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31 mars 2015 2 31 /03 /mars /2015 09:15
Une tectonique renaissante

“La Tectonique des Nuages”, musique de Laurent Cugny, mise en scène de François Rancillac, sera officiellement créée dans sa version opératique au Théâtre Graslin de Nantes le 7 avril prochain (quatre représentations, les 7, 8, 9 et 10 avril) puis jouée à Angers dans le Grand Théâtre les 28 et 29 avril. La reprise de cet opéra jazz consacré par le disque en 2010 constitue un événement qu'il ne faut pas manquer.

Une tectonique renaissante

La Tectonique des nuages” dure deux heures, le temps d’un acte. Un prologue et un épilogue le complètent. Jouées sans musique, certaines scènes obligent les chanteurs et la chanteuse – David Linx, Yann-Gaël Poncet, Laïka Fatien – à s’investir, à tenir de vrais rôles. L’orchestre – dix musiciens* – donne des couleurs à l’action, commente la pluie que versent les nuages, la suspension du temps. « J’en ai résolue la problématique par un travail sur la polyrythmie. Vers la fin de l’opéra, le temps détruit par Celestina se recompose, reprend son cours normal. J’ai donc superposé six ou sept rythmes contradictoires qui se résorbent en un seul. Par la musique, le spectateur peut ainsi sentir ce dérèglement temporel que le texte sous-entend de manière allusive » confie Laurent Cugny. La montée en puissance des cuivres illustre l’atmosphère de fin de monde dans laquelle baigne l’histoire. La partition prévoit un trio, un quintette à vents sans section rythmique, des morceaux en sextette et en septette. Une des chansons est jouée par la seule guitare, d’autres font intervenir l’accordéon, ces deux instruments évoquant l’origine hispanique des personnages.

*Laurent Cugny (piano), Thomas Savy (clarinettes, saxophone ténor), Pierre-Olivier Govin (saxophones alto & baryton), Arno de Casanove (trompette, bugle), Denis Leloup (trombone), Eric Karcher (cor), Laurent Derache (accordéon), Frédéric Favarel (guitares), Joachim Govin (contrebasse), Frédéric Chapperon (batterie).

Une tectonique renaissante

Il a fallu attendre presque dix ans pour que “La Tectonique des Nuages” soit enfin montée sur une scène avec ses décors. C’est long, mais en même temps, cet opéra n’a jamais cessé d’être proche de nous depuis sa création à Jazz à Vienne en juin 2006. On pensait le projet enterré après son unique présentation à Paris au Théâtre de la Ville en 2007 sans ses décors, ses costumes, sa mise en scène, dans une indifférence médiatique quasi-générale malgré un vrai succès public. Cette “Tectonique des Nuages” qui ne voulait décidément pas mourir trainait une longue histoire derrière elle. Laurent Cugny n’avait pas de livret lorsque Jean-Paul Boutellier accepta l’idée d’un opéra jazz à Vienne en 2000. Ce n’est que plus tard qu’il se mit à en écrire la musique, lorsque François Rancillac, metteur eu scène de théâtre et mélomane, lui envoya “La Tectonique des nuages”, une pièce du portoricain José Rivera, une émouvante histoire relevant du fantastique. François Rancillac écrivit le livret à partir de sa traduction par Isabelle Famchon. L’auteur des paroles des chansons, Yann-Gaël Poncet fut aussi engagé comme chanteur. Il est Nelson, un militaire, un dur à cuire. David Linx est Aníbal de la Luna, son frère aîné, le personnage principal. Laïka Fatien prête sa voix à l’étrange Celestina del Sol qui a le pouvoir de modifier le temps, porte en elle l’éclat aveuglant du soleil, suscite le désir, l’amour, et change également les hommes.

Une tectonique renaissante
Une tectonique renaissante

En 2009, grâce à François Rancillac, Laurent parvint à faire jouer son opéra à la Comédie de Saint-Étienne, toujours dans sa version de concert. Le Grand T de Nantes que dirigeait alors Philippe Coutant le programma également. La même année, en novembre, la Fondation Beaumarchais proposa à Laurent une représentation de “La Tectonique des Nuages” en trio (piano, basse, batterie) au théâtre du Rond-Point. Un pari insensé qui démontra que sans scénographie et réduit à un trio pour accompagner les chanteurs, cet opéra fonctionnait parfaitement. Pour mieux le faire connaître, il fallait l’enregistrer. Responsable de production chez Signature, un label de Radio France distribué par Harmonia Mundi, Bruno Letort accepta et Radio France mit à la disposition de Laurent et de ses musiciens le studio 103 et ses ingénieurs du son. La Fondation BNP Paribas soutint le projet, ce qu'elle faisait depuis sa création et ce qu'elle fait encore aujourd'hui. Commencées en février 2009, les séances s’étalèrent sur plusieurs mois. Commercialisé en novembre 2010, “La Tectonique des nuages” obtint en décembre le Grand Prix de l’Académie du Jazz (Meilleur disque de l’année), un prix pour la première fois décerné à un disque français. Cinq ans plus tard, la confiant à Jean-Paul Davois, directeur général d’Angers Nantes Opéra, Laurent Cugny peut enfin présenter sa “Tectonique” dans la version opératique dont il a toujours rêvé. Une nouvelle carrière s’offre donc à cet opéra qui, tel le phénix, renaît de ses cendres et oublie de se faire oublier.

Réservations & renseignements : www.angers-nantes-opera.com

 

Photos plateau © Jef Rabillon – Photo Laurent Cugny © Pierre de Chocqueuse

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