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24 avril 2009 5 24 /04 /avril /2009 14:41

Guitariste de formation classique, Marc Sinan se produit en solo et au sein d’orchestres de chambre ou symphonique depuis plus de quinze ans. Bien qu’impliqué dans la musique contemporaine, il fait ses débuts chez ECM avec un projet personnel lié à sa double culture – son père est allemand et sa mère turco-arménienne - , un mélange de musiques orientales et occidentales, répertoire original rassemblant chansons et improvisations modales. L’album raconte l’histoire d’Aicha bint Abi Bakr (613-678), dernière femme du prophète Mahomet, la « Mère des Croyants » des Sunnites. Les textes s’inspirent de passages du Coran, des neuf livres des hadiths (les paroles du prophète) et de poèmes persans anciens. La pianiste Julia Hülsmann les met en musique, les habille de mélodies limpides et apaisantes, en phase avec l’aspect religieux des textes. Les membres de son trio habituel – Marc Muellbauer à la contrebasse et Heinrich Köbberling à la batterie – l’accompagnent. Outre Marc Sinan à la guitare, l’album, réunit la chanteuse serbe Yelena Kuljic et Lena Thies, une altiste classique séduite par les musiques improvisées. L’orchestration reste volontairement sobre et dépouillée ; les musiciens jouent peu de notes, mais font magnifiquement sonner leurs instruments. Quelques accords de piano ou de guitare suffisent à porter une voix expressive qui explicite le récit. Seul ou associé au piano et à la guitare pour colorer un thème, le chant de l’alto est celui des oiseaux des jardins sur l’Oronte. Dans You Open My Eyes, la dernière chanson, les musiciens improvisent autour d’un court motif mélodique que répète le piano. Dans Son Taksim, l’instrument offre de magnifiques accords à la guitare qui développe et égrène les pas d’une courte danse. Contrebasse et batterie commentent délicatement une musique modale qui s’enroule doucement sur elle-même, rythment des improvisations souvent proches du jazz. Les morceaux joués en trio relèvent davantage de la tradition orientale. Marc Sinan les a rapportés de Turquie. Kamil Hodja, un imam, a accepté d’improviser pour lui dans la tradition maqâm et ses transcriptions ont fourni la musique de Sure 6/51 et Sure 81, deux courtes pièces au flux harmonique lent et majestueux. Suite ottomane explorant des modes au sein de compositions préétablies, “Fasil“ envoûte, séduit par sa richesse tant musicale que spirituelle et rend audibles les murmures de l’âme.

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