11, œuvre de jeunesse du musicien russe alors influencé par Chopin – et du Béla Bartók, mais aussi quelques-unes de ses Children’s Songs dont la composition s’étala sur une dizaine d'années. La partie neuve de ce programme au sein duquel Chick nous offre aussi une grande version de The Yellow Nimbus en hommage à Paco de Lucia, est constituée par une série de portraits improvisés d’auditeurs anonymes de ses concerts (une tournée aux Etats-Unis, au Canada et en Europe) qu’il a invités à monter sur scène. Il joue un piano dont le riche vocabulaire emprunte autant à la musique classique européenne qu’au jazz et à la tradition du blues. On retrouve le musicien romantique qui affectionne une harmonie ample et délicate et le rythmicien au touché percussif qui apprécie les rythmes latins. Inspiré, Chick Corea nous fait grâce d’un magnifique piano.

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