19 avril 2009
7
19
/04
/avril
/2009
14:28
Comme je vous l’avais annoncé le 29 mars
dernier, il n’y a pas eu de quinzaine du blogueur de Choc dimanche dernier. J’avais prévu de redémarrer cette rubrique le 26 avril, mais compte tenu des nombreux concerts qui m’ont tenté, je crois
préférable de la mettre en ligne dès aujourd’hui. Reste à donner un autre nom à une rubrique indisciplinée qui apparaît et disparaît à sa guise dans les colonnes de ce blog, rubrique dont il sera
difficile de garder un rythme de parution en mai. Ses nombreux jours fériés et ses ponts interpellent. En outre, une recrudescence de mes activités professionnelles rend difficile la régularité de
cette rubrique jusqu’à l’été. Elle changera donc provisoirement de nom et deviendra en mai “les sorties irrégulomadaires du blogueur de Choc“. Concerts, films, livres, pièces de théâtre, disques
vous seront ainsi proposés avec davantage de souplesse, mais pas toujours lorsque vous les attendez. Laissez-vous surprendre et suivez le blogueur de Choc.
SAMEDI 28 mars
Randy Weston et les Gnawas au théâtre Claude Lévi-Strauss du musée du quai Branly. Une déception. Né en 1926, Weston fatigué s’économise, joue peu de piano. Il fascine encore dans le registre grave du clavier, plaque des accords dissonants et étranges, mais laisse le plus souvent ses musiciens (toujours les mêmes) assurer le spectacle. Alex Blake son contrebassiste en fait ainsi des tonnes, utilise son instrument comme une guitare, slape ses notes et multiplie les effets de trémolos. Benny Powell se fait vieux et peine au trombone. Reste Talib Kibwe à la flûte et au saxophone alto pour colorer une musique décousue et lui apporter un peu de chaleur. Lorsque Weston et son groupe font silence, les Gnawas entonnent quelques chants envoûtants, les trois cordes de leurs guembris ou hajhoujs (sorte de luth dont la caisse de résonnance est une peau de dromadaire) assurent les basses, leurs qraqebs ou karkabas (grosses castagnettes en métal) et le tambour du maâlem rythmant leurs danses. Malheureusement la musique qu’ils donnent à entendre est davantage celle d’une fête profane que d’une cérémonie religieuse, comme si les Gnawas en déplacement ne voulaient que distraire et rester à la surface des choses.
LUNDI 30 mars
Soixante-dixième anniversaire des disques Blue Note. Un All Stars comprenant quelques-uns des musiciens du label fêtent l’événement au théâtre du Châtelet. Flavio Boltro à la trompette, Stefano di Battista aux saxophones alto et soprano, Joe Lovano (en petite forme) au saxophone ténor, Jacky Terrasson au piano, Ron Carter à la contrebasse et Payton Crossley à la batterie font ainsi revivre avec plus ou moins de réussite quelques grands standards du catalogue. Un beau programme avec Juju de Wayne Shorter, Cheese Cake de Dexter Gordon, Peace d’Horace Silver, The Sidewinder de Lee Morgan sans oublier la fameuse Blues March écrite par Benny Golson pour Art Blakey et ses Jazz Messengers, mais le concert mal préparé – les musiciens n’ont eu que trois heures pour répéter - ne laisse pas un souvenir impérissable. Seul Jacky Terrasson dont les chorus fiévreux ruissellent de lumineuses notes bleues parvient à tirer son épingle du jeu.
Plus intéressante, mais pas faite pour chauffer une salle, la musique intimiste proposée en première partie de programme par le quartette de Ron Carter fut plutôt mal perçue. Le contrebassiste joue un jazz de chambre sensible et raffinée qui se goûte davantage dans l’intimité d’un club. Au piano, Stephen Scott brode des harmonies délicates, improvise avec bonheur de jolies phrases mélodiques. Payton Crossley caresse tendrement les peaux de ses tambours. Mais la révélation du concert reste la découverte de Rolando Morales-Matos, le percussionniste de la formation. En parfaite osmose avec le batteur, utilisant de très nombreux instruments, il donne une grande souplesse rythmique à la musique et lui apporte de superbes couleurs.
MARDI 31 mars
Musée du quai Branly 10 heures 15 : Christine Albanel, ministre de la culture et de la communication, remet les insignes de Commandeur dans l’ordre des Arts et des Lettres à Roy Haynes et ceux de Chevalier à Stacey Kent et Médéric Collignon. Dans un français parfait, Stacey Kent prononce un discours dans lequel elle ouvre son cœur et nous confie toute l’admiration qu’elle éprouve pour la culture française. Boute-en-train, Médéric Collignon grimace et fait rire, l’humour de ses propos masquant de façon pudique sa grande sensibilité.
SAMEDI 4 avril
Guillaume de Chassy au Duc des Lombards dans un répertoire en partie consacré aux compositions d’Andrew Hill, pianiste « inclassable, lunaire, à la fois avant-gardiste et enraciné dans la tradition du jazz…un phare dans ma propre recherche artistique » dixit Guillaume, fin connaisseur d’une musique qui ne ressemble pas à la sienne. Ils ne partagent pas la même esthétique, ne jouent pas le même piano, mais pratiquent tous deux un jeu économe et s’intéressent à la forme. Profondément enraciné dans une tradition africaine, Hill fascine par l’univers qu’il parvient à créer avec peu de notes. Il les espace par des intervalles inhabituels, pratique une polyrythmie riche en décalages rythmiques et en dissonances. Il invente parfois des thèmes très simples que l’oreille conserve toujours en mémoire, Pumpkin et sa courte séquence de notes est l’un d’eux. Guillaume le reprend ainsi que Yokada Yokada, Refuge, For Emilio, mais leur donne d’autres couleurs, les fait autrement respirer. Il ne joue pas non plus son piano habituel, raccourcit ses voicings pour de courtes phrases mélodiques entre lesquelles il place des silences inhabituels. Stéphane Kerecki en profite pour faire abondamment chanter sa contrebasse. Il exploite avec agilité les sinuosités de la ligne mélodique et s’offre des solos expressifs et physiques. Le flux harmonique ralenti, Fabrice Moreau prend le temps de donner des couleurs à ses rythmes, les allonge, les diffracte, nous surprend par les teintes toujours changeantes qu’il apporte au tissu percussif dont les mailles distendues offrent une grande liberté aux solistes.
LUNDI 6 avril
Les belles histoires de l’oncle Antoine à l’auditorium St-Germain. Ce mois-ci Antoine Hervé raconte Charles Mingus, un homme blessé et révolté au cœur plein d’amour et de rage, un musicien qui porta de nombreuses casquettes, celles de compositeur, d’arrangeur et de contrebassiste. Antoine en parle avec humour, livre des anecdotes amusantes sur le parcours de ce géant du jazz, personnage haut en couleurs et aux colères célèbres. Il explique fort bien sa musique et le petit groupe de musiciens qu’il a réuni pour la jouer impressionne. Jean-Charles Richard au saxophone soprano et au baryton dans Moanin’, Michel Benita à la contrebasse pour colorer et chanter les mélodies, Philippe “Pipon“ Garcia à la batterie font ainsi revivre avec bonheur quelques grandes œuvres mingusiennes, Pithecanthropus Erectus, Goodbye Pork Pie Hat, Fables of Faubus, Moanin’, et Reincarnation of a Lovebird leur inspirant des improvisations aussi personnelles que réjouissantes. On les entend prendre beaucoup de plaisir à jouer cette musique, ce répertoire qui leur va comme un gant et qu’ils enrichissent de leurs propres idées. Pourquoi pas un album ?
MERCREDI 8 avril
La petite ville s’appelle Les Pavillons-sous-Bois. Elle est située à l’est de Paris, entre Bondy et Le Raincy et son Espace des Arts accueille Charles Lloyd et son New Quartet Il faut connaître ou avoir un bon plan de la banlieue parisienne pour le trouver. Banlieues Bleues a heureusement prévu une navette porte de Bagnolet. Elle nous ramène à temps pour un dernier métro. Emmanuel courageux m’accompagne et ne regrette pas une aventure dont nous sommes revenus sain et sauf. Assurant la première partie, le groupe du trompettiste afro-anglais Byron Wallen n’a pas réellement convaincu. Il réunit de bons musiciens autour de compositions passables que l’on oublie vite. Quelques bons chorus interpellent. Charles Lloyd aussi. Il fait partie des légendes du jazz, appartient à une génération de musiciens presque disparue qui joue avec le cœur. Son instrument exprime des émotions, parle le langage de l’âme, en transmet la beauté sensible. Même les fausses notes – Lloyd en souffle quelques-unes – ne gênent pas trop le discours musical, une force tranquille et apaisante qui soulève et transporte. Fatigué, le saxophoniste peine à trouver sa sonorité au ténor. On lui pardonne un début de concert claudiquant car Lloyd joue avec une sensibilité énorme et les trois hommes qui l’accompagnent éblouissent. Reuben Rogers à la contrebasse et Eric Harland à la batterie constituent une paire rythmique exceptionnelle. Ce dernier développe une polyrythmie inventive et ne cesse de surprendre. Lloyd a toujours très bien choisi ses pianistes. Jason Moran, le dernier en date, possède un jeu aussi singulier que celui de Thelonious Monk, Herbie Nichols ou Andrew Hill. Il plaque des accords dissonants, joue des notes inhabituelles, possède un langage moderne, neuf et personnel profondément ancré dans le blues et la tradition. Musicien lyrique et sensible, Lloyd excelle dans les ballades. Joués en fin de programme, The Water is Wide et Rabo de Nube furent les grands moments d’un concert émouvant.
JEUDI 9 avril
J’entraîne Phil Costing au Sunside pour écouter le pianiste Alexandre Saada en quartette. Il y présente “Panic Circus“, son nouvel album, une fantaisie pop jazz bien accueilli par la critique, un enregistrement sans prétention, mais plein de jolies couleurs et de bon plans mélodiques. Il contient même deux chansons que les groupes britanniques de la fin des années 60 auraient très bien pu inscrire à leur répertoire, une musique colorée et joyeuse qu’Alexandre trempe dans un grand bain de jazz électrique. Les sonorités de son Fender Rhodes relié à des pédales de distorsion se mêlent à celles du saxophone ténor de Sophie Alour et créent des paysages musicaux qui rappellent les premiers temps de la fusion. Jean-Daniel Botta joue de la basse électrique et chante ; à la batterie, Laurent Robin marque les rythme avec beaucoup d’énergie. Très travaillée sur le plan du son, leur musique séduit surtout par sa fraîcheur. Phil, content, achète leur album qui agit un peu comme la petite madeleine de Proust et véhicule bien des souvenirs.
Photos © Pierre de Chocqueuse
SAMEDI 28 mars
Randy Weston et les Gnawas au théâtre Claude Lévi-Strauss du musée du quai Branly. Une déception. Né en 1926, Weston fatigué s’économise, joue peu de piano. Il fascine encore dans le registre grave du clavier, plaque des accords dissonants et étranges, mais laisse le plus souvent ses musiciens (toujours les mêmes) assurer le spectacle. Alex Blake son contrebassiste en fait ainsi des tonnes, utilise son instrument comme une guitare, slape ses notes et multiplie les effets de trémolos. Benny Powell se fait vieux et peine au trombone. Reste Talib Kibwe à la flûte et au saxophone alto pour colorer une musique décousue et lui apporter un peu de chaleur. Lorsque Weston et son groupe font silence, les Gnawas entonnent quelques chants envoûtants, les trois cordes de leurs guembris ou hajhoujs (sorte de luth dont la caisse de résonnance est une peau de dromadaire) assurent les basses, leurs qraqebs ou karkabas (grosses castagnettes en métal) et le tambour du maâlem rythmant leurs danses. Malheureusement la musique qu’ils donnent à entendre est davantage celle d’une fête profane que d’une cérémonie religieuse, comme si les Gnawas en déplacement ne voulaient que distraire et rester à la surface des choses.
LUNDI 30 mars
Soixante-dixième anniversaire des disques Blue Note. Un All Stars comprenant quelques-uns des musiciens du label fêtent l’événement au théâtre du Châtelet. Flavio Boltro à la trompette, Stefano di Battista aux saxophones alto et soprano, Joe Lovano (en petite forme) au saxophone ténor, Jacky Terrasson au piano, Ron Carter à la contrebasse et Payton Crossley à la batterie font ainsi revivre avec plus ou moins de réussite quelques grands standards du catalogue. Un beau programme avec Juju de Wayne Shorter, Cheese Cake de Dexter Gordon, Peace d’Horace Silver, The Sidewinder de Lee Morgan sans oublier la fameuse Blues March écrite par Benny Golson pour Art Blakey et ses Jazz Messengers, mais le concert mal préparé – les musiciens n’ont eu que trois heures pour répéter - ne laisse pas un souvenir impérissable. Seul Jacky Terrasson dont les chorus fiévreux ruissellent de lumineuses notes bleues parvient à tirer son épingle du jeu.
Plus intéressante, mais pas faite pour chauffer une salle, la musique intimiste proposée en première partie de programme par le quartette de Ron Carter fut plutôt mal perçue. Le contrebassiste joue un jazz de chambre sensible et raffinée qui se goûte davantage dans l’intimité d’un club. Au piano, Stephen Scott brode des harmonies délicates, improvise avec bonheur de jolies phrases mélodiques. Payton Crossley caresse tendrement les peaux de ses tambours. Mais la révélation du concert reste la découverte de Rolando Morales-Matos, le percussionniste de la formation. En parfaite osmose avec le batteur, utilisant de très nombreux instruments, il donne une grande souplesse rythmique à la musique et lui apporte de superbes couleurs.
MARDI 31 mars
Musée du quai Branly 10 heures 15 : Christine Albanel, ministre de la culture et de la communication, remet les insignes de Commandeur dans l’ordre des Arts et des Lettres à Roy Haynes et ceux de Chevalier à Stacey Kent et Médéric Collignon. Dans un français parfait, Stacey Kent prononce un discours dans lequel elle ouvre son cœur et nous confie toute l’admiration qu’elle éprouve pour la culture française. Boute-en-train, Médéric Collignon grimace et fait rire, l’humour de ses propos masquant de façon pudique sa grande sensibilité.
SAMEDI 4 avril
Guillaume de Chassy au Duc des Lombards dans un répertoire en partie consacré aux compositions d’Andrew Hill, pianiste « inclassable, lunaire, à la fois avant-gardiste et enraciné dans la tradition du jazz…un phare dans ma propre recherche artistique » dixit Guillaume, fin connaisseur d’une musique qui ne ressemble pas à la sienne. Ils ne partagent pas la même esthétique, ne jouent pas le même piano, mais pratiquent tous deux un jeu économe et s’intéressent à la forme. Profondément enraciné dans une tradition africaine, Hill fascine par l’univers qu’il parvient à créer avec peu de notes. Il les espace par des intervalles inhabituels, pratique une polyrythmie riche en décalages rythmiques et en dissonances. Il invente parfois des thèmes très simples que l’oreille conserve toujours en mémoire, Pumpkin et sa courte séquence de notes est l’un d’eux. Guillaume le reprend ainsi que Yokada Yokada, Refuge, For Emilio, mais leur donne d’autres couleurs, les fait autrement respirer. Il ne joue pas non plus son piano habituel, raccourcit ses voicings pour de courtes phrases mélodiques entre lesquelles il place des silences inhabituels. Stéphane Kerecki en profite pour faire abondamment chanter sa contrebasse. Il exploite avec agilité les sinuosités de la ligne mélodique et s’offre des solos expressifs et physiques. Le flux harmonique ralenti, Fabrice Moreau prend le temps de donner des couleurs à ses rythmes, les allonge, les diffracte, nous surprend par les teintes toujours changeantes qu’il apporte au tissu percussif dont les mailles distendues offrent une grande liberté aux solistes.
LUNDI 6 avril
Les belles histoires de l’oncle Antoine à l’auditorium St-Germain. Ce mois-ci Antoine Hervé raconte Charles Mingus, un homme blessé et révolté au cœur plein d’amour et de rage, un musicien qui porta de nombreuses casquettes, celles de compositeur, d’arrangeur et de contrebassiste. Antoine en parle avec humour, livre des anecdotes amusantes sur le parcours de ce géant du jazz, personnage haut en couleurs et aux colères célèbres. Il explique fort bien sa musique et le petit groupe de musiciens qu’il a réuni pour la jouer impressionne. Jean-Charles Richard au saxophone soprano et au baryton dans Moanin’, Michel Benita à la contrebasse pour colorer et chanter les mélodies, Philippe “Pipon“ Garcia à la batterie font ainsi revivre avec bonheur quelques grandes œuvres mingusiennes, Pithecanthropus Erectus, Goodbye Pork Pie Hat, Fables of Faubus, Moanin’, et Reincarnation of a Lovebird leur inspirant des improvisations aussi personnelles que réjouissantes. On les entend prendre beaucoup de plaisir à jouer cette musique, ce répertoire qui leur va comme un gant et qu’ils enrichissent de leurs propres idées. Pourquoi pas un album ?
MERCREDI 8 avril
La petite ville s’appelle Les Pavillons-sous-Bois. Elle est située à l’est de Paris, entre Bondy et Le Raincy et son Espace des Arts accueille Charles Lloyd et son New Quartet Il faut connaître ou avoir un bon plan de la banlieue parisienne pour le trouver. Banlieues Bleues a heureusement prévu une navette porte de Bagnolet. Elle nous ramène à temps pour un dernier métro. Emmanuel courageux m’accompagne et ne regrette pas une aventure dont nous sommes revenus sain et sauf. Assurant la première partie, le groupe du trompettiste afro-anglais Byron Wallen n’a pas réellement convaincu. Il réunit de bons musiciens autour de compositions passables que l’on oublie vite. Quelques bons chorus interpellent. Charles Lloyd aussi. Il fait partie des légendes du jazz, appartient à une génération de musiciens presque disparue qui joue avec le cœur. Son instrument exprime des émotions, parle le langage de l’âme, en transmet la beauté sensible. Même les fausses notes – Lloyd en souffle quelques-unes – ne gênent pas trop le discours musical, une force tranquille et apaisante qui soulève et transporte. Fatigué, le saxophoniste peine à trouver sa sonorité au ténor. On lui pardonne un début de concert claudiquant car Lloyd joue avec une sensibilité énorme et les trois hommes qui l’accompagnent éblouissent. Reuben Rogers à la contrebasse et Eric Harland à la batterie constituent une paire rythmique exceptionnelle. Ce dernier développe une polyrythmie inventive et ne cesse de surprendre. Lloyd a toujours très bien choisi ses pianistes. Jason Moran, le dernier en date, possède un jeu aussi singulier que celui de Thelonious Monk, Herbie Nichols ou Andrew Hill. Il plaque des accords dissonants, joue des notes inhabituelles, possède un langage moderne, neuf et personnel profondément ancré dans le blues et la tradition. Musicien lyrique et sensible, Lloyd excelle dans les ballades. Joués en fin de programme, The Water is Wide et Rabo de Nube furent les grands moments d’un concert émouvant.
JEUDI 9 avril
J’entraîne Phil Costing au Sunside pour écouter le pianiste Alexandre Saada en quartette. Il y présente “Panic Circus“, son nouvel album, une fantaisie pop jazz bien accueilli par la critique, un enregistrement sans prétention, mais plein de jolies couleurs et de bon plans mélodiques. Il contient même deux chansons que les groupes britanniques de la fin des années 60 auraient très bien pu inscrire à leur répertoire, une musique colorée et joyeuse qu’Alexandre trempe dans un grand bain de jazz électrique. Les sonorités de son Fender Rhodes relié à des pédales de distorsion se mêlent à celles du saxophone ténor de Sophie Alour et créent des paysages musicaux qui rappellent les premiers temps de la fusion. Jean-Daniel Botta joue de la basse électrique et chante ; à la batterie, Laurent Robin marque les rythme avec beaucoup d’énergie. Très travaillée sur le plan du son, leur musique séduit surtout par sa fraîcheur. Phil, content, achète leur album qui agit un peu comme la petite madeleine de Proust et véhicule bien des souvenirs.
Photos © Pierre de Chocqueuse