Publié dans les premiers jours de juillet, ce disque de Bill
Frisell m’a suivi en vacances, sa folie douce, sa diversité étonnante le rendant très attachant. Les cordes y occupent une place importante, celles de la guitare de Frisell, mais aussi
celles qui se jouent avec un archet, le violon se faisant beaucoup entendre dans ce double album aux musiques très variées. Frisell n’est pas seulement un jazzman. Sa culture s’élargit au blues,
à la soul, au folk, à une country music purement américaine, mais aussi à l’image. Après avoir improvisé sur des films de Buster Keaton, le guitariste met en musique le travail du dessinateur de
BD Jim Woodring, d’où cette succession de pièces souvent concises, véritables morceaux d’un puzzle qui révèle progressivement son unité, Frisell ayant choisi de les découper pour en répéter les
thèmes, les rendre récurrents. « History, Mystery » rassemble deux CD. Le premier contient dix-sept morceaux ; le second treize. La plage la plus courte dure 37 secondes et la plus longue près de
9 minutes. Il s’agit d’une reprise instrumentale de A Change is Gonna Come immortalisé par Sam Cooke en 1964, une plage enregistrée live. Ces deux disques en
contiennent d’autres. Parmi elles, une reprise déjantée de Jackie-ing de Monk et le Sub-Conscious Lee de Konitz joué sur un tempo fiévreux ,
deux vrais morceaux de jazz dans un album fourre-tout abritant toutes sortes de musiques. Outre un trio de cordes, « History, Mystery » accueille le cornet de Ron Miles et les
saxophones de Greg Tardy. Le bassiste (Tony Scherr) et le batteur (le fidèle Kenny Wollesen) jouent surtout des rythmes binaires. Rassurez-vous,
Bill Frisell soigne les moindres détails de ses miniatures, de petites pièces lyriques et pleines d’humour qui bénéficient d’arrangements délicats et subtils. Une fois écouté, ce disque vous
trotte dans la tête et vous accompagnera longtemps.
Meilleurs Morceaux : Struggle (parts 1 & 2), A Change is Gonna
Come, Heal, Lazy Robinson (Parts 1 & 2), Monroe (parts 1 & 2), Waltz for Baltimore.