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18 décembre 2008 4 18 /12 /décembre /2008 09:46

Enfant de la banlieue, Issam Krimi a eu ses années rock. Lycéen, la guitare électrique remplaça un temps ses cours de piano classique. Il revint à l’instrument et poursuivit son étude au CNR de La Courneuve. Si des leçons de musicologie à l’université de Paris 8 lui firent découvrir John Cage, Henri Dutilleux, Gyorgy Ligeti et Luciano Berio, le jazz de Miles Davis, Herbie Hancock, Weather Report, Brad Mehldau fait également partie de la culture de ce jeune pianiste de 28 ans, de même que la pop, l’électro ou le rock de Nirvana et de Radiohead. Antoine Hervé, qui fut l’un de ses professeurs de piano, produisit en 2005 son premier album “Eglogues 3“. Aujourd’hui sort “Post Jazz“ un disque d’une fausse simplicité malgré le souhait d’Issam de créer une véritable musique populaire. Il s’ouvre par un morceau très rentre-dedans dont la batterie gonflée à l’hormone de croissance sonore évoque The Bad Plus, E.S.T. ou la musique du trio de Neil Cowley. Cette impression de redite s’estompe vite derrière les visions musicales du compositeur. Produit comme un disque de rock, soigneusement travaillé en studio avec la complicité d’un ingénieur du son compétent (Pierre Luzy), “Post Jazz“ frappe par son éclectisme et l’habileté de sa construction. Toutes sortes de musiques s’y rencontrent et forment un patchwork sonore inclassable. Le saxophone ténor d’Alban Darche souffle de vrais chorus de jazz. Le piano bruine des notes inattendues (Caudalie) ou égraine une jolie mélodie romantique (L’oubli des lèvres). Le violoncelle d’Olivier Koundouno confère un lyrisme sombre à des thèmes qui pourraient illustrer bien des films. Excellent pianiste, Issam Krimi ne se met pas en avant dans ce travail d’écriture ouvert et audacieux. La musique circule, valorisée par un habillage habile, des sonorités travaillées. La dernière plage, Aspasie perdue, rassemble quantité d’idées aussi bien écrites qu’improvisées. Le moment fort d’un album qui en contient beaucoup.

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