Troisième volet des “New York Trio Recordings“ de Marc Copland. Après Gary Peacock et Bill Stewart dans le premier,
Gary Peacock et Paul Motian dans le second, le pianiste change à nouveau de section rythmique, reprend Stewart et remplace Peacock par Drew
Gress, sa musique se voyant ainsi portée d’une autre manière. Stewart semble mieux convenir que Motian pour la rythmer, la pousser en avant. Il prend des initiatives, anticipe le flux
harmonique, rentre davantage dans la musique. On peut préférer le premier volume au second, mais Gress joue plus juste que Peacock et donne beaucoup d’épaisseur à ses notes rondes et puissantes.
Dans Like it Never Was, une des compositions de “7 Black Butterflies“, un de ses albums, il se place volontairement en retrait pour laisser Stewart ponctuer la musique de ses cymbales.
Night Whispers débouche vite sur une improvisation collective et dans Space Acres et The Bell Tolls, Copland revient obstinément sur les mêmes accords pour permettre à
ses partenaires d’embellir harmoniquement et rythmiquement les morceaux. Le pianiste fait beaucoup jouer ses musiciens. Il les provoque, les relance par quelques notes, par un motif rythmique
inlassablement répété qui les oblige à façonner une musique de groupe. Copland ne joue pas non plus comme les autres pianistes. Trois courtes versions d’Emily en solo, différentes les
unes des autres, témoignent de la singularité de son langage harmonique. Son utilisation judicieuse des pédales lui permet de nuancer constamment son phrasé legato, de modifier la couleur de ses
notes raffinées, d’allonger ou de diminuer leur résonance. Ce nouvel album de Marc Copland confirme sa place auprès des grands. On l’écoute avec un plaisir
intense.