J'ai découvert Maria Pia De Vito en 2005 avec “So Right“ un hommage à Joni Mitchell, un album séduisant, une voix chaude, solaire, expressive, retrouvée l’an passé dans “Archangelica“ de Michel Godard, mais qui n’apporte pas grand chose à ce bien bel album. Italienne, très active sur la scène du jazz, Maria Pia a enregistré de nombreux disques, la plupart introuvables dans l’hexagone. Elle a étudié l’opéra, le chant contemporain et s’est faite remarquée dans “One Heart, Three Voices“, un opus de Diederik Wissels et David Linx. En examinant sa discographie, on se rend compte qu’elle aime les pianistes qui recherchent la subtilité harmonique, et ce n’est pas un hasard si trois de ses albums ont été enregistré avec John Taylor, l’un des plus fins pianistes britanniques. Anglais lui aussi, Huw Warren est beaucoup moins connu. Il a travaillé avec le violoniste Mark Feldman, s’intéresse au folk, aux musiques baroque et contemporaine comme en témoigne la diversité de ses travaux et la richesse harmonique de son jeu sensible. “Diálektos“ (langue, dialecte) est une heureuse rencontre. Huw et Maria Pia ont composé ensemble la plus grande partie du répertoire de l’album, de très belles mélodies ancrées dans la tradition populaire napolitaine, des compositions de Warren sur lesquelles Maria Pia a ajouté des paroles. Les morceaux sont plutôt joyeux, malgré la clarinette mélancolique de Gabriele Mirabassi qui chante à trois reprises avec le duo. Maria Pia utilise plusieurs techniques vocales, parfois dans un même morceau. Si l’étonnant Miguilim de Rita Marcotulli ou Ginga Carioca, une composition d’Hermeto Pascoal résument ce dont elle est capable en matière de scat, elle utilise également sa langue pour rythmer la musique, vocalise, se sert du re-recording pour créer plusieurs voix dans Diálektos, morceau à fort potentiel rythmique tout comme Whistling Rufus, autre condensé de son art. Maria Pia chante aussi avec une conviction contagieuse de splendides ballades, Beatriz de Chico Buarque et Edu Lobo, Allirallena, morceau au charme considérable et Mmiezo’o ggrano, chanson napolitaine envoûtante dans laquelle Huw Warren joue du piano préparé.