23 février 2010
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J'ai déjà dit tout le bien que je pensais de
Greg Reitan lors de la sortie de “Some Other Time“, son précédent CD dont vous trouverez la chronique dans ce blog à la date du 24 juin 2009. Enregistré six mois après ce premier opus, en
septembre et octobre 2008, “Antibes“ lui ressemble beaucoup. Le pianiste conserve le même trio. Jack Daro à la contrebasse et Dean Koba à la batterie jouent avec Greg depuis de
longues années. La démo qu’ils enregistrèrent en 1995 leur permit cette année-là de se placer parmi les finalistes de la Great American Jazz Piano Competition. Compositeur travaillant pour le
cinéma et la télévision, auteur d’un concerto pour clarinette, Greg Reitan est aussi un pianiste de jazz dont le toucher fin et délicat est au service d’harmonies raffinées. Il en brode de
nombreuses sur les thèmes qu’il compose, des mélodies qu’il dévoile mesure après mesure, comme pour mieux nous surprendre. Le morceau Antibes repose sur une progression d’accords
influencés par la musique de Bach. Reitan joue de longues phrases élégantes, qu’il fait subtilement respirer. Sa main gauche apporte d’heureuses couleurs à la partition. Le rythme est vif, mais pas
trop rapide, contrebasse et batterie introduisant de légères variations de tempo. Le pianiste cite à plusieurs reprises My Foolish Heart dans Waltz for Meredith, écrite à
l’intention de son épouse. Reposant sur des constructions d’accords, One Step Ahead et September sont moins évidents sur un plan mélodique, mais Reitan sait utiliser son piano
pour raconter une histoire et la mener à bien, même à grande vitesse, ce qu’il fait dans la première de ces pièces. On peut leur préférer Late Summer Variations, morceau en solo largement
improvisé et le très beau Salinas qui sert de pont au précédent. Comme dans son premier disque, le pianiste reprend des standards et en donne des versions personnelles et sensibles.
Naguère chanté par Billie Holiday (l’album “Lady in Satin“ en renferme une version), et abordé sur un tempo très lent, For Heaven’s Sake flotte dans un grand bain
d’harmonies brumeuses et conserve son mystère. Bill Evans est
bien sûr à l’honneur dans une pudique relecture de Re: Person I Knew. Si Fall de Wayne Shorter est souvent enregistré, Time Remembers Once de Denny Zeitlin
et Sympathy de Keith Jarrett n'ont pas souvent été repris, la composition de ce dernier s'inspirant très librement du 4e prélude de Frédéric Chopin. Enfin, Reitan joue avec
simplicité et douceur la mélodie de In The Wee Small Hours of the Morning immortalisé en 1955 par Frank Sinatra, de jolies notes pour conclure un disque réussi.