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4 novembre 2019 1 04 /11 /novembre /2019 09:05
Jazz au Nord

Novembre. Comme l’an dernier, ma chaudière ronronne m’apportant une agréable chaleur. La pluie de ces derniers jours a rafraichi l’atmosphère, un mauvais temps annonçant les frimas de l’hiver. Se serrant les uns contre les autres pour offrir moins de prise au vent, les frileux se couvriront de leurs premiers vêtements chauds, se frapperont les mains l’une contre l’autre, se frictionneront au gant de crin pour se réchauffer. Les mélomanes s’engouffreront dans les clubs de jazz pour y écouter une musique capable de faire fondre glaciers et icebergs, une musique plus efficace contre le froid que le tricot de flanelle, le grog au citron et au miel, le whisky du capitaine.

 

Au Nord de l’Europe, les descendants des Vikings le savent bien. Ils ne soufflent plus dans des cornes de brume, mais dans des saxophones et des trompettes, jouent un jazz moderne qualifié de classique car profondément ancré dans le blues et le swing. Lors de la dernière remise de Prix de l’Académie du Jazz à La Seine Musicale, “Beat”, un disque de Snorre Kirk (1*), fut à deux doigts de remporter le Grand Prix 2018, récompense attribuée au meilleur album. Ceux qui comme moi eurent la chance d’assister au concert que le batteur danois donna l’an dernier le 15 novembre à la Maison du Danemark, d’entendre une musique dans laquelle, en petite formation, Duke Ellington, Count Basie et Wynton Marsalis se donnent la main, vécurent un moment inoubliable. Enthousiasmé, Sylvain Siclier lui consacra un article dithyrambique dans le Monde. Batteur mais aussi compositeur et arrangeur, Snorre Kirk amenait avec lui un sextette épatant.

 

Découvert avec “Blue Interval, un album qu’il enregistra en trio en 2013, Magnus Hjorth, pianiste de nationalité suédoise, subjugue l’auditeur avec peu de notes, son approche minimaliste du jazz allant de pair avec un toucher d’une rare finesse. Largement consacré à la musique de Ben Webster, “The Sound The Rhythm” du saxophoniste Jan Harbeck a fait l’objet d’une chronique récente dans ce blog. Lui aussi norvégien d’adoption, le cornettiste suédois Tobias Wiklund modernise avec humour le répertoire de Louis Armstrong. Décerné par Franck Bergerot, son disque “Where the Spirits Eat” a obtenu la mention « Révélation ! », l'équivalent d'un Choc, dans le numéro de juillet de Jazz Magazine. Tous sont membres de la formation de Snorre Kirk.

 

Mais savez-vous que l’un des meilleurs bassistes de la planète jazz est le danois Thomas Fonnesbæk ? On écoutera pour s’en convaincre les trois albums en duo qu’il a enregistrés avec la chanteuse Sinne Eeg (2*) et les pianistes Enrico Pieranunzi (“Blue Waltz” en 2018) et Justin Kauflin (“Synesthesia” en 2017). À l’exception de ce dernier publié sur Storyville, tous ces disques ont été édités par la firme danoise Stunt Records (3*) qui depuis sa création en 1983 enregistre aussi les jazzmen étrangers qui passent à Copenhague. Stefano Bollani, Enrico Pieranunzi et Aaron Parks y ont ainsi gravé d'excellents albums.

 

Le label munichois ECM possède également dans son catalogue de nombreux enregistrements de musiciens scandinaves, le plus célèbre étant le saxophoniste norvégien Jan Garbarek. Si le guitariste Eivind Aarset et le trompettiste Nils Petter Molvær, eux aussi norvégiens, proposent un jazz résolument moderne, les pianistes Bobo Stenson qui donna en janvier dernier un concert mémorable au Studio 104 de Radio France, et Tord Gustavsen ancrent davantage leur musique dans la tradition du jazz. Stan Getz qui s’installa à Stockholm en 1958, Dexter Gordon, Kenny Drew et Horace Parlan qui vécurent un temps au Danemark, leur transmirent une musique dont ils conservent la mémoire et qu’ils jouent aussi bien, voire mieux, que bien des musiciens américains. Avec eux, loin des métissages incongrus, comment peut-on perdre le Nord ?

 

Le Nordic Jazz Comets organise le 2 décembre prochain au Pan Piper (2-4 impasse Lamier 75011 Paris) une soirée consacrée au futur du jazz nordique. Avec le groupe danois Røgsignal (17h45), le quartette Kaisa’s Machine de la bassiste finlandaise Kaisa Mäensivu (18h30), le duo islandais du saxophoniste Tumi Arnason et du batteur Magnus Trygvason Eliassen (20h30), le trio norvégien du violoniste Erlend Apneseth (21h15) et le sextette suédois Fartyg 6 (22h00).

 

1* Intitulé “Tangerine Rhapsody” et enregistré en quartette avec le saxophoniste Stephen Riley, le prochain disque de Snorre Kirk paraîtra sur Stunt Records le 24 janvier 2020.

2* Son disque “Face the Music” (Stunt) a reçu le Prix du Jazz Vocal de l’Académie du Jazz en 2014.

3* Una Volta Music (UVM) assure sa distribution en France.

QUELQUES CONCERTS ET QUELQUES DISQUES QUI INTERPELLENT

 

-Organisé par le FICEP (Forum des Instituts Culturels Etrangers de Paris), et toujours parrainé par le pianiste Bojan Z, la 17ème édition du festival Jazzycolors se déroulera du 30 octobre au 30 novembre. Dix-neuf concerts sont prévus dans onze centres et instituts culturels étrangers de la capitale, mais aussi à l’Église Danoise et à l’ambassade de Bulgarie. Des musiciens de dix-huit pays que je suis loin de tous connaître. Quelques noms interpellent comme celui de la batteuse Marilyn Mazur qui se produira en trio le 21 novembre (20h00) à l’Église Danoise de Paris, un concert présenté par la Maison du Danemark. Ceux qui aiment The Bad Plus, ne manqueront pas le Vein Trio du pianiste suisse Michael Arbenz le 6 novembre (20h00) au Centre Culturel Suisse. Le guitariste hongrois Gábor Gadó et le trompettiste belge Laurent Blondiau nous sont également familiers. Ils seront au Centre Wallonie-Bruxelles le 20 (20h00). Un autre concert très attendu est celui que donnera en quartette la pianiste allemande Julia Hülsmann, une artiste ECM, au Goethe-Institut le 14 à 20h00. Je lui consacre une notice un peu plus loin. On consultera le programme complet de cette manifestation sur le site de la FICEP.     

Jazz au Nord

-Le trio ORBITStéphan Oliva (piano), Sébastien Boisseau (contrebasse), Tom Rainey (batterie) – au Sunside le 6 novembre (21h00). Le répertoire de leur album publié en mai sur le label Yolk Music, a été choisi en pensant spécifiquement au batteur – entendu au sein des groupes de Fred Hersch et de Kenny Werner –, aux timbres de son instrument, aux couleurs qu’il pose sur la musique. Caressant les peaux de ses tambours, le métal de ses cymbales, il les frotte, les gratte, en tire des sons qu’il courbe, plie et module à volonté. Quant à la musique, des compositions anciennes d’Oliva et Boisseau, elle fait entendre des échanges aussi fluides qu’énergiques et permet aussi au trio d’exprimer un jeu plus libre et plus abstrait, une musique bouillonnante et toujours en mouvement.

-Le nonette de la pianiste Leïla Olivesi le 6 (21h00) au Studio de l’Ermitage pour la sortie de sa “Suite Andamane” (Attention Fragile / L’autre distribution), son cinquième disque qui réunit Quentin Ghomari (trompette), Glenn Ferris (trombone), Adrien Sanchez (saxophone ténor), Baptiste Herbin (saxophone alto), Jean-Charles Richard (saxophones soprano et baryton), Manu Codjia (guitare), Yoni Zelnik (contrebasse) et Donald Kontomanou (batterie). Magnifiquement arrangés, riches de couleurs chatoyantes, les quatre mouvements de cette suite confirment le talent de compositrice de la pianiste qui a rassemblé autour d’elle un aréopage de musiciens exceptionnels pour un voyage à travers l’Afrique, l’Amérique et l’Asie. Pour compléter l’album, une ré-harmonisation inventive de Satin Doll que Duke Ellington aurait sûrement salué, et des « Travel Songs », chansons que Leïla partage avec Chloé Cailleton qui prête sa voix à des textes de Karine Leno Ancellin (Acacia Tree, SkypeTear), Djamila Olivesi (Les Amants) ou de Leïla elle-même (Black Widow relevé par la guitare stridente de Manu Codjia), la musique étant alors jouée en quintette (Geri’s House, hommage à la pianiste Geri Allen disparue en 2017) et même en septuor (Acacia Tree).

-Joe Lovano (saxophones), Marilyn Crispell (piano) et Carmen Castaldi (batterie) au New Morning le 7 (21h00).  Sous le nom de “Trio Tapestry”, le label ECM a sorti en début d’année leur premier album, un disque inattendu et un peu à part dans la longue discographie du saxophoniste, les compositions interprétées étant toutes construites sur la technique des douze tons enseignée par Gunther Schuller avec lequel Lovano travailla. Au saxophone ténor, ce dernier souffle de longues notes apaisées et les fait respirer. Il utilise aussi des gongs et joue du tarogató, un instrument hongrois ressemblant à une clarinette. Confié à Marilyn Crispell, experte en harmonies raffinées, le piano fait entendre des images, des couleurs. Carmen Castaldi, le batteur, strie l’espace de sonorités et joue librement avec les timbres. Souple et léger, son tissu percussif profite à la musique, à la tapisserie sonore enveloppante et souvent distendue que tisse le trio.

-Musicien à découvrir, Alexis Valet nous invite à écouter la musique de son nouveau disque le 7 au Studio de l’Ermitage (21h00). Un opus réunissant Adrien Sanchez (saxophone ténor), Simon Chivallon (piano), Damien Varaillon (contrebasse) et Stéphane Adsuar (batterie). L’occasion de fêter une double sortie d’albums, les premiers que sort le collectif Déluge sur son propre label, celui d’Alexis Valet, vibraphoniste et compositeur talentueux, et “Le JarDin” du saxophoniste Julien Dubois, un opus électrique. Bordelais installé à Paris et devenu un familier des clubs de jazz de la rue des Lombards, Alexis Valet a sorti deux EP avant d’enregistrer ce disque de jazz acoustique révélant la fraîcheur de ses compositions. Stephon Harris, Warren Wolf et Steve Nelson, vibraphonistes qu’il admire, inspirent les effets stellaires de son jeu, ses grooves hypnotiques. Les rythmes souvent impairs de l’album génèrent peu de swing mais n’entravent pas non plus son flux musical, long ruban de notes colorées que déroule les solistes. Le mariage toujours heureux du piano et du vibraphone, le chant du saxophone ténor, la douce mélancolie de la trompette d’Hermon Mehari dans Krysna, une splendeur, enrichissent beaucoup la musique. Outre ce dernier, Alexis Valet a invité le guitariste Romain Pilon et le flûtiste Magic Malik et composé des morceaux pour leurs instruments. Leurs timbres étoffent cet enregistrement réussi possédant une réelle cohésion sonore.

-Ambrose Akinmusire et son quartette à l’Espace Sorano de Vincennes le 9 (20h30). Avec Sam Harris (piano), Matt Brewer (contrebasse) et Justin Brown, le trompettiste surprend par sa musique inattendue et inventive, des compositions ouvertes qu’il ne cesse d’allonger, de transformer au grès de ses concerts. Publié en 2018, enregistré avec des cordes et mêlant rap, chant et spoken word, son disque le plus récent, “Origami Harvest” (Blue Note), son disque le plus récent témoigne de la conscience politique de l’artiste, un afro-américain courageux s’interrogeant sur une Amérique qui assassine trop souvent ses jeunes Noirs. Il faut être parfaitement bilingue pour en saisir le message, mais le patchwork musical emporte l’adhésion.

-Le 9 également, Pablo Campos reprendra le répertoire de “People Will Say” (JazzTime records 2018) au Duc des Lombards (19h30 et 21h45). Chanteur – il a étudié le chant avec Marc Thomas – mais aussi pianiste, il bénéficie sur ce premier album de la section rythmique de Bill Charlap ce qui donne du poids à la musique, essentiellement de larges extraits du Great American Songbook, des thèmes de Jerome Kern, Cole Porter, Arthur Schwartz, Richard Rogers et Nat « King » Cole, sa principale influence. En quartette avec César Poirier (saxophone alto & clarinette), Viktor Nyberg (contrebasse) et Philip Maniez (batterie), il nous dévoilera également ses nouvelles compositions.  

-Tim Hagans en quintette au Sunset les 9 et 10 novembre (à 21h00 le samedi 9, à 20h00 le dimanche 10) avec Marek Konarski aux saxophones, Carl Winther au piano, le bassiste finlandais Johnny Åman et le batteur Anders Mogensen. On a un peu perdu de vue ce trompettiste aux attaques franches et à la sonorité mordante qui se produit rarement sur des scènes françaises. Il a peu sorti d’albums sous son nom ces dernières années. Enregistré avec le NDR Bigband, “Faces Under the influence” (2017) reste son album le plus récent. Les labels Pirouet et Palmetto (“The Moon is Waiting” en 2011) abritent son travail, mais c’est pour Blue Note que Tim Hagans a gravé son meilleur opus, “No Words” en 1993. Autour d’une rythmique comprenant Scott Lee à la contrebasse et Bill Stewart à la batterie, il réunit le saxophoniste Joe Lovano, le guitariste John Abercrombie et le pianiste Marc Copland. Un must !

-Emmet Cohen en trio au Duc des Lombards le 14 (19h30 et 21h45) avec Yasushi Nakamura (contrebasse) et Bryan Carter (batterie). On l’a entendu l’an dernier en trio sur la scène du Sunside dans le cadre du Festival Jazz sur Seine. Pianiste et compositeur de jazz américain diplômé de la Manhattan School of Music et de l’université de Miami, Emmet Cohen a récemment remporté le Grand Prix de l’American Pianists Association après en avoir été deux fois finaliste. Une récompense décernée auparavant à Sullivan Fortner, Aaron Parks, Dan Tepfer et Aaron Diehl. Attaché à la tradition du jazz, il l’enseigne à la Young Arts Foundation et dans le cadre d’un programme pour les jeunes au Lincoln Center. Pianiste, mais aussi organiste à résidence au Smoke, célèbre club de jazz de Harlem, membre des trios de Christian McBride et du batteur Ali Jackson, il a joué et enregistré avec Ron Carter, Jimmy Cobb et Bryan Lynch. Un musicien à découvrir.

-Également le 14 (à 20h00), la pianiste allemande Julia Hülsmann est attendue au Goethe-Institut de Paris avec les membres de son quartette dans le cadre du festival Jazzy Colors. Une belle occasion de découvrir la musique d’une artiste ECM qui sort prochainement son septième album sur le label munichois. Elle a enregistré plusieurs opus en trio avec Marc Muellbauer (contrebasse) et Heinrich Köbberling (batterie) qui l’accompagnent depuis dix-sept ans, mais c’est “A Clear Midnight”, un disque de 2014 largement consacré à Kurt Weill mettant en vedette le chanteur Theo Bleckmann qui a focalisé l’attention sur elle, sur son piano nerveux et sensible. Julia Hülsmann a depuis modifié sa formation, le saxophoniste berlinois Uli Kempendorff la rejoignant dans “Not Far From Here”, son nouveau disque, mais aussi sur scène. Sa présence change quelque peu la sonorité du groupe, donne de l’énergie à la musique. Ce dernier souffle des phrases impétueuses et acérées, mais ensoleille aussi les mélodies ou les rend brumeuses et fantomatiques lorsque le contexte l’exige. Chaque membre du répertoire signe des compositions originales, Julia Hülsmann en apportant cinq. Trois d’entre-elles – Weit Weg, Streiflicht et No Game – sont des pièces qu’elle a d’abord jouées en solo avant de les adapter pour le quartette. Enregistré en mars à La Buissonne, ce disque, l’un des meilleurs de la pianiste, contient également deux versions de This Is Not America, bande-son du film de John Schlesinger “The Falcon and the Snowman” que David Bowie co-signa avec Pat Metheny et Lyle Mays.

-“At Barloyd’s” (Jazz&People) est un coffret de neuf CD(s) sorti en début d’année qui réunit neuf pianistes et quelques invités autour d’un Steinway D. Ces disques ont tous été enregistrés dans l’appartement parisien de Laurent Courthaliac, alias Barloyd. Les musiciens en fêtèrent la sortie au Sunside en février au cours de deux soirées mémorables. Dans le cadre du festival Pianomania, le Sunside les convie à nouveau à jouer leur musique le 15 et le 16 novembre (20h00), Laurent Coulondre et René Urtreger qui n’ont pas participé au coffret remplaçant les musiciens indisponibles. Le programme de ces deux soirées sera le suivant :

Alain Jean-Marie, Laurent Coulondre et Pierre Christophe le 15.

René Urtreger, Laurent Coq et Frank Amsallem le 16.

En tant que maître de cérémonie, Laurent Courthaliac sera présent à ces deux concerts.

-Du piano toute la journée le 17 aux Bouffes du Nord dans le cadre du festival Pianomania. Le site du théâtre donne des informations. Je vous en communique le programme, rien que des pianistes. Le matin, de 11h00 à 13h30 : Armel Dupas, Pierre Christophe, Sophia Domancich et Thomas Enhco. L’après-midi, de 15h00 à 19h00 : Edouard Ferlet, Alain Jean-Marie, Franco d’Andrea, Bojan Z, Fred Nardin et Juliette. Le soir, de 20h30 à 23h00 : Philippe Cassard, Baptiste Trotignon et des invités surprise. 

-Double concert à La Seine Musicale le 18 (20h00) dans le cadre du festival Pianomania avec le trio du pianiste Jason Moran et Kenny Barron en solo. Ce dernier, l’un des grands pianistes de la tradition du jazz, ne dédaigne pas s’ouvrir à des formes musicales contemporaines, tenter des expériences qui lui sont inconnues. Sa grande connaissance des subtilités harmoniques le lui permet. En solo, son jeu raffiné ancré dans le blues génère constamment du swing. Avec Greg Osby son premier employeur, ou Charles Lloyd qu’il a magnifiquement accompagné, Jason Moran ne joue pas le même piano qu’avec Tarus Mateen (contrebasse) et Nasheet Waits (batterie) ses musiciens depuis bientôt vingt ans. Avec eux, le pianiste nous fait parcourir l’histoire du jazz, du stride de Fats Waller que le pianiste célèbre à sa manière dans un de ses enregistrements pour Blue Note, au jazz moderne et protéiforme qui se joue aujourd’hui. Réinventées par le trio, habillées de neuf, ces musiques se parent d’habits neufs et se font intemporelles.

-Eddie Gomez en quintette au Sunside le 22 et le 23 novembre (21h00) avec Marco Pignataro et Renato D’Aiello (saxophone ténor), Teo Ciavarella (piano) et Alfonso Vitale (batterie). Longtemps membre du trio de Bill Evans – il joue dans “You Must Believe in Spring, chef d’œuvre posthume du pianiste –, cofondateur du groupe Steps Ahead avec le saxophoniste Michael Brecker, le contrebassiste, l’un des grands virtuoses de l’instrument, se produit peu sur des scènes françaises. Il est venu au Sunside en février 2013 avec Marco Pignataro, l’un des deux saxophonistes de sa formation. Eddie Gomez, c’est une basse ronde et mélodique qui chante souvent des harmoniques et improvise brillamment. L’un des concerts à ne pas manquer ce mois-ci.

-Yonathan Avishai a publié en début d’année un magnifique album en trio sur ECM. Il est aussi le pianiste de la formation du trompettiste Avishai Cohen. Sous le nom de ce dernier et sur le même label, deux albums en témoignent. Toujours sur ECM, ils ont récemment fait paraître ensemble “Playing the Room”, un duo trompette / piano intimiste dans lequel ils reprennent des standards (Crescent de John Coltane, Azalea de Duke Ellington, Dee Dee d’Ornette Coleman, Sir Duke de Stevie Wonder) et interprètent chacun une composition originale. Les plus chanceux d’entre vous en découvriront la musique le 26 novembre à la synagogue Copernic, 24 rue Copernic 75116 Paris (20h30).

-Elle se nomme Dominique Fils-Aimé et s’est fait remarquée l’an dernier sur la scène musicale canadienne avec “Nameless”, premier album d’une trilogie dont le deuxième, “Stay Tuned !” sort en France le 15 novembre sur le label Modulor. Quinze chansons brûlantes dans lesquelles la chanteuse revient sur la lutte pour les droits civiques des années 60 en Amérique et rend hommage aux grandes figures afro-américaines de l’époque, à Nina Simone, Joséphine Baker, Lena Horne, Malcom X et Martin Luther King. Plus proche de la soul music et du gospel que du jazz et comprenant quinze chansons originales son disque séduit d’emblée par ses arrangements a minima très soignés, les instruments servant d’écrin aux riches harmonies vocales de la chanteuse qui sont mises en avant, cette dernière assurant magnifiquement toutes les voix. Révélation Jazz Radio-Canada 2019-2020, Dominique Fils-Aimé  sera en concert à Paris le 29 novembre au Centre Culturel Canadien (20h00) avec Simon Denizart (claviers, piano), Étienne Miousse (guitare), Danny Trudeau (basse électrique) et Michel Medrano Brindis (batterie). Une voix veloutée et chaude à découvrir.

-FICEP - Jazzycolors : www.ficep.info/jazzycolors

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com

-Studio de l’Ermitage : www.studio-ermitage.com

-New Morning : www.newmorning.com

-Espace Sorano : http://www.espacesorano.com

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Goethe Institut : www.goethe.de/paris

-Bouffes du Nord : www.bouffesdunord.com/fr/la-saison/piano-mania

-La Seine Musicale : www.laseinemusicale.com

-Synagogue Copernic : www.copernic.paris/fr/activites/concerts

-Centre Culturel Canadien : www.canada-culture.org/event/dominique-fils-aime

 

Crédits photos : Affiche Jazzycolors 2019 © Stéphane Roqueplo – ORBIT Trio © Sébastien Toulorge – Trio Tapestry © Jazz Dock – Ambrose Akinmusire © Christie Hemm Klok – Tim Hagans © All About Jazz – Emmet Cohen © Mark Sheldon – Julia Hülsmann Quartet © Dovile Sermokas / ECM Records – Kenny Barron © Philippe Lévy-Stab – Avishai Cohen & Jonathan Avishai © Francesco Scarponi / ECM Records – Fjords norvégiens & Pablo Campos © photos X/D.R.

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commentaires

A
POST SCRIPTUM On trouve sur you tube la captation d'un concert en Octobre 2018, sur la Nasjonal jazzscene norvégienne, qui rend mieux justice aux souvenirs de ma soirée que le CD.
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A
Bon, je commente à retardement, je ne suis pas familier de cet exercice ni bien à l'aise avec internet.<br /> Je voulais juste souligner (réparer) l'absence de la norvégienne Hanna PAULSBERG dans ce panorama.<br /> Je l'ai entendue en quartet à Nancy Jazz Pulsations il y a 2 ans, aussi quand, de passage professionnel à Paris les 6 et 7 Novembre, j'ai cherché de quoi occuper plaisamment ma soirée, je n'ai pas hésité longtemps pour réserver ma place pour le concert en quintet de l'HP Concept au Sunside, malgré Joe Lovano programmé au New Morning le même soir. Mais je me sentais plus "in the mood" pour les norvégiens que pour le concept spirituel du trio de Lovano avec Marylin Mazur, et bien m'en a pris car j'ai passé une excellente soirée malgré l'assistance clairsemée, effet "Lovano" probablement.... Plus de 2 h00 de concert en 2 sets, une énergie, une joie de jouer et de partager qui m'ont laissé émerveillé.<br /> En revanche, le CD me laisse un peu sur ma faim, je trouve la leader en retrait et l'ensemble moins "engagé" que lors du concert. Effet studio, prise de son, espaces d'improvisation, subjectivité des conditions d'écoute, un peu de tout celà ?<br /> Bien, je ne sais si mon bavardage présente un quelconque intérêt à être partagé, encouragez-moi ou découragez-moi sincèrement, je ne serai en aucun cas vexé !<br /> Alain
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A
OOOPPS ! je suis confus du lapsus confondant deux marylin.... merci de votre réponse amicale mais en dépit de mon geste impulsif, je demeure dubitatif quant à l'intérêt d'exposer publiquement mes très illégitimes considérations (ce qui ne m'empêche nullement de les cultiver dans le privé de mon for intérieur)<br /> A force de vous lire assez régulièrement, et de commenter en silence et en secret, une réponse a fini par déborder sur le clavier...<br /> Sans suivisme aveugle et fétichiste, il n'est pas rare que vos éclairages me soient prescripteurs (au moins depuis les "Passeports pour le jazz" rédigés avec le regretté Philippe Adler)
P
Vous vous en tirez très bien dans cet exercice d'écriture, rassurez-vous. Mon édito n'est pas censé répertorier tous les groupes scandinaves. Cela nécessiterait un véritable article. Je n'ai pas parlé d'Hanna Paulsberg dans cet édito, ayant estimé que son album n'était pas à la hauteur. Le soir de son concert, j'étais au New Morning, écoutant Joe Lovano non avec Marilyn Mazur, mais avec la pianiste Marilyn Crispell. PdC