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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 09:30

Denny-Zeitlin---Labyrinth--cover.jpgEnregistré en juillet 2008 et juin 2010, “Labyrinth” rassemble les meilleurs moments de deux concerts donnés par Denny Zeitlin au Ernie Shelton’s House de Sebastopol (Californie), un petit club intime (moins d’une centaine de places) qu’il apprécie pour la qualité de son public. Le pianiste (73 ans aujourd’hui) conserve intacts ses moyens techniques. Il articule parfaitement ses notes, contrôle leurs attaques et leurs résonances au sein d’un jeu dynamique qui met en valeur une main gauche puissante et espiègle. L’histoire du jazz reste présente dans sa musique. Le blues et ses ambiguïtés harmoniques, ses notes bleues qui oscillent entre les modes majeur et mineur, la teinte de façon particulière. Zeitlin aime aussi les intervalles distendus, les tensions dissonantes (septièmes majeures, quartes augmentées) souvent recherchées pour elles-mêmes. Son harmonie n’est pas toujours linéaire. Dans Footprints qui ouvre le disque, il tourne autour du thème, le segmente, en isole les huit premières mesures. Fruit d’une réflexion personnelle, le morceau de Wayne Shorter devient prétexte à des variations inattendues. Dancing in the Dark bénéficie d’une nouvelle jeunesse harmonique tandis que Sail Away et People Will Say We’re In Love inspirent à l’interprète de longues improvisations lyriques. Ce dernier joue un piano rubato et rêveur, s’attarde sur les mélodies qu’il décante et transforme, en fait ressortir les belles notes. Celles de As Long as There’s Music, presque une valse, sonnent avec beaucoup d’autorité. La composition de Jule Styne hérite de basses puissantes. Une main gauche virevoltante pose les arpèges et les notes perlées. Ce n’est pas la première fois que Zeitlin nous en offre une version enregistrée. Le chaloupé Brazilian Steet Dance a également fait l’objet d’enregistrements en solo, en trio et en duo. Slipstream et Labyrinth datent des années 60 et furent gravés pour Columbia. Cette dernière pièce, la plus longue de l’album, fascine par ses chausse-trapes. Le pianiste s’amuse à se tendre des pièges, explore sans jamais se perdre tout le registre de son clavier, utilise sa table d’harmonie comme un miroir sonore déformant. Il aime terminer ses concerts par des prestissimo éblouissants. Slipstream nous y prépare, un thème que Lazy Bird écrit par John Coltrane surpasse en pure virtuosité.

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commentaires

B
<br /> Enfin un journaliste qui s'intéresse à ce grand pianiste ! Merci Pierre. Et souhait de la réedition de ZEITGEIST, chez Columbia !!<br /> <br /> <br />
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