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25 novembre 2009 3 25 /11 /novembre /2009 10:32

Saxophoniste puissant à la personnalité affirmée, auteur de compositions habiles qui se prêtent au jeu de l’improvisation, Jean Toussaint possède un formidable métier acquis au cours d’une carrière aussi riche que passionnante. Il étudia la musique au Berklee College of Music de Boston, mais c’est au sein des Jazz Messengers d’Art Blakey qu’on le remarque en 1982. Mulgrew Miller, Donald Harrison et Terence Blanchard font alors partie du groupe. Une sacrée équipe, car Blakey sait s’entourer des meilleurs. Jean reste quatre ans auprès du batteur. Lorsqu’il le quitte en 1985, c’est un musicien accompli qui sait raconter une histoire avec ses saxophones. En outre, il possède une vraie sonorité, utilise tout le registre de son ténor et sait faire chanter ses notes au soprano. Jean Toussaint a enregistré huit albums sous son nom. C’est peu si l’on prend en considération le talent du musicien. Comme Donald Brown qui fut aussi un des pianistes de Blakey, Toussaint a trouvé le bon samaritain en la personne de Xavier Felgeyrolles, un physicien passionné de jazz, assez fou pour organiser chaque année avec succès depuis 1988 un festival de jazz à Clermont-Ferrand et posséder un label de jazz, Space Time Records, pour défendre les jazzmen qu’il apprécie. C’est grâce à ce noctambule impénitent que j’ai découvert Toussaint dans “Blue Back“un enregistrement studio de 2001. Commercialisé un an plus tard il passa inaperçu. Felgeyrolles récidive aujourd’hui avec un enregistrement live qui restitue fidèlement ce dont est capable son protégé lorsqu’il est en forme. Dès la première plage jouée au soprano, The Bean Counter, le saxophoniste prend les choses en mains. Un thème très simple, quelques notes agencées sous forme de ritournelle sert de support à des échanges avec Andrew McCormack, son pianiste. Vivant en Angleterre lorsqu’il ne tourne pas avec son groupe, il joue ici avec des musiciens anglais, dispose d’une rythmique solide – Larry Bartley à la contrebasse et Troy Miller à la batterie – et parfaitement en phase. Avec eux, Jean n’a pas peur de se lancer dans de longs chorus savamment construits. Il faut l’entendre au ténor dans Random Discourse, brillante improvisation collective dans laquelle le pianiste fait tourner un ostinato et entretient une tension permanente. Dans le funky Heian Yondan – le morceau s’étale sur presque quinze minutes, mais on ne s’y ennuie pas une seconde - , Jean répète et rythme de courtes phrases, improvise tout en gardant toujours en mémoire les structures mélodiques du thème qu’il explore jusqu’au-boutisme, l’expression toujours lisible restant d’un grand lyrisme. A la guitare, Jérôme Barde ponctue et relance avec de petits riffs. Il joue également sur Chubby Rain construit sur une grille de blues. Son instrument y trouve naturellement sa place. Les quelques ballades de l’album sont également épatantes. Si Jean Toussaint évoque parfois Sonny Rollins lorsqu’il joue du ténor, c’est à Wayne Shorter que l’on pense à l’écoute de Hymn, chant mélancolique aux harmonies singulières abordé au soprano, et à John Coltrane lorsque sur le même instrument Jean déverse avec logique un torrent de notes brûlantes dans Mirage, composition dans laquelle Andrew McCormack prend un solo éblouissant. Benet McLean le remplace au piano dans une version particulièrement sobre et émouvante de Round Midnight, dernière plage de ce disque événement. Si ce dernier le joue “à la Monk“, Jean Toussaint en restitue la langueur, nous en transmet magnifiquement le vague à l’âme.
Photo CD © Michel Vasset - Photo Club © Pierre de Chocqueuse 

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commentaires

B
<br /> houlaaaa, la notule frémissante qui donne envie !<br /> <br /> <br />
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