27 juin 2009
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MARDI 16 juin : cultivons Collignon
Médéric Collignon et son « Jus De Bocse » fêtent au Duc des Lombards le cinquantième anniversaire de “Kind of Blue“, le disque le plus célèbre de Miles Davis, l’un des enregistrements phares de l’histoire du jazz. Médéric s’est attaqué en 2006 à un autre monument davisien, “Porgy and Bess“, et semble bien connaître le répertoire du trompettiste. Rejouer ces œuvres autrement, leur apporter de nouvelles couleurs, de nouveaux arrangements tout en préservant les thèmes et certaines intonations mélodiques de Miles, c’est sur quoi travaille Collignon, musicien surdoué, joyeux et talentueux. Le phénomène, car c’en est un, rit, grimace, apostrophe et séduit son public par un humour spontané et naturel. Au début du concert, la toute petite pièce de bois qui permet de maintenir tendues les cordes de la contrebasse cassa. Frédéric Chiffoleau forcé d’attendre une « grand-mère » de remplacement, Médéric assura les basses avec son nez tout en jouant de jolies parties de cornet. Sans contrebasse, le concert connut quelques flottements vites compensés par l’incroyable facilité de Médéric à faire rire son public. Pour cette relecture de “Kind of Blue“, le cornettiste a confié les parties de saxophone à Pierrick Pedron, l’un de nos meilleurs altistes. Loin de jouer comme Cannonball Adderley, ce dernier marque les morceaux du sceau de sa personnalité. Ce “Kind of Blue“ ne ressemble décidemment pas à l’original. Electrisé par les nappes sonores du Fender Rhodes de Frank Woeste et trempé dans le funk, l’album mythique de la saga davisienne, sonne comme la musique que le trompettiste inventera dix ans plus tard. All Blues subit ainsi une presque complète métamorphose. Reste son balancement initial, un déhanchement rythmique hypnotique qui le fait continuellement avancer. Frédéric Chiffoleau a finalement obtenu une contrebasse et Médéric put ainsi se consacrer pleinement à son scat, à son cornet qu’il joue parfois sans embouchure pour en tirer des sons plus graves. En rappel, le groupe nous offrit un surprenant Konda, page électrique que Miles grava en 1970, quatre mois après Lonely Fire et Guinnevere, deux fleurons de sa discographie.
DIMANCHE 21 juin : Boris, Elise en est Vian
Une Fête de la Musique en compagnie de Boris Vian au Sunside avec Elise Caron pour le chanter, Alex Tassel (bugle), Géraldine Laurent (saxophone alto), Franck Avitabile (piano), Henri Texier (contrebasse) et Aldo Romano (batterie) pour en accompagner les musiques. Vian écrivit plus d’une centaine de chansons. Aidé par les pianistes Jimmy Walter et Alain Goraguer, il en enregistra quelques-unes en 1955. Pour les concerts du Sunside, Franck Avitabile leur a concocté de nouveaux arrangements. On n’est pas là pour se faire engueuler, Je bois, Je suis snob, prennent ainsi les couleurs du jazz. Géraldine improvise des « obligattos » derrière la chanteuse. Le déserteur hérite ainsi d’un chorus de bugle et d’un beau et inventif solo mélodique de contrebasse. Elise adopte une voix gouailleuse pour interpréter La java des bombes atomiques et trouve les intonations adéquates pour rendre crédible Fais-moi mal Johnny, rock sado-maso immortalisé en 1956 par Magali Noël. The Man I Love et Love For Sale restent toutefois plus difficiles à chanter pour Elise. Découvrir une certaine fragilité dans une voix si pure nous rend la chanteuse infiniment sympathique. Jolie, Elise Caron envoûte par son puissant charisme. La comédienne illumine “Un soir au club“ film de Jean Achache tiré du roman éponyme de Christian Gailly qui doit sortir à la rentrée. Elle est Debbie, la propriétaire du Dauphin vert et porte le film sur ses épaules. Au Sunside, Elise chante les chansons possibles et impossibles de Boris. Avec la complicité d’Aldo et des musiciens talentueux qui l’accompagnent, elle réussit un tour de chant que le docteur Gédéon Molle (ancien interné des hôpitaux psychiatriques, médecin des assurances, peintre du jeudi et médaillé militaire) aurait sûrement apprécié.
Photos © Pierre de Chocqueuse
Médéric Collignon et son « Jus De Bocse » fêtent au Duc des Lombards le cinquantième anniversaire de “Kind of Blue“, le disque le plus célèbre de Miles Davis, l’un des enregistrements phares de l’histoire du jazz. Médéric s’est attaqué en 2006 à un autre monument davisien, “Porgy and Bess“, et semble bien connaître le répertoire du trompettiste. Rejouer ces œuvres autrement, leur apporter de nouvelles couleurs, de nouveaux arrangements tout en préservant les thèmes et certaines intonations mélodiques de Miles, c’est sur quoi travaille Collignon, musicien surdoué, joyeux et talentueux. Le phénomène, car c’en est un, rit, grimace, apostrophe et séduit son public par un humour spontané et naturel. Au début du concert, la toute petite pièce de bois qui permet de maintenir tendues les cordes de la contrebasse cassa. Frédéric Chiffoleau forcé d’attendre une « grand-mère » de remplacement, Médéric assura les basses avec son nez tout en jouant de jolies parties de cornet. Sans contrebasse, le concert connut quelques flottements vites compensés par l’incroyable facilité de Médéric à faire rire son public. Pour cette relecture de “Kind of Blue“, le cornettiste a confié les parties de saxophone à Pierrick Pedron, l’un de nos meilleurs altistes. Loin de jouer comme Cannonball Adderley, ce dernier marque les morceaux du sceau de sa personnalité. Ce “Kind of Blue“ ne ressemble décidemment pas à l’original. Electrisé par les nappes sonores du Fender Rhodes de Frank Woeste et trempé dans le funk, l’album mythique de la saga davisienne, sonne comme la musique que le trompettiste inventera dix ans plus tard. All Blues subit ainsi une presque complète métamorphose. Reste son balancement initial, un déhanchement rythmique hypnotique qui le fait continuellement avancer. Frédéric Chiffoleau a finalement obtenu une contrebasse et Médéric put ainsi se consacrer pleinement à son scat, à son cornet qu’il joue parfois sans embouchure pour en tirer des sons plus graves. En rappel, le groupe nous offrit un surprenant Konda, page électrique que Miles grava en 1970, quatre mois après Lonely Fire et Guinnevere, deux fleurons de sa discographie.
DIMANCHE 21 juin : Boris, Elise en est Vian
Une Fête de la Musique en compagnie de Boris Vian au Sunside avec Elise Caron pour le chanter, Alex Tassel (bugle), Géraldine Laurent (saxophone alto), Franck Avitabile (piano), Henri Texier (contrebasse) et Aldo Romano (batterie) pour en accompagner les musiques. Vian écrivit plus d’une centaine de chansons. Aidé par les pianistes Jimmy Walter et Alain Goraguer, il en enregistra quelques-unes en 1955. Pour les concerts du Sunside, Franck Avitabile leur a concocté de nouveaux arrangements. On n’est pas là pour se faire engueuler, Je bois, Je suis snob, prennent ainsi les couleurs du jazz. Géraldine improvise des « obligattos » derrière la chanteuse. Le déserteur hérite ainsi d’un chorus de bugle et d’un beau et inventif solo mélodique de contrebasse. Elise adopte une voix gouailleuse pour interpréter La java des bombes atomiques et trouve les intonations adéquates pour rendre crédible Fais-moi mal Johnny, rock sado-maso immortalisé en 1956 par Magali Noël. The Man I Love et Love For Sale restent toutefois plus difficiles à chanter pour Elise. Découvrir une certaine fragilité dans une voix si pure nous rend la chanteuse infiniment sympathique. Jolie, Elise Caron envoûte par son puissant charisme. La comédienne illumine “Un soir au club“ film de Jean Achache tiré du roman éponyme de Christian Gailly qui doit sortir à la rentrée. Elle est Debbie, la propriétaire du Dauphin vert et porte le film sur ses épaules. Au Sunside, Elise chante les chansons possibles et impossibles de Boris. Avec la complicité d’Aldo et des musiciens talentueux qui l’accompagnent, elle réussit un tour de chant que le docteur Gédéon Molle (ancien interné des hôpitaux psychiatriques, médecin des assurances, peintre du jeudi et médaillé militaire) aurait sûrement apprécié.
Photos © Pierre de Chocqueuse