Le temps d’une moitié d’album (on espère une tournée pour prolonger la rencontre), DAG, acronyme de Domancich, Avenel, Goubert, invite Dave Liebman à partager l’aventure de leur trio pas comme les autres. Le saxophoniste possède une forte personnalité. Il titille souvent les aigus de son soprano et son jeu est aussi véhément que lyrique. Loin d’afficher une attitude passive, de constituer un simple écrin à sa flamboyance, nos trois musiciens font entendre leurs différences. Dès la première plage, The Day Before, on est saisi par le son volumineux de la contrebasse de Jean-Jacques Avenel. L’instrument n’a sans doute jamais sonné avec tant de profondeur dans Le Sec du Clocher, magnifique composition de Simon Goubert. Admirablement rythmée par ce dernier, la musique prend le temps de respirer et de se construire. S’il offre de véritables thèmes à Dave Liebman – Esteem construit autour d’une grille de blues - , le trio se réserve les plages les plus abstraites. Estampe (19x26), un duo contrebasse – batterie, révèle la poétique d’une improvisation intuitive, liberté que l’on trouve aussi dans de nombreuses pièces de l’album. Au piano, Sophia Domancich joue des harmonies flottantes et mystérieuses dans A Pâques, une de ses compositions qu’elle aborde en solo. Sorti d’un magma sonore hésitant et informe, The Right Way To Go s’invente au fur et à mesure et semble avoir été entièrement créé en studio. Pour vous, ces quelques Althea rosea évoque le parfum et les couleurs des morceaux de Paul Bley, musique allusive, dont l’intériorité est une mise en espace de sentiments profonds, exploration sonore frémissante et toute en devenir.