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29 septembre 2010 3 29 /09 /septembre /2010 09:15

Charlap - Rosnes, coverLes amateurs de piano auraient tort d’ignorer cette belle rencontre. Les associations qu’offre l’instrument ne sont pas légions dans le jazz. On se souvient des rencontres Herbie Hancock - Chick Corea dans les années 70. Ce dernier a récemment enregistré en duo avec la jeune pianiste japonaise Hiromi. Dans “Duet“ (2008), nos deux virtuoses font sonner leurs pianos comme des cathédrales et provoquent le tournis par leurs myriades de notes. “Double Portrait“ est loin de proposer la même esthétique. Entre Bill Charlap et Renee Rosnes, point de haute voltige, de poursuites impitoyables. S’ils s’amusent à reprendre Never Will I Marry de Frank Loesser, Bill et Renée sont mari et femme depuis 2007. Ce disque est le premier qu’ils partagent et ni l’un ni l’autre n’éprouvent le besoin d’engager un duel pianistique pour montrer leur savoir-faire. Sa musique reflète leur parfaite entente, le respect et la tendresse qu’ils éprouvent l’un pour l’autre. Point de compétition ici, mais quatre mains s’entrecroisent, s’unissent pour créer non sans malice la plus belle musique possible. Le vertige est provoqué par une palette harmonique élargie à 176 notes. Ana Maria de Wayne Shorter, Little Glory de Gerry Mulligan, Double Rainbow (Chovendo Na Roseira) d’Antonio Carlos Jobim s’en trouvent subtilement embellis. Simple échauffement de doigts, Chorinho (petit pleur en portugais) ouvre l’album et fait pleurer une joyeuse pluie de notes. Le second piano assure la cadence, apporte les basses, structure la musique par le rythme. Dans The Saros Cycle, une composition de Renee, mais aussi dans Double Rainbow et Ana Maria, les deux pianistes font entendre une même voix mélodique. Les thèmes se parent de magnifiques couleurs, les échanges se font délicats. Les mains embellissent, peaufinent, ajoutent des graves, cisèlent des phrases chantantes. Nos deux complices ne font qu’un et l’on a bien du mal à distinguer leur propre jeu de piano dans cet entrelacs d’harmonies poétiques qui ne se bousculent jamais, mais se complètent, la clarté de l’expression passant ici au premier plan. A une tendre et romantique version de My Man’s Gone Now (George Gershwin), succède pourtant un Dancing in the Dark (Arthur Schwartz) enlevé et trempé dans le blues. Inner Urge de Joe Henderson bénéficie également d’une interprétation musclée. Le couple ne manque pas de tonus, mais Bill et Renee font surtout parler leur cœur. Ne boudez pas leurs ébats pianistiques. Magnifique peinture de Marc Chagall (Au-Dessus de la ville) sur la pochette.   

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commentaires

B
<br /> L'article donne envie d'écouter, comme la description d'un repas donnerait envie de manger. C'est ça le style!<br /> <br /> <br />
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