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3 octobre 2011 1 03 /10 /octobre /2011 12:15

Coucher-de-soleil-sur-capitale.jpgOctobre: Bernard, l’homme du jazz conceptuel, m’en veut de ne pas annoncer les concerts du nouveau groupe dont il s’occupe, le Tarzan et Jane Jungle Electo Jazz Band. Son Tarzan joue de la guitare électrique et des synthés numériques. Jane, la chanteuse, est muette. « Elle ne risque pas de chanter faux » ricane Bernard qui promet la sortie prochaine d’un premier album. Il rejoindra la pluie de disques qui se déverse chez les rares disquaires qui subsistent. On solde ainsi toute l’année. Les occasions abondent, le volume des retours impressionne. Quant au net, sa toile propose des millions de références à prix sacrifiés. La grande braderie est permanente et Jean-Paul en profite. Ne vient-il pas d’acquérir le coffret Mosaïc Select de Gerry Mulligan à moins de dix euros. Philippe Etheldrède en fait une crise de jalousie. Lors de sa prochaine émission sur FIP, le mardi 11, il invite Xavier Felgeyrolles, fondateur et directeur artistique de Jazz en Tête pour parler de son festival. Vous n’y trouverez pas les nouvelles stars pour malentendants lancés par une publicité tapageuse et dont les médias font largement écho. La bonne musique, il faut aller la chercher, la repérer dans les petits clubs, les piles de disques inutiles. Chaque rentrée réserve son lot de surprises. Il y a certes les valeurs sûres, les musiciens que vous suivez depuis longtemps et dont les œuvres répondent à l’attente de votre imaginaire. Plus excitants sont les disques inattendus qui transportent, donnent envie d’applaudir des deux mains. Je n’avais jamais entendu parler de Dress Code avant que son pianiste me fasse passer un lien pour écouter son album. Autre découverte, le CD que sort dans quelques semaines Michel El Malem, saxophoniste qui m’était complètement inconnu. Le pianiste en est Marc Copland. Il joue bien sûr un immense piano, mais ce n’est pas seulement grâce à lui que “Reflets” (Arts & Spectacles) est un enregistrement à marquer d’une pierre blanche. Les compositions, les arrangements, l’interaction entre les musiciens sont de tout premier ordre. La musique se vit là intensément ce qui la rend profondément attachante.

 

Godard, Monteverdi coverDans un registre très différent, on peut dire la même chose du nouvel enregistrement de Michel Godard effectué à l’Abbaye de Noirlac près de Bourges. Dans “Monteverdi, a trace of grace” (Carpe Diem), jazzmen et musiciens du baroque se tendent les mains pour célébrer celui qui pendant trente ans fut à Venise le maître de chapelle de Saint-Marc, charge prestigieuse et enviée entre toutes. Ce n'est pas du jazz, mais souvent en état de grâce, Guillemette Laurens (mezzo-soprano), Gavino Murgia (saxophone et chant), Fanny Paccoud (violon), Bruno Helstroffer (théorbe), Steve Swallow (basse électrique) et Michel Godard (serpent) nous offrent une musique très pure et très belle.

 

Antoine HervéQUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

 

-Reprise le lundi 3 à 20h00 de la leçon de Jazz d’Antoine Hervé à la Maison des Pratiques Artistiques Amateurs, (auditorium St. Germain, 4 rue Félibien 75006 Paris). Ce mois-ci Oncle Antoine racontera et commentera au piano la belle histoire de Stéphane Grappelli et du swing manouche. Didier Lockwood l’aidera à traduire la magie de la musique de son illustre confrère, violoniste lyrique à la sonorité sensuelle et élégante qui fut jusqu’à sa mort un ambassadeur du jazz français.

 

Wyhiwyg--cover.jpg-“Wyhiwyg”, le disque autoproduit que le pianiste Michel Van Der Esch m’a fait parvenir donne envie d’en écouter les morceaux sur scène. Le Sunset l’accueille le 5 avec son trio (Olivier Rivaux à la contrebasse et David Pouradier Duteil à la batterie). Michel enseigna le rythme et le solfège à la Jazz School München” fut professeur de piano au conservatoire du 5ème arrondissement de Paris et dirigea une classe d’orchestre à l’E.N.S.M. d’Evry. S’il interprète ses compositions, il met surtout les standards à l’honneur dans un répertoire qui célèbre avec bonheur Thelonious Monk, Bud Powell, Stan Getz et Charles Mingus.

 

Sachal-Vasandani.jpg-Sachal Vasandani a un faux air de John Travolta dans  La fièvre du samedi soir. On l’a entendu chanter au Sunside en juillet 2008. Il possède une voix superbe de ténor léger et revient pour quatre concerts au Duc des Lombards les 7 et 8 octobre. Avec lui le pianiste Jeb Patton et le contrebassiste David Wong, des musiciens avec lesquels il travaille depuis dix ans. Le batteur Peter Van Nostrand complète la formation. Produit par John Clayton, “Hi-Fly” son enregistrement le plus récent pour Mack Avenue bénéficie de la trompette d’Ambrose Akinmusire. Sachal y invite également Jon Hendricks qu’il admire. Son répertoire très varié comprend des compositions personnelles, des standards et des thèmes empruntés à la pop, tel Lose is a Losing Game, un des grands tubes d’Amy Winehouse.

 

Harold-Lopez-Nussa.jpg-Le pianiste Harold López-Nussa au Duc des Lombards les 10 et 11 avec son trio habituel, Felipe Cabrera à la contrebasse et son frère, Ruy Adrián López-Nussa, à la batterie. Le concours de piano qu’il remporte à Montreux en 2005 le fait connaître du public français. Il lui permet d’enregistrer en solo “Sobre el Atelier” mais ce sont ses disques en trio qui confirment la maturité de ce jeune musicien : “Herencia” qui mêle compositions personnelles et standards, et “El Pais de Las Maravillas”, album aux harmonies travaillées, aux danses ensoleillées. Harold joue désormais un piano moins virtuose pour davantage exprimer ses sentiments.

 

Enrico-Pieranunzi.jpg-Enrico Pieranunzi au foyer du Théâtre du Châtelet le 12 (20h00). Au programme Bach, Scarlatti et Haendel dont les pièces se verront suivies ou précédées d’improvisations. Lors d’un séjour à Venise, Scarlatti s’était lié d’amitié avec Haendel. Comme le grand Jean-Sébastien Bach, ils étaient nés en 1685, d’où l’idée de les associer sur un album paru avant l’été sur Cam Jazz. Le maestro romain entretient depuis longtemps des rapports étroits avec la musique classique européenne. Son disque sur Scarlatti publié il y a trois ans fit sensation. Avant de se consacrer au jazz, il mena une carrière de concertiste dans sa jeunesse et enseigna le piano classique aux élèves du conservatoire de Frosinone. Les amateurs de musique baroque et de jazz ne manqueront pas ce rendez-vous.

 

Jacky-Terrasson.jpg-Jacky Terrasson au Duc des Lombards pour 8 concerts (20h00 et 22h00) du 12 au 15. Avec lui, le batteur Justin Faulkner, adepte d’un jeu polyrythmique complexe et efficace qui l’oblige souvent à tenir des tempos déraisonnables, à jouer un piano très physique. Burniss Earl Travis le contrebassiste nous est moins familier. Souvent associé à Justin Brown, le batteur du trio de Gerald Clayton, il fait partie de cette « hip hop generation » qui nourrit le jazz de rythmes asymétriques. Jackie a l’habitude de demander à ses batteurs et bassistes avec qui ils veulent jouer et ce n’est pas un hasard si Burniss rejoint aujourd’hui son trio. La scène apporte une autre dimension à sa musique. Ancrée dans le blues, dans le rythme, il n’oublie jamais de la faire respirer, de la rendre lyrique. Sa main gauche assure des basses puissantes. La dextre, légère, ornemente, couvre d’or les notes essentielles. Un vrai bonheur !

 

Sinne-Eeg.jpg-Sinne Eeg au Sunside le 13. On l’a entendue chanter en juin au Sunset. Sa voix très juste de mezzo-soprano se fait miel avec les mots qu’elle caresse et étire. La chanteuse danoise impressionne par la maîtrise de son scat, par l’émotion qu’elle place dans les ballades de son répertoire. Très capable de s’exprimer a cappella, elle laisse beaucoup improviser les musiciens qui l’accompagnent, Morten Toftgard Ramsbøl à la contrebasse, Morten Lund à la batterie et Jacob Christoffersen au piano. Ce dernier va pouvoir disposer d’un bien meilleur piano que celui du Sunset pour mettre de belles couleurs sur les musiques de la dame. Abritant grands standards et compositions qu’elle écrit elle-même (paroles et musiques), “Don’t Be So Blue”, son cinquième album, est une vraie réussite.

 

Benjamin-Sanz-5tet-c-Frederique-Plas.jpg-Benjamin Sanz : son nom ne me disait rien avant de recevoir son disque “Mutation majeure” que l’on pourrait croire enregistré dans les années 60. Pâte sonore épaisse et colorée, marquée par de fortes racines africaines, la musique séduit par son lyrisme, ses audaces habilement tempérées. Dans cette œuvre réellement collective, le batteur Benjamin Sanz cède volontiers la première place à ses collègues pour mieux insuffler la pulsion, cadrer souplement les tempos. Les deux souffleurs Rasul Siddik (trompette) et Boris Blanchet (saxophone ténor) s’entendent comme larrons en foire, mêlent et démêlent judicieusement les timbres de leurs instruments. Matthieu Jérôme au piano et Idriss Mlanao à la contrebasse complètent la formation qui s’offre des compositions originales d’une réjouissante fraîcheur. On les écoutera au Studio de l’Ermitage le 14.

 

Dress-Code.JPG-Autre découverte, celle de Dress Code qui fête la sortie de son album “Far Away” au Sunside le 17. Mis sur pied en 2006 à l’occasion d’une résidence à Coutances, le quintette réunit Olivier Lainey (trompette) Yacine Boulares (saxophones), Benjamin Rando (piano), Simon Tailleu (contrebasse) et Cédrick Bec (batterie). Originaires du sud de la France, Tailleu et Bec constituent la rythmique de l’excellent sextette du trompettiste Christophe Leloil. Les deux souffleurs se rencontrèrent en 2001 au festival de Marciac et ont l’habitude de travailler ensemble. Le piano élégant de Benjamin Rando assure le lien entre la rythmique et les solistes dont il s’intègre avec beaucoup d’aisance. Leurs compositions originales aux arrangements très soignés évoquent parfois la musique du second quintette de Miles Davis et recèlent de passionnants chorus.

 

Gilles-Naturel-b-c-G.-Naturel.jpg-Gilles Naturel au Sunside les 26 et 27. Après “Belleville” (2007) dans lequel il invite le saxophoniste Lenny Popkin, c’est à la tête d’un “Contrapuntic Jazz Band”  qu’il nous révèle ses dons d’arrangeur. Contrebassiste recherché, accompagnateur de Benny Golson qui signe les notes de livret de l’album, disponible sur le marché français depuis le 26 septembre, Gilles Naturel pratique avec bonheur la fugue et le contrepoint et signe un opus délicieusement « west coast ». Fabien Mary (trompette), Jerry Edwards (trombone), Bastien Stil (tuba), Guillaume Naturel (saxophone ténor) entrelacent leurs lignes mélodiques que rythme le drumming éclairé du batteur Nasheet Waits.

 

Roy-Haynes-c-Philippe-Etheldrede-3.jpg-On ne présente plus Roy Haynes, l’un des géants de la batterie, 85 ans en mars dernier et une vitalité presque intacte. S’il n’a aucun besoin de publicité pour remplir le Duc des Lombards qui l’accueille du 26 au 29, le groupe de jeunes musiciens qui l’accompagne mérite d’être cité. Baptisé non sans humour Fountain of Youth, il réunit Jaleel Shaw au saxophone alto, Martin Bejerano au piano et David Wong à la contrebasse, ce dernier par ailleurs membre de la formation de Sachal Vasandani. On les écoutera dans “Roy-Alty”, le nouveau disque du batteur qui invite Chick Corea, Roy Hargrove et Marcus Strickland, opus dédié à Francis Dreyfus disparu l’an dernier.

 

Diego-Imbert.jpg-Impressionnant le nouveau disque de Diego Imbert, le second que le contrebassiste enregistre avec David El-Malek au saxophone, Alexandre Tassel au bugle et Franck Agulhon à la batterie. On se précipitera au New Morning le 27 pour écouter live ces compositions très écrites et soignées sur le plan de la forme. La solide contrebasse mélodique du leader guide, structure et laisse les solistes prendre des risques. On pense à Dave Holland qui joue toujours les notes justes derrière ses musiciens. David El-Malek et Alexandre Tassel dialoguent, soufflent les thèmes à l’unisson, donnent des couleurs et du volume à la musique et parviennent à nous faire oublier l’absence d’un piano. Quant à Franck Agulhon, il transporte par une polyrythmie puissante et tempétueuse.

 

-Le Tourcoing Jazz Festival fête ses 25 ans. Le Stéphane Belmondo Quartet (également programmé au Duc des Lombards les 23 et 24), le Monty Alexander Trio, Stefano Di Battista, Youn Sun Nah et surtout Tourcoing Jazz Fest, affichel'immense Sonny Rollins (le 29 au Théâtre de Roubaix) comptent parmi les nombreux musiciens de cette manifestation attendue. Du 15 au 29 octobre. Renseignements: www.tourcoing-jazz-festival.com   

 

-Auditorium St Germain : www.mpaa.fr 

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com 

-Théâtre du Châtelet : www.chatelet-theatre.com

-Studio de l’Ermitage : www.studio-ermitage.com 

-New Morning : www.newmorning.com 

 

PHOTOS : Coucher de soleil sur la capitale, Antoine Hervé, Sachal Vasandani, Harold López-Nussa, Enrico Pieranunzi, Jacky Terrasson, Sinne Eeg, Diego Imbert © Pierre de Chocqueuse - Benjamin Sanz Quintet © Frédéric Plas - Dress Code © X/D.R. - Gilles Naturel © G. Naturel - Roy Haynes © Philippe Etheldrède. 

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