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26 mai 2012 6 26 /05 /mai /2012 08:00

J. Abercrombie, coverDans cet enregistrement en quartette, John Abercrombie se penche sur son passé de guitariste, revient sur l’époque où son intérêt pour le jazz détermina sa vocation artistique. Né en 1944, il joue d’abord du rock and roll, le jazz entrant un peu plus tard dans sa vie avec Barney Kessel et Tal Farlow. Élève de la Berklee School of Music dans les années 60, il découvre Jim Hall qui deviendra sa principale influence. Celui-ci joue alors avec Sonny Rollins. Après une retraite de près de deux ans, le saxophoniste a fait paraître “The Bridge”, album de la sérénité retrouvée, Hall répondant par de petites phrases élégantes et raffinées à la force tranquille du ténor. Une révélation pour Abercrombie qui reprend ici les deux premiers titres de ce disque mythique : Where are you, une ballade somptueuse que Joe Lovano illumine, et Without a Song, un thème lui inspirant Within a Song qui donne son titre à l’album. L’ombre tutélaire de Jim Hall plane constamment sur ce disque. Il contient Sometime Ago qu’il jouait souvent avec Art Farmer lorsqu’il était le guitariste de son quartette, un thème inclu dans “Interaction”, un album Atlantic du trompettiste. Abercrombie et Lovano en donnent une version délicate, ce dernier prenant le temps de faire chanter à son saxophone ténor des phrases chaleureuses et mélodiques. Autre pièce associée à Jim Hall, Interplay, un blues en mineur, donne son titre à un célèbre disque de Bill Evans dans lequel Hall tient la guitare. Les années 60 pour John Abercrombie, c’est aussi la découverte tardive de “Kind of Blue”, occasion de relire de manière très originale Flamenco Sketches, de lui apporter une progression harmonique différente. Ornette Coleman et John Coltrane comptèrent également beaucoup dans son évolution. Du premier, il reprend Blues Connotation, un extrait de “This is Our Music” qui permet une grande liberté avec les barres de mesures, Abercrombie choisissant d’installer un tempo flottant avec sa section rythmique – Drew Gress à la contrebasse et Joey Baron à la batterie, tous deux excellents. Du second, Wise One a sa préférence. On le trouve dans “Crescent”, disque moins connu que “Ballads” ou “A Love Supreme”, mais qui reste l’un des fleurons de la période Impulse ! de Coltrane. John l’étudia à Boston. Il lui donne des couleurs modales, le ténor y développant un chorus magnifique. Easy Rider, une valse, un hommage au film que Dennis Hopper réalisa en 1969 complète cet album new-yorkais du guitariste, l’un de ses plus attachants.         

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commentaires

B
Eh oui, effectivement : très bon album, Pierre. Je me suis régalé à l'écouter. J'ai retrouvé des impressions en parcourant l'article.
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