Le premier thème, Peine perdue (une très bonne musique de film si
un metteur en scène avisé l’utilise) reflète bien les climats sereins que propose cet album. Piano, contrebasse et batterie servent des mélodies chantantes, brodent des harmonies tendres et un
peu irréelles, comme perçues à travers le voile du rêve. Ici l’art de la fugue voisine avec le blues, le vocabulaire du trio relevant autant de la musique classique européenne que du jazz.
Jean-Philippe Viret et ses deux complices nous offrent des pièces ouvertes, nourries d’accords chromatiques, de tensions dissonantes (7 à dire), leur aspect mélodique
les rendant parfaitement accessibles. En un rien, Dans la Peau d’un autre, Si peu de choses, des morceaux plus abstraits, reposent sur l’habileté des musiciens à
penser de longues improvisations oniriques dans laquelle le silence aère la musique, contribue à sa respiration. Fabrice Moreau, le batteur, pratique alors l’ellipse, la
fragmentation rythmique. La belle contrebasse de Jean-Philippe Viret improvise, mais sert aussi le piano sensible d’Edouard Ferlet dont on goûte la douceur
paisible, la voix un peu fragile. Les deux hommes, excellent à parler le même langage, à décrire des paysages mélancoliques qui envoûtent longtemps après leur écoute. On les applaudit des deux
mains.
Meilleurs
Morceaux : Si peu de choses, Peine perdue, Les arbres sans fin.