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2 novembre 2008 7 02 /11 /novembre /2008 15:38

Chaque dimanche, mes coups de cœur jazzistiques (élargis à des films, des livres, des pièces de théâtre…). Rencontres, visions surprenantes, scènes de la vie parisienne à vous faire partager. Suivez le blogueur de Choc…

LUNDI 27 octobre
Jamie Cullum au théâtre du Châtelet, l’un des deux seuls concerts que le chanteur donna cette année. Jamie accorda l’autre à Clint Eastwood et nous fit entendre en rappel le générique fin du prochain film de ce dernier, une chanson qui n’incita pas le public enthousiaste à quitter la salle. Il nous avait promis une invitée surprise et tint parole en nous présentant Camille, guère connue des amateurs de jazz – mais sûrement repérée par le jeune public de Jamie qui comme lui écoute aussi du funk et de la pop. On ne s’ennuie pas une seconde à son spectacle. Toujours en mouvement lorsqu’il quitte son piano – ce qui m’a permis de prendre cette surprenante photo, Jamie de dos, est à droite ; au centre Ian Thomas son batteur ; à gauche Ben Cullum, frère de Jamie tient la basse électrique - , le chanteur nous offre un show très visuel, la scène donnant un plus à ses chansons trempées dans le swing. Pour finir cette belle soirée, un petit tour au Duc des Lombards avec Yves Chamberland que les musiciens de jazz connaissent bien – ancien propriétaire du studio Davout, Yves en a enregistrés beaucoup. Dmitry Baevsky dont le saxophone alto sonne comme celui de Charlie Parker termine son set. Nous nous attardons en compagnie d’Alain Jean-Marie. Lecteur du blogdechoc, ce dernier prend des nouvelles de mon ours blanc. Je lui en suis reconnaissant.

MARDI 28 octobre
Séduit par la voix de Camille, je me procure son dernier album à la Fnac Montparnasse. Vladimir me le recommande. Il a raison, “Music Hole“ me plaît par sa fantaisie, sa fraîcheur. Il échappe à toute classification et sa musique s’envole, portée par les grandes ailes des voix. Chanté principalement en anglais, ce disque est aussi un véritable tour de force sur un plan vocal – la cinquième plage, The Monk, résume ce qu’est capable de faire cette vraie chanteuse. Aidée par quelques amis, par des voix de basse (celle de Sly Johnson apparaît au générique), les percussions « corporelles, à eau ou dans le piano » de ses invités, et grâce au re-recordings que permet le studio, Camille démultiplie sa voix, la rend légère et souple pour murmurer de délicieuses mélodies, rauque et sauvage pour chanter des rythmes d’une variété stupéfiante. Un duo avec Bobby McFerrin serait loin d’être ridicule.
Revu “Juliette des Esprits“ du maestro Federico Fellini. Un film de 1966, son premier en couleur (un beau technicolor), baroque, extravagant (la maison de Susie ressemble à l’antre d’une communauté hippie fortunée) dans laquelle le magicien Fellini éblouit. Les émois de son héroïne, petite-bourgeoise constipée (Giulietta Masina) aux fantasmes envahissants, intéressent peu. On est happé par les images (que porte la musique allègre de Nino Rota), les tenues vestimentaires de certains personnages féminins, les décors (une villa blanche ; une autre peinte de mille couleurs) dont le kitsch finit même par séduire.


MERCREDI 29 octobre
Réécoute un vieux disque de Michel Sardaby. “Caribbean Duet“ date des premiers jours du CD. Produit par François-Dominique Jouis pour son label Harmonic Records, il fut enregistré au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris en 1984 sous la direction artistique de Patrice Blanc-Francard qui signe les notes du livret. Michel dialogue avec Monty Alexander et c’est bonheur de les entendre tricoter à quatre mains une musique délicatement rythmée, fraîche comme de l’eau de source, mais qui sent bon le parfum des îles. Il existe un autre album de Michel sur Harmonic Records, un duo avec Ron Carter intitulé “Voyage“. Je l’ai perdu depuis longtemps.

JEUDI 30 octobre
Jérôme Sabbagh au Sunset. Son nouvel album reçu le matin même m’encourage à sortir. Il pleut. Le froid est tombé sur Paris. Les clients du club sont étonnamment attentifs, comme pour ne rien perdre des précieuses notes qui s’échappent du saxophone ténor. A la contrebasse, Ben Street marque un tempo solide ; à la batterie, Rodney Green
ponctue délicatement la ligne mélodique. Pas de piano, Jérôme joue donc beaucoup, articule de longues phrases tranquilles et suaves ou souffle avec rythme de courts motifs rythmiques. Avec ce trio, le même qui l’accompagne dans “One Two Three“ son nouveau disque, Jérôme nous régale de standards célèbres ou oubliés : Conception de George Shearing, Stella by Starlight, Tea for Two, sans oublier Ugly Beauty et Ask me Now de Monk. Il fait chanter leurs mélodies, leur donne un swing fluide et beaucoup d’élégance.

VENDREDI 31 octobre
Je retrouve Ronnie Lynn Patterson et Anne sa femme dans un café. Nous parlons de William Faulkner et du Sud qu’il connaît mieux que moi. Je termine “Descends, Moïse“, un recueil de nouvelles. Il contient L’Ours dont j’ai parlé la semaine dernière, mais aussi le nostalgique Automne dans le Delta et Le Feu dans le Foyer, pièce importante du puzzle faulknérien, car éclairant la généalogie des Mac Caslin, la famille la plus grande et la plus complexe de la saga. « Dans aucun ouvrage mieux que “Descends, Moïse“, Faulkner n’a traité du problème des relations entre Noirs et Blancs issus du même sang, nés sur une même terre, unis par une même mémoire » a écrit Michel Mohrt, responsable de l’“Album Faulkner“ de la Pléiade. Comme on le voit sur la photo, Ronnie Lynn travaille toujours d'arrache-pied à son concert du New Morning. Il en donne peu, n’a pas d’agent pour lui trouver des engagements et cherche désespérément à jouer davantage. Envoyez-lui un mail musiques2@free.fr  si vous pouvez faire quelque chose.

Photos ©Pierre de Chocqueuse

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