Comment résister à cette version lyrique et raffinée de And I Love Her, une mélodie inoubliable de Paul McCartney, une des plus belles chansons de “Hard Day’s Night” que les Beatles publièrent en 1964. À la guitare, Pierre Perchaud découvert au sein de l’ONJ de Daniel Yvinec et auteur de deux albums sur Gemini Records. À la contrebasse, Nicolas Moreaux. Il joue dans les disques de Perchaud qui est aussi le guitariste de sa formation (deux albums sur Fresh Sound New Talent). À la batterie, Jorge Rossy, le batteur de Brad Mehldau avant que le pianiste ne lui préfère Jeff Ballard pour d’autres aventures. Un trio au sein duquel la guitare reste bien sûr le principal instrument soliste. Nicolas Moreaux n’aime pas trop se mettre trop en avant. Il prend bien quelques chorus, mais préfère commenter, assurer une discrète seconde voix mélodique, maintenir avec la batterie un tempo régulier. Sa contribution à l’album réside aussi dans les trois morceaux qu’il apporte, Moon Palace qui permet à la guitare de faire sonner ses harmoniques, Whisperings au sein duquel il cite brièvement un thème d’Ennio Morricone et Paloma Soñando qui interpelle par ses accords nostalgiques, sa guitare intimiste. Subtilement dosés, les effets sonores qu’il ajoute à l’instrument évoquent Kurt Rosenwinkel et John Scofield, l’influence de Jim Hall étant perceptible dans la délicatesse de son discours mélodique. Pierre Perchaud se révèle également un compositeur habile. Construit sur un riff, Fox met en valeur une guitare mobile qui alterne jeu en accords et single notes au sein d’une même improvisation. Un autre morceau, Pour Henri, séduit par sa mélodie chantante, son tempo lent que Jorge Rossy laisse pleinement respirer. Introduit par des arpèges de guitare, Paloma ouvre magnifiquement l’album. La contrebasse pose les principales notes d’un thème onirique qui donne envie d’en écouter davantage. Du jazz raffiné, en apesanteur entre ciel et terre, pourquoi s'en priver ?
PHOTO : Pierre Perchaud, Jorge Rossy, Nicolas Moreaux © Eric Garault