Crée en 2001 par le regretté Joël Leroy, Donatienne Hantin et Frédéric Charbaut (tous deux sur la photo avec Laurent de Wilde et Ray Lema), les valeurs humanistes de leur association L'Esprit Jazz fondée deux ans plus tôt déterminant leurs choix artistiques, le festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés se déroule cette année du 24 mai au 4 juin. Outre de nombreux concerts dans quelques lieux emblématiques de ce quartier chargé d’histoire, le festival propose aussi des rencontres avec des musiciens (jazz & bavardages au Café Les Editeurs), des jam sessions « after jazz » au restaurant du Lucernaire, des concerts gratuits place Saint-Germain-des-Prés et des showcase(s) à la FNAC Montparnasse. Son tremplin jeunes talents qui existe depuis 2002 est soutenu, comme le festival, par la Fondation BNP Paribas. Défendre la créativité, l’audace, fait partie du credo de ce festival qui donne sa chance à de jeunes musiciens et permet de les faire découvrir. Je suis loin de toujours partager les goûts artistiques de Frédéric Charbaut, le responsable de sa programmation, mais avec un budget modeste, il prend des risques, fait venir des artistes que les gros festivals oublient trop souvent. Qu’il en soit remercié.
-Ce festival, le pianiste cubain Roberto Fonseca l’inaugure en trio le 24 avec Yandy Martinez Gonzalez (contrebasse et basse électrique) et Raul Herrera Martinez (batterie) dans le grand amphithéâtre de l’Université Panthéon-Assas (1700 places) à 21h00.
-Le 25, le même amphithéâtre accueillera à partir de 20h00 le Aïres Trio – Airelle Besson (trompette), Édouard Ferlet (piano), Stéphane Kerecki (contrebasse) – qui mêle avec talent compositions originales et adaptations de thèmes du répertoire classique. Le quintette du saxophoniste Émile Parisien invitant Vincent Peirani (accordéon), Michel Portal (clarinettes) et Théo Ceccaldi conclura la soirée.
-Le 28, remplaçant Didier Lockwood qui devait se produire dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne (nous ne manquerons pas de penser à lui ce jour-là), le trio du pianiste Thomas Enhco – Jérémy Bruyère (contrebasse), Nicolas Charlier (batterie) – et l’Ensemble Appassionato sous la direction de Mathieu Herzog célèbreront George Gershwin. Extraits de ses comédies musicales et standards bien connus des amateurs de jazz seront au programme de cette soirée hommage.
-Le mardi 29, le festival a la bonne idée d’inviter Indra Rios-Moore. La chanteuse fait merveille dans “Carry My Heart” (Verve) son second disque, “Heartland”, son premier, étant tout aussi bon. Benjamin Traerup (saxophone), Søren Bigum (guitare), Thomas Sejthen (basse) et Knuth Finsrud (batterie) l’accompagnent dans des reprises élaborées de standards et de chansons populaires de la grande Amérique, sa musique mêlant avec bonheur jazz, blues, gospel et folk. Initialement prévu à l'hôtel Lutetia, le concert aura lieu à la Maison des Océans (20h30).
-Le 31 à 20h30, le superbe amphithéâtre de la Maison des Océans, rue Saint-Jacques, accueille les pianistes Laurent de Wilde et Ray Lema. Jouer en duo reste un exercice périlleux pour des pianistes. Trop de notes et la musique peut devenir irrespirable. Il faut donc ne pas trop en jouer, les choisir avec discernement et éviter tout bavardage. Les deux hommes y parviennent magnifiquement dans “Riddles, un disque de 2016, le seul qu’ils ont enregistré ensemble. Le New Monk Trio de Laurent – Jérôme Regard (contrebasse) et Donald Kontomanou (batterie) dont l’album a reçu l’an dernier le Prix du Disque Français de l’Académie du Jazz est chargé de la seconde partie du concert. Nul doute qu’il fasse des étincelles.
-La Maison des Océans accueille aussi le Lars Danielsson Group 1er juin (avec Grégory Privat au piano) et les chanteuses Julie Erikssen et Camille Bertault le 2, mais l’événement de ce festival à la programmation éclectique reste la venue de la chanteuse Melanie De Biaso découverte en 2008 avec “A Stomach is Burning”, son premier album, et aujourd’hui consacrée. Elle est attendue le 4 juin au Théâtre de l’Odéon (20h30) avec Pascal Mohy (piano) et Pascal Paulus (claviers) qui l’accompagnent depuis longtemps et le batteur Alberto Malo. Chanteuse à la voix expressive et grave, Melanie propose une musique envoûtante qui déborde du cadre du jazz, nous fait entrer dans un univers onirique au fort pouvoir de séduction. “Lilies”, son disque le plus récent, en témoigne.
Crédits Photos : Laurent de Wilde, Ray Lema, Donatienne Hantin et Frédéric Charbaut © Pierre de Chocqueuse – Indra Rios-Moore © Pierrick Guidou – Melanie De Biasio © David Haesaert.