16 mars 2010
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Trente ans à peine et quinze
ans de pratique du saxophone, Alexandra Grimal promène ses instruments (ténor et soprano) en Europe et possède plusieurs formations dont un quartette avec le guitariste brésilien
Nelson Véras. On l’a récemment remarquée dans “Filigrane“, le dernier disque du pianiste Edouard Ferlet, ajoutant du mystère à un opus qui en irradie beaucoup. Mais c’est avec une
section rythmique bien connue de la scène jazz bruxelloise qu’elle nous offre ce disque, enregistré en août 2009 au studio La Buissonne. Elle souffle des notes longues et féeriques qui s’étalent
comme une tapisserie brodée au petit point. Avec elle, Giovanni di Domenico, pianiste fin et sensible, joue des harmonies sophistiquées et propose des compositions oniriques au charme
puissant (Aranda, Mitote), aux notes un peu étranges qu’il fait délicieusement respirer. A la contrebasse, Manolo Cabras improvise de belles lignes mélodiques. Joao
Lobo, le batteur, les commente et les colore par le métal de ses cymbales, les peaux accordées de ses tambours. Ce dernier apporte Crista, un joli morceau qu’aurait pu écrire Paul
Motian, un thème simple et chantant autour duquel s’enroule délicatement un saxophone au timbre diaphane jouant une musique d’une pureté minérale cristalline. L’impression de fragilité qu’elle
donne nous la rend précieuse. Une vibration sonore un peu forte pourrait presque faire disparaître ces notes rares parsemant des mélodies aérées et d’une simplicité extrême (Saudades
Correspondidas), des thèmes ouverts sur un jazz souvent abstrait et riche en ambiguïtés harmoniques. Sans Raison évoque celles qu’affectionne Wayne Shorter. Une longue
improvisation du pianiste révèle la singularité de son phrasé. Eh !, un thème riff, proche du bop par son aspect anguleux, permet à Alexandra Grimal d’affirmer sa grande
maîtrise technique, son jeu sensible. Presque un murmure, les rares notes de Passage sont comme des voiles que tend un vent de plus en plus fort. On aime ce saxophone qui semble souffler
de la lumière dans Marcher, éclaire de ses sons Ellipse, et invente nonchalamment des paysages sonores aux frontières du réel.