Retour de Clermont-Ferrand, de la musique et des images plein la tête. Ce sont ces dernières que je souhaite vous fait partager, des instants volés lors d’un festival qui n’est décidément pas comme les autres, un festival de jazz qui ne programme que du jazz et s’adresse aux vrais amateurs de jazz. Ici point de fusion flamenco-guinéenne, de chants pygmées, de be-bop serbo-croate, mais pendant cinq jours du jazz, du vrai, de l’authentique. Certains concerts furent bien sûr plus réussis que d’autres. Je n’y étais que trois jours, il m’est donc impossible de vous parler des prestations de Tigran Hamasyan, de Charenée Wade, de Baptiste Herbin et du pianiste James Francies. Mais ce que j’ai vu et entendu mérite quelques lignes.
Le 26, soutenu par une section rythmique aussi inventive que phénoménale (Joe Sanders à la contrebasse et Jeff Ballard à la batterie), Logan Richardson fit cracher des notes brûlantes à son saxophone alto, ses longues improvisations témoignant de la richesse de son imaginaire. Quant à Wallace Roney, toujours aussi inspiré par Miles Davis dans ses ballades, il amenait avec lui au sein de son quintette un jeune saxophoniste de 17 ans, Emilio Modeste, un peu vert mais prometteur, le grand Curtis Lundy faisant merveille à la contrebasse.
Le 27, un autre quintette nous offrit une première partie de concert aussi tumultueuse que musicale, celui du batteur E.J. Strickland qu’animent Marcus Strickland au ténor et Godwin Louis à l’alto, deux saxophonistes expérimentés. Pilier du festival depuis de longues années, le pianiste Donald Brown ne pouvait pas manquer cette 30ème édition. Il s’installa sur scène avec un All-Stars au sein duquel brillèrent Steve Nelson au vibraphone et Ed Cherry à la guitare. Avec Darryl Hall à la contrebasse et Eric Harland à la batterie, les compositions sophistiquées de Brown n’eurent jamais à souffrir d’un manque de pertinence rythmique. Invité surprise, Jean Toussaint sut mêler subtilement ses saxophones à un flux sonore souvent enthousiasmant.
Le 28, et bien que n’étant pas au programme, Roberta Gambarini assura un bon tour de chant grâce à des standards bien choisis et une section rythmique de rêve, James Cammack, Eric Harland et Kirk Lightsey au piano. Mais le meilleur concert du festival fut celui que donna Roy Hargrove. Il fait moins parler de lui, mais lorsqu’il tient la forme, l’homme éblouit par son savoir-faire, le groove qu’il communique à une musique que déhanche un swing réellement contagieux. Toujours accompagné du fidèle Justin Robinson au saxophone alto, le trompettiste s’est trouvé en la personne de Tadataka Unno un pianiste inventif pour colorer d’harmonies sa musique. Mais surtout Quincy Phillip, son batteur, est une formidable machine à rythmes que l’on est pas prêt d’oublier.
De ces rares moments, voici donc quelques images. Images saisies sur la scène de la Maison de la Culture, mais aussi dans les loges où musiciens, journalistes et bénévoles se retrouvent et fraternisent.
Photos © Pierre de Chocqueuse, avec par ordre d’apparition à l’écran : Wallace Roney avec Curtis Lundy et Oscar Williams Jr. – Logan Richardson & Joe Sanders – Joe Sanders – Curtis Lundy – Emilio Modeste – Daniel Desthomas – Michel Vasset – Jeff Ballard & Philippe Coutant – Marcus Strickland – Godwin Louis – Mélanie Villenet & Françoise Philippe – Philippe Etheldrède, Philippe Coutant et Nathalie Raffet – E.J. Strickland – Marcus Strickland – Godwin Louis – Taber Gable – Godwin Louis – Francis Capeau – Ed Cherry – Xavier Felgeyrolles – Donald Brown – Jean Toussaint – Darryl Hall – Dodo – Françoise Philippe & Kirk Lightsey – Isabelle Roy – Kirk Lightsey, Xavier Felgeyrolles & Jean Toussaint – Roberta Gambarini avec Kirk Lightsey, James Cammack et Eric Harland – Donald Brown, Roberta Gambarini & Kirk Lightsey, Roy Hargrove – Justin Robinson & Roy Hargrove – Justin Robinson & Tadataka Unno.