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3 mars 2012 6 03 /03 /mars /2012 10:00

  Stereo-Drive--cover_6.jpgUn gel à pierre fendre en février a longtemps cloîtré chez lui le brave Monsieur Michu. Sortir avec ce froid lui étant interdit, Jean-Paul lui a souvent rendu visite, lui apportant des disques qu’il a beaucoup appréciés, du jazz avec de vraies mélodies, des relectures de standards, du swing. Les Michu ne possèdent pas d’ordinateur, ne téléchargent pas. Ils s’approvisionnent chez les rares disquaires de la capitale qui survivent. Comme de nombreux amateurs, ils ne conçoivent pas de la musique sans un support physique. Un disque c’est aussi un objet, une pochette avec des photos, des notes de livret, une création graphique. Sa mort est annoncée et pourtant on réédite des vinyles à tour de bras. Certains labels misent pourtant sur le tout numérique. Bee Jazz a ainsi décidé de ne plus commercialiser de CD et de réserver la diffusion de sa musique à internet. Les Michu n'en auront plus l'accès. Circuit 24, le pilote retombé en enfance, ne se sent pas concerné. Il ne possède qu’une poignée de vinyles dont le “Stereo Drive” de Cecil Taylor. Non pour la présence de John Coltrane au ténor qui s’y dissimule sous le pseudonyme de Blue Train, mais pour sa pochette, une voiture de B. Wilen, Auto Jazzcourse qui le fait rêver. Son disque préféré  reste toutefois “Auto Jazz / The Tragic Destiny of Lorenzo Bandini” de Barney Wilen. Ses pétarades de moteurs surchauffés le mettent en extase. Il en a même agrandi la pochette qui recouvre un large pan de mur de son salon. Jean-Paul n’en apprécie pas la musique. Philippe Etheldrède non plus. Mais Bernard adore. Circuit 24 la lui a fait découvrir, et ils cherchent des subsides pour mettre sur pied un concert de moteurs. Au prix où est l’essence, nos deux farceurs n’ont peur de rien. Ils comptent se rendre à Aubervilliers écouter Motor City Remix, de la soul-funk-tecno-rap made in Detroit proposée par Banlieues Bleues dont le festival débute le 16. Éclectique, rempli de musiques telluriques fortement déconseillées aux Michu, sa 29e édition déconcerte. McCoy Tyner très fatigué n'étant malheureusement plus capable de jouer son piano, un seul concert m’interpelle en mars. La programmation d’avril est plus conséquente pour l'amateur de jazz bien que John Zorn ne rendra pas nos banlieues plus bleues. Pour ou contre JZ, la bataille fait rage sous un ciel gris, une conjoncture molle. Toutes ces choses donnent à penser, ce qui fatigue beaucoup la tête.  

 

Sachal VasandaniQUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

 

-Sachal Vasandani au Duc des Lombards le 3 (concerts à 20h00 et à 22h00). Il place subtilement sa voix de ténor léger sur les mélodies qu’il reprend et s’exprime avec une rare justesse. On a pu en juger en octobre dernier dans le même club. Des chanteurs de cette trempe ne sont pas légions, et Sachal interprète compositions personnelles, standards et thèmes empruntés à la pop avec un naturel déconcertant. Jeb Patton au piano, David Wong à la contrebasse et Peter Van Nostrand à la batterie accompagnent sa voix superbe. Produit par John Clayton,“Hi-Fly” son dernier disque est tout à fait recommandable.  

 

Susi-Hyldegaard-c-Nicola-Fasano.jpg-La grande et talentueuse Susi Hyldgaard au Sunside le 3 avec Jannik Jensen à la basse électrique et la batteuse blonde Benita Haastrup. Susi reprendra sûrement des morceaux de “Dansk” son nouvel album, au sein duquel quatre langues se chantent et se répondent. Jazz, pop, folk, la chanteuse danoise mélange les genres et les plie à un univers poétique qui lui appartient en propre. Bonne pianiste, elle pratique aussi la guitare et l’accordéon, trouve en elle des mélodies qui enchantent. On tombe vite sous le charme, envoûté par son chant, l’originalité de sa musique.

 

IF---Angelini--Falzone.jpg-Le même soir Bruno Angelini (piano) et Giovanni Falzone (trompette) donnent un concert au Triton (11 bis rue du Coq Français 93260 Les Lilas) pour fêter la sortie de “Songs Volume 2”, la suite de “Songs Volume 1” enregistré en 2006 et consacré aux compositions du trompettiste. Dans ce nouvel album du duo publié sous le nom d’IF, le pianiste nous offre les siennes, la trompette espiègle de Falzone conversant avec un piano romantique, l’humour pénétrant la musique pour lui donner un grain de folie appréciable, belles notes salies par le growl, le souffle de la vie.

Marcus-Strickland.jpg

 

-Marcus Stickland au Duc les 5 et 6 mars. Avec lui E.J. Strickland, son frère jumeau, batteur puissant et complice du jazz moderne que Marcus tisse avec bonheur avec ses saxophones (ténor, alto et soprano). Je ne sais rien des deux autres membres de ce quartette, David Bryant au piano et Ameen Saleem à la contrebasse, mais n’éprouve nul inquiétude quant à leur savoir-faire. Le saxophoniste sait très bien choisir ses musiciens et les laisse souvent jouer, construisant ainsi une véritable musique de groupe.

 

Guillaume-de-Chassy.jpg-Guillaume de Chassy vient de publier un nouvel album sur Bee Jazz. Le label a donc décidé de ne plus commercialiser de disques et de les proposer en téléchargement. Le disque de Guillaume est, paraît-il, le dernier à paraître en CD. Il fera l’objet d’une chronique dans ce blogdechoc, du moins si je le reçois et que j’en apprécie la musique. Dans Jazz Magazine / Jazzman, Ludovic Florin auquel j’ai confiance le trouve très beau, bien qu’éloigné du jazz « des reprises du “grand répertoire” de Schubert à Chostakovitch. » Il renferme aussi trois improvisations qui lui font penser à celles du trio que Jimmy Giuffre partageait avec Paul Bley et Steve Swallow. Je ne peux vous en dire plus, n’ayant pas écouté l’album. Vous pourrez toutefois découvrir ce jazz de chambre au foyer du théâtre du Châtelet le 8 mars à 20h00. Guillaume s’y produit avec Thomas Savy (clarinette et clarinette basse) et Arnault Cuisinier à la contrebasse, les musiciens de ce nouvel opus.

 

Moreau, Angelini, Gargano-Le 9 à 21h00, sur la péniche l’Improviste, située face au 35 quai de l’Oise, 75019 Paris, on retrouvera le pianiste Bruno Angelini avec Mauro Gargano (contrebasse) et Fabrice Moreau (batterie) pour jouer un autre répertoire, celui de leur album “So, Now ?…” disponible uniquement en téléchargement sur www.sansbruit.fr Outre quelques compositions originales, le groupe nous livre des relectures passionnantes de thèmes que l'on doit à Carla Bley, Bill Evans, Wayne Shorter, Thelonious Monk, un choix reflétant une esthétique que l'on ne peut que partager.

 

Kenny-Garrett-1.jpg-Kenny Garrett à Pleyel le dimanche 11 à 20h00. Il a été le dernier saxophoniste de Miles Davis, mais crée depuis longtemps sa propre musique.  On peut recommander “Songbook”, recueil de ses compositions datant de 2003. Dans “Seeds from the Underground” qui doit paraître courant en mars chez Mack Avenue (distribution Codaex), Garrett sonne parfois comme Pharoah Sanders. Il l’invite dans “Beyond the Wall”, un enregistrement de 2006 au sein duquel brillent Mulgrew Miller et Bobby Hutcherson. À Pleyel, Kenny Garrett sera accompagné par Benito Gonzalez au piano, Corcoran Holt à la contrebasse et McClenty Hunter à la batterie.

 

Duke-Orchestra-au-Palace.jpg-Les lecteurs de ce blogdeChoc savent déjà que le Duke Orchestra vient de sortir un nouveau disque live plein d’inédits et de bonne musique. Comment pourrait-il en être autrement, le répertoire d“Ellington French Touch” ayant été écrit par Duke Ellington ou son fidèle alter ego Billy Strayhorn. Dirigée par Laurent Mignard, la formation offre le meilleur d’elle-même lors de ses concerts. Vous ne manquerez donc pas celui qu’elle donnera le 12 à 20h30 au Palace, 8 rue du Faubourg Montmartre 75009 Paris.

 

Dress-Code-c-Ondine-Simon.jpg-Dress Code : je vous ai déjà parlé de ce groupe, vantant la qualité de sa musique qui n’est pas sans évoquer celle du second quintette de Miles Davis. Une bonne source d’inspiration pour les cinq membres de la formation, Olivier Lainey (trompette) Yacine Boulares (saxophones), Benjamin Rando (piano), Simon Tailleu (contrebasse) et Cédrick Bec (batterie). Leur premier album “Far Away” a enfin trouvé un distributeur et devrait être disponible dans les points de vente qui ont encore pignon sur rue. Il bénéficie d’une excellente chronique dans le nouveau numéro de Jazz Magazine / Jazzman. Un papier mérité car Dress Code affiche une stupéfiante maturité tant sur le plan de l’écriture que de l’expression. On se précipitera le 17 au Sunside pour s’en apercevoir.   

 

Wared-5tet.jpg-On ne change pas une équipe qui gagne. Après un premier disque remarqué en 2010 qui manqua de peu le Prix du Disque Français décerné par l’Académie du Jazz, le Wared Quartet devient un quintette et revient avec un nouvel album “Sex Toy” rempli de nouveaux morceaux. Il contient aussi des adaptations très réussies de Georges Brassens et d’Hubert-Felix Thiéfaine. Le groupe le présentera au Sunside le 22. Il comprend Edouard Bineau au piano, Daniel Erdmann aux saxophones ténor et soprano, Sébastien Texier au saxophone alto et à la clarinette, Gildas Boclé à la contrebasse et Arnaud Lechantre à la batterie.

 

Leila-Martial-c-J.J.-Pussiau.jpg-Comédienne ou chanteuse ? Leïla Martial mit du temps à choisir et opta pour un compromis, celui de jouer de sa voix comme d’un instrument. Le chant, elle en apprit la technique au collège de Marciac, puis au conservatoire de Toulouse. Sa passion de l’improvisation la conduisit naturellement vers le jazz. Longtemps fascinée par la virtuosité, elle apprit à s’en détacher pour mieux s’immerger dans la musique, recherchant l’émotion, la simplicité mélodique. Premier prix de soliste en 2009 au Concours de jazz de la Défense, Leïla Martial publie aujourd’hui “Dance Floor”, son premier disque officiel sur le label Out Note. Avec ses musiciens – Jean-Christophe Jacques (saxophones ténor et soprano), Laurent Charvoit (basse) et Eric Perez (batterie, sampling, voix) – , elle en fêtera la sortie le 23 au Sunside.

 

Andy-Sheppard-Trio-c-Malcolm-Watson.jpg-Andy Sheppard (saxophones ténor et soprano), Michel Benita (contrebasse) et Sebastian Rochford (batterie) le 28 à Tremblay-en-France dans le cadre du festival Banlieues Bleues. Leur trio porte le nom de leur album “Trio Libero” (ECM), car c’est en toute liberté que les trois musiciens pratiquent l’échange tout en laissant profondément respirer une musique intensément lyrique. Le groupe joue I’m Always Chasing Rainbows, quelques compositions de Sheppard, mais la plupart des morceaux du disque sont nés d’improvisations collectives et ont été peaufinés en studio. Un grand disque à découvrir sur scène, dans le feu de l’action.

 Walter Smith III © Ph. Etheldrède

-Walter Smith III fit ses armes auprès de Roy Haynes et de Terence Blanchard. Ténor puissant et volubile, il a enregistré live au Sunside en juillet 2008 un album brûlant avec le trompettiste Ambrose Akinmusire pour le label Space Time Records. C’est avec les musiciens de ce dernier que le saxophoniste retrouvera le Sunside le 31 mars (et le 1er avril). Avec Sam Harris au piano, Harish Raghavan à la contrebasse et Justin Brown à la batterie, on peut s’attendre à un bop moderne et stimulant, ces musiciens-là aimant prendre des risques.

 

 

Dernière minute : le pianiste Dominique Fillon et les musiciens de son quartette - Matthieux Chazarenc, Sylvain Gontard et Kevin Reveyrand - donneront un concert de jazz à la Sacem le 12 mars prochain afin de permettre la reconstruction du parc d'instruments d'une école de musique détruite près de Fukushima lors du tsunami de mars 2011. Concert gratuit. Dons libres. Réservations obligatoire au 06 77 13 37 86.

Pour la même cause, Dominique Fillon et ses musiciens donneront un concert au Billboard de Tokyo en avril. 

 

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Le Triton : www.letriton.com

-Théâtre du Châtelet : www.chatelet-theatre.com

-Péniche l’Improviste : www.improviste.fr

-Salle Pleyel : www.sallepleyel.fr

-Théâtre le Palace : www.theatrelepalace.com

-Festival Banlieues Bleues : www.banlieuesbleues.org


Crédits photos : Susi Hyldegaard © Nicola Fasano Bruno Angelini & Giovanni Falzone © Jérôme Prébois Dress Code © Ondine Simon – Wared © Arno Fougères – Leïla Martial © Jean-Jacques Pussiau – Andy Sheppard Trio Libero © Malcolm Watson / ECM – Walter Smith III © Philippe Etheldrède – Sachal Vasandani, Marcus Strickland, Guillaume de Chassy, Fabrice Moreau avec Bruno Angelini et Mauro Gargano © Pierre de Chocqueuse Bruno – Kenny Garrett © Photos X/D.R.

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27 février 2012 1 27 /02 /février /2012 09:15

DukeDeux disques consacrés à Duke Ellington paraissent le même jour (27 février) et soulèvent l’enthousiasme. Benoît Delbecq réinvente sa musique tout en l’intégrant à son propre univers. Le Duke Orchestra la restitue fidèlement et nous invite à découvrir de passionnants inédits, des pièces incomplètes que son chef, Laurent Mignard, a patiemment reconstituées.

 

Benoît DELBECQ : “Crescendo in Duke (Nato / L'autre distribution) 

B. Delbecq - Crescendo in Duke, coverRien ne laissait supposer que Benoît Delbecq consacrerait un disque entier aux compositions de Duke Ellington. Au cours de sa carrière, le pianiste n’a quasiment interprété que les siennes. Everything Happens to Me et Smile sont les seuls standards de sa discographie et c’est en tant que sideman qu’il les joue. Ce projet est donc inattendu. Tout comme l’est sa musique, car on peine à croire que l’on écoute son nouvel opus tant sa première plage, une version explosive et funky de Bateau, est proche du rhythm’n’blues. Comme trois autres morceaux de l’album, elle a été enregistrée à Minneapolis avec les Hornheads, souffleurs du NPG (New Power Generation) de Prince et une section rythmique. Les autres titres ont été enregistrés au studio de Meudon, avec trois saxophonistes appartenant à trois générations de musiciens : Antonin-Tri Hoang (né en 1989), Tony Malaby (né en 1964) et Tony Coe (né en 1934). Ce dernier fit deux disques avec Paul Gonsalves, le Duke’s man qui mit debout le festival de Newport en 1956 avec son interprétation de Diminuendo and Crescendo in Blue que Benoît reprend ici. Réunissant deux fidèles compagnons d’aventure du pianiste, Jean-Jacques Avenel à la contrebasse et Steve Argüelles à la batterie et aux effets électroniques, la section rythmique encadre des solistes qui travaillent sur une musique ouverte et lui apportent de nouvelles couleurs. Dans une interview récemment accordée à Stéphane Ollivier et publiée dans le numéro de février de Jazz Magazine / Jazzman, Benoît confie qu’ayant relevé toutes les parties orchestrales de ces quinze morceaux, il ne les a pas réorchestrés de manière rigide afin de permettre à ses musiciens d’y déposer leurs idées. Ses souffleurs utilisent plusieurs instruments : saxophone soprano et clarinette pour Coe ; soprano et ténor pour Malaby ; alto et clarinette basse pour Hoang. Leurs timbres se mêlent avec élégance, notamment dans Portrait of Mahalia Jackson (un extrait de la New Orleans Suite). Benoît Delbecq réserve The Spring et Fontainebleau Forest à son seul piano. Son jeu semble avoir assimilé celui, raffiné, d’Ellington qu’il décrit comme « un monde de danse, de chavirements et d’orfèvrerie sonore », l’instrument, préparé dans Portrait of Wellman Braud, lui conférant un aspect jungle et africain. On goûtera ses chorus dans Acht O’Clock Rock, dans Tina qu’il reprend en trio. Il se glisse avec sa musique dans celle du Duke et la réinvente sans la trahir.

 

Laurent Mignard DUKE ORCHESTRA : Ellington French Touch  

(Juste une Trace / Sony Music)

Duke Orchestra - Ellington French Touch, coverLaurent Mignard prend son temps pour soigner et faire revivre la musique de Duke Ellington. Le précédent disque de son Duke Orchestra date de 2009. C’est peu pour une formation mise sur pied il y a bientôt dix ans. Chaque concert lui offre la possibilité d’en corriger les imprécisions, d’en affiner la mise en place. Son orchestre de quinze musiciens montre sa vraie valeur sur scène, face à un public qui en apprécie le swing et les couleurs. Ce nouvel album a donc été enregistré live, à l’Auditorium Henri Dutilleux de Clamart. Il rend parfaitement justice à ce big band que nous envie l’Amérique et qui, loin d’être un simple orchestre de répertoire, propose des œuvres inédites. A partir des partitions originales qu’il relève, son chef complète et parachève des pièces inachevées. Consacré aux créations françaises du Duke, cet “Ellington French Touch” en contient un certain nombre, à commencer par trois pièces manquantes de la Goutelas Suite composées en 1971. L’une d’elles, Goof, met particulièrement en valeur le piano ellingtonien de Philippe Milanta. D’autres inédits proviennent du film “Paris Blues”. Ellington en composa la musique au début des années 60. Comme l’explique en détail Claude Carrière dans les notes passionnantes du livret, le générique qu’en donne Laurent combine celui du disque à celui du film. Le thème est également décliné un ton plus haut et habillé de nouvelles couleurs dans Paris Blues - Alternate Bed dont la partition a été retrouvée dans  les archives de la Smithsonian Institution de Washington. Ce nouveau disque renferme aussi l’intégralité de la musique qu’Ellington et Billy Strayhorn son alter ego composèrent pour “Turcaret” à la demande de Jean Vilar qui dirigeait alors le TNP. Retranscrite à partir d’une bande magnétique passablement abîmée, cette musique de scène apparaît pour la première fois sur disque. Duke Ellington aimait la France et appréciait le public parisien qui plébiscitait ses concerts. Un de ses albums s’intitule d’ailleurs “A Midnight in Paris”. C’est aussi une composition de Strayhorn reprise ici, « quatre minutes de dialogue entre le piano et un orchestre chatoyant » commente Claude Carrière. Le Duke connaissait aussi les chansons populaires que chantaient Edith Piaf, Yves Montand, Henri Salvador, Maurice Chevalier. Il en enregistra quelques-unes : Sous le ciel de Paris, Non je ne regrette rien, Clopin-clopant. Le Duke Orchestra les reprend ainsi que The Good Life dont Sacha Distel fit un tube dans les années 60. Une belle vie que nous promet l’écoute de cet album, un grand plein de bonheur.  

  

Le Duke Orchestra donnera un concert au Palace (8, rue du Faubourg Montmartre 75009 Paris), le 12 mars prochain à 20h30.

 

Duke Ellington © X/D.R.       

 

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22 février 2012 3 22 /02 /février /2012 09:11

Michel-Petrucciani---Erlinda-Montano-Hiscock.jpgLes Editions Montparnasse mettent en vente depuis le 7 février le DVD du film que Michael Radford (1984, White Mischief, Il postino) consacre à Michel Petrucciani. En juin 2011, peu avant sa sortie en salle, il fut projeté à la SACEM en présence du réalisateur britannique, mais aussi de quelques-unes des nombreuses personnes dont les témoignages nourrissent ce passionnant documentaire. Grâce à eux se dessine un portrait fidèle du musicien dont la carrière fut aussi brève qu’exceptionnelle. Né à Orange en 1962, atteint d’une grave maladie des os qui limita sa taille à 91 centimètres, il décédait en 1999 à l’âge de trente-six ans, souffrant d’un vieillissement physique accéléré, épuisé par de trop nombreux concerts. Edités sur Owl Records et produits par Jean-Jacques Pussiau, ses premiers disques témoignent de la maturité d’un pianiste lyrique et impétueux influencé par Bill Evans, mais dont le toucher délicat au service de la ligne mélodique se combinait à une attaque puissante de la note. Michel rêvait de l’Amérique, la terre sur laquelle le jazz était né. À Big Sur (Californie), il rencontra Charles Lloyd qui ressortit son saxophone longtemps délaissé pour jouer avec lui. Installé à New York, les plus grands jazzmen l’adoubèrent. Après deux disques pour George Wein, dont un en solo enregistré au Kool Jazz Festival, les disques Blue Note accueillirent le pianiste. Michel enregistra avec Jim Hall, Wayne Shorter, Roy Haynes, Joe Lovano (“From the Soul” sous le nom de ce dernier). “Pianism” (décembre 1985) est probablement le meilleur album de cette période. Rentré en France après d’innombrables concerts et tournées, Michel signa avec le label Dreyfus. Ceux qu’il réalisa pour lui ne sont pas tous réussis, malgré deux belles rencontres avec Eddy Louiss et Stéphane Grappelli. Mieux vaut écouter les enregistrements qu’il effectua pour Owl, avec Lee Konitz dans le fascinant “Toot Sweet”, ou en solo, “Oracle’s Destiny” dédié à Bill Evans.     

 

Sachant qu’il n’allait pas vivre très vieux, Michel goûta pleinement à la vie, en quatrième vitesse, pour reprendre le titre du film de Robert Aldrich. Il craignait la mort, mais voulait tout essayer, s’investissant à fond dans ce qu’il entreprenait. Il aimait beaucoup les femmes, en épousa plusieurs et eut une vie sentimentale tourmentée. Toutes parlent de lui avec nostalgie et tendresse. J’avais fait sa M.-Petrucciani-c-Ph.-Etheldrede.jpgconnaissance au début des années 80, rue Lliancourt, dans le petit bureau que Jean-jacques Pussiau partageait avec Geneviève Peyregne, son agent à l’époque. Nous nous revîmes, à Paris avec Aldo Romano son porteur attitré, au Festival de jazz de Montréal, à l’Archéo Jazz de Blainville-Crevon en Normandie. Nos rapports furent toujours amicaux. Michel, pas commode avec les gens qu’il n’aimait pas, avait ses défauts, mais était profondément humain. Lors de notre dernière rencontre, il avait beaucoup grossi. Grâce à des interviews, à des images d’archives et à de nombreux films d’amateurs, Michael Radford parvient à faire revivre ce drôle et talentueux petit bonhomme, nous fait à nouveau entendre sa voix, son rire, son langage et donne grande envie d’écouter sa musique.

 

“Michel Petrucciani” de Michael Radford – 1 DVD Editions Montparnasse. Durée du film 1h39.

 

CREDITS PHOTOS : Michel Petrucciani & Erlinda Montano Hiscock à Big Sur © X/D.R. - Michel Petrucciani, photo noir & blanc © Philippe Etheldrède

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17 février 2012 5 17 /02 /février /2012 01:00

JP-Mas--Juste-Apres--cover.jpgOn le suit depuis longtemps, depuis cette rue de Lourmel qui porte le nom de son disque le plus célèbre, un des premiers produit par Jean-Jacques Pussiau qui venait de créer Owl Records et nous le fit connaître. C’était en 1976. Jean-Pierre Mas jouait alors en duo avec Cesarius Alvim. D’autres albums ont suivi et avec eux le temps qui passe et nous fait oublier. La scène du jazz, Jean-Pierre s’en est un peu écarté, composant pour des films qu’il sait vêtir de son pour les rendre plus beaux. Il n’a pourtant jamais oublié ses amis, les invitant à partager sa passion pour la musique. L’un d’entre eux, Aldo Romano, a écrit un court texte pour ce nouvel album, pour lui, son plus réussi. Il a probablement raison. Le pianiste tend ici les paumes de ses mains à d’invisibles tambours, des rythmes qu’il confie à des musiciens qualifiés pour les faire danser. Avec Sylvain Marc à la basse électrique et Xavier Desandre à la batterie et aux percussions, ses compositions héritent de couleurs tropicales. Construit sur un ostinato, Bâton dansant donne envie de danser dans les rues de Rio ou de Puerto Rico. La basse funky de Sylvain Marc, la vitalité d’Eric Seva soufflant des notes brûlantes au ténor, le martèlement percussif de Desandre, on entre dans ce disque avec joie, tant le bonheur qu’il communique est palpable. Car même dans des pièces aux rythmes chaloupés, Los Lilas, morceau afro-cubain, ou l’irrésistible Rumba pompon, le pianiste n’oublie jamais d’y mettre des mélodies. Le rythme se fait chair autour de vrais thèmes et lorsque, surfant en cadence sur le flux et le reflux de leurs vagues, le piano danse et se déhanche, il fait aussi des yeux doux. “Juste après” privilégie autant les ballades que les plages de notes qui tanguent en plein soleil. J’aime beaucoup Un peu, un grand plein de tendresse. Eric Seva en cisèle la mélodie délicate, la rend tendre et sensuelle. Juste après est plus mélancolique. Il donne son nom à ce nouvel album, la juste suite de “Juste avant”, disque de 2010 enregistré avec une autre rythmique. Jean-Pierre le reprend en boléro, lui donne un aspect nostalgique. Il possède un phrasé élégant, un beau toucher et en fait profiter sa musique. Les trois pièces en solo bénéficient de ses tendres couleurs harmoniques. Rue de l’aqueduc et Danse avec les mots séduisent par leur simplicité. Jean-Pierre Mas fait chanter ses notes, et comme au cinéma, installe le rêve au fond des yeux. On remet vite le disque pour en voir les images.  

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13 février 2012 1 13 /02 /février /2012 09:13

Tord Gustavsen, gdeSAMEDI 4 et DIMANCHE 5 février

On attendait depuis longtemps Tord Gustavsen à Paris. La Maroquinerie l’avait programmé en trio en juin 2007. L’an dernier, seul le Grand T de Nantes avait eu la bonne idée de l’accueillir. Sa venue au Sunside pour trois concerts – deux le samedi, un seul en deux sets le dimanche – constituait donc un événement. Le -The-Well---cover.jpgpianiste norvégien vient de publier “The Well”, un album en quartette, son premier, bien que l'admirable “Restored, Returned”, son disque précédent, contienne des plages en solo, duo, trio, la présence de Kristin Asbjørnsen dans certaines plages transformant le groupe en quintette. Si celle-ci ne chante pas dans “The Well”, on y retrouve Mats Eilertsen à la contrebasse et Jarle Vespestad à la batterie, sa section rythmique habituelle, mais aussi Tore Brunborg dont le saxophone tient une place importante. Tous avaient fait le voyage. Avec eux, un cinquième homme pour s’occuper du son, rendre intimiste les échanges entre les membres du groupe, les moindres nuances qu’ils expriment par leurs instruments. Habituée à jouer dans des salles plus importantes, la formation découvrit au Sunside un public attentif à sa musique, des berceuses, des cantiques, des hymnes dont on peut fredonner les airs, mais qui s’écoutent et favorisent le silence. Certaines pièces de “The Well” ont même été écrites pour l’Oslo International Church Music Festival. Leur simplicité impressionne et c’est une salle Tord Gustavsen bandrecueillie qui, les deux soirs, écouta avec ferveur de nombreux extraits de l’album, des morceaux subtilement teintés de gospel joués par un pianiste dont le blues reste très présent dans le phrasé. Soignant les couleurs de ses voicings, Tord économise ses notes et les fait respirer. Son approche harmonique exprime l’intériorité, la profondeur de la musique qu’il fait chanter à son piano, musique que Tore Brunborg approche lui aussi sous un angle mélodique. Son saxophone met en valeur les thèmes, ceux de la Suite ou celui, magnifique, d’On Every Corner. Leurs mélodies lyriques portent en elles un groove discret, toujours sous-tendu, davantage marqué dans Playing, The Swirl – une danse propre au folklore norvégien – et The Gaze, ces deux dernières pièces provenant de “Restored, Returned”, l’album précédent du pianiste. L’office du dimanche s‘acheva dans le plus grand silence sur un émouvant Kyrie que le groupe n’a pas encore enregistré. L’émotion se lisait sur les visages à la sortie des concerts. Malgré un froid polaire, les gens heureux bavardaient, faisaient connaissance. Ils avaient communié à la même table musicale et, comme les invités du “Festin de Babette”, en sortaient transformés.

 

Jamal--Riley--Badrena--gde.jpg

JEUDI 9 février

Un théâtre du Châtelet archi-plein pour Ahmad Jamal qui nous revient avec un nouveau disque et une nouvelle section rythmique. Membre du Lincoln Center Orchestra que dirige Wynton Marsalis, Reginald Veal remplace James Cammak à la contrebasse, vingt-sept ans de bons et loyaux services auprès du A-Jamal--Blue-Moon--cover.jpgpianiste. Ahmad a également engagé un nouveau batteur. Herlin Riley a lui aussi beaucoup joué avec Marsalis. Herlin et Reginald rythment “Blue Interlude”, “Citi Movement”, Blood on the Fields”, de grandes réussites du trompettiste. Ils se connaissent et sont prompts à réagir aux désirs de leur nouvel employeur. Ce dernier peut s’appuyer sur eux, caler son jeu sur la pulsation soutenue de son batteur, les rythmes précis de son bassiste. Même avec une nouvelle équipe et une basse plus funky sa musique ne change pas. Contrebasse et batterie lui offrent un tapis rythmique aux mailles très tendues. Le groove reste au cœur de l’action et Ahmad en surveille les nuances. Il surveille, donne des ordres. A sa demande, Manolo Badrena fignole aux percussions, assouplit ou durcit les rythmes, improvise même davantage que ses camarades constamment sous contrôle. Le pianiste n’a plus qu’à improviser sur les mélodies qu‘il s’est choisies. “Blue Moon” son excellent nouvel album (Jazz Village / Harmonia Mundi) en contient de nouvelles. Ses Jamal, Veal, Rileyaccords sèchement plaqués, ses notes perlées dans l’aigu du piano, ses silences inattendus leur donnent dynamique et mouvement. Les standards qu’il reprend bénéficient également de son jeu orchestral. Blue Moon, Invitation, Laura, revivent avec beaucoup d’originalité sous ses doigts. Exploitant toute l’étendue de son clavier, disposant d’une main droite percussive, d’une main gauche caressante, Ahmad donne poids et relief à ses notes, esquisse des thèmes, déroule de brusques cascades d’arpèges ou, allusif, cultive la litote, laissant ainsi ses musiciens combler ses silences. Malgré un problème de mise en place qui affecta quelque peu sa version de Gypsy, ce concert fut royal avec un pianiste visiblement heureux de jouer avec de nouveaux musiciens installant swing et feeling dans sa musique, le souple balancement de Poinciana joué en rappel, nous redonnant courage pour affronter l’hiver.

Photos © Pierre de Chocqueuse

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8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 09:20

Susi-Hyldgaard-c-Nicola-Fasano--a.jpgQuatre chanteuses, un quartette porté par un chanteur, la voix, instrument capable de faire frémir les mots de l’âme, est à l’honneur dans ce blogdechoc. Comme le rappelait récemment Michel Sardaby, « le chant est la racine, l’essence de toute musique. » En Norvège, au Conservatoire de Trondheim dont Tord Gustavsen suivait les cours, les professeurs enseignent le chant, apprennent aux élèves à improviser vocalement avant de les mettre au piano. 

 

Malia--blackorchid---cover.jpgOn savait Malia attirée par le jazz. Jackie Terrasson l’a invitée l’an dernier à rejoindre son trio sur la scène de la Maison de la Culture de Clermont-Ferrand dans laquelle se déroule le festival Jazz en Tête. Ses enregistrements relèvent de la soul, mais cette chanteuse originaire du Malawi aime aussi Nina Simone « une orchidée noire, mystérieuse, belle, puissante… ». Elle la célèbre dans “Black Orchid” , puisant dans ses ballades. Nina chantait Billie Holiday, Jacques Brel, George Gershwin, Randy Newman. Malia fait de même, et sa voix grave, sensuelle, un peu rauque bouleverse dans Don’t Explain, If You Go Away (version anglaise de Ne me quitte pas), I Love you Porgy et Baltimore. Si les tempos sont lents, langoureux, l’orchestration minimaliste de l’album n’en reste pas moins subtile. Au piano, à l’orgue (dans I Put a Spell on You) ou avec une kalimba, Alexandre Saada pose de tendres et magnifiques couleurs sur la musique. Daniel Yvinec y dépose les sons cristallins d’un vibraphone modèle réduit. Jean-Daniel Botta (guitare et contrebasse) et Laurent Sériès (batterie, kas kas) contribuent discrètement aux arrangements de ce disque émouvant.

 

Christelle-Pereira---The-Maestro--cover.jpegChristelle Pereira aime le jazz classique, les standards que les jazzmen ont depuis longtemps adoptés. Elle apprécie également le bop et “The Maestro(s) ”, son second disque, comprend des thèmes de Cedar Walton et de Sonny Stitt dont elle reprend en scat Eternal Triangle. Chanteuse d’expérience, elle s’est souvent produite au Caveau de la Huchette et au Jazz Club Lionel Hampton avec le Bad Boys Big Band que dirige Claude Tissendier. Christelle a aussi travaillé avec Stan Laferrière qui a signé les arrangements d’“Opus One” son album précédent, et avec Jean-Loup Longnon qui n’a pas l’habitude d’engager des chanteuses débutantes. La large tessiture de sa voix lui permet de prendre des risques, de nous offrir des versions personnelles de thèmes qu’elle affectionne. Avec elle, Dado Moroni, pianiste sensible et stimulant, dont les notes chatoyantes posent le swing au cœur de la musique. Michel Rosciglione à la contrebasse et Philippe Soirat à la batterie assurent un accompagnement parfait dans cinq plages de l’album.

 

Laura-Littardi---Inner-Dance--cover.pngInner Dance”, second disque de Laura Littardi, chanteuse italienne installée en France depuis 1987, séduit par la fraîcheur de ses arrangements. Bénéficiant de nouvelles harmonies, d’autres tempos, on peine à reconnaître Old Man (Neil Young), Another Star, Higher Ground et Isn’t she Lovely (Stevie Wonder), Carried Away (Graham Nash). Des morceaux des années 70 que Laura réinvente, jazzifie avec malice. Carine Bonnefoy apporte les riches couleurs de ses claviers. Francesco Bearzatti assure chorus et obbligatos dans cinq plages dont une version décoiffante et improvisée de Proud Mary, l’un des grands tubes de Creedence Clearwater Revival. Pour le chanter, Laura adopte une voix expressive qui flirte avec le cri, et parvient à nous faire complètement oublier l’original. Elle compose aussi de bonnes chansons, son nostalgique Sunny Days, mais aussi Beautiful Flower pris sur un rythme de bossa, s’intégrant parfaitement à cette sélection. Autre bonne idée, la présence de Mauro Gargano dont la contrebasse chantante et mélodique donne une belle assise à la musique. Guillaume Dommartin et Fabrice Moreau se partagent la batterie dans un disque qui confirme le talent d’une chanteuse sincère et attachante.

 

S.-Hyldgaard--Dansk---cover-copie-1.jpgLa danoise Susi Hyldgaard surprend et enchante par la diversité et l’originalité de ses disques. Elle soigne leurs orchestrations et possède un univers qui ne rentre dans aucune catégorie précise. Susi manqua de peu le Prix du Jazz Vocal de l’Académie du Jazz pour “Homesweethome” en 2003. La parution de“Blush”, son quatrième album, au sein duquel la musique électronique tient une place importante, étonna en 2005. Après le somptueux “It’s Love We Need” avec le NDR Big Band arrangé par Roy Nathanson et Bill Ware des Jazz Passengers en 2008, elle vient de publier une petite merveille d’intelligence et de sensibilité musicale. “Dansk” (Danois), travail de studio étalé sur deux ans, entremêle quatre langues : le danois, l’anglais, le français et l’allemand. S’aidant du re-recording et utilisant des samples, Susi les superpose, donne de la poésie à ses morceaux et du swing à se mots. Certains titres portent ainsi des noms français. Jazz, pop, folk, difficile de situer ce disque en partie enregistré dans son home studio et dans lequel, outre du piano, elle joue de nombreux claviers, de l’accordéon et même de la guitare. Avec elle, Jannick Jansen qui l’accompagne depuis longtemps à la basse électrique, Benita Haastrup sa jolie batteuse blonde, Freja Emilie et Emma Scheuer Hyldgaard pour d’autres voix. Celle de Susi envoûte. La chanteuse compose des mélodies entêtantes, les enveloppe d’harmonies délicates et les saupoudre d’électronique, parvenant à leur transmettre sa sensibilité d’artiste. Le Sunside l'accueillera le 3 mars prochain avec son trio.

 

Mild Dream Je ne savais rien de Mild Dream, avant que Kevin Norwood, leur chanteur, ne me fasse parvenir “Real Brother”, un disque consacré au répertoire de Jeff Buckley. Né en 1966, décédé en 1997 à l’âge de 30 ans, ce dernier fascina toute une génération par sa voix couvrant quatre octaves, ses compositions et ses reprises. Sa version d’Hallelujah de Leonard Cohen est plus émouvante que l’originale. Cette chanson, vous ne la trouverez pas dans ce disque. Le groupe la joue lors de ses concerts, l’offre en cadeau à ceux qui se déplacent. Porté par la voix de baryton Martin de Norwood qui rappelle celle de Buckley, bénéficiant de la palette harmonique de Vincent Strazzieri au piano, de la solide contrebasse de Fabien Gilles qui a arrangé tous les morceaux, et du drumming raffiné et précis de Cedrick Bec (Christophe Leloil, Dress Code), ce second opus de Mild Dream crée la surprise. Le groupe cherche un distributeur. Contact :  kevin.norwood86@gmail.com

 

-MALIA : “Black Orchid” (EmArcy / Universal)

-Christelle PEREIRA : “The Maestro(s) ” (Dzess Music /www.christellepereira.com )

-Susi HYLDGAARD : “Dansk”  (Yellowbird / Harmonia Mundi)

-Laura LITTARDI : “Inner Dance” (Great Winds / Musea)

-MILD DREAM : “Real Brother” (Terre Musique /www.milddream.com )

 

Photo de Susi Hyldgaard © Nicola Fasano

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2 février 2012 4 02 /02 /février /2012 10:00

Intimacy-by-Thomas-Blackshear.jpgGalette des rois chez les Michu le dimanche 8 janvier, jour de l’Epiphanie. Avec eux, Bajoues Profondes et Jean-Paul que mes lecteurs connaissent bien. Invité lui-aussi, Jacques des Lombards me présenta Circuit 24, un ancien pilote automobile amateur de jazz retombé en enfance. Héritant de la fève, Jean-Paul s’empara de la N.-Payton--Bitches-cover.jpgcouronne. Il apportait “Bitches”, le nouveau disque de Nicholas Payton que Philippe Etheldrède également présent s’est empressé de diffuser dans Jazz à Fip. Surprise, le trompettiste de la Nouvelle-Orléans remplit sa musique de soul, chante, joue tous les instruments et offre à Esperanza Spalding et à Cassandra Wilson de belles parties vocales. « On dirait un disque de Stevie Wonder » s’exclama Madame Michu qui nous sortit d’un placard “Fulfillingness’ First Finale”, l’un des grands opus de Stevie. Circuit 24 qui s’était jusque-là contenté de reproduire des bruits de moteur avec sa bouche exhiba alors de son Robert-Glasper--Black-Radio--cover.jpgblouson d’aviateur “Black Radio”, nouvel opus du pianiste Robert Glasper qui mêle allègrement soul, hip hop, et même rap, dans un festival de couleurs et de rythmes. Ces deux disques, Frédéric Goaty les chronique dans le nouveau Jazz Magazine / Jazzman. Bien vu Fred ! Ragaillardi par cette soul music festive, le couple Michu accompagné de Jean-Paul s’est finalement déplacé au concert privé que donnait Herbie Hancock à l’UNESCO le 30 janvier, pour lancer les célébrations du quarantième anniversaire de la Convention du patrimoine mondial. Le pianiste en profita pour confirmer  la date de la première Journée Internationale du Jazz, le 27 avril, sous l’égide de cette institution. Accompagné par la craquante Esperanza Spalding à la contrebasse, une vraie musicienne, Herbie joua How Deep is the Ocean, River de Joni Mitchell, Maiden Voyage et Cantaloupe Island. Une prestation un peu gâchée par un batteur people qui, incapable de bien jouer cette musique, de tenir les bons rythmes, la surchargea de coups de baguettes inutiles.

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

 

Mark-Murphy-c-Mitja-Arzensek.jpg-Mark Murphy au New Morning le 2 avec un trio, piano / contrebasse / batterie pour l’accompagner. Je ne peux vous communiquer leurs noms, le site du New Morning ne donnant pas d’autres indications sur ce concert. Plus très jeune, il aura 80 ans le 14 mars prochain et, malgré une voix moins assurée, reste l’un des grands chanteurs de jazz des années 60. Développant une technique d’improvisation très personnelle, il se montra le digne héritier de King Pleasure et d’Eddie Jefferson. Pour vous convaincre, écoutez “Rah”  (1961) arrangé par Ernie Wilkins et “Midnight Mood” (1967) superbement arrangé par Francy Boland, deux de ses meilleurs opus.

 

Thomas-Enhco.jpg-Musicien sincère et attachant, Thomas Enhco prend le temps de peaufiner son art pianistique. Le Sunside l’accueille le 2 et le 3 avec son trio, Chris Jennings à la basse et Nicolas Charlier à la batterie. Merci à Stéphane Portet qui nous permet de l’entendre souvent. Bientôt, de grandes salles plébisciteront un pianiste reconnu à sa juste valeur. Son prochain disque risque de surprendre. Normal, Thomas n’a-t-il pas surpris le jury du dernier Concours de Piano Jazz Martial Solal qui, enthousiaste, l’a gratifié du troisième prix ?

 

S.-Howard---Black-Label-Swingtet.jpg-Nourrie aux sources du gospel et du blues, Sylvia Howard, excellente chanteuse d’Indianapolis installée à Paris depuis plusieurs années, a rejoint il y a quelques mois le Black Label Swingtet qu’anime Christian Bonnet au saxophone ténor. Avec lui Georges Dersy à la trompette, Jean- Sylvain Bourgenot au trombone, Antoine Chaudron également au ténor, Jacques Carquillat au piano, Jean de Parseval à la basse électrique et Alain Chaudron à la batterie. La formation se produira le 3 au Petit Journal Montparnasse. Au programme, des standards, du swing, une musique généreuse et audible que le couple Michu applaudit des deux mains.

 

Vijay-Iyer-cDR.jpg-Les pianistes Vijay Iyer et Craig Taborn en duo le 4 dans la salle des fêtes de l’Hôtel de Ville de Saint-Mandé (16 heures) dans le cadre du Festival Sons d’Hiver. L’un comme l’autre a un remarquable album solo à son actif. Vijay Iyer aime les notes tumultueuses, les accords dissonants. L’univers sonore de Craig Taborn est également abstrait, mais ses improvisations peuvent se faire rêveuses et romantiques. Pas évident pour deux pianistes de jouer ensemble, de faire naître une seule musique lorsqu’on ne pratique pas le même piano. Les deux hommes ont joué dans l’orchestre de Roscoe Mitchell et leur duo laisse espérer tous les possibles.  

 

ECM.jpg-Ne manquez surtout pas le quartette de Tord Gustavsen au Sunside les 4 et 5 février. Son piano trempé dans le blues, Tord publie un 5ème enregistrement sur ECM, “The Well”, un florilège de mélodies simples influencées par les vieux hymnes protestants des pays scandinaves. A son trio habituel, Mats Eilertsen (contrebasse) et Jarle Vespestad (batterie) s’ajoute Tore Brunberg dont le saxophone ténor sonne un peu comme celui de Jan Garbarek, Tore ayant comme lui une approche mélodique de l’instrument. On lira la chronique de l’album dans le Jazz Magazine / Jazzman de février qui vient de Duke Ellingtonparaître, un Choc assurément.

 

-Seconde partie de la conférence de Philippe Baudoin consacrée aux mystères des compositions ellingtoniennes au Collège des Bernardins le 6 à 19h00. En date du 7 février 2011, la précédente s’était révélée passionnante. Sérieux, érudit, mais surtout clair dans ses explications, Philippe connaît à fond son sujet. On se précipitera 

Mark-Turner.jpg

 

-Mark Turner, le saxophoniste de Fly dont on attend le nouvel album en avril, au Duc des Lombards le 6 et le 7 à la tête d’un quartette inédit. Outre Joe Martin à la contrebasse (il accueille Brad Mehldau et Chris Potter dans son dernier disque “Not By Chance”) et Marcus Gilmore le batteur du trio de Vijay Iyer, le saxophoniste a choisi de dialoguer avec Avishaï Cohen, un trompettiste de haute volée membre du fameux S.F. Jazz Collective. N’hésitez pas à vous déplacer pour découvrir le jazz moderne et inventif de ces quatre musiciens qui excellent dans l’échange.

 

Ahmad-Jamal-c-Jacques-Beneich.jpg-Ahmad Jamal au Théâtre du Châtelet le 9. Avec Reginald Veal (contrebasse), Herlin Riley (batterie) et Manolo Badrena (percussions), le pianiste vient jouer “Blue Moon” (Jazz Village), son nouvel album paru deux jours plus tôt. On ne présente plus cette légende vivante qui en 1951 fonda le trio qui le rendit célèbre. Aujourd’hui âgé de 81 ans, Ahmad reste un sage dont la modernité de la musique ne cesse d’étonner. Très réussi, son nouvel opus renferme quelques standards qu’il interprète à sa manière sur une trame harmonique et rythmique qui est sa marque de fabrique, mais aussi des compositions nouvelles au sein desquelles le funk est plus marqué que d’habitude. Le grand changement reste toutefois le départ de James Cammack remplacé par Reginald Veal après vingt-sept ans de bons et loyaux services. Enrichie par une tension, un mouvement permanent, la musique d’Ahmad Jamal conserve intacte sa fraîcheur.

 

Alexis-Tcholakian.jpg-Alexis Tcholakian au Sunside le 15 avec Felipe Cabrera à la contrebasse et Lukmil Perez à la batterie dans un programme consacré aux compositions de Michel Petrucciani. Pianiste secret aux harmonies raffinées et élégantes, Alexis s’inspire beaucoup de Bill Evans dont la musique transparaît dans son jeu de piano. Michel appréciait beaucoup Bill. Dédié à ce dernier, son disque “Oracle’s Destiny” en témoigne plus spécialement. Reprendre le répertoire de Petrucciani c’est se rapprocher d’Evans, relier entre-elles des musiques qui se suivent et se nourrissent mutuellement.

 

Steve-Kuhn.jpg-Après s’être produit au Duc en février 2011, Steve Kuhn nous rend à nouveau visite, le New Morning l’accueillant le 14 en quartette. Il retrouve David Finck son bassiste habituel – Dean Johnson le remplaçait l’an dernier – , conserve Joey Baron son batteur et s’adjoint Donny McCaslin au saxophone. Influencé par Bud Powell et Bill Evans, Kuhn peut aussi bien jouer un piano aux harmonies ancrées dans la tradition du bop que du jazz modal. Son jeu lyrique ressemble alors à celui de McCoy Tyner. Il rend d’ailleurs hommage à John Coltrane dont il fut quelques mois le pianiste dans son dernier enregistrement pour ECM (“Mostly Coltrane”, 2009). CONCERT ANNULÉ

 

Jim-McNeely.jpgRiccardo-Del-Fra.jpg-Jim McNeely ne vient pas non plus très souvent. La dernière fois c’était en mars 2009 au Sunside, club qu’il retrouve le 15 au sein d’un trio comprenant Ariel Tessier à la batterie et son complice Riccardo Del Fra à la contrebasse. Ce dernier l’avait alors invité à animer une master class au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris (cnsmdp) qu’il dirige. Remarquable pianiste privilégiant les lignes mélodiques qu’il aime fluides et aérées, McNeely est aussi un arrangeur qui travaille depuis quelques années avec de grands orchestres européens. Il fut le pianiste du Thad Jones / Mel Lewis big band, de Stan Getz et de Phil Woods. Autant de bonnes raisons de venir l’écouter.

 

Delbecq-Band-c-Igor-Juget.jpg-Au croisement du jazz et d’autres musiques, Benoît Delbecq est un des rares pianistes à posséder un langage original. Adepte du piano préparé, créateur de sons et d’univers sonores, il ne joue quasiment jamais de standards, préférant improviser une musique neuve dont les points d’ancrage avec l’Afrique sont nettement perceptibles. Enregistré en sextette “Crescendo in Duke” son nouveau disque est pourtant entièrement consacré à Duke Ellington. Il en jouera la musique le 16 au Théâtre Antoine Vitez d’Ivry dans le cadre du Festival Sons d’Hiver. Avec lui, les musiciens de l’album, trois souffleurs Tony Coe, Tony Malaby et Antonin Tri-Hoang (saxophones et clarinettes basse) auxquels s’ajoutent deux compagnons de longue date, Jean-Jacques Avenel (contrebasse) et Steve Argüelles (batterie et électroniques).

 

Bobby-Few.jpg-Thelonious Monk nous a quitté il y a 30 ans, le 17 février 1982. Du 17 au 22, le Sunside le fête en invitant des pianistes à jouer sa musique. Bobby Few l’a connu, comme Steve Lacy également disparu dont il fut le pianiste. En trio avec Harry Schwift (contrebasse) et Ichiro Inoe (batterie), il ouvre le 17 cette nouvelle série de concerts. Le 18, c’est au tour de Laurent de Wilde de jouer Monk avec Bruno Rousselet (contrebasse) et Philippe Garcia (batterie). Laurent Coq leur succède le 21, Yoni Zelnik (contrebasse) et Donald Kontomanou (batterie) complétant son trio. Alain Jean-Marie prend la suite en quartette avec Pierrick Pedron (saxophone alto), Gilles Naturel (contrebasse) et Philippe Soirat (batterie).

B. Maupin © Philippe Etheldrède

 

-Saxophoniste, Bennie Maupin joue du ténor et du soprano, mais aussi de la flûte, de la clarinette et de la clarinette basse. C’est sur ce dernier instrument que l’on peut l’entendre dans “Bitches Brew”, l’un des disques phares de Miles Davis. Rejoignant Herbie Hancock au début des années 70, il participa à son sextet électrique puis à ses Headhunters avec lesquels le pianiste connut un grand succès. Ce dernier joue des claviers dans “The Jewel in the Lotus” (1974), un des rares disques que Maupin publia sous son nom. Il sera au Duc des Lombards les 24 et 25 avec Hanka Rybka (chant), Michal Tokaj (piano), Michal Baranski (contrebasse) et Lukasz Zyta (batterie et percussions).

 

Luis-Perdomo.jpg- Membre du groupe de Miguel Zenón qu’il accompagne dans son récent “Alma Adentro : the Puerto Rican Songbook”, Luis Perdomo est aussi le pianiste de Ravi Coltrane qui vient de produire “Universal Mind” son quatrième disque, en trio avec Drew Gress et Jack DeJohnette, musiciens très stimulants. Perdomo sera au Sunside le 28 pour jouer ce nouvel opus. Avec lui les membres de son trio habituel, Hans Glawischnig à la contrebasse et Jonathan Blake à la batterie, ce qui n’est presque pas plus mal. 

 

-New Morning : www.newmorning.com

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com

-Le Petit Journal Montparnasse : www.petitjournalmontparnasse.com

-Sons d’hiver : www.sonsdhiver.org

-Collège des Bernardins : www.collegedesbernardins.fr

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Théâtre du Châtelet : www.chatelet-theatre.com

 

  

CREDIT PHOTOS : Bandeau : "Intimacy", peinture de Thomas Blackshear - Mark Murphy © Mitja Arzensek - Tord Gustavsen Quartet © Hans Fredrik Asbjørnsen - Ahmad Jamal © Jacques Beneich - Benoît Delbecq Sextet © Igor Juget - Bobby Few © Juan Carlos Hernandez - Bennie Maupin © Philippe Etheldrède - Thomas Enhco, Mark Turner, Steve Kuhn, Jim McNeely, Riccardo Del Fra © Pierre de Chocqueuse -  Vijay Iyer & Craig Taborn, Duke Ellington, Alexis Tcholakian, Luis Perdromo  © X/D.R.

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 10:32

Laurent de Wilde (gde)MERCREDI 18 janvier

Quatre concerts donnés par Laurent de Wilde au Duc des Lombards avec Ira Coleman à la contrebasse et Clarence Penn à la batterie pour peaufiner de nouvelles compositions. Le trio les a enregistrées dans la foulée au studio Plus 30 Ira-Coeman.jpgdans le 19e arrondissement de Paris. L’album, le premier sous ce format depuis “The Present” en 2006, s’intitule provisoirement “Over the Clouds”, titre d’un morceau très africain introduit par un solo de piano, l’instrument partiellement préparé à la patafix sonnant comme un balafon. La contrebasse y tient une place importante. On trouve Ira Coleman sur plusieurs disques de Laurent dont “Open Changes” (1992) et “Colors of Manhattan” (1990) réédités cette année. Il fut le bassiste des derniers albums de la formation de Tony Williams disponibles dans un coffret Mosaïc à l’exception du très recherché “Tokyo Live”.

 

Laurent-de-Wilde-a.jpgCe nouvel album, le pianiste nous avait annoncé qu’il contiendrait « des morceaux très rythmiques, louchant sur l’afro-beat comme sur l’électro, mais aussi du blues et des ballades. » Il tint parole, et nous les présenta au Duc en avant-première, prenant le temps de nous les expliquer. Le second concert du mercredi 18 débuta par Le bon médicament, une ballade romantique, une mélodie que la main droite du pianiste égraine et développe dans l’aigu. Le disque contiendra deux reprises : la première est une version légèrement funky de Prelude to a Kiss (Duke Ellington) ; la seconde une composition très chaloupée de Fela Kuti, Fe Fe Naa Efe. Ira Coleman utilise une basse électrique et dans la version que comprendra l’album, la contrebasse de Jérôme Regard et la batterie de Laurent Robin se rajoutent au trio, Laurent posant ainsi ses harmonies sur un véritable tapis rythmique. D’inspiration africaine, un morceau co-écrit par Laurent et Ira ne porte pas encore de titre. Ce dernier lui donne un Clarence Pennrythme particulier en jouant un ostinato de basse avec une croche de retard. Autre découverte, un blues baptisé provisoirement Some Kind of Blues, introduit par un pianiste qui aère ses notes et les fait magnifiquement sonner. Le nouveau disque comprendra une reprise très rapide d’Edward K. précédemment enregistré par Laurent dans “Spoon-a-Rhythm” en 1996, ainsi qu’une pièce inspirée par la récente tragédie de Fukushima, New Nuclear Killer, du bop énergique et ternaire. Nul doute à l’écoute de ces morceaux que ce nouvel opus attendu fin mars (Gazebo / L’autre distribution) constituera un des évènements jazzistiques du printemps.

 

Photos © Pierre de Chocqueuse     

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25 janvier 2012 3 25 /01 /janvier /2012 15:32

Michel Sardaby aUne visite à Michel Sardaby, l’occasion de le faire parler de sa musique, de sa longue carrière, d’offrir une tribune à un musicien sincère et exigeant que l’on invite trop peu à jouer dans les clubs et dont les disques, introuvables en France, se négocient à prix d’or au Japon. Depuis peu disponible sur CD et LP (double), un florilège des morceaux du pianiste que préfèrent ses enfants motive cette interview. 

 

Michel Sardaby bLe sourire jusqu’aux oreilles, Michel me reçoit chez lui, dans l’appartement qu‘il occupe depuis 1986 rue Carpeau à Paris. « J’ai tout aménagé moi-même. J’ai conçu et fabriqué mes meubles, mon lit, mes placards… » Le piano du salon dans lequel il m’introduit est celui que possédait son père à Fort-de-France, un Pleyel modèle F de 1934, cadre métallique, cordes croisées. « Mon père me l’a offert. Il était concessionnaire de la marque et excellait au piano. À la Martinique, la musique est la base de notre culture. On chante, on fredonne continuellement. On écoutait Duke Ellington, Django Reinhardt à la radio mais aussi Yvonne Blanc, Tino Rossi et de la musique classique qu’il fallait écouter en silence. J‘avais un don pour le piano, mais un don peut être un handicap si l’on n’acquiert pas les moyens de le faire évoluer. Ma mère voulait que je prenne des leçons. À 13, 14 ans, j’en ai pris trois avec un professeur très sévère. Il m’a appris à jouer After You’ve Gone et Old Black Joe (rires), mais la musique m’habitait déjà. J’approchais la virtuosité, mais je ne savais pas déchiffrer une partition. Lorsque je me suis retrouvé à Paris pour poursuivre mes études artistiques à l’école Boulle, j’ai pallié cette déficience en suivant sérieusement des cours de solfège, le soir, à la mairie du Xème, trois ans d’études que j’ai effectués en un an. »

 

Michel Sardaby, coverLe but de ma visite est un disque autoproduit par Michel qui n’a pas encore de distributeur, mais que l’on peut trouver dans quelques FNAC parisiennes (Monparnasse, Ternes, Halles) et chez Crocojazz, rue de la montagne Sainte-Geneviève. “The Art of Michel Sardaby” n’est pas une nouveauté, mais une sélection de morceaux tirés de sa discographie. Le choix est celui de sa seconde fille Patricia. « Conseillée par Gilles Coquempot de Crocojazz, elle a choisi les morceaux qui la touchaient le plus, se faisant aider par Charles Duprat pour les photos, Patrick Tanguy pour la maquette, Guillaume Billaux pour le montage et le mastering. J’ai laissé faire. Un disque ne reflète jamais ce dont un musicien est capable, bien que certains enregistrements traduisent une certaine vérité. Tu manges du lapin aujourd’hui, du poulet demain. La vérité, c’est la chair du lapin ou du poulet, pas les ingrédients qui l’accompagnent et en relèvent le goût. Ces morceaux reflètent mon travail, mon évolution, le désir que j’ai de faire de la musique. Mes moyens financiers ne me permettaient pas de me payer de longues séances. Mes disques ont tous été enregistrés en deux fois trois heures, après trois heures de répétition. Les morceaux sont tous des premières ou secondes prises. Il était rare d’en faire une troisième. »

 

Ceux que contient “The Art of Michel Sardaby” s’étalent de 1965 à 2004, année au cours de laquelle, un de ses disques “At Home” – avec Ray Drummond et Winard Harper – , a été fait dans son salon. « Sardaby’s est un morceau enregistré spontanément comme la plupart de ceux que contiennent mes disques. C’est Winard qui m’a suggéré le titre. » 1965, c’est l’enregistrement de “Blue Sunset”, le premier disque de Michel produit par Henri Debs. « Beaucoup plus tard, dans les années 90, mon producteur japonais l’a rebaptisé “Con Alma” y ajoutant des titres enregistrés en concert avec Michel Finet à la contrebasse et Philippe Combelle à la batterie. Brother Bill, je l’ai écrit pour Bill Baskerville qui possédait le Pancake Palace rue Fromentin près de Pigalle. J’y ai joué avec Clark Terry et Stuff Smith et j’en garde un très bon souvenir »

 

Michel Sardaby eL’album s’ouvre sur Song for my Children, une composition de 1972 écrite pour ses enfants. « Lorsqu’ils étaient petits, je les faisais chanter. Ils ont tous l’oreille musicienne, surtout Patricia. J’aime les bons chanteurs, les bonnes chanteuses. Il y en a peu aujourd’hui. Le chant est la racine, l’essence de toute musique. Avant de jouer une note, tu la chantes intérieurement, tu l’entends naître en toi. » Enregistré avec Richard Davis à la contrebasse, Billy Hart à la batterie et Leopoldo F. Fleming aux percussions, Song for my Children fait partie de “Gail”, un des enregistrements new-yorkais de Michel qui, chose inhabituelle – c’est la seule fois qu’il l’utilise dans ses disques – , joue du Fender Rhodes. « Ce morceau possédait un climat qui convenait bien à cet instrument vivant qui possède un vrai son. » Le blues dans les doigts, Michel en tire de magnifiques sonorités cristallines. « Il y a du blues dans tout ce que je joue. Avec le blues, j’ai l’espace, le silence, le tempo, le rythme, le swing. C’est ce que l’on devrait enseigner en priorité dans toutes les écoles. »

 

Night-Cap--cover.jpgLe blues imprègne totalement Night Cap enregistré deux ans plus tôt en 1970 à Paris avec Percy Heath et Connie Kay. « Nous étions en harmonie, en osmose de sensibilité. » Michel ne charge pas inutilement de notes la ligne mélodique de ce morceau qui donne son titre à son disque le plus célèbre, mais le fait constamment chanter. « Lorsque je compose, je pense au chant, aux paroles. Si tu joues un standard, tu dois les connaître, même si elles sont nulles. Ton exécution s’en ressentira si tu les ignores. Il y manquera quelque chose. » Autre extrait de “Night Cap” « mon disque fétiche, celui qui a été partout reconnu », I’m Free Again est une ballade dans laquelle Percy Heath joue une magnifique ligne de basse. Connie Kay pose délicatement le rythme aux balais. Embelli par de tendres notes perlées, trempé dans le blues, le solo de Michel est un moment inoubliable : « C’est en écoutant Dexter Gordon interpréter des ballades que j’ai appris à bien les jouer. Art Taylor était à la batterie. Ça swinguait avec Art. Travailler avec Kenny Clarke a également été une belle expérience. »

 

Michel-Sardaby-f.jpgCar parallèlement aux cours qu’il suivait à l’école Boulle dont l’enseignement fut pour lui un véritable éveil, Michel fit son apprentissage dans les clubs de la capitale avec les musiciens américains de passage. « J’ai accompagné entre autres Jay Jay Johnson au Blue Note de la rue d’Artois, la chanteuse de blues Mae Mercer, les bluesmen T-Bone Walker et Sonny Boy Williamson… J’ai appris à m’entendre, à jouer moins de notes pour rendre mon jeu plus fluide. j’étais à bonne école pour écouter, apprendre des choses. » Comme son nom l’indique, Dexterdays, un extrait de l’album “Straight On”, est dédié à Dexter Gordon. Michel l’enregistra en quintette aux Alligators en 1992. La trompette de Louis Smith répond avec lyrisme au saxophone ténor de Ralph Moore. Michel arbitre leurs échanges, plaque les bons accords à l’écoute des solistes, mais aussi de la rythmique, Peter Washington et Tony Reedus qui font corps avec lui. Elégant, inspiré, son chorus interpelle.

 

Michel-Sardaby-c.jpgDeux titres live enregistrés avec Pierre Dutour à la trompette, Alain Hatot au ténor, Henri Tischitz à la contrebasse et Michel Denis à la batterie complètent cette sélection. « Je jouais avec eux Aux Trois Mailletz. Pierre Dutour et Alain Hatot sont d’excellents musiciens. Ce disque, “Five Cats’ Blues”, est pour moi aussi bon que celui que j’ai fait en quintette avec Ralph Moore. Ses mélodies, ses compositions me sont venus naturellement. C’est une simple maquette, une musique spontanée. Un des fils Bolloré qui jouait du saxophone baryton l’a enregistré sur un Grundig. On répétait l’après-midi dans une salle du Centre Culturel Américain, rue du Dragon. À l’époque, on réalisait une démo à l’attention d’une maison de disques. Si elle plaisait, une vraie séance d’enregistrement était planifiée. J’avais confié cette bande au directeur des disques Président qui, sans nous signer de contrat, l’a sortie sans nous prévenir. »

 

M.-Sardaby.jpgJe ne peux m’empêcher de demander à Michel pourquoi il n’a pas enregistré de disque en solo. « Il me faut du temps. J’ai fait un AVC l’an dernier. J’en conserve quelques séquelles au niveau des mains, surtout de la droite que je récupère progressivement. Peu avant mon accident, en mars 2011, avec Hassan Shakur à la contrebasse et Alvin Queen à la batterie, nous sommes allés en studio sans trop savoir ce que nous allions jouer. Nous avons improvisé, joué des standards, mes compositions spontanément comme dans un club. Ces morceaux, je les interpréterais différemment si je les rejouais. C’est la photographie d’un moment, de mon désir de jouer, de faire de la musique. Le disque s’intitulera “Nature” et sortira au Japon sur Sound Hills Records. »     

 

Diplome-M-Sardaby.jpgExcellent pédagogue, Michel Sardaby a eu de nombreux élèves parmi lesquels des pianistes aujourd’hui célèbres. Il préfère taire leurs noms. On craint son franc-parler, son exigence. « Avec moi, on travaille. Les cours durent 2 heures 30, 3 heures. Je dérange. J’ai appris à monter au ciel sur une corde lisse que l’on m’a souvent graissée. J’ai voulu faire partager mon expérience, apporter des choses à tous ces jeunes qui ont besoin d’être aidés. Il n’y a pas d’abstrait sans concret, sans racines. Vous voulez vous exprimer mais qu’est-ce que l’expression ? Vous voulez improviser mais qu’est-ce qu’une improvisation ? Ces questions, je les pose à mes élèves. J’essaye de leur faire entendre ce qu’ils jouent, les harmoniques, l’écho du silence. C’est tout un travail de prise de conscience, un fil d’Ariane très enchevêtré mais logique à démêler. Le premier conseil que je leur donne, c’est de se révéler à eux-mêmes. Quand je joue, je m’enseigne moi-même, je m’écoute au piano, je suis en même temps percepteur, émetteur et récepteur. Mon père me disait : tu dois apprendre à écouter et à entendre. La note, c’est la manière dont elle est attaquée, sa résonance qui la rend juste. Je préfère une fausse note qu’une note fausse m’obligeant à émettre une expression qui n’est pas la mienne. La fausse note dans le jazz te permet d’évoluer. »

 

Pour contacter Michel Sardaby : michel.sardaby@orange.fr

 

Crédits photos : “The Art of Michel Sardaby” photo © Charles Duprat. Autres photos de Michel Sardaby © Pierre de Chocqueuse

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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 10:38

Remise-des-Prix-2011-c-Phil-Costing.jpgMERCREDI 11 janvier

Représentants du Ministère de la Culture et des sociétés civiles, musiciens, producteurs, responsables de maisons de disques, éditeurs d’ouvrages musicaux, agents artistiques, journalistes, sans oublier les Le Président Lacharmequelques inévitables pique-assiettes dont un certain Edouard Marcel s’étaient donné rendez-vous au foyer du théâtre du Châtelet qui accueillait pour la sixième année consécutive l’Académie du Jazz et sa remise de prix. « Attendez-vous à plus de cantiques que de sermons » prévint son président François Lacharme dans son discours d’introduction. Il tint parole. Nous eûmes davantage de musique et moins de bla-bla que les précédentes années.

J.L. Choplin & G. Nouaux © Ph. Marchin

 

Comme l’an dernier, Le directeur du Châtelet, Jean-Luc Choplin, remit le Prix du Jazz Classique. Peu bavard, ayant toutefois une pensée délicate pour Olivier Brard le distributeur de son album décédé le 23 décembre, Guillaume Nouaux son heureux récipiendaire nous fit, en solo, une démonstration de batterie néo-orléanaise, avec une reprise de Lil’Liza Jane, un extrait de l’album récompensé.

 

C.-Carriere---Joel-Mettay.JPGAlain Pailler souffrant n’ayant pu faire le déplacement, Joël Mettay son éditeur (Editions Alter ego) reçut son Prix du livre de Jazz des mains de Claude Carrière, admirateur et spécialiste de Duke Ellington. Un choix judicieux, le livre récompensé a pour sujet Ko-Ko, non le gorille qui parle, mais la composition que le Duke enregistra en 1940, « une partition d’une puissance jusqu’alors à peu près inconnue dans le monde du jazz ». Je cite Alain Pailler dont le livre était en compétition avec ceux de Pascal Anquetil (“Portraits légendaires du jazz”), Alain Gerber (“Je te verrai dans mes rêves”) et Jacques Réda (“Le grand orchestre”).

 

Jean-Louis-Chautemps.jpgLe coffret Stan Getz édité par Verve obtint le Prix de la Meilleure Réédition. Ses photos, le soin apporté à sa mise en page, ses reproductions de pochettes de David Stone Martin le rend très attractif. Aucun amateur de jazz ne contestera son contenu. Il renferme “Stan Getz Plays” l’un des chefs-d’œuvre du saxophoniste. J’aurai pour ma part aimé voir aussi récompenser les “Bootleg Series Vol.1” de Miles Davis, mais son livret peu épais, sa présentation peu soignée ne jouèrent pas en faveur des flamboyants concerts européens de 1967 du trompettiste. Getz primé, Jean-Louis Chautemps monta sur scène avec son ténor pour nous parler et imiter son style. Reproduite dans le “Stan Getz d’Alain Tercinet, une photo de Jean-Pierre Leloir montrant Getz face à Lester Young au Blue Note en 1959 fut le point de départ d’une évocation nous conduisant de la rue d’Artois à Orly, Chautemps, boute-en-train infatigable, essayant de nous faire croire que l’aéroport avait inspiré à Getz son célèbre Orly Autumn (Early Autumn).

Stephane-Papinot-c-Ph.-Marchin.JPG

 

Le prix du Jazz Vocal revint sans surprise à Gregory Porter, nouveau venu sur la scène du jazz largement plébiscité par les académiciens. Dans une brève séquence filmée, le chanteur qui s’était récemment produit au Duc des Lombards nous fit part de son plaisir à recevoir cette récompense. Attaché de presse d’Integral qui en France distribue le label Motema, Stéphane Papinot récupéra le trophée, nous prévenant de la sortie d’un nouvel album fin février et d’un concert à la Cigale le 2 juin.

Mika-Shino---F.-Lacharme.JPG

 

Appelée sur scène par François Lacharme, Mika Shino conseillère spéciale de Herbie Hancock annonça officiellement le lancement de la première Journée Internationale du Jazz sous l’égide de l’UNESCO dont Herbie est Ambassadeur de Bonne Volonté. Désignant l’Académie du Jazz comme partenaire officiel, elle invita la communauté du jazz français à la rejoindre le 27 avril 2012, date choisie pour cette manifestation.      

 

Très ému, Michel El Malem reçut le Prix du Disque Français. On n’attendait pas Michel El Malemce challenger encore peu connu du public à la plus haute marche du podium, mais l’excellence de son album – une séance en état de grâce dont Marc Copland est le pianiste – lui fit obtenir ce prix âprement disputé. Lors des votes, “Reflets” l’emporta d’une seule voix sur “Contrapuntic Jazz Band” de Gilles Naturel au troisième tour de scrutin. En compagnie des musiciens de l’album - Michael Felberbaum à la guitare, Marc Buronfosse à la contrebasse et Luc Isenmann à la batterie - mais sans Marc Copland que Bruno Angelini remplaça au piano, Michel (au soprano) nous offrit une version écourtée de Reflets approchant celle, magique, que l'on trouve sur le disque.

 

Patrice-Caratini.jpgL’Académie du Jazz a l’habitude d’honorer ses disparus. Après avoir rendu hommage l’an dernier à Mimi Perrin, Jean-Pierre Leloir et Mike Zwerin elle ne pouvait ignorer le décès le 1er novembre dernier d’André Hodeir, son premier président. S’il n’a pas été possible de réunir pour cette remise de prix le Jazz Ensemble de Patrice Caratini, formation à même de recréer fidèlement et dans de parfaites exécutions sa musique, un film prêté par l’INA nous montra le compositeur au travail dirigeant son Jazz Group de Paris. En présence de Madame André Hodeir et de deux de ses filles, Patrice Caratini nous parla longuement du musicien, champion de ping-pong de Seine-et-Oise dans les années 40 qui, pour mieux capturer l’essence du jazz, allait jusqu’à écrire les chorus de ses solistes.

 

C. Zavalloni & F. BearzattiLe dessinateur Cabu remit à Francesco Bearzatti le Prix du Musicien Européen décerné en commission. Un choix pertinent car il récompense un musicien qui a fait beaucoup parler de lui en 2011. On l’a récemment entendu au sein de Mo’Avast, la formation du contrebassiste Mauro Gargano, mais aussi dans le Nord Sud Quintet d’Henri Texier. Le saxophoniste italien nous gratifia d’un superbe solo de ténor et invita Cristina Zavalloni, une compatriote, à le rejoindre pour deux pièces improvisées révélant le talent d’une chanteuse habituée aux sauts d’octaves et aux vocalises, aux difficiles exigences de la musique contemporaine.

 

Ambrose Akinmusire, coverLe trompettiste Ambrose Akinmusire n’avait pu faire le déplacement pour recevoir le Grand Prix de l’Académie du Jazz couronnant le meilleur disque de l’année. A l’issu d’un troisième tour de scrutin très serré, une seule voix séparait “When the Heart Emerges Glistening” présenté par François Lacharme comme « un disque qui se mérite, s’écoute et se découvre, même s’il peut dérouter de prime abord » d’“Excelsior”, enregistrement en solo de Bill Carrothers. Les amateurs de piano avaient voté pour le disque admirable du pianiste, parvenant presque à le hisser au sommet. A la grande joie de ses partisans, l’album d’Akinmusire termina premier. Les remerciements très brefs mais sincères d’un trompettiste heureux nous parvinrent en images.

 

Sharrie-Williams-c-Ph.-Marchin.JPGDéjà primé par l’Académie du Jazz en 2004, le chanteur R. Kelly obtint le Prix Soul pour son disque “Love Letter”. S’il n’avait pu se déplacer, Sharrie Williams, une chanteuse du Michigan, avait fait le voyage pour recevoir le Prix Blues. Membre de l’Académie et directeur de publication de la revue Soul Bag, Jacques Périn put donc le lui remettre. Sharrie remercia Dieu, sa famille, l’Académie du Jazz puis nous fit passer un extraordinaire moment grâce à sa voix aussi puissante que magnifique. Sa version émouvante de God Bless the Child nous remplit d’émotion. Avec elle, Alain Jean-Marie au piano, « aussi princier que d’habitude » pour citer Jean-Louis Wiart, un homme de goût et de culture, posait délicatement les accords du thème, l’effeuillant avec une grâce sans nulle autre pareille.

 

M.-Delpech--F.-Lacharme---N.-Le-c-Ph.-Marchin.JPGComme l’an dernier, le très attendu et convoité Prix Django Reinhardt fut attribué à un guitariste, à un musicien expérimenté dont le nom revenait souvent dans les pré-listes de l’Académie du Jazz. « Un prix qui t’arrive un peu tard, mais que je suis très heureux de te voir décerner » déclara François Lacharme à Nguyên Lê, le récipiendaire de cette récompense prestigieuse. Le chanteur Michel Delpech le remit au guitariste dont le dernier enregistrement, “Songs of Freedom”, est le moins jazz de sa carrière. En duo avec le bassiste Linley Marthe, Nguyên interpréta Pastime Paradise de Stevie Wonder juste avant que ne s’ouvrent les portes conduisant au cocktail « après le bla-bla, le glou-glou » les derniers mots du Président invitant à poursuivre la fête la bouche pleine et le verre à la main, Jonas, le vin du Gard de Philippe Briday (Domaine Combe de la Belle), 100% Grenache, remportant un franc succès. 

 

Sebastien-Belloir---Emilie-Manchon.jpgAlex Dutilh et Seydou Barry © Ph. Marchin

 

 

A gauche, Sébastien Belloir devenu attaché de presse indépendant (Anteprima, ObliqSound, ACT) après s'être occupé du label ECM avec Marie-Claude Nouy. La jolie fille au sourire soleil s'appelle Emilie Manchon. Elle remplace François Guyard chez ECM. Avec elle, le label munichois risque de devenir très populaire. Tous les prétextes seront bons pour faire un tour rue des fossés Saint-Jacques. Sur la photo de droite, Alex Dutilh (Open Jazz) et Seydou Barry (le manager d'Ahmad Jamal) ont le rire jusqu'aux yeux.
J. Périn & S. Williams ©Ph. MarchinGlenn FerrisJ.L.-Lemarchand-c-Ph.-Marchin.JPGJacques Périn (Soulbag, Académie du Jazz), visiblement heureux de passer cette soirée avec Sharrie Williams. Au centre, tout droit sorti des coulisses, le plus français des trombonistes américains, Glenn Ferris lève le coude à la santé de l'Académie. Réquisitionné pour tenir le bar, Jean-Louis Lemarchand, académicien multicartes, a fort à faire pour satisfaire un aréopage d'assoiffés.

Mika ShinoMisja Fitzgerald Michel, Michèle Feriaud Dany Michel © PhJ'ignore le nom de la jolie blonde qui accompagne Mika Shino, mais cette représentante de l'UNESCO attire comme un aimant. Sur la photo de droite, Misja Fitzgerald Michel et son père Dany Michel entourent Michèle Feriaud (Batida and Co.). Guitariste, Misja sort un nouvel album le 13 février, "Time of no Reply" (No Format!/Universal), consacré à la musique de Nick Drake.

Susanna-Bartilla.jpgNicolas-Petitot.jpgLa charmante Susanna Bartilla qui parle plusieurs langues à la perfection. Son activité de traductrice ne l'empêche pas de chanter. Après un disque consacré à Johnny Mercer, elle s'apprête à enregistrer certains thèmes du répertoire de Peggy Lee. A droite, Nicolas Petitot, un amateur de vin jaune. Blang Music, sa petite maison de disques abrite "This is You", une rencontre superbe entre le pianiste Tom McClung et le saxophoniste Jean Jacques Elangué.

Arnaud-Merlin---Andre-Francis.jpgPh.-Gaillot---D.-Fillon-.jpgCommissaire-Maigret.jpgArnaud Merlin et André Francis, tous deux membres de l'Académie du Jazz. André en est d'ailleurs le doyen, mais sa jeunesse d'esprit en fait presque un jeune homme. Au centre avec le pianiste Dominique Fillon, Philippe Gaillot, un ingénieur du son aux très grandes oreilles. Yaron Herman, Jacky Terrasson enregistrent chez lui, au Studio Recall. A droîte, barman d'un soir, mais véritable commissaire, l'irremplaçable Pierre Maigret, imbattable pour repérer les pochtrons.

Michel-Contat---Jacques-des-Lombard.jpgChristophe-Chenier--Miles-Yzquierdo.jpgNon ce n'est pas Judex, immortalisé par Georges Franju dans le film du même nom, mais Michel Contat qui rend justice au jazz dans les colonnes de Télérama. Avec lui, Jacques des Lombards, passionné de jazz (free) et de courses automobiles. Sur le cliché de droite, Christophe Chenier de l'AFP semble se désintéresser totalement de sa voisine, la charmante Miles Yzquierdo en grande conversation avec l'un de ses nombreux admirateurs.

J.J.-Pussiau-c-Ph.-Marchin.JPGJean BuffaloAlain-Jean-Marie-c-Ph.-Marchin.JPGUn peu inquiet Jean-Jacques Pussiau (Out Note Records). Son voisin à la mine patibulaire (photo centrale) ne lui inspire aucune confiance. Que Jean-Jacques se rassure: malgré quatorze verres de vin dans le sang, John Buffalo leader des Bonga Bongo Experimental Syncopators n'est dangereux que par sa musique inaudible et paralysante qu'il fait bon ne point entendre. Alain Jean-Marie s'en moque. Il en a vu d'autre dans une carrière pour le moins prestigieuse.

Le-blagueur-de-Choc---Mauro-Gargano.jpgPhilippe-Etheldrede.jpgJulie-Anna.jpg Le blagueur de Choc avec Mauro Gargano, contrebassiste émérite. Les histoires du blogueur blagueur passionnent Philippe Etheldrède venu prendre des nouvelles du couple Michu. Cela amuse Julie-Anna Dallay Schwartzenberg, l'irremplaçable cheville ouvrière d'Arts et Spectacles qui a produit l'album de Michel El Malem récompensé par l'Académie.

M.-Zanini-c-Ph.-Marchin.JPGIsabelle MarquisJean-Louis Chautemps-copie-1Frais comme un gardon, Marcel Zanini ne perd pas une miette du buffet. Que regarde-t-elle Isabelle Marquis ? Elle a passé une partie de l'après-midi à installer l'exposition Duke Ellington dans le foyer du Châtelet. On aimerait en avoir beaucoup d'autres comme elle à L'Académie du Jazz, mais Isabelle n'est pas duplicable. A droite, Jean-Louis Chautemps s'apprête à déguster un divin breuvage. Il le mérite. Son évocation de Stan Getz le condamne à étancher sa soif.

Elisabeth-Caumont---Leila-Olivesi.jpgMonique-Feldstein.jpgMme-Alain-Tomas---Claude-Tissendier.jpgToujours pimpante Elisabeth Caumont. Les années passent, elle ne change pas. Mais comment fait-elle ? Leïla Olivesi a peut-être un elixir à proposer. Rendez-vous au Sunside le 27 pour rajeunir avec sa musique. Très élégante, Monique Feldstein arbore un superbe chapeau dans lequel elle espère avoir glissé le ticket gagnant du loto. Vous avez sans doute reconnu Claude Tissendier sur la photo de droite. La jeune femme qui l'accompagne n'est pas la sienne. Madame Alain Tomas, semble apprécier ce nouveau partenaire.

F.-Lacharme---N.-Le-c-Ph.-Marchin.JPGFrancis CapeauTrès satisfait de cette remise des prix, le Président François Lacharme s'est autorisé un verre d'alcool. On le constate sur cette photo qu'il partage avec Nguyên Lê. Tous deux exhibent des dents parfaites. Le barbu de droite n'est pas Monsieur Häagen Dazs, glacier de son état, mais le docteur Francis Capeau qui cultive son jardin, prend grand soin de ses disques et sert à boire les assoiffés. Quelle autre Académie que celle du jazz transforme un médecin radiologue en barman ?

Lionel-Eskenazi.jpgAgnes-Thomas---Julien.jpgPhilippe-Levy-Stab.jpgJournaliste apprécié pour ses chroniques au ton modéré et sa culture jazzistique, Lionel Eskenazi a rejoint l'Académie en 2010 sous nos applaudissements. L'attachée de presse de l'institution, la gracieuse Agnès Thomas avec Julien, un vieux pote. A droite Philippe Levy-Stab dont on peut admirer les belles photos de musiciens, ses images de Paris et de New York en noir et blanc. Photographe photographié, Philippe ne craint plus les objectifs. Il en a même plein la tête.

Tir-groupe-de-laureats-c-Ph.-Marchin.JPG

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quatre des lauréats de cette remise de prix 2011 de l'Académie du Jazz photographiés par Philippe Marchin que je remercie pour ses photos. De gauche à droite: Michel El Malem Prix du Disque Français, Francesco Bearzatti Prix du Musicien Européen, Nguyên Lê Prix Django Reinhardt et Sharrie Williams Prix Blues.

 

Academie fond N 2-1LE PALMARES 2011

Prix Django Reinhardt (musicien français de l’année) : Nguyên Lê

Grand Prix de l’Académie du Jazz  (meilleur disque de l’année) : Ambrose Akinmusire : « When The Heart Emerges Glistening » (Blue Note/EMI)

Prix du Disque Français (meilleur disque enregistré par un musicien français) : Michel El Malem Group « REFLETS » (Arts et Spectacles/Rue Stendhal)

Prix du Musicien Européen (récompensé pour son œuvre ou son actualité récente) :Francesco Bearzatti  

Prix de la Meilleure Réédition : Stan Getz « Quintets : The Clef & Norgran Studio Albums » (Verve/Universal)

Prix du Jazz Classique : Guillaume Nouaux « Drumset in the Sunset » (Autoproduction/Jazztrade-Jazzophile) 

Prix du Jazz Vocal : Gregory Porter « Water » (Motéma/Intégral) 

Prix Soul : R. Kelly « Love Letter » (Jive/Sony) 

Prix Blues : Sharrie Williams « Out of the Dark » (Electro-Fi/www.electrofi.com)

Prix du livre de Jazz : Alain Pailler « Ko-Ko » (Editions Alter ego)

 

CREDITS PHOTOS :

Foyer du Châtelet © Phil Costing

François Lacharme au micro, Jean-Luc Choplin & Guillaume Nouaux, Claude Carrière & Joël Mettay, Stéphane Papinot, Mika Shino & François Lacharme, Cristina Zavalloni & Francesco Bearzatti, Sharrie Williams, Michel Delpech avec François Lacharme & Nguyên Lê, Alex Dutilh & Seydou Barry, Jacques Périn & Sharrie Williams, Jean-Louis Lemarchand, Misja Fitzgerald Michel avec Michèle Feriaud et Dany Michel, Jean-Jacques Pussiau, Alain Jean-Marie, Marcel Zanini, Isabelle Marquis, François Lacharme & Nguyên Lê, Photo de groupe (Michel El Malem, Francesco Bearzatti, Nguyên Lê et Sharrie Williams) © Philippe Marchin

Jean-Louis Chautemps (au ténor), Michel El Malem, Patrice Caratini, Séba stien Belloir & Emilie Manchon, Glenn Ferris, Mika Shino, Susanna Bartilla, Nicolas Petitot, Clotilde Rullaud, Arnaud Merlin & André Francis, Philippe Gaillot et Dominique Fillon, Pierre Maigret, Michel Contat & Jacques des Lombards, Christophe Chenier & Miles Yzquierdo, John Buffalo, Philippe Etheldrède, Julie-Anna Dally Schwartzenberg, Jean-Louis Chautemps (portant un toast), Elisabeth Caumont & Leïla Olivesi, Monique Feldstein, Madame Alain Tomas & Claude Tissendier, Francis Capeau, Lionel Eskenazi, Agnès Thomas & Julien, Philippe Levy-Stab © Pierre de Chocqueuse

 

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