Stéphane Guillaume, Prix Django Reinhardt et Prix du Disque Français 2009 de L'Académie du Jazz.
Mardi 12 janvier : en la personne de son directeur, le Théâtre du Châtelet accueillait pour la quatrième année consécutive en son foyer l’Académie du Jazz.
Jean-Luc Choplin, souhaita une très bonne soirée à l’assemblée de musiciens, journalistes, éditeurs de disques, représentants de l’Etat et du
Ministère de la Culture
venus nombreux assister à cette proclamation de prix. Il remit lui-même le Prix du livre de Jazz 2009 à Laurent Cugny pour“Analyser le
jazz“ (Editions Outre Mesure), et à Gérard Régnier pour “Jazz et Société sous l’Occupation“ (L’Harmattan). Une mention spéciale fut
également décernée à “The Life and Music of Tommy Ladnier (Jazz’edit) de Bo
Lindström & Dan Vernhettes (ce dernier présent à cette cérémonie) ouvrage édité à Paris, mais en anglais et hors compétition.
Voté en commission, le Prix du Musicien Européen couronne cette année Laurent Blondiau, trompettiste belge quasi-inconnu du public français, absent car en Afrique pour les besoins d’un documentaire. François Lacharme, président de l’Académie du Jazz, appela le photographe Jean-Pierre Leloir (et membre de l’Académie) à remettre le Prix du Jazz Classique. Répondant présents, les lauréats (Marc Richard, directeur musical du Paris Swing Orchestra, formation récompensée pour “Swingin’ Sidney Bechet“ et le saxophoniste André Villéger, soliste invité de ce mirifique big band) nous régalèrent d’un court morceau de Bechet, Viper Mag, enregistré par le saxophoniste et les Noble Sissle’s Swingsters, le 10 février 1936. Marc à la clarinette, André au soprano (instrument qu’il utilise avec un savoir faire incomparable), Jacques Schneck au piano, Enzo Mucci à la guitare, Gilles Chevaucherie à la contrebasse et Michel Senamaud à la batterie en furent les interprètes.
Editeur de disques et membre du conseil d’administration de la Sacem, Jean-Marie Salhani remit le Prix du Meilleur
Inédit ou de la meilleure réédition à Jean-Philippe Allard pour “People Time“, coffret de sept CD enregistré par Stan
Getz et Kenny Barron au Café Montmartre de Copenhague en mars 1991. Jean-Philippe en était
le producteur.
Délivré par Claude Carrière, qui présida pendant plus de dix ans l’Académie du Jazz, le très attendu Prix Django Reinhardt (les lauréats en sont tellement fiers qu’il apparaît toujours en bonne place dans leur C.V.) récompensa le saxophoniste Stéphane Guillaume, qui reçut également pour “Windmills Chronicles“ le Prix du Disque Français. Accompagné par les musiciens de son quartette (Frédéric Favarel à la guitare, Marc Buronfosse à la contrebasse, Antoine Banville à la batterie), Stéphane au saxophone ténor (il joue aussi du soprano, de la flûte et de la clarinette basse) nous gratifia de Vent sur le Reg, une des compositions de son très bel album.
En invitant à cette soirée Claude Séférian, vice-président des Amis de Jean Cocteau, l’Académie rendit hommage à l’homme de lettres qui aima et célébra le jazz. La comédienne Clotilde Courau (“Le petit criminel“ de Jacques Doillon, “Elisa“ de Jean Becker) lut la lettre préface que Cocteau écrivit pour “Swing“, (qualifiée de « feu d’artifice contre l’artifice » par Boris Vian), plaquette brève et ardente publiée en 1948 aux Editions Universitaires de France. Son auteur, le poète et romancier Gaston Criel, multiplia les métiers. Tour à tour attaché culturel, secrétaire de rédaction, metteur en page, journaliste, publicitaire, marchand de caravanes, vendeur de disques, employé de bureau, laveur de carreaux, barman et portier de boîte de nuit, il fut également le locataire de Jean-Paul Sartre et le secrétaire d’André Gide.
Après l’attribution par Jacques Périn des Prix Blues (“Chicago Blues : A Living History“ par Billy Boy Arnold, John Primer, Billy Branch et Lurrie Bell ; Nominé pour les prochains Grammy Award, le disque a vu le jour grâce à la ville d’Aulnay sous Bois en Seine Saint-Denis) et Soul (“Who’s Hurting Now“ par Candi Staton), François Lacharme et l’Académie du Jazz rendirent hommage à Ron Carter contrebassiste de légende, ainsi qu’à Jean-Pierre Leloir photographe et spectateur depuis près de 60 ans de nos évènements musicaux. Le matin même, dans les salons du Ministère de la Culture, Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication saluait le Président et les membres de l'Académie du Jazz présents à la cérémonie au cours de laquelle il remettait à Jean-Pierre Leloir les insignes d'Officier dans l'ordre des Arts et Lettres, et à Ron Carter ceux de Commandeur dans le même ordre. Au Châtelet, ovationné par une salle enthousiaste, le contrebassiste invita un vieux complice, le guitariste Christian Escoudé à le rejoindre dans une belle version de Django, composition de John Lewis tout à fait de circonstance en cette année 2010, centième anniversaire de la naissance du guitariste.
Récompense également très convoitée, le Grand Prix de l’Académie du Jazz revint à “The Bright Mississippi“ d’Allen Toussaint, disque controversé, adulé par certains, détesté par d’autres, mais sur lequel une large majorité de voix des académiciens s’est portée. Producteur, pianiste, chanteur, compositeur et arrangeur de rhythm’n’blues, Allen Toussaint est le premier "non jazzman" à recevoir ce prix depuis sa création en 1960. Ce dernier n’ayant pu se déplacer, Christophe Cheynier de l’AFP remit le trophée à Isabelle Rodier de Nonesuch Records qui nous lut le bref et touchant discours de remerciement envoyé par Toussaint.
Pour remettre le Prix du Jazz Vocal à Roberta Gambarini, François Lacharme appela sur scène Natalie Dessay. Cantatrice à la carrière prestigieuse, (elle a été l’Olympia des “Contes d’Hoffman“ d’Offenbach, la Manon de Massenet, la Mélisande de Debussy et sera bientôt Amina dans “La Sonnambula“ de Bellini à l’Opéra de Paris), Natalie félicita chaleureusement Roberta, lui laissant le soin de chanter So in Love a cappella, et en duo avec le pianiste Kirk Lightsey, The Jamfs are coming, blues composé par le saxophoniste Johnny Griffin. Et puis, la fête, les vins de Philippe Briday pour étancher la soif que procure l’émotion.
De gauche à droite au premier rang : François Lacharme, Jean-Philippe Allard, Laurent Cugny et Stéphane Guillaume. Sur le podium, de gauche à droite : Dan Vernhettes, Marc Richard, André Villéger, Gérard Régnier, Roberta Gambarini, Larry Skoller et Ron Carter (Photo: Jean-Marie Legros)
De gauche à droite: Julien Delli Fiori (FIP) et Hélène sa délicieuse épouse. Isabelle Rodier (attaché de presse de Nonesuch Records) et Géraldine Santin (responsable de la communication du Festival de Saint-Germain-Des-Prés). Christian Escoudé et Michel Sardaby, guitariste et pianiste émérites.
De gauche à droite: Daniel Humair (batteur jubilatoire) et François Lacharme. André Francis (également membre de l'Académie du Jazz) au piano. Geneviève Peyregne (agent de nombreux artistes) et Jean-Jacques Pussiau (producteur de disques inoubliables)
De gauche à droite: Pascal Anquetil (IRMA, journaliste et académicien), Jean-Louis Chautemps (saxophoniste boute-en-train) et Pierre-Henri Ardonceau de l'Académie du Jazz. Christian Bonnet (Académie du Jazz), Laurent Mignard (trompettiste et directeur musical du Duke Orchestra), André Villéger (saxophoniste, spécialiste du soprano) et le blogueur de Choc.
De gauche à droite: Roberta Gambarini (Prix du Jazz Vocal 2009) et le pianiste Kirk Lightsey. François Lacharme et Philippe Coutant, directeur du Grand T, Nantes)
De gauche à droite: Xavier Felgeyrolles (Space Time Records, directeur du Festival Jazz En Tête à Clermont-Ferrand) et Ron Carter. La gracieuse Marie-Claude Nouy (ECM Records) et Laurent Cugny (pianiste, chef d'orchestre, arrangeur, auteur de "Analyser le Jazz", Prix du Livre 2009).
De gauche à droite: Sébastien Belloir (ECM Records) et Miles
Yzquierdo (attachée de presse chez Harmonia Mundi du label World Village). Le toujours jeune Marcel Zanini. Bénédicte et Francis,
infatigables et efficaces barmaid et barman d'un soir.
PALMARES 2009
Prix Django Reinhardt (musicien français de l’année) : Stéphane Guillaume
Grand Prix de l’Académie du Jazz (meilleur disque de l’année): Allen Toussaint « The Bright Mississippi » (Nonesuch/Warner)
Prix du Disque Français (meilleur disque enregistré par un musicien français) : Stéphane Guillaume « Windmills Chronicles » (Gemini/Sphinx)
Prix du Musicien Européen (récompensé pour son œuvre ou son actualité récente) : Laurent Blondiau
Prix de la Meilleure Réédition ou du Meilleur Inédit : Stan Getz – Kenny Barron « People Time, The Complete Recordings » (EmArcy/Universal)
Prix du Jazz Classique : Paris Swing Orchestra & André Villeger « Swingin’ Sidney Bechet » (Black & Blue)
Prix du Jazz Vocal : Roberta Gambarini « So in Love » (EmArcy/Universal)
Prix Soul : Candi Staton « Who’s Hurting Now » (Honest Jons/EMI)
Prix Blues : Billy Boy Arnold - John Primer - Billy Branch - Lurrie Bell « Chicago Blues : A Living History » (Raisin/Socadisc)
Prix du livre de Jazz : Ex-aequo : Laurent Cugny « Analyser le jazz » (Outre Mesure) & Gérard Régnier « Jazz et société sous l’Occupation » (L’Harmattan)
Mention Spéciale : Bo
Lindström & Dan Vernhettes « Traveling Blues, The Life and Music of Tommy Ladnier (Jazz’edit, Paris)
Photos: Pierre de Chocqueuse. Outre la photo de groupe, celles de Laurent Cugny avec François Lacharme & Gérard
Régnier, de François Lacharme avec Ron Carter & Jean-Pierre Leloir, de Natalie Dessay et de Roberta
Gambarini sont de Jean-Marie Legros. Qu'il soit ici remercié.