Le piano improvise avec lyrisme dès les premières mesures de Totò Sexy, première plage de l’album. Antonio Faraò ne
possède pas seulement une technique impressionnante, il joue avec beaucoup de sensibilité et possède un beau toucher, autant d’atouts rendant attractif le programme de ce disque, quatre
compositions personnelles et huit morceaux d’Armando Trovajoli auquel il rend hommage. Auteur de plus de 300 musiques de film, de comédies musicales, et de quelques œuvres de
musique classique, ce dernier enregistra également des disques de jazz pour RCA, parmi lesquels “Trovajoli Jazz Piano“ réédité au Japon. Grâce à sa mère qui l’appréciait, Faraò se familiarisa
très tôt avec sa musique, découvrant des affinités mélodiques avec la sienne. Trovajoli signa les partitions de “Riz amer“ (Giuseppe De Santis), “Mariage à l’italienne“
(Vittorio De Sica), “Les Monstres“ (Dino Risi), “Une journée particulière“ et “Nous nous sommes tant aimés“ (Ettore Scola), célèbres joyaux du
cinéma italien. Antonio Faraò les délaisse pour des films plus confidentiels, des réalisateurs moins renommés (Luigi Magni, Mario Vicario,
Mario Amendola) dont les œuvres n’ont pas toutes été distribuées en France. Son choix s’est volontairement porté sur des musiques qui n’ont pas grand-chose à voir avec le jazz,
des airs peu connus qu’il peut à loisir remodeler, habiller d’harmonies et de rythmes nouveaux tout en préservant les mélodies initiales. Le seul film très connu de cette sélection est “Parfum de Femme“ (“Profumu di donna“) réalisé en 1974 par Dino
Risi, un rôle en or pour Vittorio Gassman. Le titre anglais “Woman’s Perfume“, donne son nom à cet album que Faraò a enregistré à Paris en septembre 2006. Avec Dominique Di Piazza et André
Ceccarelli, il possède un nouveau trio modifiant les couleurs de sa musique. La basse électrique de Di Piazza possède une sonorité ronde et chaude. Elle se marie bien au drive raffiné du
batteur et assure un riche contrepoint de notes à un pianiste qui ornemente et invente brillamment. La pièce en solo, Il Prete Sposato (“Un Prêtre à marier“ de Mario
Vicario (1971) avec Magali Noël), donne envie de l’écouter davantage sans accompagnateurs. Les thèmes qu’il compose convainquent un peu moins. On écoute davantage les
grappes de notes qu’il brode autour, leurs harmonies chantantes et inspirées. On plonge dans ce beau piano comme dans un bain d’eau fraîche un soir d’été caniculaire. Il procure un bien être
immédiat.
Meilleurs morceaux : Profumo Di Donna, Il Prete Sposato, Il Vedovo, Paolo Il
Caldo.