Les balais de Fabrice Moreau bruissent sur sa caisse claire ; des voix murmurent une étrange mélopée ; au piano, Edouard
Ferlet en joue les accords magnifiques puis laisse chanter la trompette d’Airelle Besson. Le morceau s’intitule La fable du grimoire. Il ouvre un album peu
ordinaire, insolite par son instrumentation. On y découvre de la très belle musique jouée avec une grande économie de moyens. Alexandra Grimal complète la formation aux
saxophones. Pas de contrebasse dans un espace sonore qui s’en trouve agrandi. Peu d’ostinato dans des pièces impressionnistes presque transparentes. Les notes jouées en suggèrent d’autres non
exprimées, invisibles mais présentes. On passe ainsi de l’autre côté du miroir, dans un univers sonore aux mélodies « inspirées implicitement par (Henri)
Dutilleux, les modes d’(Olivier) Messiaen, ou les couleurs de Charles Koechlin » pour reprendre les propos de Ferlet. Ce
dernier joue ici un piano aux harmonies très pures qui semblent constamment flotter – Bords perdus, Amane. A la batterie, Fabrice Moreau suggère et diffracte
délicatement les rythmes, apporte des couleurs et commente les silences. Trompette et saxophone mêlent leurs voix mélodiques, tissent de mystérieux contre-chants, tiennent de longues notes
capiteuses et, à tour de rôle, cisèlent leurs improvisations. L’écriture très souple offre de larges espaces à ces dernières. Les instruments s’y promènent. Notes et accords respirent, évoquent
des images, des paysages dans lesquels il fait bon badauder.
Edouard Ferlet, Airelle
Besson, Alexandra Grimal et Fabrice Moreau se produiront au Sunside les 11 et 12 décembre. Concerts à 21h00.