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26 novembre 2010 5 26 /11 /novembre /2010 09:16

Geri Allen flying coverRécipiendaire en 2008 d’une bourse de la fondation Guggenheim (John Simon Guggenheim Fellowship Award for Music Composition), la pianiste Geri Allen a passé un an (entre avril 2008 et avril 2009) à préparer son quatorzième album, un enregistrement en solo particulièrement ambitieux qui risque de faire date. Il s’inscrit sous le triple patronage de Cecil Taylor, McCoy Tyner et Herbie Hancock, trois pianistes de jazz moderne qui ont ouvert des portes, donné d’autres fonctions, d’autres couleurs à l’instrument. Bien que reconnaissant sa dette envers ces maîtres qui l’ont inspirée, Geri Allen loin de rejouer leur musique, l’éclaire sous une autre lumière, à travers le prisme sonore de ses compositions. Les huit premiers morceaux du disque constituent une suite de huit réfractions. Le terme réfracter se dit d’un rayon lumineux dont la direction a été modifiée par le passage d’un milieu transparent dans un autre. Geri Allen emploie ce mot à dessein. La musique des trois hommes a jalonné son parcours artistique. Elle survit réfractée dans son piano, comme un écho. Détentrice d’un master d’ethnomusicologie, Geri Allen a étudié non seulement le jazz et ses racines, mais encore la musique de l’Inde et de l’Afrique. Sa musique pianistique est un fleuve impétueux chargé d’histoire qui brasse et réunit de nombreux styles et courants musicaux. Le titre de l’album (Volant vers le son) implique cette idée de voyage, de déplacement et doit être entendue comme une métaphore. Consacrant les trois premières pièces de sa suite à trois pianistes qu’elle affectionne, elle leur Geri Allenemprunte des éléments stylistiques et médite sur leur musique, matière première de ses propres visions. Son piano se fait percussif, abstrait et polyphonique dans Dancing Mystic Poets at Midnight dédié à Cecil Taylor. Il devient orchestral dans Red Velvet in Winter (pour Herbie Hancock) et Flying Toward the Sound pour McCoy Tyner dont elle emprunte la sonorité brillante, le jeu ornemental. D’une durée de seize minutes, GOD’s Ancient Sky reste la pièce maîtresse de l’oeuvre. La pianiste enchevêtre plusieurs thèmes, esquisse des mélodies qu’elle enrichit d’harmonies, de phrases inattendues. Sa main gauche puissante rythme ses visions musicales, donne assise à une musique dynamique et solidement charpentée. Sa main droite, joue de longues phrases fluides, pose les couleurs d’un voyage musical et spirituel. Dédié à son fils Wally, un jeune et talentueux musicien, Your Pure Self (Mother to Son) conclut la partie audio du CD. Il contient de courts extraits vidéo de trois des morceaux de l’album, des images poétiques de la réalisatrice Carrie Mae Weems qui a collaboré avec la pianiste pour créer un film sur sa vie de musicienne afro-américaine. Le texte du livret rédigé par l’universitaire Farah Jasmine Griffith, auteur de l’une des meilleures études publiées sur Billie Holiday, éclaire la démarche artistique d’une jazz woman incontournable. CD disponible sur www.motema.com

PHOTOS © Carrie Mae Weems/ Motema Records

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commentaires

B
<br /> Pierre, bravo pour cet alléchante et instructive chronique ! Je ne savais pas Geri aussi attirée par McCoy ou Herbie!<br /> <br /> <br />
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