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14 septembre 2009 1 14 /09 /septembre /2009 14:14

MARDI 1 septembre

René Urtreger n’arrête pas de fêter son anniversaire. Après le Duc des Lombards en juillet, il remet ça au Petit Journal Montparnasse. Normal, on n’a pas tous les jours 75 ans et une année s’étalant sur 365 jours, René étale son anniversaire sur un an. C’est donc tous les jours fête pour le pianiste qui en fait profiter ses amis. Pour les besoins d’un DVD, des caméras filmaient la soirée qu'il ouvrit avec les musiciens de son quintette, Nicolas Folmer, Hervé Meschinet, Mauro Gargano et Eric Dervieu. Vous pouvez dès à présent les écouter sur disque, le concert du Duc en juillet ayant été enregistré. Consultez ce blog à la date du 6 septembre. René joua donc Didi’s Bounce, Serena, Thème pour un ami, Un Poco Loco, des morceaux de son nouvel album, puis en trio Facile à dire et La Fornarina, Yves Torchinsky remplaçant Mauro Gargano à la contrebasse. Amis (Anne Ducros, la chanteuse Isabelle Georges avec laquelle René a enregistré un album en duo, Sean Gourley, le fils de Jimmy Gourley) et parents (Nathalie, Philippe et Nicolas Urtreger) montèrent sur scène et proposèrent un répertoire éclectique, Body & Soul, Over the Rainbow et Crazy World d’Henri Mancini côtoyant All My Loving des Beatles et My Song d’Elton John. La fête tout simplement.


JEUDI 3 septembre

Terminé la lecture de “Mon nom est Rouge“ gros et passionnant bouquin d’Orhan Pamuk (plus de 700 pages en poche), prix du Meilleur livre étranger 2002. Bien que l’histoire soit très différente, l’ouvrage me fait penser au chef d’œuvre d’Umberto Eco, “Le nom de la rose“. Tous deux des romans policiers, ils témoignent de la gigantesque érudition de leurs auteurs. Orhan Pamuk situe son récit à Istanbul à la fin du XVIe siècle dans le milieu des peintres miniaturistes de l’atelier du Sultan Murâd III que dirige le célèbre Osman. Après Hérat, Shirâz et Tabriz, l’art de la miniature s’est transporté à Istanbul. Contre toutes les traditions, le Sultan charge ses miniaturistes d’illustrer secrètement un livre à la manière italienne, de donner l’impression, non d’une image, mais de la réalité. Les peintres vénitiens peignent ce que voient leurs yeux. Les miniaturistes ottomans peignent avec leur sens, la signification précédant la forme. Ils ne peuvent avoir de style personnel et souhaiter la reconnaissance en imposant leur signature au bas de leurs tableaux. Ils ne peignent que ce qu’ils contemplent, le monde tel qu’il est vu par le regard de Dieu. Faut-il se montrer original ou rester dans la voie des maîtres anciens ? L’un des miniaturistes, Monsieur Délicat, un enlumineur, est alors assassiné. Le suspense rejoint des réflexions sur l’Art en général et la peinture en particulier. Un livre fascinant !

SAMEDI  5 septembre

Je rends visite à l’ami Gilles Coquempot qui, depuis 24 ans, tient Crocojazz, magasin de disques situé 64 rue de la Montagne Sainte Geneviève. Il fournit surtout des vinyles à une clientèle fidèle qu’il sait parfaitement conseiller. Certains le suivent depuis des années. Le jazz, il en connaît un rayon. Même chose pour le blues qui le berce depuis toujours. Gilles vend beaucoup de disques neufs, des rééditions américaines des catalogues Blue Note, Impulse !, Prestige, Columbia/Epic, et fait venir toutes les rééditions Fresh Sound en CD. Il  a actuellement en stock (et en vinyl) “Basra“ de Pete La Roca sur Blue Note, “Illumination !“ d’Elvin Jones/Jimmy Garrison sur Impulse ! (en 180 grammes), “Cedar“ de Cedar Walton (avec Kenny Dorham) sur Prestige et le célèbre “Out to Lunch“ d’Eric Dolphy, l’un des fleurons du label Blue Note. Le magasin est ouvert du mardi au samedi de 11 heures à 13 heures et de 14 heures à 19 heures. On s’y précipitera.    


MERCREDI 9 septembre

Les disques des Beatles remasterisés sont mis en vente aujourd’hui dans des présentoirs amusants, les célèbres cabines téléphoniques rouges que l’on trouve en Angleterre. Le coffret mono (11 CD) coûte plus cher que le coffret stéréo  (14 CD + 1 DVD). Les disques sont heureusement disponibles séparément (en stéréo uniquement) et un certain nombre de vinyles ont été pressés. J’achète “Sgt. Pepper“ qui conserve toute sa magie. Le son est incontestablement meilleur que l’édition CD de 1987. Les ingénieurs des studios Abbey Road ont travaillé dessus pendant quatre ans. « A splendid time is guaranteed for all » peut-on lire depuis toujours au dos de la pochette. Pour une fois qu’une pub ne ment pas !  


Conférence de presse BeeJazz à l’usine SpringCourt. Le label connaît un succès commercial sans précédent grâce aux ventes de “Around Robert Wyatt“, premier enregistrement de l’ONJ placé sous la direction de Daniel Yvinec. Il vient de remporter le prix du « Meilleur album instrumental de l’année » aux Victoires de la Musique Jazz 2009. Les Parisiens qui n’ont pu assister au concert donné en mai dans le cadre du Festival de St. Germain des Prés ne manqueront pas un nouveau rendez-vous avec le groupe le lundi 26 octobre au Théâtre Marigny. Au programme : la musique du barde barbu. Quelques-uns des chanteurs et chanteuses de l’album seront présents. La soirée sera retransmise en direct et en haute définition (image et son) sur Qobuz.Com (TBC). Bee Jazz généralisera dès la fin de l’année ce nouveau concept sous le nom de « BEElive » (Production et Diffusion de programmes audiovisuels musicaux). Outre des disques du pianiste Edwin Berg et du guitariste Nelson Veras, BeeJazz ajoutera à son catalogue avant la fin de l’année des enregistrements du pianiste Jozef Dumoulin (“Trees are Always Right“ le 29 octobre), du saxophoniste Stéphane Spira en duo avec le pianiste Giovanni Mirabassi (“Spirabassi“ le 5 novembre), et du pianiste Issam Krimi (“Barbara Piano Solo“ le 26 novembre). En préparation : un disque d’André Minvielle avec David Linx consacré à Jon Hendricks. BeeJazz propose également sur Qobuz http://www.qobuz.com l’intégralité de son catalogue en téléchargement sans compression et dans une qualité similaire à celle du CD. Issam Krimi (accompagné sur un titre par Olivier Koundouno au violoncelle) et Nelson Veras nous offrirent live quelques morceaux de leurs albums avant un cocktail au cours duquel Guillaume de Chassy me confia qu’il s’apprêtait à enregistrer à La Buissonne un nouvel album solo. Un autre pianiste, Patrick Favre, auteur d’“Intense“, un disque que j’aime beaucoup, me révéla avoir terminé l’enregistrement du sien avec Gildas Boclé à la contrebasse et Karl Jannuska à la batterie. J’en ai également profité pour apprendre la date de sortie du CD de Loren Stillman “Winter Fruits“ sur Pirouet : le 15 octobre.

 

JEUDI 10 septembre

Le coq et la pendule“, nouveau CD d’André Ceccarelli joué au Duc des Lombards. Sur scène, les morceaux s’allongent, prennent de l’épaisseur, de magnifiques chorus se greffant sur leur moelle mélodique. Quelques thèmes en trio, (un très beau Dansez sur moi), André et Diego Imbert ponctuant subtilement les envolées lyriques de Pierre-Alain Goualch, coloriste émérite, peintre des claviers. Monté sur scène, David Linx éblouit. Il faut tourner la page, The Meeting Place of Waters, Mademoiselle Maman au cours duquel le chanteur scate magnifiquement. Nouvelle série de titres en trio : Paris mai, occasion pour Pierre-Alain d’improviser brillamment au piano ; Tu verras avec Dédé époustouflant aux balais et une version acoustique de Nougayork, David rejoignant ses complices à la fin du morceau pour d’étonnantes vocalises. Linx sur scène jusqu’à la fin du concert, inventant des onomatopées sur Une petite fille en pleurs, Bidonville (qui n’est pas sur le disque), un formidable ‘Round Midnight en rappel pour convaincre  les sourds et les malentendants.    

Toujours de bon conseil, Vladimir de la Fnac Montparnasse m’a fait acheter un disque étonnant qu’il a eu bien du mal à faire venir de Californie. Les quelques exemplaires qui lui sont parvenus après plusieurs mois d’attente ont été vendus dans la journée. J’en ai fort heureusement récupéré un. “Hometown“ (Positone Records) n’est pas le premier disque que Sam Yahel publie sous son nom, mais c’est le premier disque que cet organiste (de Joshua Redman notamment) enregistre au piano. Matt Penman à la contrebasse et Jochen Rückert à la batterie l’accompagnent dans cet opus de 2009 enregistré en 2007 qui mêle compositions originales et reprises parmi lesquelles une version magnifique du Jealous Guy de John Lennon. Le pianiste convoque Thelonious Monk, Eddie Costa, Lennie Tristano et Brad Mehldau dans des voicings d'une virtuosité éblouissante.
Photos © Pierre de Chocqueuse

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