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6 juillet 2011 3 06 /07 /juillet /2011 09:30

Aeroplanes--cover.jpgCe disque, le premier qu’enregistre sous son nom le benjamin de l’ONJ, s’ouvre sur une musique évoquant le bourdonnement d’une guêpe : « Tiens, me dit Albertine, il y a un aéroplane, il est très haut, très haut » écrit Marcel Proust dans sa "Recherche". Débordant d’idées, Antonin-Tri Hoang confie ses partitions de papier à Benoît Delbecq. Ensemble, ils parviennent à les faire voler car, privilégiant le son à la technique (Hoang qui n’en manque pas fait l’effort de l’oublier), les deux hommes donnent un souffle réel à une musique en apesanteur portée par les grands vents du jazz et de la musique contemporaine qui se tendent la main sur la crête des nuages. Il fallait le piano de Delbecq pour habiller ces pièces, leur donner la forme sonore et rythmique qu’elles ont fini par acquérir. Son univers sonore si particulier ne s’accorde pourtant pas avec tous. Benoît possède trop de personnalité pour assumer le rôle d’un simple faire valoir. Antonin-Tri ne lui a rien demandé de tel. Bien au contraire, il l’a totalement associé à son projet, lui proposant des esquisses, des partitions inachevées propices aux rêves partagés. Benoît y a ainsi ajouté ses sonorités envoûtantes, modifiant parfois le timbre de son instrument en plaçant entre les cordes métalliques de son instrument des gommes ou des morceaux de bois. Ainsi préparé, son piano peut devenir instrument de percussion, sonner comme un balaphon comme dans Fin de séance qu’il a lui-même composé. Car Benoît Delbecq entretient un rapport très physique avec le son le peaufine, le travaille comme nul autre. Les timbres, les couleurs ont pour lui autant d’importance que les rythmes. Les deux complices jouent de belles séquences mélodiques à l’unisson, improvisent de longues notes tenues, saxophone alto, clarinette basse (Antonin-Tri Hoang pratique ces deux instruments) ou piano pouvant à tout moment infléchir son discours, lui faire prendre une autre direction. Il y a beaucoup de liberté dans ces compositions rigoureuses et sobres. Leur richesse sonore est le fruit d’une commune alchimie, émulation créatrice donnant des ailes à une musique qui vole très haut, très haut, pour embrasser le bleu du ciel.     

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