Alon Yavnai a travaillé avec Joe Lovano, Yo-Yo Ma,
Freddie Hubbard, Nancy Wilson, mais surtout avec Paquito D’Rivera dont il fut longtemps le pianiste. Il sort enfin un album en trio sous son
nom, son premier, un disque longuement mûri, pleins de couleurs chatoyantes et de rythmes subtils. Alon est un mélodiste. Il écrit de beaux thèmes, les interprète sobrement, avec des notes qui
séduisent et émeuvent, voyagent comme les ballons que portent les grands vents de la terre. Le toucher est fin, les doigts vifs et habiles à faire chanter un piano et lui donner du rythme. Cela
va d’un léger balancement à une métrique plus complexe, un large éventail de cadences. Travel Note, pièce qui donne son titre à l’album et dans laquelle le contrebassiste Omer
Avital joue de l’oud, rappelle certaines structures rythmiques de la musique marocaine, mais aussi le festijo, une des danses populaires du folklore afro-péruvien. Alon Yavnai explore et
rassemble ainsi sa double culture ; sud-américaine par sa mère argentine, juive par son père. Né en Israël, il y a grandi et étudié, se nourrissant des riches traditions musicales de l’Afrique du
Nord qui, via l’Espagne, se sont répandues en Amérique Latine. Jamey Haddad n’utilise pas une batterie conventionnelle, mais se sert de percussions qui soulignent, ponctuent
discrètement, et ne pèsent jamais sur le discours mélodique. Car le langage poétique du piano enchante, petites musiques rêveuses et tranquilles qui surgissent d’un lointain intérieur. Alon met
son âme dans ses doigts lorsqu’il joue en solo - Numi Numi, une berceuse traditionnelle, Shir Ahava Tari (Chanson d’amour fraîche) - , des moments de grâce témoignant d’une
maîtrise pianistique aboutie.
Meilleurs morceaux : Bayit, Yoman, Shir Ahava Tari,
Zricha.