Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 mars 2012 4 15 /03 /mars /2012 10:18

Enrico-Pieranunzi.jpgVENDREDI 2 mars

Le nouveau trio d’Enrico Pieranunzi ne serait-il pas le meilleur de sa longue carrière ? C’est la question que l’on se pose après son premier concert parisien à Roland Garros. Le maestro a toujours su choisir ses musiciens. Avec Marc Scott--Colley.jpgJohnson et Joey Baron, il a longtemps bénéficié de l’une des meilleures paires rythmiques de la planète jazz. En privilégiant le jeu collectif, Scott Colley et Antonio Sanchez parviennent cependant à renouveler sa musique et à la rendre plus excitante que jamais. Contrebasse et batterie interviennent directement dans le processus créatif, structurent les thèmes qu’apporte Enrico, et lui donnent une tension appréciable. Colley est un rythmicien capable de répondre aux sollicitations mélodiques d’un pianiste virtuose qui aime surprendre et questionner. Sanchez n’est pas en reste. Batteur, mais aussi percussionniste, il colore la ligne mélodique et possède une frappe lourde qui remplit l’espace sonore. Il en résulte une musique très dense. Le piano taquine une basse vrombissante qui joue beaucoup de notes ; le batteur mitraille, percute tambours et cymbales. Le groupe s’impose dans l’action. Les tempos rapides favorisent les échanges. Un ostinato, la mise en E.-Pieranunzi---S.-Colley.jpgboucle d’une phrase mélodique en guise de thème suffisent aux musiciens pour installer l’espace de jeu, improviser. Stangest Consequences et Permutation qui donne son nom au disque du trio sont ainsi des pièces ouvertes à tous les possibles. Enrico adopte un jeu inhabituellement agressif dans la première, abstrait dans la seconde. Véloce, le pianiste y place des cascades de notes inattendues, les attaque avec gourmandise. Des ballades viennent adoucir une prestation intense. La mélodie de Distance from Departure inspire le poète qui fait chanter ses notes, les détache, les sert par la finesse de son toucher. Colley et Sanchez s’y montrent discrets, comme si Enrico souhaitait réserver ces Antonio-Sanchez.jpgpages lyriques à son instrument. Pas une seule note de Whithin the House of Night, une pièce lente et majestueuse également incluse dans “Permutation”, n'est improvisée. La contrebasse réexpose le thème, cymbales et toms délicatement martelés ajoutent de discrètes couleurs à un morceau composé pour le piano. Mais c’est aussi en conviant les musiciens de son nouveau trio à partager Horizontes Finales, qu’Enrico éblouit et ouvre les portes du rêve. Colley en double la ligne mélodique tout en offrant un subtil balancement à un morceau qui respire une joie de vivre, une félicité toute printanière. Puisse-t-il nous porter bonheur.

 

SAMEDI 3 mars

Susi-Hyldgaard.jpgSusi Hyldgaard au Sunside. La chanteuse danoise ne s’était pas produite dans un club parisien depuis des concerts donnés au Duc des Lombards en octobre 2010. Elle vient de fait paraître un nouvel album qui bénéficie d’une chronique enthousiaste du blogueur de Choc, et en interprète de nombreux extraits. Avec elle, une équipe réduite la suit depuis longtemps. Jannick Jensen fournit un énorme travail à la basse électrique. Il ressemble en plus jeune au commissaire Maigret, un ami de François Lacharme que les membres de l’Académie du Jazz connaissent bien. A la batterie, Jannick Jensenla fidèle et souriante Benita Haastrup qui double la voix de Susi, assure les contre-chants. Elle utilise surtout des balais, des sticks, rythme avec grâce, sans lourdeur aucune, et siffle aussi très bien. Ils ne sont donc que trois, mais parviennent pourtant à remplir l’espace sonore, à le rendre féerique. Susi dispose bien sûr du piano du Sunside, en tire des belles couleurs, des harmonies délicates. Elle n’a pas apporté son accordéon, mais un piano électrique et un ordinateur dans lequel sont stockés des samples de voix, des séquences sonores qu’elle superpose à la musique qu’elle et ses musiciens jouent sur scène. Elle possède surtout un tel feeling que son univers musical, souvent réduit à peu de choses, enveloppe et Benita Haastrupentête. “Dansk”, son nouveau disque, est une réflexion sur l’identité, la communication. Le Danemark est un petit pays entouré de grands. Susi se rapproche de leurs habitants en chantant en français, en allemand, en anglais et bien sûr en danois, mélangeant ces langues comme elle entremêle toutes sortes de musiques. Moins célèbre que Björk et Joni Mitchell, elle leur ressemble par la profondeur de ses textes, l’originalité du monde sonore qu’elle parvient à créer. Inclassable, Il n’y a pas si longtemps sonnant un peu plus jazz que les autres morceaux qu’il contient,“Dansk” reste plus proche de “Blush” que de son disque B. Haastrup & S. Hyldgaardprécédent,“It’s Love We Need”, un disque de jazz joyeusement funky arrangé par Roy Nathanson et Bill Ware et enregistré avec le NDR Big Band. Le second set fut consacré à des compositions de ses autres disques. Elle reprit Blush, chanta un Welcome to India aux sonorités orientales et un standard inattendu My One and Lonely Love, révélant ainsi l’étendue de sa culture.

 

Photos © Pierre de Chocqueuse

Partager cet article
Repost0

commentaires