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5 septembre 2010 7 05 /09 /septembre /2010 12:42

Trio-Music.jpgJEUDI 2 septembre

Le temps d’un concert, la Grande Halle de la Villette attendait la résurrection du trio aussi mythique qu’éphémère qui enregistra en 1968 “Now He Sings, Now He Sobs“ le disque qui nous fit découvrir Chick Corea alors âgé de vingt-sept ans. Deux albums (dont un double) chez ECM complètent un maigre corpus discographique qui a pourtant immortalisé le groupe. Ce Trio Music possède un son bien à lui qu’apportent la sonorité très mate de la caisse claire de Roy Haynes, ses cymbales très présentes associées à la contrebasse vrombissante et pneumatique de Miroslav Vitous.

Chick-Corea.jpgAu bout d’une queue interminable qui attendait patiemment l’ouverture des portes, les trois hommes étaient au rendez-vous, un peu plus vieux bien sûr, Vitous claudiquant, Corea tout sourire dissimulant son embonpoint sous une large chemise, Haynes, quatre-vingt-quatre ans et tout en blanc vêtu respirant la jeunesse. On espérait sans doute trop de ces retrouvailles dans un lieu peu idéal, trop grand malgré une bonne sonorisation. Nous fûmes nombreux à être un peu déçus.  Des musiciens de cette trempe possèdent trop de métier et d’expérience pour rater complètement leurs concerts, mais ce dernier ne fut que la répétition publique de ceux qui devaient suivre, une tournée de quelques dates. Essuyant les plâtres, le public parisien eut droit à une mise en place pifométrique, à une musique flottante dans des habits trop grands. Miroslav Vitous désespérément virtuose (un peu de laudanum lui ferait grand bien) joue sans cesse comme un soliste, comme s’il était seul sur scène. De la taille d’un violoncelle, sa contrebasse est reliée à une pédale wah-wah qui en déforme le son. Vitous peine alors à tenir des notes justes. On préfère voir ses doigts virevolter sur le manche pour en tirer des harmoniques. Chick Corea joue toujours un piano vif, nerveux qui sert les notes magnifiques qui lui passent par la tête, réservoir inépuisable d’idées lumineuses et de rythmes qui nous font voir le bleu du ciel. Roy Haynes tient la forme, la grande ! Malheureusement, les chorus incessants de Vitous empêchèrent toute fluidité musicale. Le pianiste ne put développer son jeu habituel. Le nez dans une pile de partitions, on le voyait hésiter, comme s’il ne savait quel morceau choisir dans un répertoire quelque peu oublié.

Roy-Haynes.jpgLes trois hommes interprétèrent quelques extraits de “Now He Sings, Now He Sobs“, Windows, I Don’t Know (de la même séance mais publié en 1976) un thème qu’il avoua n’avoir jamais repris sur scène, quelques notes de Matrix surgissant au sein d’une pièce mystère, Corea annonçant rarement les titres des morceaux comme si nous pouvions tous les reconnaître. Le trio trébucha sur quelques compositions de Thelonious Monk - Think of One, Straight no Chaser en rappel -, et nous offrit quelques standards. J’ai cru entendre Come Rain or Come Shine et Green Dolphin Street dans cette succession de moments inégaux, de hauts et de bas empêchant de rentrer complètement dans une musique qui aurait pu être meilleure.

Photos © Pierre de Chocqueuse

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commentaires

B
<br /> Ne boudons pas notre plaisir. Ces Trois exceptionnels musiciens ont joué avec spontanéité et sans excès de virtuosité. Ils ne furent jamais ennuyeux, même si la wah-wah de Vitous prenait, parfois,<br /> l'allure d'un gimmick un peu envahissant. A l'heure où bon nombre de trios s'enlisent dans des projets fumeux à grand renfort de marketing, nous avons vu des géants du jazz en pleine action.<br /> <br /> <br />
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