28 janvier 2010
4
28
/01
/janvier
/2010
11:25
Troisième disque en solo pour Marc Copland après “Poetic Motion“ (2001) et “Time Within Time“ (2004). Le pianiste excelle dans ce genre d’exercice. Il ne dispose pas de musiciens avec lesquels dialoguer, mais joue le même piano avec davantage d’intensité et de profondeur, sa sensibilité se révélant dès les premières notes de Soul Eyes,
l’ouverture de l’album. Approchant les 70 minutes, ce dernier renferme dix morceaux. Soul Eyes, Rainy Night House et Night Whispers ont précédemment été enregistrés en
trio par le pianiste et Blackboard a fait l’objet d’un duo avec le saxophoniste Dave Liebman. En solo, Night Whispers déçoit un peu. Le pianiste finit par faire tourner à
vide un ostinato et contrairement à la version en trio qui permet à Drew Gress et Bill Stewart de s’offrir des chorus de contrebasse et de batterie, celle-ci, beaucoup trop longue,
dépasse les dix minutes. Infiniment plus réussies, les autres reprises bénéficient toutes d’un éclairage différent. Les harmonies de Soul Eyes et Rainy Night House prennent des
teintes délicates, leurs contours brumeux se voilant de mystère. Plus encore que Bill Evans, Marc Copland est le pianiste de jazz dont la musique se rapproche le plus de celle de
Claude Debussy. Une mélodie devient ainsi prétexte à d’inépuisables variations de couleurs harmoniques. Son jeu de pédales très élaboré nuance la résonance de ses notes, favorise leur
scintillement, leur irisation colorée. Peintre de la musique, Marc Copland l’approche de manière infiniment sensible. Le touché est fin, la phrase se déploie legato, fluide et économe. De
légères vibrations sonores la diffractent et lui donnent beaucoup de charme. Outre Rainy Night House, Marc reprend deux autres compositions de Joni Mitchell dont l’œuvre reste une
de ses influences principales : I Don’t Know Where I Stand et Michael From Mountains (et non Mountain comme l’indique à tort la pochette). Marc les tire des premiers
albums de la chanteuse, ceux dont les harmonies se prêtent le mieux à des adaptations jazzistiques. Il n’oublie pas pour autant les standards qui conviennent à sa musique raffinée, à la lenteur
majestueuse de ses tempos dont les oscillations rythmiques hypnotisent. Ses versions sensuelles de I Should Care ou de Hi Li Hi Lo en témoignent : son langage personnel ne ressemble à aucun
autre.