VENDREDI 17 juillet
Nicolas Folmer invite Bob Mintzer à rejoindre les musiciens de
son quartette au Duc des Lombards. Au piano, Antonio Faraò ; à la contrebasse, Jérôme Regard ; à la batterie, Benjamin Henocq. Le saxophoniste
se produisit à deux reprises avec le Paris Jazz Big Band en 2007 et découvrit alors une formation exceptionnelle animée par Nicolas et le saxophoniste Pierre Bertrand. Trompettiste émérite, Nicolas est aussi un excellent
arrangeur qui soigne la forme de ses compositions, leur apporte des couleurs et les met en valeur. Au Duc, il enregistre live son prochain disque et nous fait découvrir de nouveaux
morceaux. Cinq d’entre eux apparaîtront sur “Out off the Beaten Tracks“, titre du futur album. Le second concert (je n’étais pas au premier) frôla la perfection. La musique, du bop moderne,
offrit de nombreux moments de grande virtuosité. Thèmes souvent exposés à l’unisson par les deux souffleurs, chorus acrobatiques portés par une section rythmique solide, Jérôme
Regard et Benjamin Henocq la trempant dans un swing de tous les instants. Le groupe nous gratifia de ballades superbes, Mintzer, ravi de jouer ce répertoire, nous
comblant de chorus lyriques peuplés de notes bleues.
MERCREDI 22
juillet
La fête au Duc avec une vraie légende du jazz, Harold Mabern, que l’on n’a pas vu sur une scène
parisienne depuis plus de quinze ans. Né en 1936, le pianiste en a soixante-neuf. Influencé par Phineas Newborn à qui il dédie Blues for Phineas, une de ses
compositions, Harold joue un bop puissant et mélodique et lui donne beaucoup de rythme. Sa main gauche percussive et puissante sert une droite qui arpège, plaque de nombreuses notes perlées.
Mabern ne dédaigne pas les improvisations en accords et tire une grande dynamique de l’instrument . « Ce Mabern est un meuble », entends-je dire mon voisin. Il ne croit pas si bien dire : le pianiste est un roc qui résiste à toutes les attaques de
ses partenaires, en particulier Eric Alexander qui croise le fer avec lui et le pousse à se surpasser. Harold Mabern reste bien le patron et conduit le bal. Il
contraint Alexander à jouer son meilleur saxophone, à tenir de longs chorus de ténor qu’il construit avec finesse et à-propos, sa sonorité un tantinet nasillarde évoquant un alto, Darryl
Hall à la contrebasse et Joe Farnsworth à la batterie, tous deux excellents, arbitrant cette rencontre au sommet.
JEUDI 23 juillet
C'est au tour de Nicolas Folmer de rejoindre au Duc le groupe de Bob Mintzer. Pour deux concerts enregistrés, Nicolas souhaitant
inclure deux morceaux dans son disque. A la tête de son groupe, le saxophoniste reprit donc plusieurs compositions de Nicolas – Fun Blues, Iona, Le Château de
Guillaumes – , ses musiciens leur apportant une couleur, une dynamique particulière, le bop restant à l’honneur dans ce répertoire de compositions originales. Phil Markowitz
ne le joue pas comme les autres. Il y a du Monk chez ce pianiste qui assure des contrepoints délicats, prend son temps pour remplir ses chorus d’harmonies aussi poétiques que singulières,
petites phrases entrecoupées de silences aussi heureux qu’inattendus. Dès le second morceau du second set, le groupe tournait comme un moteur de Ferrari sur un circuit de Formule 1, installait
une quasi-perfection au cœur de sa musique. Contrebasse (Jay Anderson) et batterie (John Riley) la rythmaient fiévreusement, le batteur faisant preuve d’une
grande finesse dans les ballades. Sur tempo rapide, Folmer et Mintzer nous offrirent des chorus époustouflants de technique et de musicalité. Le groupe joua un thème de Markowitz, l’acrobatique
M.D.A. bien trempé dans le bop, et reprit le célèbre I Got Rhythm de George Gershwin, le pianiste nous régalant d’improvisations débordantes de notes étranges
et colorées.
Photos © Pierre de Chocqueuse