Une quarantaine de comptes-rendus de concerts, une trentaine d’albums chroniqués depuis janvier. Fatigué, le blogueur lève le pied et met son blog en sommeil jusqu’en septembre. Non sans vous avoir entretenu de quelques concerts que Paris abrita en juillet.
Celui qu’Enrico Pieranunzi donna en solo au Sunside le 3 fut époustouflant. Le club vient d’acquérir un nouveau piano, un Yamaha série C, et le maestro le fit divinement chanter, faisant alterner compositions personnelles, standards et pièces du répertoire classique (Bach, Scarlatti) qu’il mêla à des improvisations brillantes et inspirées. Le 4, c’est en compagnie de son Latin Jazz Quintet qu’il mit le feu au club. Parmi ses musiciens – Rosario Giuliani (as) Darryl Hall (b), André Ceccarelli (dm) – la découverte d’un excellent trompettiste Diego Urcola pour pimenter la musique et la rendre torride.
Return to Forever à l’Olympia le 9. Occasion de retrouver Chick Corea, Stanley Clarke et Lenny White qui, en mars 1975, s'y étaient déjà produits. RTF jouait alors une musique très électrique et si les morceaux qui le rendirent célèbre sont toujours à son répertoire, le groupe en donne aujourd’hui des versions beaucoup plus acoustiques. Sorceress, No Mystery, The Romantic Warrior, Le Concerto d’Aranjuez couplé avec La Fiesta réjouirent ainsi nos oreilles attentives. Ces thèmes, Jean-Luc Ponty les sert idéalement. Son violon leur donne d’autres couleurs, les enveloppe de sonorités nouvelles qui nous les font redécouvrir. Renaissance, une de ses célèbres compositions, fut très applaudie, de même que ses chorus, souvent enthousiasmants. Un peu en retrait malgré des interventions judicieuses au piano, Corea préfère laisser Clarke et Ponty improviser, ce dernier exhibant sa virtuosité à la contrebasse. Quant à Frank Gambale, il se contente de mêler la sonorité de sa guitare à la musique du groupe dont il est le maillon faible sans trop s’y investir, ce qui n’est pas plus mal. J’en profite pour vous signaler la parution d’un coffret de 5 CD réunissant toutes les faces que Return to Forever enregistra pour Columbia. “The Complete Columbia Albums Collection” contient “Romantic Warrior” (1976), l’un des chefs-d’œuvre du groupe et de nombreux morceaux live souvent de qualité.
Jeudi dernier 21 juillet, Charles Lloyd nous offrit une prestation rêveuse dans les arènes de Montmartre épargnées par la pluie. Lloyd laisse beaucoup jouer les musiciens de son quartette – Jason Moran au piano, Reuben Rogers à la contrebasse, Eric Harland à la batterie – qui fournissent une trame rythmique souple et distendue à sa musique, lui donnent du mouvement, la portent vers des hauteurs inattendues.
Harland pratique une constante polyrythmie. Moran cultive l’abstraction, égrène les notes vertigineuses d’un piano singulier. Véritable boussole du groupe, la contrebasse de Rogers lui permet de ne pas perdre le Nord, la tonalité, le tempo, de s’asseoir sur une terre ferme. Lloyd est l’âme de cette musique ouverte et généreuse. Il enroule ses notes autour des mélodies, émeut dans les nombreuses ballades de son répertoire. Elles révèlent la richesse de son univers intérieur, la poétique de son art. Rabo de Nube, Go Down Moses, Caroline No furent ainsi transfigurés par le chant lyrique et apaisé du saxophoniste dont la musique spirituelle et sensible nous est infiniment précieuse.
Il ne me reste qu’à prendre la route des vacances, à en souhaiter de très bonnes à ceux et à celles d’entre-vous qui en prennent. Rendez-vous début septembre dans ce blogdechoc avec un nouvel édito, des disques et des concerts qui interpellent.
PHOTOS & MONTAGES PHOTOS © Pierre de
Chocqueuse