Une réunion d’amis, tous excellents musiciens, autour d’un pianiste qui aime arranger ses propres thèmes, mélodies qu’il ne pare jamais des mêmes couleurs. Normal. Donald Brown dédie six des dix morceaux de son nouveau disque à des musiciens qu’il admire. Une jolie façon de remercier Kenny Garrett, Ron Carter, George Coleman et James Williams avec lesquels il a joué, Steve Nelson et Bill Mobley qui participent à cet enregistrement. Le septième cadeau est pour Dorothy, son épouse. Wynton Marsalis, Joe Henderson et Milton Nascimento ont composé les trois autres morceaux. Les siens révèle un créateur inventif attaché au vocabulaire du bop et à la tradition. Sa connaissance de l’harmonie lui permet de créer un jazz moderne dans lequel le rythme, funky (Eminence, Skatter Brain) ou ternaire (Skain Domain) conserve une place prépondérante. Donald Brown laisse jouer ses musiciens. Le vibraphone cristallin de Steve Nelson se marie fort bien aux sonorités du Fender. Lionel Loueke tire des sonorités incroyables de sa guitare, fait danser des rondes fiévreuses à ses notes. Abordé sur un tempo de bossa-nova, Carter Country offre un beau chorus à Bill Mobley, grand technicien de la trompette, compositeur et arrangeur talentueux. Ne manquez pas la dernière plage de l’album, un magnifique duo avec Donald qui fait fondre le stress. Donald Brown aime le blues, le vrai, celui de Memphis, sa ville natale, qui est aussi celle de Bill Mobley, de George Coleman (dédicataire de The Thing about George Coleman) et de James Williams. La paire rythmique Robert Hurst – Eric Harland fait des merveilles, notamment dans Skain Domain de Marsalis. Ecrit par Joe Henderson, Gazelle met en évidence la modernité du batteur. Jean Toussaint joue du soprano mais aussi du ténor dans le très beau Vera Cruz de Nascimento. On aimerait que ce talentueux saxophoniste enregistre plus souvent. Je ne détaillerai pas davantage cet album. A vous de l’écouter, d’en apprécier les rythmes et les finesses.