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9 mars 2009 1 09 /03 /mars /2009 12:07

Sur scène, Yaron Herman prend son temps et développe les idées harmoniques qui lui passent par la tête. Il cherche, repense ses morceaux et ceux des autres, en donne des versions toujours différentes et se dépense sans compter dans de longues improvisations souvent oniriques. En studio, le pianiste canalise son énergie, réduit ses voicings et va à l’essentiel. Les morceaux de son disque précédent restent des esquisses enregistrées par un groupe qui n’a pas encore appris à se connaître. Ils seront retravaillés en concert. Perpétuellement insatisfait, Yaron cherchera sans doute à faire de même avec les compositions de ce nouvel album. Beaucoup plus abouti, il traduit pourtant une maturité nouvelle. Le pianiste fougueux place désormais sa technique au service d’une musique dont il a très soigneusement peaufiné les arrangements. La cohésion exceptionnelle du trio qui l’accompagne rend possible ce travail sur la forme. Matt Brewer à la contrebasse et Gerald Cleaver à la batterie apportent une grande fluidité rythmique aux morceaux. Le batteur fascine par la légèreté de son jeu de cymbales. Une contrebasse complice à la sonorité magnifique commente, installe un groove dont profite habilement le pianiste. Les rythmes interviennent beaucoup dans la composition de Vertigo et de Twins, morceaux exigeant une grande précision d’exécution. Matt Brewer apporte deux mélodies et Yaron en a puisé d’autres chez des compositeurs hébreux, Alexander Argov et Naomi Shemer, grande dame de la chanson israélienne. De cette dernière, Yaron reprend Lu Yehi, en solo, moment tendre et magnifique. Ecrit par Bjork, Isobel hérite des magnifiques couleurs qu’installe le Quatuor Ebène. Ce sont encore les cordes qui dans Muse répondent au piano. Cette pièce, la première de l’album, rappelle beaucoup Vision, l’ouverture d’“Expectations“, double album que Keith Jarrett enregistra pour Columbia en 1972. Bien que l’influence de ce dernier soit encore prépondérante, Yaron tend à s’en dégager. Intelligemment construites, ses longues phrases accueillent le silence. Joliment ciselées et restituées par une magnifique prise de son, les notes respirent, réservent de nombreux moments magiques, forment la trame d’un vaste tissu poétique. Joya et Rina Ballé éblouissent par leurs voicings. Cette dernière pièce, la plus longue du disque, abrite une splendide partie d’alto. Le Quatuor Ebène répète sans cesse le thème, le piano chante, les doigts égrainent un tapis de petites notes ensorcelantes qui réconfortent et ne lassent pas. Particulièrement inspiré, Yaron nous offre ici son plus beau disque.
Pour fêter sa sortie, Yaron Herman donne ce soir à 20 heures un concert unique au théâtre des Champs-Elysées: http://www.theatrechampselysees.fr/ 
 

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commentaires

B
Très vivant et bourré d'enthousiasme, le blog. On sent vibrer la musique. Elle n'en est que plus belle. Merci Pierre
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P
Après écoutes répétées, mon accord avec ton appréciation est total. Le rapport à Keith Jarrett me semble cependant moins étroit qu'après une première écoute. On ajoutera au plaisir l'apport du Quatuor Ebène, dont je dois avouer que je suis un supporter, après son interprétation des quatuors français Debussy-Fauré-Ravel.
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E
Pour une fois, je ne suis pas du tout d'accord avec Pierre. Je suis très déçu par ce disque. Le son est banal, le piano trop versé sur les harmoniques, étriqué. La reprise de bjork n'apporte rien. La virtuosité sans conteste remarquable n'est pas assez au service de la musique. Les notes et les rythmes s'égrennent sans passion. C'est joli, mais bof on attendait plus de poid suite au disque précédent très réussi car plus novateur à tous points de vue. Même les formidables accompagnateurs ennuient. So bad.
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