Deuxième album enregistré en duo par Gary Peacock et Marc Copland après le très beau “What It Says“ pour Sketch Records en 2002, “Insight“ porte bizarrement le même nom qu’un disque solo de John Taylor également produit par Philippe Ghielmetti pour le défunt label Sketch. Perfectionniste, à la recherche d’autres variations possibles, Marc Copland réenregistre souvent les mêmes thèmes, leur donne à chaque fois un son, une couleur harmonique particulière. Avec Gary Peacock et Paul Motian, il nous a déjà offert une version en trio de All Blues dans “Voices“, second volet de ses “New York Trio Recordings“. Marc joue aussi ce thème en solo dans “Time Within Time“ (hatOLOGY). Autre pièce de Miles Davis proposée ici, Blue in Green fut également gravé par Copland lors de la séance new-yorkaise de juin 2006 qui donna lieu à son premier disque en duo avec Peacock. Ne cherchez pas le morceau sur “What It Says“. Il n’existe que sur un CD promotionnel qui était offert avec le n°546 de Jazz Magazine. La version en est plus courte et Gary joue une contrebasse plus musclée, attaque ses notes de manière plus agressive. Contrairement à All Blues qui ouvre le disque, Blue in Green convient bien au piano sensible et raffiné de Copland qui aime à en colorer délicatement l’harmonie. Marc l’a d’ailleurs repris deux autres fois ces dernières années, en duo avec David Liebman (“Bookends“) et en quartette avec John Abercrombie, Drew Gress et Jochen Ruckert (“Marc Copland And“), deux disques publiés sur le label hatOLOGY. River’s Run de Copland a fait l’objet de deux autres versions en duo et en trio. The Pond, un original de Peacock, est construit sur un ostinato, de même que The Wanderer, une pièce courte et onirique qui semble avoir été improvisée en studio. La main droite du pianiste égraine des harmonies étranges, de courtes phrases jouées legato. La contrebasse apparaît brièvement avant la coda. Mieux agencé, Matterhorn fait davantage rêver. Si Rush Hour génère de nombreux échanges, Goes Out Comes In, voit les deux instruments monologuer avant de se rejoindre et magnifiquement dialoguer. Benediction joliment introduit à la contrebasse, et le délicieux Cavatina de Stanley Myers, contiennent des harmonies qui semblent tomber du ciel. Les accords étonnent et respirent, Marc donne les plus subtiles nuances à ses notes grâce à la finesse de son toucher et à son jeu de pédales qui en modifie subtilement les sonorités. Deux standards achèvent de convaincre : In Your Own Sweet Way de Dave Brubeck et Sweet and Lovely. Loin de constituer des redites, les versions proposées débordent d’invention. On les applaudit des deux mains.