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25 septembre 2012 2 25 /09 /septembre /2012 10:48

Jacky-Terrasson---Friends.jpgJEUDI 6 septembre

Jacky Terrasson & Friends à la Grande Halle de la Villette. Les amis du pianiste sont les musiciens de “Gouache”, son nouveau disque, l’un des réussites de cette Jacky Terrasson-copie-1rentrée. Au programme, les versions longues des titres enregistrés, ces derniers n’étant que des esquisses très abouties, des morceaux saisis à un moment précis et à la durée volontairement limitée. Sur scène, les chorus s’enchaînent sans restrictions. On prend son temps, on s’efforce de conduire ailleurs la musique, les thèmes devenant les supports mélodiques des improvisations. Jacky les aime colorées, tendres, parfois musclées. Que ce soit au piano acoustique ou au Fender Rhodes (équipé d’une pédale pour en transformer le son), son jeu S. Belmondofélin profite à sa musique. Avec lui, Justin Faulkner, batteur puissant assure un drive tout en douceur. Mal sonorisée, la contrebasse eut du mal à faire entendre les rondeurs boisées de ses graves. Dommage, car Burniss Earl Travis trempa son instrument dans le groove et offrit à ses partenaires une assise rythmique impeccable. Capable de faire danser une salle, de lui communiquer la transe fiévreuse de ses rythmes, Minino Garay nous transporta dans les îles où les tambours sont rois. Stéphane Belmondo fut bien sûr impérial. On se souviendra longtemps de Mother, ballade Jacky--Cecile---Burniss.jpgémouvante et inoubliable portée aux cimes par un majestueux chorus de bugle. Dans Oh My Love et Je te veux, Cécile McLorin Servant, révélation de l’album et récipiendaire en 2011 de la Thelonious Monk Competition, subjugua par les couleurs de sa voix, la justesse de son chant. Ils furent tous bons ce soir-là, même Michel P. à la clarinette b. Un standard fédérateur de Cole Porter, Love for Sale, réunit tous les musiciens pour un final approprié à une fête qui rassemblait une salle heureuse.

 

VENDREDI 7 septembre

Ph.-Ghielmetti---M.-Copland.jpgDepuis la parution déjà ancienne de “No Choice” réunissant les pianistes Bill Carrothers et Marc Copland (disque produit par Philippe Ghielmetti en photo avec ce dernier), on attendait depuis longtemps un concert des deux hommes. Le mauvais temps empêchant Bill de rejoindre Paris et sa Cité de la Musique, c’est en solo et dans un auditorium parfaitement adapté à l’instrument que Copland nous régala de son art par trop confidentiel. Venu nombreux écouter le duo Baptiste Trotignon / Bojan Z, le public découvrit un autre piano, une musique d’une richesse insoupçonnée se suffisant parfaitement à elle-même. Car s’il est très capable de swing, Marc préfère séduire par les couleurs de ses accords, ses harmonies flottantes dont des miroirs invisibles nous en renvoient l’écho. La finesse de son touché, son stupéfiant jeu de pédale, Marc-Copland-a.jpgapportent de subtiles nuances à un discours largement influencé par Bill Evans, le poids harmonique de sa musique en constituant la principale richesse. Avant de s’asseoir au piano, Marc nous parla d’un certain concert d’Evans auquel il avait assisté dans sa jeunesse. Le club de Washington D.C. dans lequel le pianiste jouait avec son trio était presque vide, mais ses voicings étaient si pleins de couleurs qu’il en fut profondément touché. Ceux, limpides, de Marc transportent également. Liquides, transparents comme l’eau jaillissante d’une source, ses harmonies embellissent un matériel thématique que chérit l’amateur de jazz. I’ve Got You under my Skin, Dolphin Dance, Blue In Green, All Blues, se parèrent donc de notes féeriques, le pianiste ajoutant à ce répertoire trois de ses compositions et Rainy Night House de la grande Joni Mitchell. Son concert est visible sur le site de la Cité de la Musique, et ce pendant un an. À écouter sans modération. www.citedelamusiquelive.tv

 

JEUDI 13 septembre

Francois-Couturier.jpgAnja LechnerPlaisir d’écouter le Tarkovski Quartet au Collège des Bernardins, un cadre somptueux pour une musique somptueuse que l’on a pas souvent l’occasion de voir et d’entendre sur une scène parisienne. C’est donc une salle pleine qui ovationna le groupe. Un second concert avec création audiovisuelle d’Andrei A. Tarkovski, le fils du cinéaste, était prévu à Royaumont quelques jours plus tard. Je ne pus m’y rendre, mais la qualité exceptionnelle du programme que le quartette nous offrit sans images aux Bernardins atténua mes regrets. Souvent sectaire, gêné par d’invisibles œillères, l’amateur de jazz pur et dur refuse cette musique peu tournée vers le swing. Dommage pour lui, car la grâce porte ici très haut le discours musical, une musique à l’harmonie raffinée, ouverte et intimiste, que l’on croirait écrite, mais qui contient une grande part d’improvisation. Piano (François Couturier), violoncelle (Anja Lechner), saxophone soprano (Jean-Marc Larché), accordéon (Jean-Louis Matinier), l’orchestration offre des couleurs inhabituelles et ménage des pièces en solo, duo et trio. Méditation libre autour de l’univers d’Andreï Tarkovski qui mettait très peu de musique dans ses films, Bach, Pergolèse, Purcell, ses compositeurs préférés inspirant Couturier, cette musique tour à tour tendre et violente, reflète idéalement l’âme slave spirituelle et entière du cinéaste. On la retrouve avec bonheur dans les disques de ce quartette décidément pas comme les autres.

Photos © Pierre de Chocqueuse

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commentaires

B
Bien vu, Pierre : GOUACHE représente une des bonnes surprises de la rentrée. A La Villette, un choc : le duo Kenny Barron/Dave Holland. Ils jouent de mieux en mieux.
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