Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
3 février 2016 3 03 /02 /février /2016 09:37
L'Académie, 60 bougies !

Retour d’Angers, du festival Premiers Plans, des images plein les yeux. Ma mémoire conserve celles de Mehmet dans “Cold of Kalandar, magnifique film turc de Mustafa Kara, du beau visage de Devon Keller, la jeune et émouvante actrice de “Layla in the Sky, du corpulent Fúsi, le héros plein de bonté de “L’histoire du géant timidequi clôtura le festival. Invité à donner une conférence sur le thème Jazz et Cinéma, Gilles Mouellic, professeur d’études cinématographiques à Rennes 2, parvint à rassembler une bonne centaine de personnes, ce qui est encourageant pour le jazz, une musique qui a été le sujet mais aussi la bande-son de nombreux films à voir et à revoir.

L'Académie, 60 bougies !

Il n’existe aucun film sur l’Académie du jazz. Seules des photos ont été prises, au fil du temps, au cours de sa déjà longue existence. Cette vénérable institution fête cette année son soixantième anniversaire. Personne n’avait imaginé que ce collège de journalistes, de photographes, d’amateurs éclairés, serait toujours actif, inféodé à personne, décernant ses prix en toute indépendance. Le plus prestigieux reste le Prix Django Reinhardt attribué chaque année à un musicien français. Huit d’entre eux occuperont la scène du Châtelet le 8 février pour un concert exceptionnel : Eric Le Lann et Airelle Besson (trompettes), Géraldine Laurent, Pierrick Pedron et Stéphane Guillaume (saxophones), René Urtreger (piano), Henri Texier (contrebasse) et Simon Goubert (batterie) joignant leurs talents au sein d’un octette inédit et inattendu. Et pour terminer en beauté cette soirée le Duke Orchestra de Laurent Mignard pour nous faire rêver, jouer Duke Ellington mais aussi accompagner de prestigieux invités : le violoniste Jean-Luc Ponty (il obtint le Prix Django Reinhardt en 1966), le saxophoniste John Surman et le chanteur et guitariste Sanseverino, admirateur fervent et enthousiaste de Django Reinhardt.

Membre de l’Académie du Jazz depuis 1985, j’y ai servi trois présidents. Maurice Cullaz, qui m’y fit entrer, recevait chez lui le collège académique. Les discussions étaient vives, l’équipe restreinte et les prix trop nombreux. Lorsque Claude Carrière en devint président en 1993, il étoffa les effectifs, commença à démarcher les sociétés civiles (SACEM) afin d’obtenir une aide financière et porta les prix décernés à un nombre raisonnable. Nous les votions le plus souvent lors de notre Assemblée Générale annuelle qui se tenait Aux Broches à l’Ancienne, restaurant aujourd’hui disparu de la rue Saint-Nicolas dont nous occupions la cave. Quant aux remises de prix, elles avaient lieu dans les salons de l’hôtel Méridien, au New Morning ou au Petit Journal Montparnasse.

Élu président en 2005, François Lacharme a encore agrandi le collège électoral, trouvé de nouveaux financements extérieurs. L’aide apportée par la SPEDIDAM et l’ADAMI, le mécénat bienveillant de la Fondation BNP Paribas ont permis à l’Académie du Jazz de prendre un nouvel essor, de devenir une institution incontournable du paysage jazzistique. Abritant ces dernières années les remises de prix, le foyer du Châtelet a vu défiler de prestigieux invités et remettants dont le dessinateur Cabu, les comédiens Pierre Richard, Clotilde Courau et Victoria Abril, les cinéastes Jean Becker, Jean-Pierre Mocky et Yves Boisset, la cantatrice Natalie Dessay, les compositeurs Michel Legrand et Vladimir Cosma et le chanteur Michel Delpech. Les jazzmen ont bien sûr été nombreux à y participer. Comment oublier la présence de Ron Carter en janvier 2010, l’émotion de John Taylor lorsqu’il reçut en janvier 2015 le Prix du Jazz Européen, récompense qu’il partagea avec un de ses anciens élèves, le pianiste Michael Wollny. Le Tout-Paris culturel et artistique se presse à ces fêtes, mais pour la première fois, le 8 février prochain, l’Académie du Jazz ouvre les portes de son institution au grand public lors d’une soirée de gala* qui dévoilera son palmarès. Comment pourriez-vous la manquer !

*Places à 40, 25 et 10 euros.

 

D'AUTRES CONCERTS QUI INTERPELLENT

L'Académie, 60 bougies !

-Wynton Marsalis à l’Olympia le 4 février (20h30) avec le Lincoln Center Orchestra. Le trompettiste n’a plus fait de disques sous son nom depuis longtemps. Il préfère enseigner, se consacrer à ce rutilant big band pour lequel il écrit de nouveaux arrangements, confie de nouvelles partitions. Outre les membres de son combo habituel – Walter Blanding (saxophone ténor, clarinette), Dan Nimmer (piano), Carlos Henriquez (contrebasse) et Ali Jackson (batterie), la formation aligne de grands musiciens dans ses rangs. Citons seulement les trompettistes Marcus Printup et Ryan Kisor, les saxophonistes Victor Goines et Ted Nash pour vous mettre l’eau à la bouche et vous faire regretter votre éventuelle absence.

L'Académie, 60 bougies !

-Au Sunset le 9, Nicolas Moreaux présentera les morceaux de son prochain disque. Après “Belleville”, rencontre franco-américaine et musique d'un film imaginaire enregistré avec le saxophoniste Jeremy Udden, le bassiste retrouve la plupart des musiciens qui l’accompagnent dans “Fall Somewhere”, album qui obtint le grand prix du disque de l’Académie Charles Cros en 2013, soit Christophe Panzani (saxophone ténor), Olivier Bogé (saxophone alto), Pierre Perchaud (guitare) Karl Jannuska et Antoine Paganotti (batterie) pour interpréter les compositions réjouissantes d’un contrebassiste inspiré.

L'Académie, 60 bougies !

-Toujours le 9, mais au Sunside, Virginie Teychené chantera de nombreux extraits de son dernier disque “Encore, un opus dans lequel elle interprète avec bonheur chansons françaises (Madame Rêve, Jolie Môme) classiques de la musique brésilienne (Eu Sei Que Vou Te Amar, Doralice) mais aussi quelques standards (But not for Me, Both Sides Now de la grande Joni Mitchell que les amateurs de jazz affectionne) et des compositions personnelles. Virginie Teychené c’est une voix de mezzo-soprano très juste et très belle, une voix troublante qui fait rêver. Pour l’accompagner ses musiciens habituels : Stéphane Bernard au piano, Gérard Maurin à la contrebasse et Jean-Pierre Arnaud à la batterie.

L'Académie, 60 bougies !

-Le 9 encore, Ambrose Akinmusire investit le New Morning avec les musiciens de son nouveau trio : Mike Aaberg (orgue et claviers) et Thomas Pridgen (batterie). Auteur de trois albums, remarqué pour ses deux enregistrements confiés à Blue Note, “When the Heart Emerges Glistening (2011) et “The Imagined Savior is Far Easy to Paint, deux disques primés par l’Académie du Jazz, le trompettiste aime prendre des risques. Sa musique s’ouvre aux musiques urbaines environnantes, aux rythmes du funk et du hip-hop. Sur scène il improvise, se lance dans de nouvelles explorations musicales, dans un feu d’artifice de notes inattendues qui témoigne de l’excellente santé du jazz américain.

L'Académie, 60 bougies !

-Lancement du festival Jazz & Images au cinéma le Balzac le 12 février (20h30). Une fois par mois un film et un concert seront proposés. Le “Daniel Humair Special Show, un court métrage de Jean-Christophe Averty de 1961 (30 minutes), réunit Sonny Grey (trompette), Louis Fuentes (trombone), Jean-Louis Chautemps et Jackie McLean (saxophones), Eddy Louiss, Henri Renaud, René Urtreger (piano), Guy Pedersen (contrebasse) et Daniel à la batterie, ce dernier s’entretenant également avec le journaliste Raymond Mouly. Après sa projection, accompagné par Vincent Lê Quang au saxophone et Stéphane Kerecki à la contrebasse, Daniel Humair jouera un jazz moderne ouvert et inventif réservant bien des surprises.

L'Académie, 60 bougies !

-Les pianistes Bruno Angelini et Stephan Oliva se succèderont le 12 sur la scène du Pannonica, le club de jazz nantais (9, rue Basse Porte), pour rendre hommage au 7ème Art. Dans “Leone Alonerécemment publié sur Illusions (www.illusionsmusic.fr), Bruno Angelini revisite les musiques qu’Ennio Morricone composa pour “Giu La Testa” (“Il était une fois la révolution”) et “Il Buono, Il Brutto, Il Cattivo” (“Le bon, la brute et le truand”), deux films de Sergio Leone dont il parvient à poétiser les images, les plongeant dans des improvisations colorées et minimalistes, la musique prenant le temps de respirer, de se répandre et envoûter.

L'Académie, 60 bougies !

-Au programme du concert de Stephan Oliva le même soir, “Vaguement Godard, dernier volet de sa trilogie consacrée au cinéma, un disque dans lequel le pianiste repense en solo les principaux thèmes de ses films, des musiques de Michel Legrand, Antoine Duhamel, Paul Misraki, Martial Solal (le célèbre “A Bout de Souffle”), Georges Delerue et quelques autres. Ces partitions, Stephan les décline en noir et blanc, utilise les graves de son clavier, suscite tensions et dissonances. Des notes plus claires, des bribes de mélodies lumineuses survenant au sein d’une discontinuité narrative écartent les ombres et le noir de la nuit.

L'Académie, 60 bougies !

-Le 13 à 19h30, Henri Texier fête au Café de la Danse la sortie d’un nouvel album “Sky Dancers”, le nom que se donnaient les Amérindiens qui construisirent les gratte-ciel des grandes villes de l’est américain et qui ignoraient le vertige. Henri a réuni autour de lui Sébastien Texier (saxophone alto et clarinettes), François Corneloup (saxophone baryton), Louis Moutin à la batterie, mais aussi Armel Dupas (piano et claviers) et Nguyên Lê (guitare) qui n’ont jamais été membres de ses orchestres. Avec eux, le bassiste a imaginé de nouvelles musiques qui furent créées l’an dernier dans plusieurs festivals de l’hexagone.

L'Académie, 60 bougies !

-Également le 13, Stefano Bollani donne un concert en solo à la Cité de la Musique (Philharmonie 2 à 20h30). L’exercice n’effraie nullement le pianiste qui a déjà enregistré plusieurs albums en solitaire (“Småt Småt” pour Label Bleu en 2003, “Piano Solo” pour ECM en 2005), aime le risque et est habitué à travailler sans filet. Musicien impétueux, il sait aussi se montrer lyrique, faire chanter son piano, improviser avec vélocité mais également jouer des phrases tendres et délicates, laisser respirer la phrase musicale dans une perspective mélodique. S’il n‘abuse pas de sa virtuosité et canalise son énergie, c’est un pianiste inoubliable qui met tout le monde d’accord.

L'Académie, 60 bougies !

-Chanteuse franco-américaine à découvrir dans un répertoire folk-jazz de qualité, Kay Bourgine s’invite au Sunside le 16. Originaire de Boston, elle danse, compose (son Irresistible Desire est très réussi), a parcouru la planète comme modèle, joué dans des films et au théâtre. Kay chante Tom Waits, Suzanne Vega. De Joni Mitchell, elle reprend River, A Case of You ; de James Taylor You Can Close Your Eyes ; de Paul Simon Fifty Ways to Leave your Lover, toutes des grandes chansons. Matthis Pascaud, un bon guitariste, assure les chorus. Matthieu Bloch à la contrebasse et David Georgelet à la batterie complètent sa formation.

L'Académie, 60 bougies !

-Saxophoniste étonnant, Baptiste Herbin sort un nouvel album, son second après “Brother Stoon en 2012, et en fête la sortie au Sunside les 19 et 20 février. “Interferences(Just Looking Productions) réunit une équipe de fines lames qui ne seront pas tous présents à ces concerts. Sylvain Gontard remplacera Renaud Gensane à la trompette et Geraud Portal tiendra la contrebasse à la place de Sylvain Romano. Présents sur le disque, Maxime Fougères (guitare) et Benjamin Henocq (batterie) complèteront la formation d’un alto surdoué qu’il faut découvrir sur scène, Baptiste surchauffant les salles dans lesquelles il se produit. Le compositeur est encore un peu vert, mais il affectionne les standards, reprend des thèmes par trop oubliés et électrise par son talent.

L'Académie, 60 bougies !

-Sideman très demandé, Xavier Desandre Navarre publiait en 2014 “In-Pulse” (Jazz Village), un premier disque sous son nom qui réunissait ses amis musiciens parmi lesquels Stéphane Guillaume (saxophone, flutes, clarinette basse), Emil Spanyi (piano) et Stéphane Kerecki (contrebasse). Ils seront avec lui, au Duc des Lombards le 22 pour servir les mélodies du batteur / percussionniste. Ses souvenirs de voyage, ses rencontres lui ont inspiré des musiques colorées et joyeuses qu’il nous propose de partager.

L'Académie, 60 bougies !

-Le 25 et le 26 le Sunside accueille le bassiste Mauro Gargano qui sort un nouveau disque, un hommage au boxeur franco-sénégalais Battling Siki, premier champion du monde africain de ce sport. Pour ces concerts, la scène du Sunside se transformera en ring pour abriter les participants de ce projet, Jason Palmer (trompette), Ricardo Izquierdo (saxophones ténor et soprano), Manu Codjia (guitare), Bruno Ruder (piano) et Jeff Ballard (batterie), Mauro Gargano assurant bien sûr la contrebasse. Découpé en six rounds, “Suite for Battling Siki” (Gaya) suit le boxeur dans les villes où s’est déroulée son histoire, dans lesquelles se sont déroulés les matchs qui l’ont rendu célèbre, la musique, tout en rythmes et mélodies croisées, chantant l’énergie, le courage d’un champion.

L'Académie, 60 bougies !

-Le « Pianoless quartet » de Diego Imbert attendu au Sunside le 27. Quentin Ghomari remplace Alex Tassel au bugle au sein d’une formation qui depuis 2007 a enregistré trois albums. Les autres musiciens sont David El-Malek au saxophone ténor, Diego Imbert à la contrebasse et Franck Agulhon à la batterie. Les compositions ouvertes du bassiste leur offrent de grands espaces de liberté. Saxophone ténor et bugle improvisent, échangent avec une remarquable fluidité. Garante du tempo, la contrebasse préfère arbitrer les conversations des solistes que se mettre en avant. Étroitement liée à la batterie de Franck Agulhon, elle reste la clé de voûte de cette musique généreuse.

L'Académie, 60 bougies !

-Antoine Hervé au Petit Journal Montparnasse le 1er mars (à 21h30). Avec François Moutin (contrebasse) et Philippe « Pipon » Garcia (batterie) qui l’accompagnent dans “Complètement Stones” (RV Productions), un disque de 2015 consacré au répertoire des Rolling Stones, à leurs chansons des années 60 et 70, dont ils joueront le répertoire, Antoine et ses complices jazzifiant avec bonheur leur rock’n’roll, le plongeant dans le blues et le rhythm’ n’ blues. L’album est aussi un hommage à Jean-Pierre, son frère aîné. Grâce à lui, naguère, il joua avec les Stones, un grand moment qu'il n'a jamais oublié.

-Théâtre du Châtelet : www.chatelet-theatre.com

-Olympia : www.olympiahall.com

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com

-New Morning : www.newmorning.com

-Le Balzac : www.cinemabalzac.com

-Pannonica : www.pannonica.com

-Café de la Danse : www.cafedeladanse.com

-Cité de la Musique - Philharmonie de Paris : www.philharmoniedeparis.fr

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Petit Journal Montparnasse : www.petitjournalmontparnasse.com

 

Crédits Photos : Wynton Marsalis © Rob Waymen – Nicolas Moreaux, Ambrose Akinmusire, Xavier Desandre Navarre, Antoine Hervé © Philippe Marchin – Virginie Teychené © Thomas Dorn – Daniel Humair, Bruno Angelini, Diego Imbert © Pierre de Chocqueuse – Henri Texier Band © Sylvain Gripoix – Stefano Bollani © Valentina Cenni – Kay Bourgine © Olivier de Fresnoye – Baptiste Herbin © Alexandre Lacombe – Mauro Gargano © Davide Del Giudice – Stephan Oliva © Photo X/D.R.

Partager cet article
Repost0

commentaires