Marc Copland s'entend fort bien avec le saxophoniste Greg Osby qui aime les risques et les rencontres. Les phrases fluides et lyriques du saxophone alto soulignent et complètent le discours hypnotique de son piano cristallin. Je préfère Marc en solo ou en trio, mais il a enregistré deux albums en duo avec Greg dans les années 90, connait sa musique, sa manière de phraser, et anticipe parfaitement ses réactions. Plus discrète que celle de Gary Peacock ou de Drew Gress, la contrebasse de Doug Weiss apporte au groupe une solide et régulière assise rythmique. Construit sur des accords de bop, son Ozz-Thetic (un clin d’œil musical à George Russell qui composa Ezz-Thetic), fait entendre une walking bass aux lignes mobiles calée sur un chabada presque classique. On le doit à Victor Lewis qui donne consistance à la musique par une frappe un peu lourde, très variée sur le plan des timbres. Le tissu rythmique peut se trouver distendu, comme dans Diary of the Same Dream, pièce abstraite de Greg Osby enrichie par les harmonies magnifiques qu’apporte le piano, il n’en reste pas moins que la contrebasse et la batterie servent avec imagination les solistes. Apportant trois compositions dont Talkin’Blues précédemment enregistré en duo avec Peacock, Copland donne de l’importance à la couleur et à la dynamique de ses notes scintillantes, construit ses morceaux sur des ostinato qui libèrent la rythmique. Son fameux jeu de pédales confère des teintes délicates et brumeuses à ses harmonies bohémiennes dont profitent les ballades de l’album, Slow Hand qu’il a écrit et Tenderly, un standard qu’il fait bon écouter. Très bonne version de Minority, un thème de Gigi Gryce que l’on joue beaucoup ces temps-ci. Une réussite.