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17 juin 2010 4 17 /06 /juin /2010 15:30

G.-Zufferey--cover.jpgEnregistré avec Sébastien Boisseau et Daniel Humair, “Après l’orage“ de Gabriel Zufferey fut une des bonnes surprises jazzistiques de l’année 2004. Le jeune pianiste suisse s’était fait remarqué cinq ans plus tôt en remportant à quatorze ans le prix du meilleur espoir au deuxième Concours International de Piano Jazz Martial Solal. Après quelques concerts dont un au Duc des Lombards, le musicien prometteur prit du temps et du recul pour préparer ce second disque, deux pièces de Thelonious Monk et des compositions originales pour la plupart composées lors d’un séjour à New York en 2009, un enregistrement live au sein duquel on le retrouve dans un environnement sonore très différent. Le trombone de Samuel Blaser, musicien suisse résidant à Berlin, donne un aspect austère à un jazz moderne que colorent les claviers de Gabriel. On est surpris par le contraste de leurs sonorités. Une voix grave et expressive pose les thèmes de ‘Round Midnight et de Blue Monk, dialogue avec le saxophone ténor de Maria Kim Grand dans Be(e) Honey, et ne dédaigne pas les effets de growl. Un piano électrique à la sonorité déformée par de mystérieuses pédales lui répond par des cascades de notes brillantes et lumineuses. Gabriel Zufferey n’abuse pas de sa virtuosité. Il pratique un jeu sobre et économe. Ses doigts se font délicats et tendres pour faire chanter des motifs mélodiques. Patrice Moret à la contrebasse et Ramon Lopez à la batterie marquent rarement un tempo régulier. Ils colorent et jouent avec une rare souplesse des rythmes inattendus. Dans ‘Round Midnight, la basse adopte ainsi un rythme saccadé, presque un riff de reggae. Les musiciens disposent tous de beaucoup d’espace pour improviser et ne manquent pas de bonnes idées. On a connu Gabriel derrière un piano acoustique. On le découvre bruiteur, créateur de sons au Fender Rhodes, instrument qu’il utilise avec un rare bonheur et avec lequel il parvient à donner une dimension onirique à la musique (les sonorités de harpe de HeaR(E) & kNOW) tout en lui apportant un groove permanent. Gabriel n’a pas pour autant abandonné le piano. Il en joue dans I’M’N’U, dans Ballade en cet… , et nous fascine par les couleurs de ses accords. Il laisse le trombone exposer les thèmes, les nourrit d’harmonies, en poétise les notes. Libre et spontané, sa musique “in progress“ possède beaucoup de charme.

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