Les albums précédents de Stéphane Guillaume ne nous ont pas préparé à un tel travail
d’écriture. On connaissait le soliste bouillonnant et inspiré, on découvre un arrangeur habile qui parvient à résoudre les différents problèmes que posent les timbres d’un ensemble de cuivres de
diverses familles. Deux trompettes ou bugles (Claude Egéa et Pierre Drevet), deux cors (Eric Karcher et François Bonhomme),
deux trombones (Phil Abraham et Denis Leloup, ce dernier jouant également de la trompette basse) et un tuba (Bastien Stil) mêlent leurs
différentes sonorités et apportent de véritables tapis sonores aux improvisateurs. Ils peuvent aussi bien jouer des phrases riffs (le funky Helicon on the Lookout) des lignes mélodiques
sophistiquées (La Légende de l’Uirapuru), que ponctuer ou relancer l’improvisation jusqu’à y participer (L’amphi en fard). Au centre de ce dispositif, les membres du
quartette de Stéphane, ce dernier jouant des saxophones ténor et soprano, de la clarinette basse et de la flûte. Marc Buronfosse à la contrebasse, Antoine
Banville à la batterie et Fréderic Favarel à la guitare assurent la rythmique et avec Stéphane se répartissent les chorus, certaines pièces (Noéline, Valse
d’or, Nounoucet) leur étant spécifiquement réservées. Mais le plus souvent, le quartette emprunte aux cuivres un ou plusieurs solistes, intègre leurs voix mélodiques selon ses
besoins et devient formation à géométrie variable. Diversifiée sur le plan des couleurs et loin de toute pesanteur, la musique déploie avec finesse son inimitable brillance.