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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 16:47

P.-Catherine-c-Wim-Van-Eesbeek.jpegLes maisons de disques n’attendent pas qu’il pleuve et qu’il neige pour nous inonder de disques en ce début d’année. Quelques-uns d’entre eux confirment l’immense talent de leurs auteurs ou constituent des surprises à ne pas ignorer. Puisse cette première sélection hivernale réchauffer vos petons glacés.

 

Philip-Catherine--cover.jpgPhilip CATHERINE : “Côté Jardin

(Challenge / Distrart)

Il est en forme Philip Catherine. Après un bel hommage à Cole Porter en 2011, le voici entouré d’une formation comprenant deux jeunes musiciens belges prometteurs dans un disque très réussi. “Côté Jardin” nous fait découvrir Antoine Pierre, batteur au drumming aussi perspicace que subtil, et Nicola Andrioli, pianiste italien installé à Bruxelles qui signe trois des compositions de l’album. Je préfère celles de Philip, mais le piano mobile aux notes colorées complète idéalement la guitare (électrique ou acoustique) qui cisèle des mélodies chantantes. Dans cette association délicate sur un plan harmonique, les deux hommes ne se gênent pas, mais se complètent, la musique se faisant toujours fluide et élégante. Dans Misty Cliffs qui ouvre l’album, les modes de l’Inde semblent trempés dans le blues. On pense à Homecomings, une pièce que Catherine enregistra en duo avec Larry Coryell. “Twin House” un disque Atlantic de 1976, la renferme. Cette approche « indienne » du jazz se retrouve aussi dans Virtuous Woman, une autre grande réussite de l’album. Solide comme un chêne, le fidèle Philippe Aerts y tient la contrebasse. Les claviers discrets de Philippe Decock apportent les couleurs des rêves, en fixent les images. Isabelle Catherine, la fille de Philip, pose sa jolie voix sur Côté Jardin. George Brassens qu’admire tant Philip est lui aussi à l’honneur avec une reprise de Je me suis fait tout petit que Django Reinhardt aurait sûrement appréciée.

 

Bill-Carrothers-Castaways--cover.jpgBill CARROTHERS : “Castaways”

(Pirouet / Codaex)

Bill Carrothers enregistre beaucoup. Après le très beau “Family Life” en solo et le rôle essentiel que tient son piano dans “I’ve Been Ringing You”, un disque de Dave King, son nouvel opus pour Pirouet le fait entendre en trio avec Drew Gress à la contrebasse et Dré Pallemaerts à la batterie, musiciens avec lesquels il aime jouer et enregistrer. Au programme, neuf compositions originales dont une Scottish Suite en trois parties, écrite à l’occasion de sa participation à un festival de jazz en Ecosse il y a quelques années. Bill parvient à reproduire le son d’une cornemuse en grattant certaines cordes en acier de son piano dans les premières mesures de Rebellion, morceau construit sur un ostinato obsédant. Dans Oppression, le mouvement suivant, le pianiste adopte un jeu en accords, joue moins de notes et fait davantage respirer sa musique. Il procède de même dans d’autres pièces de l’album. La mélancolie de Trees et de Castaways provient de leur dénuement sonore, mais aussi des accords inattendus et parfois dissonants qui en enveloppent les thèmes. Même chose pour Araby, la troisième nouvelle de “The Dubliners” de James Joyce. La musique s’y développe dans l’espace, progresse par petites touches harmoniques, se déplace vers la lumière.

 

Nik-Bartsch-s-Ronin-Live-cover.jpgNik BÄRTSCH’S RONIN “Live”

(ECM / Universal)

Après trois disques studio pour ECM (et trois autres auparavant), Ronin sort un double album live plus excitant que jamais. La formation comprend Nik Bärtsch aux claviers, Sha à la clarinette basse et au saxophone alto, Björn Meyer à la basse électrique, Kaspar Rast à la batterie et Andi Pupato aux percussions. Un nouveau bassiste, Thomy Jordi, se fait entendre dans Modul 55, le dernier morceau. Difficile d’imaginer une musique si précise et architecturée jouée en temps réel sans overdubs et boucles préenregistrées. Pourtant, non seulement le groupe y parvient, mais encore improvise, chaque musicien apportant sa propre contribution à l’édifice sonore en association étroite avec les autres instrumentistes. Constitué en 2001, Ronin mêle habilement musique répétitive, jazz et funk, sa musique hypnotique constamment sous-tension accordant une place prépondérante au groove. Le pianiste zurichois ne donne jamais de titres aux pièces sur lesquelles il travaille. Il numérote des modules constitués par des figures rythmiques entrelaçant rythmes pairs et impairs, battement réguliers et irréguliers. Il a étudié conjointement le piano et la batterie et utilise souvent son piano comme un instrument percussif. Bien que le rythme reste la priorité du groupe, chaque pièce débouche sur des perspectives mélodiques. Enregistré entre 2009 et 2011 lors de concerts donnés dans des festivals en Allemagne, mais aussi dans plusieurs clubs européens et à Tokyo, ce double album reste très excitant. Sa dramaturgie résulte d‘un savant montage en studio. Chaque module se rattache au précédent, l’ensemble constituant une suite cohérente et logique.

 

Ludovic-de-Preissac-Sextet--cover.jpgLudovic De PREISSAC sextet : “L’enjeu des paradoxes”

(Frémeaux & Associés)

Son disque précédent, un nouvel arrangement de “West Side Story”, souffre de sa comparaison avec un enregistrement de la même œuvre par Manny Albam en octobre 1957. De grands musiciens de la Côte Est – Al Cohn, Bob Brookmeyer, Hank Jones et Eddie Costa – le servent magnifiquement. Pianiste se souciant de faire swinguer ses lignes mélodiques, Ludovic de Preissac réunit pour ce nouvel opus, son sixième, une fine équipe de musiciens talentueux. Au sextet auquel il fait jouer ses compositions s’ajoutent quelques invités parmi lesquels Sylvain Beuf qui ouvre le bal sur les rythmes fiévreux d’Ouakam’s Trip. Mais c’est surtout l’arrangeur qui nous séduit ici. Preissac mêle anches et cuivres avec bonheur, donne de belles couleurs à ses partitions. Celle qui s’intitule Les paradoxes de l’instinct enchante aussi par son thème, une mélodie qui profite aux solistes pour improviser brillamment. Sylvain Gontard à la trompette et au bugle, Michaël Joussein au trombone, Michaël Cheret aux saxophones connaissent leurs affaires et embellissent la musique par leurs chorus. Salsacerdose tourne du feu de Dieu avec des couleurs harmoniques peu courantes et une métrique inhabituelle. Trempé dans le gospel, sa structure mélodique relevant du choral, Quiet Time est fort réjouissant. Cet album, une bonne surprise, mérite une écoute attentive.

 

Omar-Sosa-Eggun--cover.jpgOmar SOSA : “Eggūn”

(World Village / Harmonia Mundi)    

Pianiste virtuose aux notes plein les doigts, Omar Sosa en fait généralement trop ou trop peu, comme dans le léthargique “Calma” enregistré en solo en 2011. Incorporant des rythmes afro-caribéens, sa musique très marquée par l’Afrique se situe en marge du jazz. Dans “Eggūn”, un hommage au “Kind of Blue” de Miles Davis, une commande du Barcelona Jazz Festival, le genre se voit dilué au sein d’un savant métissage de musiques. Bien que la trompette très présente de Joo Kraus rappelle celle de Miles et que l’introduction d ‘Alejet reste un démarquage habile de So What, “Kind of Blue” n’est qu’un prétexte pour Sosa qui invente une toute autre musique tout en incorporant certains motifs mélodiques du chef-d’œuvre de Miles. Très réussi, son disque atypique révèle un compositeur arrangeur pour une fois très inspiré. Le pianiste économise ici ses notes, pratique un jeu modal lui permettant de poser de belles couleurs sur une musique lumineuse et planante. El Alba déploie sa mélodie féérique sur un tapis sonore percussif. Introduit par une kalimba, le très africain So All Freddie s’enrichit progressivement de rythmes latins. Une basse électrique funky, un large choix de rythmes portent la transe et la béatitude. Les guitares de Lionel Loueke et de Marvin Sewell improvisent au plus près du blues, des racines africaines de la musique, et tirent des sons d’un autre monde. Confiés à Leandro Saint-Hill et à Peter Apfelbaum, saxophones, clarinette et flûte épaulent la trompette pour chanter les thèmes d’un grand voyage musical qui s’achève sur un pur moment de grâce, une prière Yoruba.

Photo de Philip Catherine © Wim Van Eesbeek  

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4 février 2013 1 04 /02 /février /2013 12:19

Paris-la-blanche-c-PdC.jpegDurs, durs ces mois d’hiver. Les chaussures fourrées à semelles épaisses sont recommandées pour ne pas patauger dans la neige fondue. Il a neigé sur la capitale dont le blanc manteau s’est dissout en eau verglacée. Il vaut mieux rester chez soi en robe de chambre assis près du radiateur ou devant un bon feu à condition d’avoir une cheminée et du bois à brûler. Les bons livres ne manquent pas à cette époque de l’année. Le dernier faux roman de Patrick Deville sur Alexandre Yersin, “Peste et Choléra”, Prix Femina 2012, est épatant. “La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert”, Prix de l’Académie Française et Goncourt des Lycéens, un vrai roman policier, a séduit Monsieur Michu qui l’a dévoré en trois jours. L’amateur de jazz se plongera avec bonheur dans les pages allègres du “Petit Dictionnaire Incomplet des Incompris” d’Alain Gerber publié aux éditions Alter Ego. A peine ces prix ont-ils été décernés qu’une nouvelle vague de 525 ouvrages atterrit chez les rares libraires qui subsistent face à la concurrence déloyale des ventes en ligne. Je leur souhaite d'être plus intéressant que ce torrent de disques dans lesquels l’immense technique des musiciens compense mal un manque d’idées affligeantes.

 

Frileux et fragile, Monsieur Michu n’est guère sorti en janvier. Les soldes lui ont fait arpenter les parquets des grands magasins un après-midi de chien et la remise des Prix de l’Académie du Jazz l’a attiré au théâtre du Châtelet pour ressentir palpiter périlleusement son palpitant à l’écoute de la free music Emile Parisien, Prix Django Reinhardt 2012 controversé. Moins dangereux que les médicaments et les musiques qui empoisonnent, les programmes des clubs parisiens en février promettent de délicieux frissons. Sur place, nos applaudissements généreux font circuler le sang et aident le corps à se réchauffer. On sort aussi le 14, pour la Saint-Valentin. Certains l'attendent en patinant. Ils dessinent des cœurs sur la glace. D'autres suspendent chez eux des portraits de celles qu'ils aiment.

 

Eliane Elias © E. EliasAmoureux de la belle Eliane Elias qui la veille donne un concert au New Morning, Monsieur Michu a accroché cette photo géante de la pianiste chanteuse sur le mur de son salon. En attendant de la rencontrer, il écoute les radios de jazz. Entièrement consacré au trentième anniversaire de la mort de Dizzy Gillespie, le Club Jazz à Fip du 6 janvier fut particulièrement excitant. Philippe machin chose qui ne travaille que le dimanche le mit en joie en diffusant une version irrésistible de Swing Low Sweet Cadillac enregistré pour Verve en 1959.

 

Pierre Lafargue a sûrement apprécié cette émission s'il l'a écoutée. Né en 1932, très attaché à l’Académie du Jazz dont il était l’un des membres les plus anciens, Pierre s’est éteint le 29 janvier. Cultivé, fin connaisseur du jazz, il aimait beaucoup la musique de chambre et les quatuors à cordes qui lui lavaient les oreilles d'un trop plein d'insipidités abondamment médiatisées. On doit à cet ancien collaborateur de Jazz Hot de nombreux textes de livrets aussi documentés qu’amusants pour RCA et Frémeaux & Associés. Il sera enterré vendredi prochain 8 février à 15h30 au cimetière de Pantin. Cet édito lui est dédié.

 

Guillermo KleinQUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

 

-Guillermo Klein au Duc des Lombards le 4 et le 5. Ancien élève du Berklee College of Music (Boston), ce pianiste et compositeur argentin s’est fait connaître par la qualité de ses arrangements. Après avoir joué au Small de New-York à la tête d’un grand orchestre, il a constitué Los Guachos, un tentet qui comprend les saxophonistes Miguel Zenon et Chris Cheek, musiciens avec lesquels il nous donne rendez-vous au Duc. Cosignataire de “Bienestan”, disque remarqué par la critique, le pianiste Aaron Goldberg complète un quartette pour le moins original.

 

Kenny-Werner-c-PdC.jpeg-Le 6 et le 7 Kenny Werner lui succède au Duc des Lombards pour deux concerts en trio, le pianiste s’y faisant accompagner par Johannes Wendenmueller à la contrebasse et Ari Hoenig à la batterie. Kenny a enregistré avec eux deux disques live (au Sunset) en 2000. Musicien à l’imagination féconde, il excelle aussi bien sûr dans le genre qu’en solo, connaît le vocabulaire du jazz et son histoire, son piano élégant aux chaudes couleurs harmoniques n’oubliant jamais de swinguer. Toutes ses prestations sont des évènements. On n’oubliera pas de réserver sa place.

 

Enrico-Rava.jpg-Également le 6 et le 7, Enrico Rava revient jouer au Sunside à la tête de sa formation italienne. Le tromboniste Gianluca Petrella (uniquement le 7) s’offre avec lui de nombreux et passionnants dialogues qu’arbitre très subtilemùent Giovanni Guidi, pianiste aux chorus tamisés qui possède un sens profond des couleurs et des nuances, Gabriele Evangelista à la contrebasse et Fabrizio Sferra à la batterie complètent une formation avec laquelle le trompettiste a enregistré l’un des disques les plus lyriques de sa discographie : “Tribe”, un de mes 13 Chocs de l‘année 2011. Sa musique solaire, sa chaleur toute méditerranéenne est un vrai remède contre le froid de Cedar Waltonl’hiver.

 

-On ne présente plus Cedar Walton, 79 ans le 17 janvier prochain. Originaire de Dallas, installé à New-York depuis 1955, il a joué avec le gratin du jazz, fait partie du Jazztet d’Art Farmer / Benny Golson et des Jazz Messengers d’Art Blakey dont il fut aussi le directeur musical. Outre d’innombrables enregistrements pour Blue Note dont il fut un temps le pianiste attitré, on lui doit la formation d’Eastern Rebellion, un des meilleurs groupes des années 80. Avec lui au Duc pour 4 concerts exceptionnels le 8 et le 9 (20h et 22h), David Williams à la contrebasse et Willie Jones III à la batterie.

 

Ronin-c-Martin-Moll--Ronin-Rythm-Prod.jpeg-Ronin le groupe de Nik Bärtsch au Centre Culturel Suisse (38 rue des Francs Bourgeois 75003 Paris) le 12 et le 13 à 20h00. Le pianiste suisse compose des modules de différentes durées au sein desquels boucles rythmiques et figures répétitives génèrent une musique hypnotique et architecturée à la tension et au groove constamment entretenus. Après “Stoa” (2005), “Holon” (2008) et “Llyria” (2010), tous ces disques sur ECM, Ronin sort un double CD live très représentatif de ses concerts. Outre Nik Bärtsch aux claviers, la formation comprend aujoud'hui  Sha à la clarinette basse et au saxophone alto, Thomy Jordi à la basse électrique, et Kaspar Rast à la batterie. Transe garantie.

 

M.-Johnson---E.-Elias-c-Priscia-Silvestre---ECM.jpg-Marc Johnson (contrebasse), Eliane Elias (piano) et Joe Labarbera (batterie) au New Morning le 13. Marc et Joe furent tous deux membres du trio du regretté Bill Evans et Eliane lui a rendu hommage en 2008 avec son album “Something for You”. Elle s’est fait connaître comme chanteuse auprès d’un large public, mais c’est surtout la pianiste que plébiscitent les amateurs de jazz. On écoutera ses voicings élégants, les couleurs, les harmonies evansiennes de son piano dans “Swept Away” (ECM), un des meilleurs disques de l’an dernier co-signé avec Marc, son mari. Comme elle, ce dernier est aussi un compositeur habile, comme en témoignent Midnight Blue et Foujita, deux des thèmes de cet opus enthousiasmant.

 

Aldo-Romano-c-Jean-Baptiste-Millot-copie-1.jpeg-Aldo Romano au Sunside les 14, 15 et 16 février. Infatigable malgré le poids des ans, le batteur transalpin se présente à la tête d’une nouvelle formation, le New Blood Quartet avec laquelle il sort un nouvel album chez Dreyfus Jazz consacré aux thèmes que le pianiste Freddie Redd composa naguère pour The Connection, une pièce de Jack Gelber crée en 1959 par le Living Theater qui fit l’objet l’année suivante d’un enregistrement Blue Note avec Jackie McLean au saxophone alto. Avec Aldo pour assurer le sang neuf annoncé : Baptiste Herbin, révélation 2012 du saxophone, et au piano son jeune compatriote Alessandro Lanzoni, meilleur jeune soliste au concours international Martial Solal en 2010. Michel Benita à la contrebasse complète la formation.

Fabien-Mary-c-Marina-Chasse.jpeg-Fabien Mary au Sunset le 15 et le 16. Trompettiste inspiré, attaché à la tradition du jazz et à son vocabulaire, Fabien (quatre nominations pour le Prix Django Reinhardt entre 2008 et 2011) a vécu trois ans sa musique à New-York auprès de musiciens américains de haut vol qui partagent avec lui sa passion pour un jazz mélodique qui n’oublie jamais le swing. Enregistré le 9 avril 2012 au Studio Hirsh de Manhattan, “Conception” son nouvel album pour le label Elabeth le présente entouré d’une section rythmique attentive à sa musique. Pour le jouer Steve Ash (piano) et Pete Van Nostrand (batterie) seront à ce rendez-vous parisien, Fabien Marcoz remplaçant David Wong à la contrebasse.

Ignasi-Terraza-trio-c-SWIT-Records.jpg-Méconnu des amateurs de jazz français, le pianiste catalan non-voyant Ignasi Terraza né en 1962 mérite une écoute attentive. À des compositions personnelles de belle facture s’ajoutent de nombreuses reprises de standards de toutes époques qu’il réinvente tout en respectant leurs mélodies, points de départs de ses cheminements harmoniques. Enregistré à Barcelone, “–Sol-It”, son dernier album, un double CD en solo (Swit Records), retient constamment l’attention. Le pianiste est attendu au Duc des Lombards le 18 et le 19 avec Pierre Boussaguet (contrebasse) et Esteve Pi (batterie), musiciens avec lesquels il s’est offert un enregistrement live au Sheraton de Bangkok en 2010. La plupart de ses disques sont disponibles chez Crocojazz, 64 rue de la Montagne Sainte-Geneviève 75005 Paris.

Scott-Colley.jpeg-Un quatuor de rêve au Sunside le 20 et le 21 : Scott Colley (contrebasse), Kenny Werner (piano), Mark Turner (ténor et soprano) et Bill Stewart (batterie) vont y faire des étincelles. Grand technicien, Colley est un rythmicien capable de répondre aux sollicitations mélodiques de Werner, musicien complet qui fait autant danser son piano que chanter. Stewart assure tous les tempos sans jamais trop charger la musique. Au ténor, Turner défriche de nouveaux espaces de liberté, développe de longues phrases mélancoliques dans l’aigu de l’instrument, un langage plus secret et intérieur qu’exubérant. Deux grandes soirées très attendues.

E.-Gomez-c-Claudio-Casanova.jpg-Eddie Gomez en quintette au Sunside le 22 et le 23. Il joua pendant onze ans de la contrebassiste au sein du trio de Bill Evans puis il cofonda Steps Ahead dont la pianiste fut un temps Eliane Elias. Sa carrière d’enseignant ne l’empêche pas d’enregistrer en trio, à Palerme en Italie en 2006, puis avec un quintette italo-américain dans “Per Sempre” (BFM Jazz). Son quintette parisien présentera la même instrumentation avec Matt Marvuglio à la flûte, Marco Pignataro aux saxophones, Hervé Sellin au piano et Franck Agulhon à la batterie. Gomez est aussi à Paris pour une masterclass de trois jours organisée par le Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris.

 Brad Mehldaukevin Hays-Les pianistes Brad Mehldau et Kevin Hays Salle Pleyel le 23 (20h00). Les deux hommes joueront probablement de larges extraits de “Modern Music (Nonesuch), album qu’ils enregistrèrent en duo en 2010 et consacré à des pièces de Steve Reich, Philip Glass et Ornette Coleman, des œuvres du jeune compositeur et arrangeur Patrick Zimmerli et à des compositions personnelles. Moins connu que Mehldau, Hays a pourtant une longue et brillante carrière derrière lui. Auteur de trois albums remarquables sur le label Blue Note, il affectionne les enregistrements  en solo comme en témoignent “Open Range” (ACT) et plus récemment “Variations” (Pirouet).

Sylvia-Howard-c-PdC.jpegChristian Bonnet © PdC-On éprouve un vrai bonheur à l’écoute de Sylvia Howard, chanteuse américaine installée à Paris et attendue au Sunset le 27 avec le Black Label Swingtet constitué de Georges Dersy (trompette), Jean Sylvain Bourgenot (trombone), Christian Bonnet et Antoine Chaudron (saxophones ténors), Jacques Carquillat (piano), Jean de Parseval (basse électrique) et Alain Chaudron (batterie). Récemment édité chez Black & Blue, “Now or Never”, leur nouvel album, renferme un florilège de standards superbement arrangés par Christian Bonnet. On goûtera les chaudes couleurs d’un orchestre qui swingue, à la voix caressante d’une musicienne talentueuse qui chante le blues, nous enchante et nous émeut profondément.   

 

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com

-Centre Culturel Suisse : www.ccsparis.com

-New Morning : www.newmorning.com

-Salle Pleyel : www.sallepleyel.fr

CRÉDITS PHOTOS : Eliane Elias © E. Elias – Paris la blanche, Kenny Werner, Sylvia Howard, Christian Bonnet © Pierre de Chocqueuse – Ronin © Martin Möll / Ronin Rhythm Productions – Marc Johnson & Eliane Elias © Priscia Silvestre / ECM – Aldo Romano © Jean-Baptiste Millot – Fabien Mary © Marina Chassé – Ignasi Terraza trio © SWIT Records – Eddie Gomez © Claudio Casanova Guillermo Klein, Enrico Rava, Cedar Walton, Scott Colley, Brad Mehldau, Kevin Hays © X/D.R.

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24 janvier 2013 4 24 /01 /janvier /2013 17:10

Fiona-Monbet-c-PdC.jpeg

LA CÉRÉMONIE - Foyer du Châtelet, mardi 15 janvier : l’Académie du Jazz remet ses prix pour l’année 2012. La salle est trop petite pour contenir les invités de cette soirée privée, officiels du ministère de la Culture, responsables de compagnies de disques, attachés de presse, journalistes et amis. Ils sont donc une centaine à suivre la cérémonie sur écran dans l’antichambre du foyer, à papoter aussi. Les gens du métier se retrouvent, discutent, échangent idées et informations. En bon Monsieur Loyal, le président François Lacharme après avoir réglé tous les détails de la cérémonie, assure son bon déroulement, appelle les remettants, convoque sur scène les musiciens primés et leurs orchestres. À la tête de la commission blues et soul, Jacques Perin révèle les noms des élus : Bettye Lavette et Lurrie Bell. Auteur d’un disque de blues acoustique, ce dernier nous a fait parvenir un petit film dans lequel il manifeste sa joie et ses remerciements.

J.-Mettay---F.-Lacharme-c-Ph.-Marchin.jpeg

Comme l’an dernier, le Prix du livre du Jazz revient à un ouvrage des éditions Alter ego : le “Petit Dictionnaire Incomplet des Incompris” d’Alain Gerber. Monté de Céret, petite ville des Pyrénées Orientales et siège de la maison d’édition qu’il dirige, Joël Mettay récupéra le trophée. Exilé à Toulon où il se console par une pratique assidue de la batterie, Alain nous avait fait parvenir un texte très bien lu par Smaïn, un hommage à Jean-Louis Ginibre récemment disparu. « Il est encore plus gratifiant de donner un peu que de beaucoup recevoir. C’est pourquoi, ayant reçu de cette académie plus que je n’aurais osé en espérer, je vais décupler mon plaisir en décernant un prix à mon tour. À titre tout à fait personnel, mais aussi, par malheur, à titre posthume pour ce qui regarde l’heureux lauréat. »

Fiona Monbet © J.M. Legros 

Jeune talent présenté par le Fonds d’Action SACEM associé à cette remise des prix, la violoniste Fiona Monbet interpréta deux morceaux en quartette. Sa bourrée auvergnate (ou irlandaise) fut un peu hors contexte, mais Fiona possède un joli minois et un bon coup d’archet. La sortie de son premier disque est prévue en février. On l’espère réussi, rempli d’un jazz capable de séduire nos oreilles difficiles.  

 

Jordi Pujol (c) © Ph. MarchinJordi Pujol en personne reçut des mains de Jean-Michel Proust le Prix de la meilleure réédition pour l’ensemble des rééditions de son label Fresh Sound, une institution qui s’est enrichie de plusieurs milliers de références depuis sa création à Barcelone en 1983. Jordi évoqua les premiers pas français de son label, sa rencontre avec Vladimir de la FNAC Montparnasse qui l’introduisit auprès de Média 7, son premier distributeur, sa découverte de Crocojazz, magasin qu’occupe depuis des années l’ermite (et aujourd’hui académicien) de la montagne Sainte-Geneviève, Gilles Coquempot, un ami indéfectible.

 

 

Foyer-du-Chatelet-c-Ph.-Marchin.jpeg 

Aaron Diehl, cover (b)Pas de remettant pour le Prix du jazz classique, attribué à “Live at the Players”, un disque d’Aaron Diehl, jeune pianiste talentueux que j’aurais aimé saluer. Aaron a depuis publié un excellent disque en quartette sur le label Mack Avenue : “The Bespoke Man’s Narrative”. Son jazz est moderne, intemporel. Il a travaillé avec Wynton Marsalis, s’est produit avec Benny Golson, et est aussi capable de jouer du bop que de reprendre Scott Joplin et Jelly Roll Morton.

 

Rene-Urtreger-c-Philippe-Marchin.jpegChargé de rendre hommage à Dave Brubeck, autre cher disparu, René Urtreger, Prix Django Reinhardt en 1961, trouva des mots très juste pour nous parler de celui qui fut un compositeur important et un pianiste fertile en idées mélodiques. René joua aussi sa musique, reprit en solo The Duke , une de ses plus belles compositions.

On attendait Catherine Russell, lauréate du Prix du Jazz Vocal. Elle ne put faire le déplacement, nous chanter un extrait de “Strictly Romancin’” qui obtint les suffrages des académiciens et remercia dans le petit film qu’elle nous adressa. Son agent, Hervé Cocotier, reçut pour elle la récompense.  

 

J.J. Goron, P. Pedron © Ph. MarchinRemis par Jean-Jacques Goron (de la fondation BNP Paribas), le Prix du disque français revint à Pierrick Pedron (Prix Django Reinhardt 2006), pour son “Kubic’s Monk” édité par ACT records. Avec Viktor Nyberg à la contrebasse et Franck Agulhon à la batterie, Pierrick joua donc Thelonious Monk avec lyrisme et parvint (presque) à nous faire oublier l’absence d’un piano. J’apprécie peu sa propre musique, mais j‘entends souvent Charlie Parker dans son jeu de saxophone alto et ses relectures en trio ne manquent ni d’audace, ni de conviction.

 

Jorge-Pardo---Victoria-Abril-c-Ph.-Marchin.jpegAppelée sur scène par François Lacharme, Victoria Abril contamina l’assistance par sa bonne humeur. Les Michu qui somnolaient furent ravis d’applaudir l’une des actrices fétiches de Pedro Almodóvar (“Attache -moi ! ”, “Talons aiguilles”) et que l’on peut aussi voir dans “Gazon maudit” de Josiane Balasko, film oh combien apprécié par Monsieur Michu ! Chanteuse, Victoria a fait paraître un disque de bossa-nova et un recueil de chansons françaises revisitées par le flamenco. Elle était donc la personne adéquate pour remettre le Prix du Jazz Européen à son compatriote Jorge Pardo, un flûtiste / saxophoniste qui depuis de longues années pratique le métissage du jazz et des rythmes d’Andalousie. Bien qu’ayant  travaillé avec Paco de Lucia, Chick Corea et Pat Metheny, il reste méconnu du public français. Pas de l’Académie du Jazz qui ce soir lui fait fête. Son improvisation en solo sur des thèmes de Maurice Ravel (Le Boléro) et de Manuel de Falla fut aussi osée que remarquée.

B. Mehldau Where Do You Start, cover

 

Récompensant le meilleur disque de jazz de l’année, le Grand Prix de l’Académie du Jazz fut attribué à Brad Mehldau pour “Where Do You Start ?”, un des meilleurs opus en trio de sa longue carrière. Brad avait déjà reçu ce prix en 1997 pour “The Art of the Trio, Vol.1”. Un beau doublé pour le pianiste qui, bien qu'ayant fait parvenir une lettre de remerciements, nous fit regretter son absence.

 

F.-Lacharme---Yves-Boisset-c-Ph.-Marchin.jpegAutre remettant surprise, le cinéaste Yves Boisset (“Le juge Fayard dit le Shérif”, “La femme flic”) remit le très convoité Prix Django Reinhardt au saxophoniste Émile Parisien. Non sans nous avoir parlé de son métier et regretté que pour le jeune public d’aujourd’hui le cinéma commence souvent avec Quentin Tarantino (lui-même cinéphile) et qu’un Louis Jouvet est aujourd’hui largement oublié. François Lacharme le fit parler de son plus grand succès commercial, “Un Taxi Mauve”, film adapté du roman de Michel Déon, avec Charlotte Rampling, Philippe Noiret, mais aussi Fred Astaire dont ce fut la dernière apparition à l’écran - « Un type adorable. Il avait alors 84 ans et dansait encore divinement… ».

Emile Parisien (b) © Ph. Marchin

Invité avec son quartette à jouer un morceau, Émile Parisien choisit l’un des siens, une longue pièce abstraite, bruyante, agressive et au thème introuvable qui fut très mal perçu par les amateurs de jazz attachés à la tradition et à ses standards. Gentil garçon dont je ne comprends rien à la musique, Émile fit pour le moins sensation. Non sans provoquer quelques remous. Dérangé par les cris suraigus du saxophone soprano, saisi de palpitations, Monsieur Michu dut quitter précipitamment la salle. Il était temps de passer au glouglou, de rejoindre le bar où une sélection de vins de Saint-Emilion et un excellent sauvignon blanc attendaient les assoiffés.

 

  LA PARTY

 

Glenn Ferris © PdCLaurent Mignard © PdCMiles Yzquierdo © PdC

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(de gauche à droite) : Glenn Ferris, le plus français des américains, assiège le bar. Il a tant soufflé dans son trombone qu'il ne craint plus l'alcootest. Tout sourire, Laurent Mignard profite des joies du buffet : éclairs au chocolat, pâtisseries miniatures, des mignardises bien méritées pour le leader du Duke Orchestra. Vous avez tous reconnu la très charmante Miles Yzquierdo. On avalerait miles et kilomètres pour lui faire la bise.

Philippe Coutant © PdCPhilippe Baudoin © PdC

   Philippe Coutant : une longue carrière dans le théâtre l'a rapproché du jazz. On lui doit des concerts des pianistes Joachim Kühn et Tord Gustavsen et une représentation inoubliable de "La Tectonique des Nuages" à Nantes, au Grand T dont il fut le directeur. Pianiste anachronique de l'Anachronic Jazz Band, formation qui reprend du service après 38 ans d’absence, Philippe Baudoin a-t-il été dans sa jeunesse membre de l’association secrète des chiche capon de Saint-Agil ? Cette photo le laisse supposer.

Emmanuel Bex © PdCJean-Louis ChautempsSylvie Durand © PdCEmmanuel Bex met un point d'orgue à avoir un verre toujours plein. Le nez fin de Jean-Louis Chautemps est plongé dans le sien... sous le regard amusé de Sylvie Durand, attachée de presse émérite.

Francis-Capeau--b--c-Ph.-Marchin.jpegAgnès Thomas © PdC

Le docteur  Francis Capeau, notre premier barman, a le bras très long mais il a beau le tendre, les verres ne désemplissent pas. Songeuse, la pétillante Agnès Thomas, attachée de presse de l'Académie, doit penser que tous ces amateurs de vin poussent le bouchon un peu loin.

P.-Caratini--E.-Caumont---H.-Bonnet-c-PdC.jpegLe Blogueur de Choc & Franck Agulhon © Ph. Marchin Près d'Elisabeth Caumont, Christian Bonnet, trésorier de l'académie, se sent tout chose et en oublie de boire. Comme le vin, la belle Elisabeth fait tourner les têtes. Patrice Caratini exprime ainsi sa joie immense d'être sur la photo. A droite, votre serviteur, le Blogueur de Choc, avec Franck Aghulon, batteur émérite du trio de Pierrick Pedron et compagnon de voyage occasionnel du Blogueur.

Philippe Marchin © PdCMédéric Collignon © PdCMarc Sénéchal © PdCUne bonne partie des photos de ce reportage sont de Philippe Marchin qui, sur le cliché de gauche, admire la nouvelle tête de Médéric Collignon. Boute-en-train infatigable, ce dernier amuse aussi Marc Sénéchal, attaché de presse aujourd'hui indépendant dont on ne voit qu'un quart de tête.

Francoise-c-PdC.jpegJacques-des-Lombards---Laurence-Ossart-c-PdC.jpegLa cuisine adjacente à la Salle Nijinski dans laquelle se déroule notre cocktail académique sert de studio de photos. A gauche la très charmante Franny pose dans un manteau d'hiver moscovite. A droite la délicieuse Laurence a fait fondre le coeur de Circuit 24 qui a insisté pour poser avec elle. Son châssis aux lignes élégantes n'a effectivement rien à envier à celui d'une voiture de course.

Jean-Philippe-Viret-c-PdC.jpegMichel-Contat-c-PdC.jpegBajoues profondes © PdCJean-Philippe Viret sans sa contrebasse et prêt à "rhabiller le gamin" pour le supplément d'âme qu'apporte aussi le bon vin. Le chapeau toujours vissé sur la tête, Michel Contat, monsieur jazz Télérama, ne me contredira pas. On taquine beaucoup Bajoues profondes dans ce blog avec des histoires à dormir debout. C'est pourtant ce qu'il parvient à faire, malgré la foule bruyante qui l'entoure et fait la fête.

Pierre-Carlu---Christian-Bonnet-c-PdC.jpegJ.P.-Doret---Chloe-Perrier-c-PdC.jpeg

Très mobile, Christian Bonnet a lâché la belle Elisabeth pour poser avec Pierre Carlu fin connaisseur de l'histoire du jazz. Sur la photo de droite, Jean-Philippe Doret, monsieur Opus Jazzis sur Vallée FM, une émission hebdomadaire et dominicale (16h00 – 18h00) téléchargeable en podcast wwwvalleefm.fr/podcast.php Avec lui Chloé Perrier, une jeune chanteuse qui se plaît à jazzifier nos belles chansons françaises. 

Celine-Breugnon-c-PdC.jpegMonsieur-Michu.jpgLe-President.jpeg

Le jazz est un village pour la très appréciée Céline Breugnon. Avec Miles Yzquierdo elle se partage la presse d’un world label qui édite Ahmad Jamal, Omar Sosa et Chucho Valdés. Au centre, remis de ses émotions, Monsieur Michu s’apprête à boxer les jazzmen faiseurs de bruit qui font dangereusement palpiter son palpitant. Enfin, on aura reconnu le Président Lacharme qui règne sur les hautes et basses-cours Académiques.

Laureats-2012-c-Ph.-Marchin.jpegAutour de François Lacharme au centre et de gauche à droite : Jordi Pujol, Victoria Abril, Jorge Pardo, René Urtreger, Pierrick Pedron et Émile Parisien.

 

Logo-Academie-fond-Noir.jpegLe PALMARÈS 2012

Prix Django Reinhardt (musicien français de l’année) : Émile Parisien

Grand Prix de l’Académie du Jazz (meilleur disque de l’année) : Brad Mehldau : « Where do you Start ? » (Nonesuch/Warner)

Prix du Disque Français (meilleur disque enregistré par un musicien français) : Pierrick Pedron « Kubic’s Monk » (ACT/Harmonia Mundi)

Prix du Musicien Européen (récompensé pour son œuvre ou son actualité récente) :Jorge Pardo

Prix de la Meilleure Réédition ou du Meilleur Inédit : Fresh Sound Records pour ses rééditions

Prix du Jazz Classique : Aaron Diehl « Live At The Players » (CD Baby/www.cdbaby.com)

Prix du Jazz Vocal : Catherine Russell « Strictly Romancin’ » (World Village/Harmonia Mundi)

Prix Soul : Bettye Lavette « Thankful n’ Thoughtful » (Anti-/PIAS),

Prix Blues : Lurrie Bell « The Devil Ain’t Got No Music » (Aria B.G./Socadisc)

Prix du livre de Jazz : Alain Gerber « Petit Dictionnaire incomplet des incompris » (Alter ego)

 

CREDITS PHOTOS :

Fiona Monbet en lever de rideau, Glenn Ferris, Laurent Mignard, Miles Yzquierdo, Philippe Coutant, Philippe Baudoin, Emmanuel Bex, Jean-Louis Chautemps, Sylvie Durand, Agnès Thomas, Élisabeth Caumont avec Patrice Caratini et Hervé Bonnet, Philippe Marchin, Médéric Collignon, Marc Sénéchal, Franny, Laurence O. & Jacques des Lombards, Jean-Philippe Viret, Michel Contat, Yves Chamberland, Pierre Carlu & Hervé Bonnet, Jean-Philippe Doret & Chloé Perrier, Céline Breugnon, le Président F.L. © Pierre de Chocqueuse

 

François Lacharme & Joël Mettay, Jordi Pujol au micros, Grand angle sur le Foyer, René Urtreger au micro, Jean-Jacques Goron & Pierrick Pedron avec François Lacharme, Jorge Pardo & Victoria Abril, François Lacharme & Yves Boisset, Émile Parisien, Francis Capeau, Pierre de Chocqueuse & Franck Aghulon, Groupe comprenant Jordi Pujol, Victoria Abril, Jorge Pardo, René Urtreger, Pierrick Pedron et Émile Parisien © Philippe Marchin 

 

Fiona Monbet au violon © Jean-Marie Legros.

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1 janvier 2013 2 01 /01 /janvier /2013 15:03

                                         Lecteurs, lectrices du blogdechoc 

image-nouvel-an-voeux-anime                      Bonne et heureuse année 2013

                      

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24 décembre 2012 1 24 /12 /décembre /2012 12:53

  Joyeux  Noë à  tous  et  à  toutes


neige.gif

                                    Merr Christmas

 
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20 décembre 2012 4 20 /12 /décembre /2012 09:30
Montage-Chocs-2012.jpegDécembre : il pleut des récompenses pas toujours méritées. Mes confrères journalistes n’ont décidément pas la même écoute que la mienne, ce qui offre des prix à une large diversité de disques. Les chapelles sont en effet nombreuses dans la maison du jazz depuis longtemps parasitée par des musiques qui ne trouvent nulle part ailleurs à s’abriter. La publicité intensive et abusive de nombreux médias qui nivèlent par le bas, sortent de leurs poches de nouveaux talents experts en poudre aux yeux, en est largement responsable. Que l’on soit blanc ou noir, indien ou chinois, on ne s’improvise pas jazzman. Il faut connaître l’histoire de cette musique, son vocabulaire, Recordssa grammaire. Le jazz chemine aujourd’hui loin de la Nouvelle-Orléans qui l’a vu naître. Implanté sur d’autres terres, il s’inspire et se nourrit de nouveaux folklores, d'autres traditions musicales. La sophistication harmonique européenne peut ainsi prendre le pas sur la polyrythmie africaine. Pourquoi pas si le lien n’est pas rompu avec les racines et les règles d’une musique née il y a plus de cent ans sur le sol de la grande Amérique, si le jazz d’autres continents nous fait vibrer et ravive notre enthousiasme ! Mes palmarès n’occultent pas pour autant le jazz afro-américain. Ses musiciens baignent dans le swing et le blues leur est parfaitement naturel. L’an dernier les enregistrements en solo y étaient majoritaires. 2012 a vu de grandes réussites en trio, le piano restant toujours l’instrument roi de cette sélection forcément subjective. Choisir n’a pas été facile. D’autres albums m’ont interpellé. Ceux de Jean-Pierre Mas, de Carlos Maza (aussi remarquable à la guitare qu’au piano dans “Descanso Del Saltimbanqui”), de Dave King (avec Bill Carrothers jouant un piano inhabituel dans le fascinant “I’ve Been Ringing You”) méritaient de compter parmi mes 13 finalistes. Je vous rappelle que cette chronique est la dernière de l'année. Après vous avoir souhaité mes vœux, le blogdechoc sommeillera jusqu'à la mi-janvier pour couvrir la remise des Prix de l’Académie du Jazz, incontournable manifestation jazzistique de la nouvelle année. Puisse l'écoute de ces 13 disques vous donner autant de plaisir qu'ils m'en ont procuré.     
12 nouveautés…

Enrico-Pieranunzi-Permutation--cover.jpg-Enrico PIERANUNZI : “Permutation” (Cam Jazz / Harmonia Mundi). Chroniqué dans Jazz Magazine / Jazzman n°634 - février (Choc)

L’un de nos meilleurs pianistes européens dans une forme éblouissante grâce à Scott Colley (contrebasse) et à Antonio Sanchez (batterie) qui le poussent à jouer son meilleur piano et à renouveler sa musique. Souvent construites sur des ostinato, les nouvelles compositions d’Enrico Pieranunzi favorisent le jeu collectif, le trio sous tension apportant une réelle dynamique à la musique. On a découvert sa puissance de feu en mars dernier à Roland Garros. Le disque traduit aussi sa perméabilité au lyrisme. La polyrythmie intensive de Sanchez, la contrebasse mobile et chantante de Colley sont ici au service d’un maître de l’harmonie qui écrit des thèmes admirables.

 

Aaron Goldberg Trio, Yes cover-Aaron GOLDBERG, Omer AVITAL, Ali JACKSON : “Yes !” (Sunnyside / Naïve). Chroniqué dans le blogdechoc le 24 mars

Aaron Goldberg, Omer Avital et Ali Jackson se connaissent depuis si longtemps qu’une seule journée de studio leur a suffi pour enregistrer neuf morceaux miraculeux, souvent en une seule prise. Ils partagent des idées communes sur la musique, sont attachés aux traditions du jazz, à son vocabulaire, accordent priorité au swing et au feeling, leur discours restant profondément ancré dans le blues. Au programme, des compositions de Duke et Mercer Ellington, de Thelonious Monk, mais aussi Maraba Blue, composition d’Abdullah Ibrahim qui place avec subtilité le rythme au cœur de la musique. Ali Jackson l’installe en douceur en claquant dans ses doigts, le blues s’affirmant dans le piano solaire et chantant de Goldberg, ici très inspiré.

 

Chick Corea Trio -Chick COREA, Eddie GOMEZ, Paul MOTIAN : “Further Explorations” (Concord / Aurelia). Chroniqué dans le blogdechoc le 10 avril

Après avoir consacré des disques à Thelonious Monk (“Trio Music”) et à Bud Powell, pianistes qui l’ont notablement influencé, Chick Corea entreprend de relire Bill Evans qui marqua lui-aussi son jeu pianistique. Proche de Powell par ses attaques, son jeu percussif, il l’est d’Evans par ses choix harmoniques, son approche romantique du clavier. Les meilleurs moments de deux semaines de concerts au Blue Note de New York nous sont proposés dans ces “Further Explorations” – le titre fait référence à “Explorations”, un disque que Bill enregistra en 1961 pour Riverside. Paul Motian y officiait à la batterie. Quant à Eddie Gomez, il fut pendant onze ans le bassiste de Bill. Tous deux donnent des ailes au pianiste qui survole avec bonheur un répertoire parfaitement adapté à son hommage.  

 

A Jamal -Ahmad JAMAL : “Blue Moon” (Jazz Village / Harmonia Mundi). Chroniqué dans le blogdechoc le 19 avril

Avec “Blue Moon”, Ahmad Jamal change de bassiste et donne une dynamique nouvelle à sa musique ce qui la rend plus excitante. Attentive, sa section rythmique qui fut celle de Wynton Marsalis comble les silences de son piano orchestral, installe une tension qui profite à jeu. Rejoignant Manolo Badrena, omniprésent aux percussions, Reginald Veal le nouveau bassiste et Herlin Riley le batteur officient avec la précision d’un métronome. Les morceaux plus longs favorisent l’hypnose rythmique et c’est en toute quiétude que Jamal joue des cascades d’arpèges, plaque des accords inattendus ou de gracieuses notes perlées dans  son meilleur album depuis “The Essence” enregistré pour Birdology en 1995.

 

Marc Copland -Marc COPLAND : “Some More Love Songs” (Pirouet / Codaex). Chroniqué dans le blogdechoc le 19 avril

Sept ans après avoir enregistré les sept pièces de “Some Love Songs”, Marc Copland en grave sept autres (six standards et une composition originale) dans “Some More Love Songs”, toujours avec Drew Gress à la contrebasse et Jochen Rückert à la batterie. Émergeant de sa mémoire, elles se sont imposées naturellement au pianiste, comme si elles avaient choisi leur interprète. Comme à son habitude, Copland diffracte ses notes, les rend liquides et transparentes, contracte ou allonge ses harmonies flottantes, apporte un soin extrême aux couleurs, à la résonnance de ses morceaux. Il enregistre souvent les mêmes thèmes et I Don’t Know Where I Stand de Joni Mitchell apparaît aussi dans “Alone”, un disque en solo de 2009, également recommandable.

 

vincent-bourgeyx-hip-Vincent BOURGEYX : “HIP” (Fresh Sound New Talent / Socadisc). Chroniqué dans le blogdechoc le 9 mai

Diplômé du fameux Berklee College of Music de Boston, Vincent Bourgeyx s’immergea dans le blues et le swing auprès du tromboniste Al Grey et l’écoute des disques d’Oscar Peterson fut déterminante sur sa vocation de pianiste. Après “Again”, album qui fit battre mon cœur et secoua mes oreilles, “HIP” son nouvel opus me fait pareillement tourner la tête. En compagnie de Pierre Boussaguet à la contrebasse et d’André Ceccarelli à la batterie, il revisite le jazz et ses standards avec dans ses bagages une bonne pratique de l’harmonie acquise lors de ses leçons de piano classique. Le disque contient des versions inventives de Daahoud, de Prelude to A Kiss, mais aussi des compositions originales dans lesquelles Vincent fait danser ses notes et soulève l’enthousiasme.

 

 Philippe le Baraillec - Involved, cover-Philippe LE BARAILLEC : “Involved” (Out Note / Harmonia Mundi). Chroniqué dans le blogdechoc le 9 mai

Un pianiste d’autant plus rare qu’il donne peu de concerts et ne sort guère de sa tanière si ce n’est pour donner des cours à la Bill Evans Piano Académie. Philippe Le Baraillec ne fait pas davantage de disques – “Involvedn’est que son troisième album depuis “Echoes from my Roomen 1996. Tous nous sont infiniment précieux car ils traduisent la sensibilité vive d’un musicien à fleur de peau qui joue des harmonies d’une grande acuité poétique. Avec Mauro Gargano à la contrebasse et Ichiro Onoe à la batterie pour habiller ses silences et les rythmer, il peint une symphonie de couleurs dans laquelle toutes sortes de bleus s’offrent à l’oreille. Il la partage avec Chris Cheek, un saxophoniste originaire de Saint-Louis, un mélodiste qui, comme lui, laisse respirer la phrase musicale pour la rendre plus élégante.

 

B.-Mehldau-Where-Do-You-Start--cover.jpg-Brad MEHLDAU Trio : “Where Do You Start ?” (Nonesuch / Warner). Chroniqué dans Jazz Magazine / Jazzman n°642 - octobre (Choc) 

Deux excellents disques de Brad Mehldau ont été publiés cette année : “Ode” en mars et “Where Do You Start ? ” en octobre. Le premier ne contient que des compositions originales et le second que des standards, le titre Jam étant une improvisation prolongeant Samba E Amor de Chico Buarque. Si tous les deux ont été enregistrés aux mêmes dates (novembre 2008 et Avril 2011) avec le même trio (Larry Grenadier à la contrebasse et Jeff Ballard à la batterie), “Where Do You Start ?” conserve ma préférence. Sans doute à cause du  répertoire qui mêle mélodies venant de la musique pop (Baby Plays Around d’Elvis Costello, Time Has Told Me de Nick Drake) et standards de jazz (Brownie Speaks, Airegin et Where Do You Start ?, un thème de Johnny Mandel dont Brad joue en douceur la mélodie, en livre une version sensible et émouvante) Le grand disque d’un grand trio en veine d’inspiration.    

 

Fred Hersch Trio, cover-Fred HERSCH Trio : “Alive at the Vanguard” (Palmetto / Codaex). Chroniqué dans le blogdechoc le 10 octobre

Miraculeusement sorti d’un coma profond en 2008, Fred Hersch joue depuis un piano admirable. Enregistré avec John Hébert et Eric McPherson, musiciens qui l’accompagnent aussi dans “Whirl” (Choc de l’année 2010), “Alive at the Vanguard” reste d’une musicalité exceptionnelle. Hersch aime beaucoup ce club. L’ambiance, l’intimité du lieu, ses qualités acoustiques agissent sur sa musique, sur ses improvisations qui pétillent d’intelligence. Dans les ballades qu’il aborde avec un feeling immense ou sur tempo rapide, il fascine par la fluidité de sa musique (mélange de standards et de compositions originales souvent dédiées à des proches), par sa conception très souple du rythme. Ses progressions d’accords, les couleurs harmoniques qu’il utilise révèlent la profonde intimité qu’il partage avec son piano. 

 

Laïka, cover-LAÏKA : “Come a Little Closer” (Classics & Jazz / Universal). Chroniqué dans le blogdechoc le 25 octobre

Laïka Fatien n’avait pas prévu d’enregistrer aussi vite. Un besoin urgent d’évoquer son trouble amoureux, d’exprimer ses sentiments l’a conduit en studio plus tôt que prévu. Elle le fait ici avec les mots des autres, des mélodies associées à Abbey Lincoln, Carole King et Nina Simone. Des mots qui sont les siens dans Divine, juste un piano pour souligner le velours de sa voix. Elle souhaitait un orchestre de chambre pour l’accompagner et Gil Goldstein lui a fourni des arrangements sobres qui traduisent bien son état d’âme. Pas de batterie, quelques cordes et vents, la contrebasse de Rufus Reid et trois trompettes amies – celles de Roy Hargrove (qui joue surtout du bugle) d’Ambrose Akinmusire et de Graham Haynes répondent à sa voix qui murmure, chuchote et se love au creux de l’oreille. Amoureuse, Laïka n’a jamais aussi bien chanté que dans ce disque, le plus émouvant de ses quatre albums.         

 

Elias-Swept-Away--cover.jpeg-Marc JOHNSON / Eliane ELIAS : “Swept Away” (ECM / Universal). Chroniqué dans Jazz Magazine / Jazzman n°643 - novembre (Choc)

Second disque de Marc Johnson pour ECM après “Shades of Jade” publié en 2005, “Swept Away” sort également sous le nom d’Eliane Elias, son épouse. Une carrière de chanteuse lui permet depuis quelques années d’atteindre un large public, mais c’est en tant que pianiste qu’elle dévoile ici la richesse de ses compositions et la grandeur de son art pianistique. Deux autres musiciens les accompagnent, Joey Baron (batterie) et Joe Lovano qui s’exprime au ténor dans une bonne moitié de l’album. Marc Johnson prend peu de solos mais fait sonner les notes rondes et boisées de sa contrebasse. Outre Inside Her Old Music Box, morceau fascinant qu’il co-signe avec sa femme, il apporte Foujita, une pièce impressionniste aux notes flottantes, la plus belle pièce d’un disque remarquable.

 

C. Zavalloni, cover-Cristina ZAVALLONI & RADAR Band : “La donna di cristallo” (Egea / Orkhêstra). Chroniqué dans le blogdechoc le 11 décembre

Une chronique tardive dans le blogdechoc, n’empêche nullement ce disque de faire partie des meilleurs de l‘année. Son originalité justifie sa présence. La chanteuse bénéficie d’arrangements aussi étonnants que réussis. Rassemblant huit musiciens remarquables, le Radar Band sert sa voix puissante et très souple de soprano, une voix au large ambitus ce qui lui permet de brusques sauts d’octaves. Cristina Zavalloni chante en français, en anglais et en italien ses compositions. Responsable des orchestrations étonnantes de l'album, Cristiano Arcelli son saxophoniste cosigne l’une d’entre elles. S’ils ajoutent des couleurs, trouvent d’heureuses combinaisons de timbres pour mettre son chant en valeur, les musiciens se réservent aussi des espaces d’improvisation. Leurs chorus confèrent une belle spontanéité à ce petit opéra de chambre espiègle et créatif.

 

… et un inédit

K. Jarrett Sleeper cover-Keith JARRETT : “Sleeper” (ECM / Universal). Chroniqué dans le blogdechoc le 17 juillet

En avril 1979 le Belonging Quartet de Keith Jarrett se rendit au Japon et donna plusieurs concerts à Tokyo. L’un d’entre eux fut publié dix ans plus tard sous le nom de “Personal Mountains”. ECM en exhume un second cette année. On ne peut que s’en réjouir car malgré son importance dans l’histoire du jazz des années 70, le quartette européen du pianiste nous laisse peu de disques. Retrouver le pianiste avec Jan Garbarek (saxophones et flute), Palle Danielsson (contrebasse) et Jon Christensen (batterie) constitue bien un événement. Le répertoire de “Sleeper” recoupe les contenus de “Personal Mountains” et de “Nude Ants” enregistré live un mois plus tard (mai 1979) au Village Vanguard de New York. Le seul inédit en est So Tender que Jarrett reprendra avec Gary Peacock et Jack DeJohnette. Ces morceaux n’ont pas pris de rides. Garbarek y fait entendre ses notes brûlantes, sa sonorité âpre et expressive. En osmose avec lui, Jarrett fait chanter son piano, joue avec un lyrisme, une intensité qui soulève et fait monter au ciel.

 

Photo montage © Pierre de Chocqueuse   

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16 décembre 2012 7 16 /12 /décembre /2012 10:50

Marc-Copland---Michel-Butor.jpegSeconde livraison, cinq disques qui méritent attention. Ils sont tous sortis cet automne. On peut s’étonner d’en trouver un d’Henri Salvador dans cette sélection, mais bien que dématérialisé (il n’est disponible qu’en téléchargement)  le document est exceptionnel pour ceux qui aiment le jazz. Dernières chroniques de l’année 2012 à vous être proposées, elles précèdent mes Chocs de l’année, en ligne autour du 20 décembre. Un peu de patience. Tout vient à point qui sait attendre.

 

M. Cpland, coverMichel BUTOR / Marc COPLAND : “Le long de la plage” (Vision Fugitive / H.M.)

Marc Copland aime la poésie. Le livret de “Poetic Motion” son plus beau disque en solo, abrite des extraits de poèmes de Jacques Prévert, Dylan Thomas, André Breton, E.E. Cummings et un poème entier de Bill Zavatsky auteur d’Elegy (For Bill Evans) reproduit au dos de la pochette de “You Must Believe in Spring”, disque testament du pianiste. Marc Copland vient d’enregistrer un disque avec Michel Butor qui apprécie depuis longtemps son piano. Cet album, Marc l’a soigneusement préparé, composant des musiques pour ces poèmes, pour les mettre en perspective. Ils ont enregistré côte à côte dans le même studio. Michel, 86 ans, récite ses textes d’une voix malicieuse ; Marc les colore de ses harmonies, de ses notes tintinnabulantes, sa musique romantique convenant parfaitement aux songes de Michel. Ils commencent doucement, très doucement, et nous font partager leurs rêves.

 

Jean-Pierre-Mas-LatinAlma--cover.jpgJean-Pierre MAS : “LatinAlma”

(Out Note / Harmonia Mundi)

Jean-Pierre Mas a l’âme latine et sa musique mélancolique trouve ici des voix sensibles pour la chanter. Dans Partir o Seguir qui ouvre cet album profondément touchant, celle d’Elvita Delgado rencontre un piano économe qui trouve toujours les notes justes pour lui répondre. Le bandonéon de Juan José Mosalini ajoute du vague à l’âme à la musique, comme dans A la Sombra de la Luna (dédié à Yun Sun Nah) et Si te Vas, deux émouvantes réussites. L’autre chanteuse, Sheyla Costa, une brésilienne, nous fait pareillement tourner la tête. Pierre Barouh récite des poèmes de Cartola (Angenor de Oliveira) et de Vinicius de Moraes. Attentif, Jean-Pierre Mas accompagne, pose de tendres couleurs sur des musiques qu’il n’a pas toutes composées. Joués en solo, Aquellos Ojos Negros et Derrière le miroir témoigne de la richesse des paysages qu’il est capable d’évoquer au piano.

 

Henri-Salvador--1958-.jpegHenri SALVADOR : “Mes Inédits”

(Body & Soul)

Ne cherchez pas à vous procurer ce disque en magasin, il n’est disponible qu’en téléchargement. La plupart des plateformes de distribution le proposent. Normal, c’est un document unique que tout amateur de jazz se doit de posséder. Henri Salvador confirme le chanteur exceptionnel qu’il était dans un répertoire conciliant jazz et humour. Nous sommes en 1958, Daniel Filipacchi fait un tabac avec son émission Pour ceux qui aiment le jazz sur Europe n°1. Sur la même radio, il en présente une seconde “Jazzons un peu” et invite régulièrement Salvador à se joindre aux musiciens qui l’enregistrent en direct le mercredi : Raymond Fol (piano), Bibi Rovère (contrebasse) et Moustache (batterie) que visitent parfois Benny Vasseur (trombone) et Barney Wilen (sax ténor). Avec eux, Henri nage comme un poisson dans un aquarium. Dans une forme éblouissante, il chante Jacques Prévert, Boris Vian et Raymond Queneau (sur I May Be Wrong). “Atomic Basie” vient de paraître et, avec l’orchestre du Count dont le disque est joué simultanément, il improvise sur Li’l Darling (qu’il enregistrera cinq ans plus tard) et sur After Supper, morceau au cours duquel il s’amuse à dialoguer avec Eddie Lockjaw Davis au saxophone ténor. Ne manquez surtout pas son désopilant tour de force vocal dans Improvisation sur une contravention, (le contrevenant est Daniel Filipacchi) sur la musique d’Embraceable You de George Gershwin, ni son Improvisation sur un article de presse (Le Blues de la Pausa). Vous l’avez compris, ces joyeux inédits méritent votre attention.  

 

Virginie TEYCHENÉ : “Bright and Sweet”Virginie-Teychne-Bright-And-Sweet-cover.jpg

(Jazz Village / Harmonia Mundi)

Au-delà de la prouesse technique (le scat employé avec aisance), cette voix naturelle chante avec son cœur, son âme. Elle ne ment pas lorsqu’elle s’exprime avec des mots et du rythme, ou qu’elle nuance une mélodie pour la rendre sensible et plus présente. Dans son art, Virginie Teychené est une magicienne. L’amour de la musique l’embrase, lui donne le feu sacré. Après deux albums très réussis, elle change de label, publie un troisième disque qui bénéficie d’une meilleure distribution, d’une meilleure promotion. Le répertoire est essentiellement un florilège de standards, hommages à des chanteurs (Eddie Jefferson, Jon Hendricks) aux chanteuses qu’elle apprécie (Billie Holiday, Betty Carter, Abbey Lincoln, Peggy Lee), mais aussi au Double Six, groupe vocal légendaire dont elle reprend l’arrangement de Rat Race. Le quartette qui l’accompagne la suit depuis longtemps. S’ajoute la trompette d’Eric Le Lann dans de splendides versions d’Angel Face et de Don’t Explain. Un must.

 

D.-Zeitlin--coverRGB.jpgDenny ZEITLIN : “Wherever You Are”

(Sunnyside / Naïve)

Chaque année, Denny Zeitlin publie un album, le plus souvent un enregistrement public, un solo. “Wherever You Are” en est un, mais Zeitlin l’a conçu en studio et joue sur un bon piano ce qui n’est pas toujours le cas. Compositeur inspiré (Bill Evans aimait reprendre son Quiet Now), il privilégie ici des standards, un florilège de ballades qu’il admire depuis longtemps. Si certaines lui sont familières, il en reprend d’autres pour la première fois. Ses improvisations ne s’éloignent jamais des mélodies qu’il respecte. Et pourtant, il les transforme, en propose des versions modernes, fait preuve d’une imagination intarissable dans des relectures sensibles et lyriques de Good-Bye ou de Last Night When We Were Young pour ne citer que ces deux thèmes. “Wherever You Are” est un de ses meilleurs albums. Mis en vente sans battage médiatique, il risque hélas sans votre coup de pouce de passer inaperçu.

 

Photo Marc Copland & Michel Butor © Pierre de Chocqueuse

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11 décembre 2012 2 11 /12 /décembre /2012 12:11

C.-Zavalloni-Band.jpegPas vraiment un rattrapage, pas davantage des oublis, mais des disques de 2012 dont je n’ai pas eu le temps de parler. Les fêtes approchent et avec elles des cadeaux à faire. Puissent ces dix courtes chroniques (en 2 livraisons, la seconde très prochainement) mériter votre attention.

   

C. Zavalloni, coverCristina ZAVALLONI & RADAR Band :

“La Donna di Cristallo” (Egea / Orkhêstra)

Les invités à la remise des prix 2011 de l’Académie du Jazz ont découvert sa voix lors d’un duo improvisé avec le saxophoniste Francesco Bearzatti, une voix puissante à la large tessiture, agile dans les aigus et capable de brusques sauts d’octaves. La chanteuse italienne a d’autres talents. Capable de chanter dans plusieurs langues, elle se révèle particulièrement inspirée dans ses propres compositions, des morceaux arrangés avec soin par Cristiano Arcelli le saxophoniste de son groupe. Car avec le Radar Band, Cristina Zavalloni possède huit musiciens qui apportent beaucoup à ses musiques, leur ajoutent des couleurs, trouvent d’heureuses combinaisons de timbres pour mettre son chant en valeur. La qualité des chorus (de trombone, de trompette)  est aussi un atout pour sa musique espiègle et créative qui flirte parfois avec l’opéra, avec Kurt Weill et Nino Rota comme le fait remarquer Thierry Quénum dans le numéro de décembre de Jazz Magazine.

 

Oliva, coverJean-Marc FOLTZ / Stephan OLIVA :

“Visions Fugitives” (Vision Fugitive / H.M.)

Difficile de ne pas admirer la complicité unissant le clarinettiste Jean-Marc Foltz au pianiste Stephan Oliva, de ne pas succomber à leur répertoire ouvert sur le jazz (Naïma, Lonnie’s Lament), le classique et l’improvisation. Les deux hommes se sont rencontrés à Strasbourg lorsqu’ils étaient tous les deux enseignants. Depuis, ils ont enregistré plusieurs disques ensemble dont le superbe “Pandore” pour le label Sans Bruit disponible uniquement en téléchargement. Leurs “Visions fugitives” (titre emprunté à un opus de Prokofiev) recèlent bien des merveilles. On se laisse envoûter par le souffle chaud des clarinettes (basse et si bémol), par les accords inspirés d’un piano aux basses puissantes, par la sombre beauté mélodique des compositions qui brillent d’une lumière de petit matin. Elle jaillit du clair obscur dans la Romanza, deuxième mouvement de la Sonate pour clarinette et piano de Francis Poulenc. L’œuvre fut crée le 10 avril 1963 après la mort du compositeur au Carnegie Hall de New-York par Benny Goodman et Leonard Bernstein.

 

Baptiste Herbin, coverBaptiste HERBIN : “Brother Stoon”

(Just Looking Productions / H. Mundi)

Âgé de 25 ans, Baptiste Herbin étonne par la puissance de feu jubilatoire de ses saxophones (alto et soprano) et la maturité de son écriture. “Brother Stoon”, son premier album témoigne de son savoir faire. Qu’il fasse allégeance au bop interprété à grande vitesse (Entomology, Chute libre, Cochise), danse des rythmes chaloupés des îles du Sud (Kitano-Ko, We Remember Rakotozafy) ou qu’il plonge ses notes dans le blues (Faits d’hiver, Blues for Jean pour et avec Jean Toussaint au saxophone ténor) Baptiste, très à l’aise, navigue entre les genres. Ses ballades apaisent et enchantent. Brother Stoon qui donne son nom à l’album relève du funk, Baptiste privilégiant l’héritage afro-américain, le rythme, le swing à la torture cérébro-spinale. Impérial, André Ceccarelli officie à la batterie. Au piano et très en doigts, Pierre de Bethmann nourrit la musique d’harmonies judicieuses. À la contrebasse, Sylvain Romano éblouit dans Une île, composition de Jacques Brel et seule reprise d’un disque très réussi.

 

Dave King, coverDave KING : “I’ve Been Ringing You”

(Sunnyside / Naïve)

Impossible de reconnaître le batteur sur-boosté de The Bad Plus dans ce disque intimiste enregistré en trio. Utilisant ses balais et sa charleston, jouant sur le timbre de sa caisse claire pour en tirer des couleurs, Dave King apparaît ici comme un émule de Paul Motian, un peintre qui suggère davantage le tempo qu’il ne le marque. La contrebasse de Billy Peterson assure souvent un rôle de bourdon, ou tient des ostinatos très relâchés, la musique circulant en toute liberté dans un espace sonore toujours respirable. Cet oxygène, on le doit aussi à Bill Carrothers qui joue moins de notes que d’habitude, pratique un jeu économe, presque minimaliste dans les relectures des standards qui nous sont ici proposés, des thèmes dont les trois hommes nous offrent des versions neuves et oniriques qui fascinent un peu plus à chaque écoute.

 

Bobo-Stenson--cover.jpegBobo STENSON Trio : “Indicum

(ECM / Universal)

Son dernier disque ECM date de 2008. Bobo Stenson garde le même trio pour un disque plus introspectif, à l'esthétique davantage européenne. L’influence de la musique classique prend ainsi le pas sur le blues, l’apport afro-américain se voyant ici minimisé au bénéfice d’une autre tradition folklorique. Le résultat est superbe, car nous sommes en présence de trois grands musiciens dont le premier souci reste la mélodie, point d’appui à des jeux de miroirs harmoniques, à un savant coloriage d’une riche palette sonore. Souvent à l’archet, Anders Jormin utilise toutes les ressources que lui offre sa contrebasse. Caressant les peaux de ses tambours, Jon Fält se révèle un coloriste inspiré. Quant au pianiste, il met ses harmonies surnaturelles au service d’un répertoire éclectique comprenant aussi bien une page de Carl Nielsen, un traditionnel norvégien qu’un extrait de la “Navidad Nuestra” du compositeur argentin Ariel Ramirez (Alouette popularisé par Gilles Dreu).

Cristina Zavalloni & Radar Band : Photo X/DR

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4 décembre 2012 2 04 /12 /décembre /2012 17:54

Heureux-Noel-2.jpgDécembre, le mois des sapins décorés de boules lumineuses multicolores, de guirlandes inflammables et synthétiques fabriquées en Chine. Les Dugenoux préfèrent attirer les gourmands à leur réveillon en suspendant d’énormes cochonnailles aux branches d’un arbre gigantesque, quitte à percer le plafond du voisin, un chanteur de variété trop pris par ses tournées pour regagner son logis déserté. Ils pensent aussi accrocher quelques dives bouteilles de grands crus classés pour attirer chez eux les Michu devant lesquels ils souhaitent étaler leur richesse. Contrairement à Bajoues profondes qui rêve de mortadelle considérable, de salamis immenses, ces derniers refusent la séduction des sirènes trop en chair de Jean-Jacques Dugenoux Agathe-Dugenoux.jpg dont l’épouse Agathe, comme en témoigne cette photo d’elle en grand décolleté, ne manque ni de grâce, ni de distinction. Même attiré par une bouteille de Petrus, bordeaux fort cher et fort bon qu’il n’a jamais goûté, ou par un Jacky McLean, whisky de capitaine qu’il apprécie, Monsieur Michu souhaite fuir ces m’as-tu-vu envahissants, laudateurs d’un certain Étienne Marcel dont la musique atroce phagocyte le monde du jazz et provoque de néfastes palpitations de palpitants. Un maya de leurs amis ayant annoncé la fin du monde le 21, les Dugenoux prudents ont choisi de réveillonner la veille. Ils comptent bien récidiver le 24 si la planète n’est pas détruite, s’inviter chez les Michu qui attendent chez eux leurs proches devant un souper modeste après la traditionnelle messe de minuit aux Saints Innocents. Comme chaque année, ils s’investiront dans la crèche vivante de leur paroisse parisienne. Jean-Paul sera Saint-Joseph et Madame Michu une bergère. Jacquot trop défiguré pour tenir le rôle du Petit-Jésus, Monsieur Michu espère convaincre Médéric Collignon ou Gérard Depardieu. Sait-on jamais ? Le soir même, Madame Michu examinera attentivement les cadeaux reçus par son mari. Surtout les disques. Certains provoquent fièvres, claquements de dents et expédient à l’hôpital. Monsieur Michu en a fait la triste expérience l’an dernier. Décembre : des galettes plastifiées et indigestes peuvent provoquer des maladies graves, les Pères-Noël font peur aux enfants, les voleurs de conifères prospèrent tout comme les pharmaciens. Rhumes et sinusites perturbent le sommeil de nuits fraîches, les plus longues de l’année. On peut aussi les passer dehors, dans les clubs de jazz de la capitale, à l'Alhambra le 7, salle dans laquelle se déroulera le 1er Téléthon du Jazz, ou à l’Olympia le 17 pour la grande soirée musicale qu’organise annuellement TSF Jazz. Puissent ces concerts qui interpellent, les derniers de 2012, guider vos choix. Mis en sommeil vers le 20 décembre après la mise en ligne des très attendus Chocs de l’année (douze nouveautés et un inédit), ce blog, réactivé à la mi-janvier, consacrera une place importante à la remise des prix de l’Académie du Jazz, l’événement incontournable de janvier 2013.

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

 

Melanie-de-Biasio.jpg-Quatre soirées jazz du 5 au 8 décembre au Centre Wallonie-Bruxelles, 46, rue Quincampoix 75004 Paris. Une valeur sûre le 5 avec le guitariste Philip Catherine en concert d’ouverture. Le 8, le label Igloo nous propose deux artistes de son catalogue, le jeune pianiste Igor Gehenot et Sal La Rocca, bassiste très demandé en Belgique. C’est toutefois la venue de Mélanie De Biasio le 6 qui interpelle le plus. Nous n’avions plus de nouvelles de la chanteuse depuis ses concerts de septembre et décembre 2008 au Sunside. Elle semble ne pas avoir enregistré d’autres disques depuis la parution de “A Stomach is Burning” (Igloo) en 2007, révélation d’une voix grave et sensuelle, d’un univers en noir et blanc résolument personnel. Pascal Mohy depuis longtemps avec elle au piano et Sam Gerstmans à la contrebasse accompagneront à Paris son chant et sa flûte, instrument qui renforce l’aspect onirique de sa musique.

  

Frederic-Borey-c-Christophe-Maroye-b.jpeg-Frederic Borey au Sunside le 6. Vous avez probablement découvert et, peut-être lu ma chronique enthousiaste de son nouveau disque. Son saxophone ténor sonne comme un alto. Normal, Frédéric préfère solliciter les médiums et  les aigus de l’instrument. Sa sonorité claire et droite à la Warne Marsh, il la met au servie de compositions très soignées sur le plan de la forme. Le mélodiste ne perd jamais de vue la tradition du jazz, le blues et le bop qui nourrissent sa musique. Impossible de faire venir au Sunside Inbar Fridman (guitare) et Camelia BenNaceur (piano) qui l’accompagnent sur “The Option” mais, avec Pierre Perchaud à la guitare et Paul Lay au piano nous ne perdrons pas au change, Frédéric pouvant compter sur l’excellente section rythmique de son album, Florent Nisse à la contrebasse et Stefano Lucchini à la batterie.

 

Affiche-Telethon-Jazz.jpg-Ne manquez pas le 7, le premier Téléthon du Jazz à l'Alhambra, 21 rue Yves Toudic 75010 Paris (20h00), manifestation parrainée par la BNP Paribas au profit de l'AFM-Téléthon, avec l'Electric Excentric Quartet de Sylvain Beuf et Sixun.  

 

-Patrice Caratini et son Jazz Ensemble également le 7 à la Dynamo, 9 rue Gabrielle Patrice Caratini a © PDCJosserand, 93500 Pantin (20h30) dans un programme en partie consacré à des partitions anciennes, des extraits de la musique du Onztet crée en 1979, les Miniatures pour tuba écrites pour François Thuillier et la Petite suite pour Django. La formation reprendra également des œuvres récentes parmi lesquelles des extraits des suites caribéennes. On retrouvera avec plaisir Claude Egea et Pierre Drevet aux trompettes, André Villéger et Mathieu Donarier aux saxophones, Manuel Rocheman au piano, Patrice bien sûr à la contrebasse, invitant pour ce concert le guitariste Marc Ducret.

 

Carmen-Lundy-c-James-St.-Laurent.jpg-Carmen Lundy au Duc des Lombards les 7 et 8 décembre (20h00 et 22h00). Native de Miami, installée à New York depuis 1978, la chanteuse a une longue carrière derrière elle. Elle la débuta au sein du prestigieux Thad Jones / Mel Lewis big Band et dès 1980 posséda son propre trio avec John Hicks au piano. “Changes” son dernier disque publié est le douzième qu’elle enregistre sous son nom. On la trouve aussi sur plusieurs albums de Kip Hanrahan avec lequel elle aime travailler et dans “The Mosaic Project” de la batteuse Terri Lyne Carrington. Auteur de plusieurs opus remarquables, le pianiste Anthony Wonsey sera au Duc son partenaire privilégié, Darryl Hall (contrebasse) et Jamison Ross (batterie) complétant la formation.

 

Baptiste-Herbin-c-PDC.jpeg-Âgé seulement de 25 ans, le saxophoniste Baptiste Herbin impressionne par sa maîtrise de ses deux instruments, les saxophones alto et soprano. Avec eux, il tient un discours mélodique enraciné dans le bop, prend des risques, possède une sonorité propre et des compositions originales. On le constate dans “Brother Stood”, le premier album qu’il a enregistré sous son nom avec Pierre de Bethmann, Sylvain Romano et André Ceccarelli. Baptiste en jouera les morceaux au Duc les 10 et 11 décembre, Eric Legnini remplaçant au piano Pierre de Bethmann le 11. Si Sylvain Romano tiendra bien la contrebasse, la présence d’André Ceccarelli à ces concerts reste encore incertaine. On ne peut que la souhaiter.

 

Jacquot.jpg-Non ce n’est pas Laurent Mignard sur la photo, mais Jacquot après sa dernière opération. Sa ressemblance avec la créature d’un célèbre roman est fortuite. L’enlèvement de son armure fut douloureux pour le pauvre garçon qui en conserve des séquelles. Il compte toutefois se rendre le 14 au Carré Belle-Feuille (60, rue de la Belle Feuille, Boulogne Billancourt) pour suivre le concert qu’y donnera à 20h30 le Duke Orchestra. Le même soir le pianiste Dominique Fillon animera le Sunside avec Sylvain Gontard à la trompette, Kevin Reveyrand à la contrebasse et Francis Arnaud à la batterie. Il va falloir choisir car Giovanni Falzone (trompette) et Bruno Angelini (piano) donnent aussi un concert au Centre Culturel Italien, 73 rue de Grenelle, 75007 Paris (20h00).

 

Laurent-De-Wilde-c-Sylvain-Gripoix.jpg-Il n’arrête pas Laurent de Wilde. Tant mieux pour tous ceux qui apprécient sa musique, son piano aux belles couleurs harmoniques qui s’appuie sur la tradition du jazz pour le moderniser. J’en suis, m’efforçant de suivre au plus près ses concerts, de commenter ses disques. Vous trouverez ma chronique de “Over the Clouds” son dernier opus dans ce blog à la date du 9 mai. Un album très varié, le premier qu’il enregistre en trio depuis “The Present” en 2006. On y trouve du blues, des ballades, du bop, des morceaux rythmés louchant sur l’afro-beat. Laurent en reprend bien sûr les morceaux en concert. Il se produira le 15 avec Jérôme Regard à la contrebasse et Laurent Robin à la batterie à l’espace Daniel-Sorano (16 rue Charles Pathé, Vincennes) dont il a assuré la programmation artistique de la première édition.

 

Manuel-Rocheman-c-Thibault-Stipal-_-Naive.jpg-Toujours le 15, le New Morning accueille Manuel Rocheman avec le trio du guitariste, chanteur et compositeur brésilien Toninho Horta - Yuri Popoff (contrebasse), Luiz Augusto Cavani (batterie). Enregistré au Brésil et publié en octobre, “Café & Alegria”, le dernier disque du pianiste est consacré à ses musiques. Horta a travaillé avec Elis Regina, Milton Nascimento, Edu Lobo, Chico Buarque, de grands musiciens brésiliens dont il a souvent arrangé les albums. Pat Metheny joue sur deux plages de son premier disque enregistré en 1981. Sa guitare mélodique aux progressions harmoniques sophistiquées s’accorde bien au piano inventif et coloré de Manuel, musicien aujourd’hui plus sensible que virtuose.

You--TSF12.jpg 

-Le 17, c’est à l’Olympia qu’il faut être. TSF Jazz y organise à 20h00 sa grande soirée musicale annuelle. You & The Night & The Music réunit de nombreux jazzmen sur une même scène. On peut préférer celui-ci à celui-là, ne pas adhérer à une programmation dont l’éclectisme n’est pas forcément fédérateur, mais la manifestation reste incontournable. Laurent de Wilde, Jacques Schwarz-Bart, Leïla Martial, Aaron Goldberg, Jacky Terrasson & Cécile McLorin Salvant, Thomas Enhco sont à l’affiche de cette 10ème édition. Daniel Humair en est l’invité d’honneur et, placé sous la direction du saxophoniste anglais Ben Cottrell, l’orchestre de la cérémonie, le Beats & Pieces Big Band est le vainqueur du European Young Artists’ Jazz Award 2011.

 

Aaron Goldberg Trio-Aaron Goldberg en trio au Duc des Lombards le 19 avec Omer Avital (contrebasse) et Ali Jackson (batterie), l’un des concerts évènements de décembre. Avec eux, le pianiste a enregistré “Yes !”, un disque épatant dans lequel, en grande forme, il privilégie le blues, fait chanter ses notes tout en n’oubliant pas d’émouvoir. Ancrée dans la tradition, leur musique profondément authentique semble avoir jailli spontanément. Une seule journée de studio a d’ailleurs suffi pour enregistrer les neuf morceaux de l’album. Oubliant leur technique, partageant des racines communes, les trois hommes s’expriment en toute simplicité et accordent la priorité au feeling.

 

Laura-Littardi.jpg-Laura Littardi de retour au Sunside le 20 avec le quintette qui l’entoure dans “Inner Dance”, un disque qu’elle a fait paraître en début d’année. Recueil de morceaux des années 70 habilement jazzifiés que l’on doit à Graham Nash, Neil Young, Stevie Wonder, il séduit par la fraîcheur de ses arrangements qui habillent autrement la musique. Chanteuse sincère et attachante à la voix d’alto, Laura compose aussi de bonnes chansons comme en témoignent le nostalgique Sunny Days, mais aussi Beautiful Flower et son rythme de bossa, deux des plages de ce nouvel album. On peut faire confiance à Francesco Bearzatti (saxophone et clarinette), Carine Bonnefoy (claviers), Mauro Gargano (contrebasse) et Guillaume Dommartin (batterie) pour porter cette voix attachante et l’aider à tenir ses promesses.

 

Henderson--Eddie.jpg-On retrouve l’infatigable Laurent De Wilde les 21 et 22 décembre au Sunside. Le club l’accueille avec Eddie Henderson, trompettiste avec lequel Laurent a enregistré un de ses meilleurs disques “Colors of Manhattan” réédité l’an dernier. C’était à New York en 1990. Ira Coleman (contrebasse) et Lewis Nash (batterie) en constituaient la rythmique. Celle dont ils vont disposer au Sunside ne sera pas ridicule, l’incontournable Darryl Hall (contrebasse) s’associant à Laurent Robin (batterie) pour rythmer une musique trempée dans le bop et le blues, piano et trompette s’entendant pour improviser, dialoguer et surprendre.

 Anne-Ducros.jpg

Également en décembre : Anne Ducros au Sunside les 26, 27 et 28 décembre. Elle n’a pas sorti de disque depuis “Ella… My Dear” en 2010, se fait discrète mais chante toujours avec swing, gouaille et gourmandise. Accompagnée par Christophe Laborde aux saxophones, Benoît de Mesmay au piano, Gilles Nicolas à la contrebasse et Bruno Castellucci à la batterie, elle reprend les chansons de Marylin Monroe.

 

Elisabeth Caumont © PDCEn janvier ne manquez pas le trio de Pierre Christophe (avec Raphael Dever à la contrebasse et Mourad Benhammou à la batterie) le 1er au Sunside. Le 3 c’est la belle Élisabeth Caumont qui investit le lieu avec Luca Bonvini (trompette) et Philippe Milanta (piano) pour chanter Duke Ellington. Dans le cadre de son French Quarter Festival (du 3 au 31 janvier), le Duc des Lombards invite l’éblouissante Virginie Teychené le 16, le René Urtreger Trio les 21 et 22, et le Nicolas Folmer & Daniel Humair Project (merci pour “Lights”) les 28 et 29.  

 Guirlande

-Centre Wallonie-Bruxelles : www.cwb.fr

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com

-Alhambra : www.alhambra-paris.com

-La Dynamo : www.banlieuesbleues.org

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Carré Belle-Feuille : www.boulognebillancourt.com

-Centre Culturel Italien : www.centreculturelitalien.com

-Espace Daniel-Sorano : www.espacesorano.com

-New Morning : www.newmorning.com

 

PHOTOS : Frederic Borey © Christophe Maroye – Patrice Caratini, Baptiste Herbin, Elisabeth Caumont © Pierre de Chocqueuse – Carmen Lundy © James St. Laurent – Laurent De Wilde © Sylvain Gripoix – Manuel Rocheman © Thibault Stipal / Naïve –  Laura Littardi © Aline Castejon Mélanie De Biasio, Aaron Goldberg Trio, Eddie Henderson, Anne Ducros © X./DR.

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27 novembre 2012 2 27 /11 /novembre /2012 09:19

Brad-Mehldau-c-PDC.jpgDIMANCHE 18 novembre

Chick Corea à Pleyel avec Christian McBride et Brian Blade. Ce dernier fut le contrebassiste de son Five Peace Band, quintette avec lequel il effectua deux tournées en 2008 et 2009. Le batteur de la première était Vinnie Colaiuta. En McBride a1992, Chick avait enregistré avec lui au Blue Note de Tokyo un album introuvable pour le marché japonais. Colaiuta indisponible en 2009, le pianiste engagea Blade qui apportait un drive différent, une manière bien à lui de rythmer le répertoire du groupe. Il fit de même à Pleyel, abordant les morceaux sous un angle rythmique différent, leur donnant ainsi une autre jeunesse. Le concert s’ouvrit sur une longue introduction abstraite, un foisonnement sonore sinueux qui vit surgir un thème et un tempo fluide. S’appuyant sur une contrebasse souple et ronronnante, Chick put alors attaquer ses notes avec une vélocité étonnante. On craignait un peu la virtuosité de McBride. N’allait-il pas trop Bladeen faire, entraîner Corea dans une surenchère d’arpèges, d’ornements décoratifs ? Que nenni ! Constamment à l’écoute, il intervint aux bons moments, nous régala de son timbre rond et chantant, d’un balancement rythmique confortable. L’homme pratique avec bonheur une walking bass qui dispense la main gauche du pianiste de trop marquer les basses des morceaux. En solo, il frotte ses cordes, les tire, donne relief et puissance à ses notes, en fait sonner les harmoniques. Le trio reprend des standards, les réinvente et les remet à neuf. Monk est ainsi déstructuré, remonté, repensé. Miles Davis également. All Blues devient ainsi méconnaissable, se pare d’un McBrideautre rythme et de nouvelles couleurs. La main droite mobile et bondissante du pianiste surprend par ses attaques inattendues, ses traits vifs et précis. Héritant d’une structure rythmique inédite, Armando’s Rhumba danse sur des rythmes impairs. Brian Blade n’enferme jamais les thèmes dans des tempos rigides. Il les aère par un jeu de cymbales plein de finesse, un drive délicat et coloré. Il prospecte, donne une nouvelle jeunesse à un répertoire qui ne connaît point l’usure.

 

MERCREDI 21 novembre

Brad-Mehldau-Trio-c-PDC.jpgRetour à Pleyel pour Brad Mehldau. Le pianiste s’est souvent produit en solo ces dernières années. Il retrouve son trio pour une tournée de quelques capitales européennes. Avec Larry Grenadier (contrebasse) et Jeff Ballard (batterie), il a Brad-Mehldau-c-PDC-copie-1.jpgsigné deux des disques les plus réussis de 2012, “Ode”, recueil de compositions originales, et “Where Do You Start” consacré à des standards, des enregistrements de 2009 et 2011 qui ne reflètent pas exactement les concerts actuels du trio. Brad change souvent de répertoire, compose et explore de nouveaux morceaux. L’un de ceux qu’il joue en rappel n’a pas encore de nom. Il reprend aussi des standards, mais aime surtout puiser les mélodies qu’il réharmonise dans la variété américaine et la musique pop. Son récital parisien débuta avec Great Day, une chanson de Paul McCartney, un extrait de “Flaming Pie” enregistré en 2007. Les aficionados du pianiste sont familiers de cet Jeff-Ballard-c-PDC.jpgéclectisme. Ils le savent capable de plonger dans un bain de notes bleues la mélodie qui lui parle, soit-elle de Nick Drake ou d’Elvis Costello. Brad reprend même une chanson sirupeuse de Tony Velona, Lollipops and Roses popularisé par Jack Jones en 1962. En trio, il laisse beaucoup jouer son bassiste, se fait discret pour mieux reprendre la main dans Cheryl, un thème de Charlie Parker qu’il aborde « à la Monk », ses longues lignes de blues étant portées par une contrebasse frémissante. Le blues, il en a plein les doigts. Il lui fait allégeance en interprétant Since I Fell for You de Buddy Johnson. Son piano se fait alors plus orchestral, acquiert une telle dynamique que Larry-Grenadier-c-PDC.jpgses deux complices le laissent achever seul une improvisation babélienne. Car c’est en solo que Brad Mehldau prend le plus de risques, s’approprie la musique pour la faire entièrement sienne. Un de ses morceaux Ten Tune, une pièce étrange, dissonante – Grenadier pas très juste à l’archet – s’y prêta. Ballard peina à trouver le tempo. Le bon rythme installé, le pianiste libéré installa une seconde ligne mélodique, improvisa avec passion de miraculeux voicings. En apesanteur, il rêva une musique qu’il acheva en solo. Capable de jouer des cascades de notes perlées, d’empiler des accords marmoréens, Brad peut aussi effleurer légèrement son clavier, prendre un chorus entier avec sa seule main gauche. Il le fit dans And I Love Her, balade somptueuse de John Lennon & Paul McCartney ornementée de basses puissantes, et dans une version dépouillée de Beatrice, un thème de Sam Rivers qu’affectionne aussi le pianiste Kevin Hays, attendu avec lui l’an prochain à Pleyel.

Photos © Pierre de Chocqueuse 

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