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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 10:39

Congas2 novembre : me rendant tôt ce matin au Père Lachaise sur la tombe de mon grand-oncle Raoul, je tombe sur Jean-Paul avec sa tête des mauvais jours. Il me soupçonne d’être venu fleurir la tombe de Jim Morrison, de trahir le jazz pour des rockers drogués. Quelques jours plus tôt à Clermont-Ferrand, il m’a cassé les pieds, me reprochant d’avoir manqué les concerts parisiens de Mulgrew Miller, sa nouvelle idole. Tout en vilipendant mes goûts jazzistiques, Jean-Paul m’a présenté à l’étrange personnage tout de noir vêtu qui l’accompagnait. Surnommé l’embaumeur, X (il préfère que l’on taise son nom) prépare les défunts pour leur dernier voyage. Amateur de jazz et thanatopracteur, il embaume les morts à la demande de la famille, assure leur toilette, leur donne un aspect présentable et supervise leur mise en bière. Grand, des sourcils broussailleux saillant d'un visage mince et anguleux, d’une maigreur anorexique (Jean-Paul m’a confié qu’il portait de nombreux tatouages, mais je n’ai pas été vérifié), X est la nouvelle coqueluche de Jean-Paul. Il lui a d’ailleurs promis de s’occuper personnellement de lui et de son immense collection de disques après sa mort. Comme Toutankhamon, Jean-Paul se voit déjà enterré avec ses trésors. Je soupçonne X d’être un pilleur de tombes et décline poliment la même offre. X n’en a cure. Il ne chôme pas et se dit fier d’avoir préparé les dépouilles mortelles de musiciens illustres. Sans être aussi riche que Jean-Paul, sa fortune personnelle lui permet de traverser aisément l’Atlantique. Il contacte les vieux jazzmen et leur fait part de son désir d’avoir leur corps entre ses mains, se présente comme faisant partie de la famille. X connaît bien sûr tous leurs disques ce qui met en confiance. S’occuper des musiciens français le tente beaucoup moins. Il se voit mal les toiletter, les mettre en bière avec leurs instruments. Seules des stars, de grandes vedettes internationales peuvent satisfaire son ego d'embaumeur. Je préfère fréquenter les vivants, vous entretenir des formidables musiciens qui vivent et qui m’enchantent. Les morts, j’écoute leurs disques, mais préfère l’histoire qui est en train de se faire à celle qui est déjà faite. Contrairement aux autres capitales européennes, Paris en novembre fait le plein de concerts. C’est l’occasion de sortir, de bouger, de faire des rencontres, de découvrir de nouveaux talents. Ces trois fûts ne sont pas des pots de chrysanthème mais des congas qui n’attendent que vous pour battre la démesure. Comme chaque année depuis 2002, le festival Jazzycolors ouvre les portes des centres culturels étrangers pour faire connaître des musiciens. Haut lieu des musiques expérimentales, le Triton fête ses dix ans le 20 novembre. Et cette rue des Lombards qui ne dort jamais la nuit. Qu’attendez-vous pour y passer ?

Mike Manieri

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

-Mike Mainieri (vibraphone), Warren Bernhardt (claviers), Tony Levin (basse) et Steve Gadd (batterie) jouèrent ensemble au début des années 1970. Rejoints par le guitariste David Spinoza, ils donnèrent quelques concerts, mais n’enregistrèrent jamais d’album. Pas loin de quarante ans plus tard, les cinq musiciens redonnent vie à leur projet commun, gravent un premier disque en 2008 (“L’image 2.0.”) et entament une tournée internationale. Elle passe le 3 par le New Morning. On peut se laisser tenter.

Dianne Reeves

 

-Toujours le 3, Dianne Reeves se produit au Théâtre du Châtelet avec deux guitaristes. Russell Malone a souvent joué avec Diana Krall et Romero Lubambo a beaucoup travaillé à rapprocher bossa nova et jazz moderne. Rappelons que le disque le plus célèbre de la chanteuse fut naguère enregistré à Paris, au New Morning.

 

 

-Un grand monsieur du piano, Donald Brown, au Sunside le 3 et le 4. On peut Donald Brown © Ph. Etheldrèdecompter sur la section rythmique qui l’accompagne, Essiet Essiet à la contrebasse et Marcus Gilmore à la batterie, pour faire des étincelles, mais Donald invite aussi le trompettiste Stéphane Belmondo (le 3) et le jeune saxophoniste Baptiste Herbin (le 4). Ce dernier vient de faire un tabac au festival Jazz en Tête de Clermont-Ferrand. On suivra de près ce musicien prometteur.

 

-Les nuits des musiciens à l’Espace Cardin (20h30). Le jeudi 4, celle d’Aldo Romano interpelle l’amateur de jazz. Le batteur joue dans diverses formations et A.-Romano-cJBMillot.jpgde nombreux jazzmen ont répondu à son appel. On pourra entendre son trio constitué en 1995 avec Louis Sclavis et Henri Texier, l’ensemble Hymne au Soleil que dirige Lionel Belmondo, mais aussi nombre d’invités prestigieux qui l’accompagnent dans des groupes à géométrie variable. Citons seulement Géraldine Laurent, Maurane, Fabrizio Bosso, Nguyên Lê, Stéphane Belmondo et Baptiste Trotignon. J’en profite pour vous signaler que la nuit du 5 consacrée à Manu Dibango accueillera Ibrahim Maalouf et la chanteuse Elisabeth Caumont.

Affiche-Tet-Kole.jpg

-Un concert au profit de l’association Tèt Kolé (solidarité en créole) le 5 à 20 heures à l’auditorium St. Michel de Picpus, 53 rue de la gare de Reuilly, 75012 Paris. Située en Haïti dans la banlieue de Port au Prince, l’école Basile Moreau s’est effondrée lors du dernier tremblement de terre. Pour lui venir en aide, André Villéger, Alain Jean-Marie, Roger Raspail, Michel Perez, Sylvain Romano et Simon Bernier se mobilisent. Merci de Jane monheit2010venir nombreux.

 

-Jane Monheit au Duc des Lombards le 6 avec son trio habituel, Michael Kanan au piano, Neal Miner à la contrebasse et Rick Montalbano à la batterie. “Home” son dernier disque, paru fin septembre, rassemble des grands standards du jazz composés par Rodgers & Hart, Arthur Schwartz & Howard Dietz, Irving Berlin, Jerome Kern et quelques autres. Jane chante formidablement bien. Une très bonne raison pour venir l’écouter.

Affiche M. Rocheman

 

-Beaucoup de concerts le 8. Pour fêter la sortie de son nouveau disque “The Touch of your Lips, Tribute to Bill Evans” le pianiste Manuel Rocheman donne un concert en trio salle Gaveau avec Mathias Allamane et Matthieu Chazarenc. - Au Sunside, le saxophoniste Antonio Hart récupère la section rythmique de Donald Brown (Essiet Essiet et Marcus Gilmore) et s’adjoint Laurent de Wilde au John Scofieldpiano. - Toujours le même soir, le guitariste John Scofield occupe le New Morning avec Steve Swallow à la basse et Bill Stewart à la batterie. - Enfin le 8, mais aussi le 9, ce qui oblige quand même à choisir, le trompettiste Tom Harrell investit le Duc des Lombards à la tête d’un quintette comprenant Wayne Escoffery au saxophone ténor, Danny Grissett au piano, Ugonna Okegwo à la contrebasse et Jonathan Blake à la batterie. Qui peut encore prétendre que Paris n’est pas la capitale européenne du jazz ?

Eddy Louiss

 

-Le 9, Eddy Louiss fête ses cinquante ans de musique à l’Olympia. Pour marquer ce jubilé, la fameuse Multicolor Feeling Fanfare d’Eddy (une soixantaine de musiciens) qui donna son premier concert en 1987 au Théâtre de la Ville se reconstitue. Paco Séry et André Ceccarelli seront également présents. Des invités surprise dont je tairai les noms rejoindront Eddy sur la A. Tangorra©Violette Fenwickscène d’un Théâtre que tous les parisiens affectionnent.

 

-Annick Tangora le 10 au Baiser Salé (22h). Cette chanteuse méditerranéenne et solaire possède une voix puissante et chaude à large tessiture. La musique qu’elle interprète - du jazz métissé latin et afro-caribéen - , est associée à la danse, au mouvement. Pour le rythmer Mario Canonge (piano), Eric Vincenot (contrebasse) et François Laizeau (batterie). Un bain de notes très chaudes pour oublier la grisaille automnale.

 

-Lee Konitz et Dan Tepfer au Sunset le 13. On ne présente plus le premier, une des dernières grandes icônes du jazz en activité. A 83 ans, le souffle est certes moins puissant, fragile même, mais plus que jamais Dan---Lee-coverintensément chargé d’émotions. Né à Paris de parents américains et semi finaliste du Concours International de Piano Jazz Martial Solal en 2002, Tepfer se promène fréquemment entre New York et Paris. Il a rencontré Konitz grâce à Martial Solal. “Duos with Lee“ a été publié l’an dernier sur Sunnyside. Dan et Lee y improvisent un univers poétique plein de chaleur et de tendresse. - Le 13, mais aussi le 14, le bugliste Alex Tassel se produit au Duc des Lombards. En quintette avec Sylvain Bœuf au saxophone ténor, Laurent de Wilde au piano, Brunot Rousselet ou Diego Imbert à la contrebasse selon les soirs et Julien Charlet à la batterie. Rien que du beau monde pour jouer un jazz acoustique et modal proche de la musique que Miles Davis inventait avec son propre quintette dans les années soixante.

Junko Onishi

 

-Ne manquez surtout pas la japonaise Junko Onishi au Sunside. Elle s’y produit deux soirs, le 15 et le 16, ce qui permet plus facilement de bloquer une soirée. “Baroque” son nouveau disque - Choc Jazz Magazine / Jazzman en novembre - , est un hommage appuyé au grand Charles Mingus. Pianiste virtuose, Junko reste attaché à un jazz qui n’a pas oublié ses racines. Eubie Blake, Sir Charles Thompson, Thelonious Monk, Jaki Byard (qui fut son mentor) se font entendre dans un piano qui ne manque jamais de les jouer. Roland Guerin à la contrebasse et Gene Jackson à la batterie l’accompagnent. On retrouve ce dernier dans “Musical Moments” pénultième album de la pianiste également publié cette année.

Affiche Kneebody

 

-Kneebody au Duc des Lombards les 18 et 19 novembre. Shane Endsley (trompette), Ben Wendel (saxophone ténor), Adam Benjamin (claviers), Kaveh Rastegar (basse électrique, contrebasse) et Nate Wood (batterie) décloisonnent les genres. Proposant une musique qui relève autant du rock que du jazz, le groupe nous offre des mélodies baroques, des improvisations énergiques et savantes, invente un nouveau langage harmonique et rythmique, le jazz rock post-moderne du nouveau A.-Herve-flyer.jpgmillénaire.

 

-Le 19 à l’auditorium St. Germain, Antoine Hervé consacre sa leçon de jazz mensuelle à John Coltrane et invite Rick Margitza à souffler dans son saxophone. 

G. Laurent ©Sylvain Gripoix

 

-Grande musicienne, Géraldine Laurent vient de réconcilier le monde du jazz avec “Around Gigi” un superbe album hommage au saxophoniste et compositeur Gigi Gryce, Choc de Jazz Magazine / Jazzman en octobre. Pour en fêter la sortie, elle en convie les musiciens au Sunside les 19 et 20. Nul doute que galvanisés par l’alto de Géraldine, Pierre de Bethmann au piano, Yoni Zelnik à la contrebasse et Franck Agulhon à la batterie seront au meilleur de leur forme pour nous offrir des sets de rêve.

flyer 10 ans Triton

 

-Le samedi 20, de 16h00 à 2h00 du matin, le Triton fête ses dix ans d’existence en invitant nombre de ses compagnons de route. Impossible de les citer tous, mais Sophia Domancich, John Greaves, le Hadouk Trio, Louis Sclavis, Michel P, Serge Adam, Elise Caron, Bruno Chevillon, Sylvain Luc, Henri Texier,Emmanuel Bex, Michel Benita, Christian Vander, Médéric Collignon Jus de Bocse, seront sur scène au cours de la soirée. Dernière chose, l’entrée est libre.  

 

Lew Soloff-Le 22, le Duc des Lombards accueille le quartette de Lew Soloff. Le trompettiste s’était produit au Sunside en mars 2009 avec un groupe très semblable. Jean-Michel Pilc tenait le piano et François Moutin la contrebasse. On les retrouve avec un autre batteur, Ross Pederson remplaçant Billy Hart. Soloff souffle de longues phrases aux notes détachées et séduit par l’intelligence de ses chorus, la beauté de son jeu mélodique. Pianiste caméléon, Pilc peut tout aussi bien adopter un jeu minimaliste que se livrer à des chorus tumultueux riches de clusters et de dissonances. Un concert ouvert qui risque de se révéler passionnant.

 

Brad Mehldau-Brad Mehldau retrouve le Théâtre du Châtelet le 22 avec l’Ensemble Orchestral de Paris augmenté de Joshua Redman aux saxophones, Larry Grenadier à la contrebasse, Jeff Ballard et Matt Chamberlain à la batterie et aux percussions. Pour jouer live la musique de “Highway Rider”, son dernier disque, un double album controversé aux orchestrations redondantes mais d’une grande inspiration mélodique. On y goûte ses moments forts, ses thèmes lyriques aux rythmes binaires qui font penser à des morceaux des Beatles, de vraies chansons dont on sifflote les mélodies et qui vous trottent dans la tête. Et puis Brad, joue un magnifique piano. Puisse la masse orchestrale ne pas trop l’étouffer.

Edouard Bineau

 

-Le “Wared Quartet” d’Edouard Bineau constitue l’un des disques évènements de la rentrée. L’arrivée de Daniel Erdmann aux saxophones (ténor et soprano) donne une autre énergie à la musique que le pianiste joue en trio avec Gildas Boclé à la contrebasse et Arnaud Lechantre à la batterie. On y retrouve le pianiste lyrique et inspiré dans des compositions marquées par le blues. La musique, volumineuse, musclée et plus binaire que d’habitude, s’enrichit parfois du saxophone alto de Sébastien Texier. Edouard invite ce dernier à rejoindre son groupe au Sunside le 24, pour une sacrée soirée.

 

Irving Acao-Toujours le 24, Irving Acao donne un concert au Baiser Salé. En quartet avec Leonardo Montana au piano, Felipe Cabrera à la contrebasse et Lukmil Perez à la batterie. Irving a joué dans de nombreux festivals de l’hexagone, Marciac, Vienne, Nice, mais c’est dans ce même club parisien que j’ai récemment découvert ce saxophoniste cubain. Un ténor musclé tout feu tout flamme. Chucho Valdés ne s’est pas trompé lorsqu’il l’engagea à 19 ans dans Irakere. Il vient d’achever une tournée européenne avec David Murray et tient assurément la forme.

Elise Caron b

 

-Le 27 à 17h30, au studio Charles Trenet de la maison de Radio France, dans le cadre des concerts « Jazz sur le Vif », Elise Caron, l’ensemble Archimusic que dirige Jean-Rémy Guédon et le MegaOctet d’Andy Emler interpréteront en première mondiale “Présences d’esprits”, une commande de Radio France.

 

Affiche Jazzycolors 2010-Rassembler les centres culturels étrangers à Paris autour du jazz et faire découvrir des artistes peu connus en dehors de leur pays d’origine, c’est ce que fait chaque année depuis sa création en 2002 le festival Jazzycolors, placé sous la présidence d’honneur de Daniel Humair et le parrainage de Bojan Z. Du 11 au 27 novembre, seize pays se regroupent pour l’organiser. Les concerts se dérouleront dans huit lieux différents parmi lesquels l’Ambassade de Roumanie, l’Institut Hongrois, le Centre Culturel de Serbie, des endroits magnifiques à découvrir. Confié à Bojan, le concert d’inauguration aura lieu le 11 à l’institut Hongois. Notez que ce dernier accueillera le 13 le guitariste autrichien Wolfgang Muthspiel qui ne nous est pas inconnu. 

 

-New Morning : www.newmorning.com

-Théâtre du Châtelet :www.chatelet-theatre.com

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com

-Les nuits des musiciens : www.lesnuitsdesmusiciens.com

-Duc des Lombards : http://www.ducdeslombards.com

-Salle Gaveau : www.sallegaveau.com

-Olympia : www.olympiahall.com

-Baiser Salé : www.lebaisersale.com

-Auditorium St Germain : www.mpaa.fr

-Le Triton : www.letriton.com

-Maison de Radio France : www.radiofrance.fr

-Festival Jazzycolors : www.jazzycolors.net

 

PHOTOS : congas drums, Mike Mainieri, John Scofield, Lew Soloff, Edouard Bineau, Irving Acao, Elise Caron © Pierre de Chocqueuse - Dianne Reeves, Brad Mehldau © Th. Du Châtelet - Donald Brown © Philippe Etheldrède - Aldo Romano © Jean-Baptiste Millot / Dreyfus Jazz - Jane Monheit © Universal Music - Annick Tangora © Violette Fenwick - Lee Konitz & Dan Tepfer © Jean-Jacques Pussiau - Junko Onishi © Mika Ninagawa / Universal Music - Géraldine Laurent © Sylvain Gripoix / Dreyfus Jazz - Eddy Louiss © Photo X/DR

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