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21 novembre 2011 1 21 /11 /novembre /2011 11:00

Bandeau-Mingus.jpg-Obtenir 45.000 $ en 40 jours, tel est l’objectif ambitieux que s’est fixé Orangethenblue pour terminer un documentaire sur Charles Mingus, ce dernier vu à travers les yeux de son petit fils, Kevin Ellington Mingus, le réalisateur de ce film. Filmé sur les lieux mêmes où vécu le contrebassiste - Los Angeles, New York, Cuernavaca, mais aussi Rishikesh (Inde du Nord) où coule le Gange, fleuve sacré dans lequel reposent ses cendres - “Mingus on Mingus” laissera la parole aux témoins. Des interviews de Buddy Collette (disparu en septembre 2010), Sonny Rollins, Michael Cuscuna, Henry Grimes, Joni Mitchell, Amiri Baraka, Ornette Coleman ont déjà été réalisés. D’autres, de Paul Bley, Lee Konitz, Ted Curson, n’attendent que votre contribution généreuse pour exister. Une vidéo explicative vous est proposée sur http://kck.st/vCCn8N Pour de plus amples informations sur ce projet, rendez-vous sur le site d’Orangethenblue : www.orangethenblue.com

 

Jazz-Icons-series5.jpg-Créé en 2006 et déjà riche de 30 DVD (4 coffrets de 9, 7, 7 et 7 DVD), la collection Jazz Icons s’enrichit aujourd’hui de 6 nouvelles références pour la première fois entièrement constituées d’images provenant de l’Ina. Réunis en coffret (le 5ème de la série, les DVD n'étant pas vendus séparément), ils sont dès à présent disponibles sur www.mosaicrecords.com/jazzicons/ au prix de 99,98$. Ajouter 40,00 $ pour une livraison UPS (réception sous 4 à 8 jours) ou 20,00 $ par avion (Standard Air Mail). Compter 2 à 4 semaines pour la livraison. Attention, ces DVD sont en NTSC non zonés. Leur contenu est le suivant : 

Thelonious Monk seul au piano dans un studio de l’ORTF en décembre 1969. Monk joue du Monk : Reflection, Epistrophy, Ugly Beauty, ‘Round MidnightBernard Lion filme et immortalise en couleurs Jazz Icons5 J. Coltrane(durée 65 minutes).

John Coltrane et son quartette filmés par Jean -Christophe Averty au festival d’Antibes Juan-les-Pins en 1965. Au programme douze minutes de A Love Supreme (la première partie et la moitié de la seconde), mais aussi Naima, Ascension et Impressions (durée 52 minutes).

Art Blakey et ses Jazz Messengers au Théâtre des Champs-Elysées le 15 novembre 1959. Averty y a installé ses caméras et filme un nouveau visage, celui de Wayne Shorter. Agé de 26 ans, ce dernier rejoint une formation qui, outre Blakey, comprend le trompettiste Lee Morgan, le pianiste Walter Davis Junior et le bassiste Jimmy Merritt (durée 83 minutes).

Jazz-Icons5-F.-Hubbard.jpgJohnny Griffin en concert à l’ORTF le 7 juillet 1971 pour l’émission «Classiques du Jazz» réalisé par Marc Pavaux. Au piano : René Urtreger. Quelques semaines plus tard, le 29 août, Bernard Lion filme le saxophoniste au festival de Châteauvallon. Dizzy Gillespie rejoint ce dernier sur scène dans A Night in Tunisia et Hot House (durée 55 minutes). 

Freddie Hubbard au studio 104 de la Maison de la radio, le 25 mars 1973. Pour le label CTI, le trompettiste vient alors de graver quelques best sellers parmi lesquels les excellents “Red Clay” et “Straight Life” . Il reprend ce dernier avec les musiciens de son quintette. Junior Cook au ténor et à la flûte et George Cables au piano électrique en sont les deux autres solistes (durée 50 minutes).

Jazz-Icons5-R.-Kirk.jpg

Roland Kirk filmé par Marc Pavaux au Grand Palais pour «Jazz 3» le 8 mars 1972. Multi instrumentiste, Kirk joue simultanément de plusieurs instruments. Saxophone ténor, clarinette, diverses flûtes, mais aussi stritch et manzello sont ceux qu’il affectionne. Un quintette dont Ron Burton est le pianiste l’accompagne dans un programme comprenant Blue Train, Lester Leaps in, Soul Eyes et Inflated Tears, l’un des grands tubes de sa carrière (durée 75 minutes).

 

Informations détaillées sur www.jazzicons.com/news.html

 

Péniche L'improviste

-Ancrée à Paris sur le canal de l’Ourcq, la péniche L’improviste a fait peau neuve pour accueillir le jazz à son bord. L’objectif de Jean-Luc Durban le responsable du lieu est d’essayer de programmer trois concerts par semaine à des prix raisonnables. Pouvant contenir 80 personnes assises, sa salle de concert a déjà abrité le trio du guitariste Manu Codjia et le Christophe Marguet Quintet. Il est encore temps de réserver votre soirée du 23 novembre pour y écouter le trio du saxophoniste Sébastien Texier. Péniche L’improviste : face au 35 quai de L’Oise, 75019 Paris. www.improviste.fr 

TSJ Jazz 2011

-Nuit du Jazz TSF à l’Olympia le lundi 12 décembre à 20h00. Sous l’appellation de “You & the Night & the Music”, la manifestation réunit les 12 orchestres qui, pour la radio, a marqué les 12 mois de l’année. L’orchestre de cérémonie est cette année confié au Nice Jazz Orchestra placé sous la direction de Pierre Bertrand. Le batteur André Ceccarelli en est l’invité d’honneur. Egalement au programme : Tigran Hamasyan, Gregory Privat, Gretchen Parlato, Mario Canonge, Stéphane Belmondo (avec Kirk Lightsey et Gregory Porter), Giovanni Mirabassi, Stefano di Battista (en duo avec Yaron Herman), Pierrick Pedron et d’autres bonnes surprises. www.olympiahall.com

 

 

Carla Bley-Du lundi 21 au vendredi 25 novembre, de 18h00 à 19h00, Alex Dutilh consacrera son émission Open Jazz (France Musique) à Carla Bley. Cette dernière lui a accordé « la plus longue interview » de sa carrière, et la nuit du samedi 26 au dimanche 27 lui sera presque entièrement consacrée (de 1h à 7h) avec la diffusion de son opéra “Escalator Over the Hill” qui, enregistré entre 1968 et 1971, lui permit d’effectuer une synthèse passionnante des musiques de l’époque.

 

-Depuis le 31 octobre, la chanteuse China Moss possède sa propre émission sur Jazz Radio. Intitulée “Made in China”, elle est diffusée du lundi au vendredi de 20h00 à 21h00. www.jazzradio.fr

 

Hodeir, Solal-Le samedi 3 décembre à 17h30, au studio Charles Trenet de Radio France, Patrice Caratini et son Jazz Ensemble - Onze musiciens dont Claude Egea (tp), André Villéger (as), Mathieu Donarier (ts), Pierre-Olivier Govin (bs), Alain Jean-Marie (p) - reprendront des œuvres qu’André Hodeir (en photo avec Martial Solal) composa dans les années 50 pour le Jazz Group de Paris. Caratini avait rencontré Hodeir en janvier 2011 à l’occasion de son 90ème anniversaire, lui faisant part de son projet de jouer sur scène sa musique et ce dernier lui avait confié ses partitions. Depuis plusieurs mois, Xavier Prevost projetait d’organiser ce concert dans le cadre de son émission “Jazz sur le Vif”, concert où il espérait la présence du compositeur. Le mardi 1er novembre, nous apprenions la mort du créateur d’“Anna Livia Plurabelle”, de “Bitter Ending”. André Hodeir fut aussi musicologue (“Hommes et problèmes du jazz” en 1954) romancier et violoniste de jazz. Ce concert du 3 décembre sera diffusé sur France Musique le samedi 17 décembre à 23 heures dans l’émission de Xavier Prevost “Le bleu, la nuit” . En outre, le mardi 13 décembre, Arnaud Merlin consacrera son émission “Le matin des musiciens”  à André Hodeir, invitant Patrice Caratini à « analyser et décrypter son langage ».

Visuel-Ray-Charles-copie-1.png

 

-L’Ina et Reelin’ In The Years (société de production californienne) se sont associés pour publier en DVD haute définition les premiers concerts de Ray Charles en France. Tournés en 1961 par Jean-Christophe Averty au festival d’Antibes Juan-les-Pins, ces films 16mm ont été remontés et synchronisés avec les bandes sons du concert puis remasterisés afin d’obtenir une qualité optimum. D’une durée de 105 minutes, “Live in France 1961” permet ainsi de redécouvrir le « Genius » dans ses plus grands tubes (What’d I Say, Georgia On My Mind, Hallelujah I Love Her So…). Eagle Rock, distribution Naïve. Prix indicatif : 16, 90€

A.-Herve-DVD-Jobim.jpg

 

 -Les leçons de Jazz d’Antoine Hervé en DVD dès janvier 2012. “Antonio Carlos Jobim et la bossa-nova”  (avec comme invité le chanteur Rolando Faria, sortie le 24 janvier) sera suivi de “Wayne Shorter, jazzman extra-terrestre”  (le 21 février, avec Jean-Charles Richard aux saxophones) et de “Oscar Peterson, maître du swing”  (Mars 2012, en trio avec François et Louis Moutin). RV Production, distribution Harmonia Mundi.

 

CREDITS PHOTOS :  André Hodeir & Martial Solal © Pierre de Chocqueuse - Carla Bley © Watt Records - Péniche L'Improviste © X/D.R.

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17 novembre 2011 4 17 /11 /novembre /2011 09:30

Beirach--Unspoken-cover.jpgMembres fondateurs de Quest, groupe renaissant aujourd’hui de ses cendres, Dave Liebman et Richie Beirach ont enregistré cinq disques en duo. “Chant”  le précédent date de 1989. Plus de vingt ans le sépare donc de ce sixième opus qui témoigne du chemin parcouru. Si Beirach pratique sensiblement le même piano, Liebman se montre moins agressif, assume un jeu plus mélodique. Au soprano, il affectionne le registre aigu de l’instrument, monte même jusqu’au suraigu à la fin de Transition qu’il enrobe pourtant d’un baume apaisant. Au ténor, il possède un son ample, volumineux. Il peut violenter ses notes jusqu’au cri (Awk Dance, l’introduction de Prayer for Michael), mais leur fait souvent chanter des mélodies. Celle de All The Things You Are qu’il aborde au soprano se voit conséquemment enrichie par les inventions harmoniques de Beirach. Ce dernier a choisi de mettre au répertoire Invention (l’Adagio pour cordes de la seconde suite de “Gayaneh”) d’Aram Khatchaturian, adagio (une andante dans la version intégrale du ballet) que Stanley Kubrick utilise dans “2001 : A Space Odyssey”. Construit sur une simple phrase, Ballad 1 captive par la profondeur harmonique de ses dialogues. Composé dans les années 70, Awk Dance est plus sombre. Le pianiste plaque des accords dans les graves, donne une consistance quasi matérielle au morceau. Dans Waltz for Lenny (qui figure dans un vieux disque Owl de Liebman) il surprend par l’étendu de son vocabulaire pianistique, ses accords percussifs et inattendus, l’usage de la pédale forte lui permettant de multiplier les effets sonores. New Life est plus abstrait. Le piano assure un contrepoint mélodique à un soprano parfois rêveur. Morceau préféré de Jean-louis Chautemps auteur de l’un des deux textes du livret - « peut-être le chef-d’œuvre de ce CD » écrit-il -, Tender Mercies est une prière d’une grande richesse harmonique que Liebman joue à la flûte. Hymn for Mom et Prayer for Michael concluent l’album. Le saxophoniste composa le premier à la disparition de sa mère en 2005. Le piano de Beirach lui apporte densité et mystère. Dans Prayer for Michael, hommage de Liebman à Michael Brecker décédé en 2007, le ténor pleure des flots de notes paroxystiques. Contre la mort qui frappe son vieil ami, il crie haut et fort sa colère.    

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12 novembre 2011 6 12 /11 /novembre /2011 11:30

Logo-Jazz-en-Tete.jpgDepuis 24 ans le festival Jazz en Tête fait le bonheur d’un public qui souhaite écouter du jazz dans un festival de jazz. La salle de la Maison de la Culture de Clermont-Ferrand dans laquelle se déroulent les concerts comprend une vaste Malia-a.jpgscène abondamment éclairée. On peut y faire de superbes photos - demandez à Philippe Etheldrède : avec son Instamatic Kodak équipé d’un flash cube, il en réussit de très bonnes - ou traîner backstage dans les loges mises à la disposition des invités. Entrouvrant la porte de l’une d’elles, je suis surpris par les ronflements qui en sortent. Un repaire de marmottes en pleine hibernation ? Non, tout simplement Jean-Paul, Jacques des Lombards et Bajoues Profondes qui sommeillent. Musiciens et journalistes occupent d’autres loges, fraternisent. L'infatigable Denis Maillet trouve des solutions à tout. L’attachée de presse Sybille Soulier chouchoute ses journalistes. Dodo, une jeunette, court partout. Malia fait provision d’eau minérale avant de monter sur scène. Le photographe Michel Vasset immortalise en noir et blanc. Maître d’œuvre du festival, son directeur artistique Xavier “big ears” Felgeyrolles a fort à faire. Il faut gérer l’imprévu, les Xavier-Felgeyrolles-.jpgproblèmes inattendus. L’avion qui conduit Vijay Iyer et ses musiciens d’Istanbul à Clermont a pris trop de retard pour qu’un soundcheck soit possible. Ils n’arriveront que tardivement. Charles Lloyd accepta d’assurer la première partie, de donner un concert plus long afin que le public n’ait pas à attendre. Apprécié des musiciens et des journalistes, le festival fidélise un public enthousiaste. Malgré leur arthrite galopante, Monsieur et Madame Michu font chaque année le voyage. Ils savent qu’ils vont y entendre du jazz, une musique qu’ils ont appris à connaître et à aimer, une musique qui malgré sa grande diversité repose sur des règles, un vocabulaire qui lui appartient en propre. Xavier Felgeyrolles a conçu Jazz en Tête « comme une plongée annuelle et profonde dans le jazz de chez jazz », un jazz que Xavier associe étroitement au swing « triomphe de la vie sur la candeur lénifiante des sirops, l’ombre de cette petite chose que n’ont pas les autres musiques musicales, un antidote plus que centenaire à la poussière quotidienne. » Nicolas Caillot G. Porter ©Ph. Etheldrèderemplace aujourd'hui Daniel Desthomas à la tête de l’association Jazz en Tête. Son équipe a permis aux Michu d’applaudir les jazzmen qu’ils rêvaient écouter et d’en découvrir d‘autres, tout aussi talentueux. Après Ambrose Akinmusire, Walter Smith III et Robert Glasper qu’ils ont entendus pour la première fois à Clermont, la présence cette année de Gregory Porter, chanteur dont on va beaucoup parler et que je suis allé écouter au Duc des Lombards, les fait déjà bien saliver. Rester plus de deux jours m’étant impossible, Philippe Etheldrède m’a gentiment fait parvenir une photo criante de vérité de ce dernier. Quel talent ce Philippe ! Mais ils ont tous le jazz en tête !

 

MARDI 18 octobre

J. Terrasson & B.E. TravisJacky Terrasson reste un habitué de Jazz en Tête. Normal, il compte parmi les meilleurs pianistes de la planète jazz et parvient à mettre son énergie, son sens inné du rythme au service d’harmonies aux couleurs rutilantes. On attendait Justin Jacky Terrasson-copie-1Faulkner à la batterie. Corey Fonville le remplaça. Ce jeune virginien que l’on a entendu auprès de Joe Locke, Jeremy Pelt, Richie Cole et Cyrus Chestnut prend visiblement plaisir à jouer avec Burniss (avec deux s) Earl Travis, un spécialiste de la basse électrique. Il ne joua que de la contrebasse, le funk saupoudrant une musique chantante privilégiant l’harmonie, contrebasse et batterie se mettant au service d’un jazz plus mélodique que musclé, Jacky conservant la dynamique de son piano. Au cours d’une longue introduction en solo, il utilisa son instrument de manière percussive  – cordes pincées, tirées, notes martelées – prélude à un Sister Cheryl Corey-Fonville.jpg(Tony Williams) époustouflant. Dans Smile, un des thèmes qu’il affectionne, il fit tourner un ostinato permettant au batteur de montrer son savoir faire. Il étala la richesse et la diversité de son piano dans les ballades - articulation parfaite, toucher limpide, notes effleurées, caressées, art maîtrisé de la nuance - , cette première partie de concert s’achevant sur une version vitaminée de Caravan, Jacky aimant reprendre des standards pour les moderniser. Malia rejoignit le trio sur scène pour la suite du programme. Originaire du Malawi, elle s’elle fait connaître par des enregistrements qui relèvent de la soul music et met Malia-b.jpgaujourd’hui sa voix grave et sensuelle au service du jazz. Sa légère raucité fait merveille dans les ballades qu’elle interprète avec feeling, How Long Has This Been Going Home ? de Gershwin, Then You’ve Never Been Blue que popularisèrent Judy Garland et Ella Fitzgerald. Jacky trempe ses notes dans le blues, en joue peu, mais les place toujours aux bons endroits pour servir de tremplin à la voix, optimiser le chant. Malia aime Billie Holiday et Nina Simone, chante My Baby Just Cares for Me et Don’t Explain. Une version enlevée et funky de Workin’, le tube de Nat Adderley, s’enrichit d’un solo de contrebasse énergique. Malia peut poser sa voix en toute confiance. Un trio merveilleux l’accompagne.

 

MERCREDI 19 octobre

Charles-Lloyd.jpgCharles Lloyd : le mouvement de vigne de son saxophone s’enroulant autour des mélodies que lui dicte son imaginaire me reste en mémoire. S’il souffle des ragas de petit matin, son mysticisme passe aussi par des moments intenses. Il peut tordre le cou à ses notes comme s’il désespérait de leur imperfection. Son chant autorise tous les possibles : cris de rage, de douleur qu’apaise une immense tendresse. Charles laisse beaucoup de place à ses musiciens. Jason Moran son pianiste cultive les dissonances, joue un piano abstrait mais sait aussi rester à l’écoute de l’autre, se montrer lyrique, ses phrases ouvertes accueillant les tourbillons de notes Reuben RogersJason MoranEric Harlandspiralées que Lloyd place entre deux prières. Ce dernier dispose d’une des meilleurs rythmiques du moment. A la contrebasse, Reuben Rogers assure un contrepoint mélodique aux solistes, guide leurs échanges sans jamais rechercher C.-Lloyd-.jpgl’exhibition. Une réelle complicité existe entre lui et Eric Harland. Tous deux s’accordent à varier les tempos, à tisser une grande variété de rythmes pour enrichir le flux sonore. Styliste de l'instrument, le batteur pratique un drumming foisonnant, une polyrythmie savante et souple qui loin de fermer la musique lui ouvre des perspectives, l’engage sur des sentiers qui bifurquent. Superbe version de Go Down Moses dans laquelle Lloyd porte haut un chant profondément spirituel et met son âme à nu.

 

Vijay-Iyer-Band.jpgLa musique de Vijay Iyer est certes plus difficile à saisir. Lui aussi possède une section rythmique d’exception. Elle lui permet de prendre des risques, de développer un jeu constamment inventif. Vijay utilise des modes indiens, les Vijay IyerMarcus Gilmorerythmes carnatiques de l’Inde du Sud, joue un piano souvent percussif. Ses répétitions de notes hypnotisent. Le pianiste reste pourtant profondément lyrique. Influencée par Thelonious Monk, Cecil Taylor et Andrew Hill, sa musique Iyer--Crump--Gilmore.jpgl’est aussi par Duke Ellington et se situe dans la tradition du jazz. Son répertoire comprend de nombreux standards qu’il traite de manière personnelle. Clusters, dissonances, intervalles inhabituels, les notes s’échappent de son piano comme un torrent furieux. Contrebasse et batterie installent une tension constante, dynamisent une musique savante qui fait parler le groove. Stephan Crump joue beaucoup de notes sur sa contrebasse. Marcus Gilmore multiplie les rythmes impairs et fractionnés. Une polyrythmie souple et mobile conduit Vijay Iyer à repenser le vocabulaire pianistique pour le plonger dans la modernité.

 

PHOTOS  © Pierre de Chocqueuse - Gregory Porter © Philippe Etheldrède. 

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7 novembre 2011 1 07 /11 /novembre /2011 09:45

E.-Rava--Tribe-cover.jpgApôtre du free jazz dans les années 70, Enrico Rava utilisait le cri, la démesure paroxystique comme moyen d’expression. Privilégiant la mélodie, il préfère aujourd’hui souffler de la douceur, arrondir ses notes brumeuses pour les rendre plus belles. Trois ans après “New York Days”, un enregistrement new- yorkais qui compte parmi les grands opus de sa discographie, le trompettiste retrouve son groupe transalpin, mais sans Stefano Bollani qui possède son propre trio et donne des concerts en duo avec Chick Corea. Pour le remplacer, Enrico a engagé un jeune musicien qu’il suit depuis longtemps. Il l’a connu âgé de 12 ans et l’a vu travailler son piano sans relâche. « Pour continuer d’inventer j’ai besoin de me mettre en situation d’être surpris. Giovanni Guidi est comme Bollani ou Petrella : il m’étonne constamment. » On ne le serait pas moins à l’écoute de ce pianiste au toucher délicat qui possède un sens profond des couleurs, économise ses notes pour les placer aux bons endroits, et enrichit les thèmes par ses nuances. Rava reprend ici de vieux thèmes de son répertoire. Cinq des douze morceaux que contient l'album ont été précédemment gravés pour ECM, Label Bleu et Soul Note. Les trois premiers s’enchaînent parfaitement, comme s’ils avaient été conçus ainsi. Le mélancolique Amnesia introduit Garbage Can Blues qui, confié à un trio (piano, contrebasse, batterie), sert de prélude à Choctow. Émule de Paul Motian, son jeu mélodique allant de pair avec un travail sur les timbres de l'instrument, Fabrizio Sferra marque le temps sur la grande cymbale. Associée à la contrebasse complice de Gabriele Evangelista qui assure souvent une simple pédale, sa batterie rythme les dialogues de Rava et de Gianluca Petrella au trombone. Le thème de Cornettology relève du bop, mais très vite, le morceau bifurque, s’ouvre aux improvisations collectives des solistes, le ralentissement du rythme harmonique leur donnant une grande liberté. Invitée dans F. Express, la guitare de Giacomo Ancillotto en souligne la ligne mélodique. Tears For Neda nous tire effectivement des larmes. Son tempo est lent ; de ses notes chagrines coulent des pleurs. Une série de courtes compositions complètent l’album. Song Tree évoque le Miles Davis de Lonely Fire. Autre pièce modale et lente, Paris Baguette subjugue par la magie de son lyrisme, la trompette de Rava servant le cantabile avec une grande variété d’inflexions. Un des disques les plus attachants de l’année.

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3 novembre 2011 4 03 /11 /novembre /2011 08:21

Micros-insectes.jpg

Novembre : malgré un budget réduit, le festival Jazz en Tête parvient à faire venir les meilleurs jazzmen de la planète. Il ne dure que 5 jours, en est à sa 24ème édition et rassemble tous ceux qui souhaitent entendre du jazz dans un festival de jazz. Ce n’est pas si fréquent. Lors de leur périple estival, les Michu ont maintes fois frôlé la crise cardiaque, la viole de gambe des Carpates ou le Bongo Balalaïka Techno Jazz Band leur ôtant tout moral. Certains de le retrouver à Clermont-Ferrand, Monsieur et Madame Michu ont fait le déplacement et occupent les premiers rangs de la Maison de la Culture. Leurs fauteuils sont si confortables qu’ils ne remarquent pas les lascars qui les entourent, Jean-Paul descendu de Paris pour Jacky Terrasson et son ami Bajoues Profondes, râleur impénitent. Lorsqu’il ne rêve pas à ses prochaines émissions de Jazz à FIP, à celle qu’il prépare pour le 13 novembre, Philippe Etheldrède prend des photos. Entre deux critiques acerbes, Jean-Paul ronfle. Les Michu se tassent sur leurs sièges, de peur de déranger. Bajoues Profondes n’aime pas la musique qu’il entend, regrette Count Basie et Duke Ellington, Stan Getz et Dizzy Gillespie. « C’était mieux avant » explique-t-il aux Michu qui apprécient, réclament des rappels. Ils se rendront aux jam-sessions qui se tiennent en face, dans l’hôtel où je loge avec les musiciens. Quant à Bajoues Profondes, le ciel est en train de l’exaucer. Par sa délicieuse attachée de presse, Agnès Thomas, Sony Music vient de me faire parvenir un très bon disque Oscar-Peterson--cover.jpgd’Oscar Peterson en solo, “Unmistakable”. Grâce à un système de reproduction haute résolution, le piano, un Bösendorfer Impérial magnifiquement accordé, joue tout seul la musique d’Oscar. L’ordinateur contrôle le clavier, les pédales, l’instrument restituant avec une richesse stupéfiante des concerts inédits du pianiste. Si Jean-Paul reste sceptique, Bernard jubile. Ses robots deviennent réalités. Correctement informé, l’ordinateur fournira demain des nouvelles compositions de Charlie Parker, Charles Mingus ou Miles Davis. Confiés à des machines intelligentes, les instruments pourront les jouer comme si leurs auteurs étaient toujours vivants. Ne vient-on pas d’annoncer que la médecine était en mesure de régénérer nos vieilles cellules, leur donner une nouvelle jeunesse, rendre à nos vieilles peaux leur souplesse primitive ? Manipulation génétique, manipulation sonore, le progrès nous tombe dessus à la vitesse d’un TGV. Pour du bon jazz éternellement ?  

 

QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT

Fred Hersch

 

-Fred Hersch au Sunside les 3 et 4 novembre. Avec lui le trio qui a enregistré “Whirl“, l’un des meilleurs disques de l’an passé (Choc Jazz Magazine / Jazzman du mois de septembre 2010). John Herbert à la contrebasse et Eric McPherson à la batterie connaissent bien les tours de passe-passe du pianiste, l’un des meilleurs de la planète jazz, et sont parfaitement aptes à y répondre. Les amateurs ne manqueront pas ces soirées prometteuses.

Deborah-Tanguy-b.jpg

 

-Le 7 à 19h30, Antoine Hervé consacre sa leçon de jazz à Ella Fitzgerald. Avec Deborah Tanguy qui enseigne le chant depuis de nombreuses années pour célébrer Ella. Sa photo passe bien dans mon blog. Oncle Antoine ne m’en voudra sûrement pas de ne pas mettre la sienne ce mois-ci. Maison des Pratiques Artistiques Amateurs, auditorium St. Germain, 4 rue Félibien 75006 Paris.

 

-Une photo de Philippe Etheldrède prise à Clermont-Ferrand lors du récent festival Jazz en Tête. Gregory Porter y donna son premier concert sur le sol G. Porter©Ph. Etheldrèdefrançais. On pourra l’écouter au Duc des Lombards, le 7 et le 8 avec Chip Crawford au piano, Aaron James à la contrebasse et Andrew Atkinson à la batterie. Nouveau venu du jazz vocal, Porter envoûte par sa voix de baryton chaude et puissante. Joe Williams, Jimmy Witherspoon, Sam Cooke et Marvin Gaye ont influencé le chanteur dont le jazz se teinte de soul et de gospel. Pour vous en convaincre, écoutez “Water”, (Motéma / Integral), une vraie réussite !

 

S.-SwallowcPhilippe-Etheldrede.jpg-Steve Swallow (basse électrique, faut-il le préciser) en quintette au New Morning le 9. Avec Carla Bley à l’orgue, Chris Cheekau saxophone ténor, Steve Cardenas à la guitare et Jorge Rossy à la batterie. Ce dernier joua longtemps avec Brad Mehldau qui tient le piano dans “Blues Cruise”, un excellent disque de Chris Cheek. On reste donc en famille, avec d’excellents musiciens constituant une formation inédite qui ne peut que surprendre.

 

Kenny-Werner-b.JPG-Depuis quelques années Kenny Werner mène à bien des projets très différents. Un disque surprenant pour Blue Note en 2007, des enregistrements live en trio et en quintette, des travaux en grand orchestre, notamment avec le Metropole Jazz Orchestra et le Brussels Jazz Orchestra (le récent “Institute of Higher Learning”, Choc Jazz Magazine / Jazzman ce mois-ci), sans oublier “New York – Love Songs” en solo, premier disque de la série Jazz and the City, le pianiste ne chôme pas. Le Duc des Lombards l’accueille le 11 et le 12. En trio avec Johannes Weidenmueller à la contrebasse et Dan Weiss à la batterie.

 

Sonny-Rollins.jpg-Sonny Rollins à l’Olympia le 14 (20h00). Je l’ai écouté à Vienne l’été dernier. Le colosse souffle toujours des notes volcaniques et n’a rien perdu de son énergie. S’il se déplace avec difficulté, il possède toujours un son énorme et des idées mélodiques intarissables. Il fait confiance à sa section rythmique pour encadrer et faire tourner sa musique. Depuis deux ans le batteur Kobie Watkins assure un drumming inventif. L’inusable Bob Cranshaw semble avoir retrouver sa contrebasse et les congas de Sammy Figueroa rythment les nombreux calypsos qu’affectionne le ténor. Peter Bernstein complète la formation à la guitare. Il parvient à placer quelques chorus lorsque Rollins, qui n’aime guère passer la main, éprouve le besoin de récupérer des marathoniennes improvisations qu’il pousse jusqu’au vertige.

 

Pascal Schumacher-Le quartette de Pascal Schumacher à l’Institut Hongrois de Paris le 15 (20h00) dans le cadre du Festival JazzyColors, et au Duc des Lombards le 17. Franz von Chossy au piano, Christophe Devisscher à la contrebasse et Jens Düppe à la batterie accompagnent le vibraphoniste luxembourgeois qui se fit connaître en 2002 par ses concerts au Sounds Jazz Club de Bruxelles. Avant d’entamer une brillante carrière sous son nom, Jef Neve fut longtemps le pianiste de la formation. “Bang My Can” leur dernier album est plus proche du rock, mais sur scène, le groupe joue aussi d’anciens morceaux et séduit par la richesse de ses timbres, sa musique très soignée.

 

Dan-Tepfer.jpg-Dan Tepfer en solo au Sunside le 21 à l’occasion de la parution de l’album “Goldberg Variations / Variations” (Sunnyside), improvisations autour des célèbres “Variations Goldberg” de Bach que Dan découvrit à l'âge de onze ans jouées par Glenn Gould. Elles ont toujours été proches de lui. Il les reprend avec transparence, traduit les émotions qu’elles expriment, mais y ajoute sa propre voix, son propre vocabulaire harmonique. Les pièces rapides nécessitent beaucoup de virtuosité, mais ce sont dans les mouvements lents, lorsque Dan joue son propre piano, qu’il exprime le mieux son attachement à Bach et à sa musique.

 

Voice Messengers © Laurent Mignaux-Véritable big-band au sein duquel les cuivres et les saxophones sont assurés par les voix, les Voice Messengers retrouvent une scène parisienne après trois ans d’absence, celle du Théâtre de l’Européen qui les accueille les 21 et 22. La formation comprend les chanteuses Chloé Cailleton, Rose Kroner, Amélie Payen et Solange Vergara. Les chanteurs sont Sylvain Belgarde, Larry Browne, Manu Inacio et Vincent Puech. Gilles Naturel à la contrebasse et François Laudet à la batterie assurent la section rythmique. Au piano Thierry Lalo signe les arrangements, mais aussi les musiques de quelques poèmes de Guillaume Apollinaire, Charles Baudelaire et Oscar Milosz. Le répertoire comprend également des compositions de Jean-Loup Longnon, Glenn Ferris, Tom Harrell et des standards dont le fameux Stolen Moments d’Oliver Nelson. Leur album “Lumières d’automne” a reçu en 2007 le Prix du Jazz Vocal de l’Académie du Jazz.   

 

Michel-El-Malem-c-Fred-Monneron.jpg-Ne manquez pas le concert que donnera le saxophoniste Michel El Malem au Sunside le 24. “Reflets” son second album est une des bonnes surprises de la rentrée. Pour jouer ses compositions, Michel garde les musiciens qui l’accompagnent dans “First Step”  son disque précédent - Michel Felberbaum à la guitare, Marc Buronfosse à la contrebasse, Luc Isenmann à la batterie - , mais introduit un cinquième élément dans le groupe, Marc Copland. Son piano apporte d’autres couleurs, enrichit un discours musical au sein duquel règne l’échange, l’écoute mutuelle, le saxophoniste (ténor et soprano) privilégiant la clarté de la ligne mélodique à la virtuosité.     

 

Larry-Willis-c-Mapleshade-Records.jpg-Larry Willis au Duc des Lombards les 25 et 26. Né en 1942, il étudie le chant avant d’apprendre le piano en autodidacte et de jouer dans les clubs de jazz de New York avec Eddie Gomez et Al Foster. Larry a alors 17 ans. Deux ans plus tard, le saxophoniste Jackie McLean l’engage dans sa formation. Il tient le piano dans “Right Now !” (1965), sa première apparition sur un disque. Plus de 300 albums suivront. Lee Morgan, Dizzy Gillespie, Woody Shaw, Stan Getz, Carmen McRae, Shirley Horn feront appel à ses services, le pianiste enregistrant beaucoup pour les labels Audioquest, Steeplechase, Evidence et Mapleshade dont il assume la direction musicale depuis 1992. Les apparitions du pianiste sur des scènes françaises sont rares. L’écouter au Duc en trio avec Steve Novosel à la contrebasse et le jeune Billy Williams à la batterie est une opportunité qui ne se refuse pas.

 

Ricky-Lee-Jones-c-Dave-Barnum.jpg-Publié en 1981, “Pirates” interpelle par sa pochette, une superbe photographie de Brassaï. Le disque contient huit chansons inspirées confiées à des musiciens de la scène rock californienne (les guitaristes Dean Parks et Steve Lukather) mais aussi à des jazzmen. Randy Brecker, David Sanborn et Tom Scott assurent les vents. Russell Ferrante, Donald Fagen (Steely Dan), et Rob Mounsey jouent des claviers. La section rythmique se voit confiée à Chuck Rainey et Steve Gadd et les arrangements de Skeletons et The Returns à Ralph Burns. Rickie Lee Jones, vingt-sept ans à l'époque, signe l’un des meilleurs albums d’une carrière qui l’a souvent vu flirter avec le jazz. “Girl at her Volcano” (1983) contient une reprise émouvante de My Funny Valentine et “Pop Pop” (1991) bénéficie de la contrebasse de Charlie Haden, Joe Henderson soufflant du ténor dans Dat Dere et Bye Bye Blackbird. Avec ses musiciens, la chanteuse interprétera “Pirates” le 27 Salle Pleyel.

 

Bill-Frisell-858-Quartet-cMichael-Wilson.jpg-Jazz, rock, blues, country music, Bill Frisell touche à tout et surprend par la diversité de ses projets. Son 858 Quartet est un quartette à cordes au sein duquel il joue bien sûr de la guitare. Jenny Scheinman au violon, Eyvind Kang à l'alto et Hank Roberts qui tient le violoncelle complètent la formation dont l’album “Sign of Life” s’est fait remarqué. Frisell a depuis sorti un nouveau disque consacré aux chansons de John Lennon. Au sein du 858 Quartet, il mélange les genres, mais exprime une musique profondément enracinée dans le sol de l’Amérique. Le groupe sera au New Morning le 28.

 

Harold-Mabern-c-David-Katzenstein.jpg-Harold Mabern en trio au Sunside les 28, 29 et 30 novembre avec John Weber à la contrebasse et Joe Farnsworth à la batterie. Lui aussi joue rarement à Paris. Originaire de Memphis comme Phineas Newborn son mentor, il pratique un piano virtuose aux notes abondantes, joue de longues lignes mélodiques élégantes. Très actif dans les années hard bop, Mabern travailla avec Donald Byrd, Miles Davis, Lee Morgan, Freddie Hubbard, Sonny Rollins, Jay Jay Johnson et fut membre du Jazztet que co-dirigeaient Art Farmer et Benny Golson.

 

Affiche Jazzycolors-Faire découvrir des artistes peu connus en dehors de leur pays d’origine, c’est le projet du  festival Jazzycolors qu’organise 16 centres culturels étrangers. Pendant trois semaines, du 8 au 30 novembre, ces derniers proposent 17 concerts dans divers lieux de la capitale parmi lesquels l’ambassade du Portugal, l’Institut Hongrois et le Goethe Institut. Placé sous la présidence de Daniel Humair lors de sa création en 2002, le festival est parrainé par Bojan Z depuis 2008. Confié à ce dernier, le concert d’inauguration aura lieu le 8 au centre culturel de Serbie. Les musiciens qui se produisent cette année ne nous sont pas tous inconnus.  Christian Muthspiel, Jordan Officer, Pascal Schumacher et la pianiste Julia Hülsmann font déjà parler d’eux. Renseignements : www.jazzycolors.net

Sunside.jpg 

-Sunset - Sunside : www.sunset-sunside.com 

-Auditorium St Germain : www.mpaa.fr 

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com 

-New Morning : www.newmorning.com

-Olympia : www.olympiahall.com 

-Théâtre de l’Européen : www.leuropeen.info 

-Salle Pleyel : www.sallepleyel.fr 

 

PHOTOS :Micros insectes, Fred Hersch, Sonny Rollins, Pascal Schumacher, Dan Tepfer, Sunset / Sunside  © Pierre de Chocqueuse - Gregory Porter, Steve Swallow © Philippe Etheldrède - Kenny Werner © Kenny Werner 2011 - The Voice Messengers © Laurent Mignaux - Michel El Malem © Fred Monneron -  Larry Willis © Mapleshade Records - Ricky Lee Jones © Dave Barnum - Bill Frisell 858 Quartet © Michael Wilson - Harold Mabern © David Katzenstein - Deborah Tanguy,  © X/D.R. 

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31 octobre 2011 1 31 /10 /octobre /2011 15:54

R.-Bottlang--Teatro-Museo--cover.jpgAu début des années 80, dans le petit bureau qu’il occupait rue Liancourt, Jean-Jacques Pussiau me fit écouter “In Front”, le premier disque en solo de René Bottlang qu’il s’apprêtait à sortir sur Owl Records, l’opus 22 de son label. Un deuxième album “At the Movies” allait suivre deux ans plus tard. Je perdis de vue le pianiste suisse et sa musique pour la retrouver en 2003 avec “Solongo” publié par l’AJMI (Association pour le Jazz et la Musique Improvisée) que préside Jean-Paul Ricard. Revenant d’un long séjour en Mongolie, René y dévoile d’autres rythmes, une musique inspirée par ses rencontres avec des musiciens traditionnels, sa découverte d’un autre monde. Après “Trilongo” et “Artlongo”, l’AJMI édite aujourd’hui un nouvel enregistrement de René. Un disque que le pianiste partage avec deux musiciens aussi curieux que lui. On ne présente plus Barre Phillips, le premier contrebassiste qui a osé publier un disque solo entièrement improvisé (“Journal Violone”  en 1968). Quant à Christian Lété, s’il accompagna Claude Nougaro et pendant dix ans Charles Aznavour, il a été le batteur de l’ONJ de Claude Barthelemy, a joué avec moult jazzmen et n’a jamais cessé de constituer des groupes, le dernier en date avec Claude Terranova et Tony Bonfils. “Teatro Museo”  procède d’une autre démarche. Avec Barre Phillips et Christian Lété, René Bottlang converse en toute liberté, choisit de jouer une musique ouverte et collective. Rien ne semble avoir été prémédité dans ce disque qui prend le temps de respirer, de s’écouter. On y entend des cordes, du bois, du métal, des peaux vibrer et résonner. La musique est ici sons et matières. Sa nature tellurique touche à quelque chose de profond, de primitif dans ces improvisations entre trois instruments qui s’épaulent, inventent, parlent ensemble d’une même voix. Dans A l’écoute, Travellers, Sur un bateau jusqu’à une île, Post-Composum, l’harmonie structure le jeu collectif. Plus abstraites, les autres plages s’organisent davantage autour du rythme. Dans Handscript et Off to the Side, les mains frappent, percutent les instruments et participent au processus créatif. Au départ, You, Me and You n’est qu’un simple ostinato joué par le piano. Il déclanche des commentaires abondants, un foisonnement mélodique et rythmique pour le moins télépathique. Introduit par quelques notes obsédantes, Teatro Museo génère une improvisation collective fascinante et témoigne de la remarquable interaction d’un trio pas comme les autres.    

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27 octobre 2011 4 27 /10 /octobre /2011 09:40

Philippe-Aerts.jpgTrois jours de concerts à l’Abbaye de Neumünster, dans le Grund, l’un des vingt-quatre quartiers de la ville de Luxembourg. Naguère mal famé, c’est aujourd’hui un endroit branché qui regorge de cafés, de bonnes adresses et de bons restaurants. Situé dans le profond ravin où Neumünster la nuitcoule l’Alzette, rivière associée à la Mélusine de la légende, le Grund n’est qu’à quelques minutes de la ville haute. On la rejoint à pied par le Bisserwee, rue de l’époque romaine ou par l'ascenseur qui mène à la place Saint-Esprit. Impliquée dans de nombreux échanges culturels, l’Abbaye de Neumünster s’ouvre aux scènes limitrophes, accueille les musiciens des pays voisins, l’Allemagne, la Belgique et la France. Transformée en Centre Culturel en 2004, elle abrite depuis 2007 l’Autumn Leaves Festival. Les concerts se déroulent Neumünster, parvis la nuitdans la brasserie et pour les plus importants dans la salle Robert Krieps (283 places) de l’autre côté du parvis balisé la nuit comme un aérodrome. Invités et musiciens logent dans un troisième édifice aux murs épais qui servit longtemps de prison. Ancien ministre de la culture et de la justice, Robert Krieps y fut enfermé par les nazis. Le bâtiment a été complètement restauré, les cellules voûtées transformées en studios et en Neumünster, corridorsappartements. Invité par Raymond Horper, directeur administratif et financier de l’abbaye et secrétaire du JAIL (Jazz in Luxembourg), j’occupe l’une des plus grandes et malgré sa salle de bain et son confort moderne, l’endroit reste austère et chargé d’un muet écho martial, comme s’il conservait la mémoire de son sombre passé.

 

 VENDREDI 14 octobre

Le quartette du vibraphoniste luxembourgeois Pascal Schumacher ouvrit les festivités festivalières. La formation existe depuis 2002. Outre Pascal, elle comprend le pianiste allemand Franz von Chossy, le belge Christophe Devisscher à la contrebasse et le batteur allemand Jens Düppe. Peu connue en France, elle a enregistré six albums. Moins réussi que “Silbergrau” enregistré en P. Schumacher & Ch. Devisscher2007 avec Jeff Neve au piano, l’ambitieux “Bang My Can”, le dernier en date, souffre d'une trop grande dispersion musicale. Ce travail d'écriture qui s'écarte parfois du jazz donna lieu à une prestation très soignée sur un plan formel. Pascal Schumacher cherche à mélanger les genres et n’y réussit qu’imparfaitement. Souvent basée sur de longs crescendos, sa musique cinématique emprunte au rock des rythmes binaires qui l’alourdissent sans pour autant la rendre originale. Le vibraphoniste envisage pourtant de manière personnelle le son de son instrument. Couplé à des effets électroniques, son vibra captive par ses timbres cristallins. Franz von Chossy n’a pas la personnalité d’un Jeff Neve auquel il succède, mais son piano met en valeur le vibraphone de Pascal, en prolonge avec bonheur les travaux. Avec un contrebassiste à la sonorité ample et profonde, un batteur subtil rythmant en douceur les phases contrapuntiques de la musique qui s’inspire souvent de l’indémodable Jean-Sébastien, le groupe a assurément la capacité technique de satisfaire ses ambitions. 

 

Al-Foster.jpgUn peu plus vieux chaque année, Al Foster n’a pourtant rien perdu de sa technique, pratique même un jeu moins économe, comme si son énergie, plus grande que par le passé, témoignait d’une jeunesse retrouvée. Le batteur dispose de la contrebasse ronronnante du fidèle Doug Weiss, d’un pianiste très capable, Adam Birnbaum, qui s’efface pour mieux servir la musique et surtout d’un saxophoniste qui sait raconter une histoire, cisèle ses notes et met la pression au bon moment. Marcus Strickland (car c’est de lui dont il s’agit) remplaça Eli Degibri à Luxembourg, la musique, du hard bop, y Marcus Stricklandgagnant en plénitude jazzistique, en finesse harmonique. Le programme annonçait un « tribute to Joe Henderson ». Il n’en fut rien. Al débuta par une version de So What, laissant le soin à ses musiciens de personnaliser et moderniser le répertoire. Jouant ses propres compositions parmi lesquelles un calypso naguère enregistré par Blue Mitchell, le batteur nous donna une version réjouissante de Chameleon, le tube funky d’Herbie Hancock. Le quartette nous régala aussi de quelques ballades, pain béni pour Strickland dont les notes peuvent acquérir la douceur du velours. Le sourire jusqu’aux oreilles, Al, aux balais, marquait les temps avec gourmandise, comme un jeune homme espiègle.

 

C’est dans la brasserie de l’Abbaye transformée en club que Bassdrumbone se produisit peu après. Tromboniste véloce, Ray Anderson tire une Ray Andersongrande variété de sons de l'instrument, étrangle ses notes, les fait chanter et gronder. Mark Elias à la contrebasse offre à cette musique collective de sacrés coups d’archet. Complétant le trio, Gerry Hemingway rythme et commente une musique mouvante et ouverte, presque entièrement improvisée. Le groupe n’hésite pas à prendre des risques, propose de longues séquences fébriles, alternance de moments calmes, de temps forts, de secousses inattendues. Une formation à découvrir sur scène, à saisir dans le feu de l’action. Elle existe depuis 1977 et ses membres, soudés comme les trois doigts de la main gauche de Django, s’autorisent une aventure musicale d’une grande diversité.

 

SAMEDI 15 octobre

Stefano-Bollani.jpgUne soirée « italienne » pour la nombreuse communauté transalpine résidant à Luxembourg. Une aubaine pour les amateurs de piano qui purent applaudir en première partie de programme le trio danois de Stefano Bollani  avec Jesper Bodilsen à la contrebasse et Morten Lund à la batterie, la meilleure paire rythmique scandinave. Ils se sont rencontrés en 2002 à Copenhague lors de la remise du JAZZPAR Prize à Enrico Rava et ont enregistré trois albums. Le plus connu, le dernier en date, n’est pas le meilleur. “Mi ritorni in mente” (2003) et “Gleda” (2004) reflètent mieux la cohésion, la musicalité généreuse de la formation qui occupe la scène de la salle Robert Krieps. Pour imaginer une musique plus ouverte, les trois hommes décident au dernier moment de leur répertoire. Jesper-Bodilsen.jpgL’improvisation est plus spontanée. La musique vit et respire grâce à la qualité de leurs échanges. Le piano semble se nourrir des accords, des harmonies de la contrebasse qui se plaît à faire chanter les thèmes. Le dialogue est tout aussi fertile avec le batteur. A l’occasion, le piano, mais aussi le tabouret du pianiste se transforment en instruments percussifs. Du premier, Bollani pince les cordes métalliques de la table d’harmonie, en martèle le coffrage. Son avant-bras droit traumatise le clavier. Sa main gauche fait jaillir des graves puissantes. Avec les pieds du second, il martèle le sol pour en tirer des rythmes. Il chante aussi, reprend Billie Jean de Michael Jackson, en donne une version lente et envoûtante, invente des mots, des onomatopées. Il joue des Morten-Lund.jpgvalses, du stride, du blues, pratique un piano rubato et espiègle. Ses cascades de notes arpégées donnent le vertige. Certes, Bollani en fait trop, mais lorsqu’il parvient à contrôler son trop plein d’énergie, à la mettre au service de la musique, et à s’effacer derrière elle pour lui laisser la première place, il fait réellement des miracles. Le pianiste fougueux et virtuose excelle ainsi dans les ballades dont il effleure les notes et fait couler le miel. Son toucher élégant et sensible, le poids émotionnel qu’il leur donne nous rend précieux une large partie de son répertoire. Une longue improvisation de rêve en solo, Dom de iludir de Caetano Veloso en rappel, le trio souvent en état de grâce nous offrit des moments de grand bonheur.

 

Stefano-di-Battista.jpgStefano di Battista a du succès, des fans et plaît aux femmes. “Woman’s Land” son dernier disque leur est consacré, des portraits de femmes réelles (Coco Chanel, Anna Magnani), virtuelles (Lara Croft) ou fictives (Molly Bloom, l'épouse de Leopold Bloom dans l’Ulysse de Joyce correspondant à la Pénélope de “L’Odyssée”). Soigneusement arrangée, la musique bénéficie de trois instruments mélodiques qui sur scène dialoguent fréquemment et disposent d’un vaste espace de liberté pour s’exprimer. C’est d’ailleurs les solos que l’on admire dans ces compositions parfois Jonathan-Kreisberg.jpgcomplaisantes qui se nourrissent de nombreux emprunts. Le thème de Coco Chanel fait penser à du Nino Rota, le funky Valentina Tereskova (la première femme cosmonaute) ressemble à du John Barryet Molly Bloom, une valse, est un habile démarquage de My Favorite Things, dont Stefano cita explicitement la mélodie au soprano. Ce dernier tire de l’instrument des sons sensuels et voluptueux, sait raconter des histoires mélodiques et séduisantes. Si le piano d’Olivier Mazzariello est surtout décoratif, Jonathan Kreisberg, le guitariste, impressionne par sa vélocité, la richesse de ses timbres, de ses effets sonores (notamment dans Anna Magnani et Coco Chanel, son instrument sonnant alors comme un banjo). Si la musique de Stefano di Battista manque un peu de profondeur, elle embrasse dans la joie et la bonne humeur de larges pans de l’histoire du jazz. Ella Jeff-Ballard.jpg(Fitzgerald) et Lara Croft relèvent du hard bop. Coco Chanel nous ramène aux années du stride et du charleston et Madame Lily Devalier (qui travailla sur les essences des parfums) sent bon le blues. La section rythmique pousse les solistes à se surpasser. Bien que trop discret, Francesco Puglisi fournit un gros travail à la contrebasse. Batteur puissant et instinctif, Jeff Ballard dynamise une musique qui passe bien en concert.

 

Mdungu.jpgRetour à la brasserie pour une toute autre musique, un appel à la danse pour les insomniaques et noctambules invétérés. Créé en 2003 par le saxophoniste Thijs van Milligen, Mdungu rassemble neuf musiciens de quatre pays, Hollande, Luxembourg, Espagne et Gambie. Influencé par l’Afrique, ses danses et ses transes, porté par des saxophones musclés alto, ténor et baryton), des guitares électriques saturées et outre un batteur, comprenant deux percussionnistes, le groupe déménage, balance joyeusement une musique funky, propose ska, reggae, jive, puise ses influences jusqu’en Afrique du Sud (marabi, mbaqanga) et mêle les genres dans un pandémonium torride et bon enfant.

 

DIMANCHE 16 octobre

Ivan-Paduart-Trio.jpgPas facile de réunir un public attentif un dimanche matin à 11h30 dans une brasserie où sont encore servis des petits-déjeuners à des amateurs de jazz qui sortent à peine de leur lit. Par la richesse de sa musique, la qualité de son swing, le trio d’Ivan Paduart parvint pourtant à éveiller l’intérêt des plus endormis. Méconnu en France, il a pourtant joué avec Tom Harrell, Toots Thielemans, Philip Catherine, Claude Nougaro, Rick Margitza, Bob Malach, Fay Claassen et David Linx. Sa rencontre avec Michel Herr en 1985 le persuada de devenir pianiste de jazz. Ivan Paduart compose et arrange ses musiques, des compositions impressionnistes d’une grande Philippe-Aerts--b-.jpgrichesse harmonique. Son piano aux notes délicates doit beaucoup à Bill Evans, il admire beaucoup Fred Hersch et consacra un disque entier à ses compositions. Le lieu dans lequel le trio se produit de si bon matin ne dispose que d’un piano droit ce qui n’est pas idéal pour un musicien de cette envergure. Très vite on n’entend plus l’instrument, mais seulement le pianiste, qui captive par sa musique solaire que sert un toucher délicat. Pour accompagner son univers poétique, deux complices de longue date, Philippe Aerts dont les lignes précises de sa contrebasse servent idéalement sa musique et Dré Pallemaerts, batteur expérimenté que les amateurs qui fréquentent les clubs de jazz parisiens connaissent bien. Ivan a enregistré avec eux en 2003 “Blue Landscapes”, une de ses grandes réussites. Souhaitons l'écouter plus souvent.

 

Mario-Stantchev.jpgJe retrouve la salle Robert Krieps pour le concert gratuit d’un quartette réunissant trois musiciens d’origine bulgare, le pianiste Mario Stantchev, le flûtiste Theodosii Spassov et le batteur Boris Dinev. Bien connu de la scène jazz luxembourgeoise, Rom Heck le quatrième homme se sert hélas d’une basse électrique, et son jeu funky trop influencé par Jaco Pastorius ne convient guère à la musique bulgare mâtinée de jazz qui nous est proposée. Spassov joue du kaval, une flûte à huit trous, et instaure de plaisants dialogues avec Stantchev, pianiste installé dans le sud de la France qui possède un solide métier et beaucoup d’expérience. Monotone, peu varié sur le plan des timbres, ce folklore jazzistique ne m’a guère convaincu.

 

Die-Enttauschung.jpgLe temps m’a manqué pour assister à l’intégralité du concert que donnait le groupe allemand Die Enttäuschung à la brasserie. Axel Dörner (trompette), Rudi Mahall (clarinette basse), Jan Roder (contrebasse) et Uli Jennessen (batterie) jouent le jazz qu’Ornette Coleman et Don Cherry pratiquait au début des années 60, une musique libre, mais structurée et organisée. Si elle n’est pas neuve, elle reste toutefois plus moderne qu’une bonne partie du jazz qui se crée aujourd’hui. J’ai entendu du rire, de l’humour dans ces comptines allègres, ces mélodies changeantes comme un ciel d’Ecosse, ces improvisations collectives au sein desquelles les couinements, râles et dissonances des souffleurs sont étroitement liés à un flux musical pour le moins tempétueux.

Photos © Pierre de Chocqueuse       

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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 10:00

Diego-Imbert-Next-Move--cover.jpgAyant choisi la contrebasse pour exprimer sa musique, Diego Imbert compose et arrange ses propres morceaux pour un quartette au personnel stable qui vit le jour en 2007. Garant du tempo, il stabilise le flux musical, lui donne une forte assise rythmique. La solidité et la logique de ses lignes de basse vont de pair avec l’attention qu’il porte aux mélodies, ces dernières guidant et inspirant son travail. Enregistré en octobre 2008, “A l’ombre du saule pleureur” mêlait déjà écriture et improvisation au sein de compositions ouvertes réservant de grands espaces de liberté aux solistes. Le groupe eut l’occasion de donner de nombreux concerts et ses membres apprirent à mieux se connaître, développant ensemble une véritable complicité dont tombent aujourd’hui des fruits réellement mûrs. Nul hasard donc si les rythmes, les mélodies et les improvisations s’agencent ici avec une remarquable fluidité. “Next Move” n’est que le second opus de la formation et pourtant la prise de risque, l’interactivité qui y règne font croire qu’elle existe depuis très longtemps. Se réservant de courts intermezzos, Diego écrit pour le bugle d’Alex Tassel, le saxophone ténor de David El-Malek, la batterie de Franck Agulhon, mais c’est ensemble que les protagonistes de cette aventure mettent les mains dans une pâte sonore qu’ils soulèvent et portent à bonne cuisson. Les compositions soignées séduisent par leurs couleurs, leurs justes proportions (équilibre parfait entre écriture et improvisation). Approchant les dix-huit minutes, la suite en quatre parties qui ouvre l’album est représentative de la musique qu’on y entend. Portés par le drumming foisonnant du batteur, les thèmes se voient exposés à l’unisson par des solistes qui développent des contre-chants, recherchent le dialogue tout en soignant l’aspect purement sonore de leur discours. De sombres nuages semblent traverser un troisième mouvement de forme chorale qui génère une improvisation collective gourmande des quatre instruments. Une certaine mélancolie se dégage de la plupart des ballades. November Rain se pare de couleurs automnales. Next Move et Snow ouvrent les portes du rêve, cette dernière pièce s’achevant par un solo de batterie inattendu. Les morceaux rapides sont tout aussi convaincants. Franck Agulhon fait danser ses tambours dans le funky Fifth Avenue. Les accords du bop propulsent vers les sommets des gratte-ciel l’énergique Electric City. La liberté insolente avec laquelle le tandem Alex Tassel / David El-Malek abordent le bref et allègre Shinjuku n’est pas très éloignée de celle que s’accordent Don Cherry et Gato Barbieri dans “Complete Communion”, le saxophoniste soufflant toutefois des phrases plus tranquilles et apaisées que celles, véhémentes, du ténor argentin. Quant à Diego Imbert, c’est souvent Dave Holland qu’il évoque par ses basses justes et précises, sa musique généreuse qui se passe de piano.

 

Pour fêter la sortie de leur album, Diego Imbert, Alex Tassel, David El-Malek et Franck Agulhon donneront un concert au New Morning jeudi prochain 27 octobre.

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18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 09:00

Collage-ViancPdC.jpgExposition Boris Vian à la Bibliothèque Nationale de France (Galerie François 1er) du 18 octobre au 15 janvier 2012). Peu connu de son vivant, sauf par les amateurs de jazz et les lecteurs de Jazz Hot qui suivaient attentivement sa « revue de presse », Boris Vian (1920-1959) se fit connaître du grand public lorsque l’éditeur Jean-Jacques Pauvert réédita son “Écume des jours” en 1963. Diplômé de l’École Centrale, Boris préféra se consacrer à l’écriture, à l’invention d’un langage poétique dont bénéficièrent ses romans. Le scandale que provoqua la parution de “J’irai cracher sur vos tombes” publié sous le pseudonyme de Vernon Boris Vian D.RSullivan fut nuisible à sa carrière d’écrivain. L’échec de son roman “L’Arrache-cœur” en 1953 la lui fit interrompre au profit de la chanson. Directeur artistique chez Philips à partir de 1955, il y créa « Jazz pour tous » (collection de 30cm) et « Petits jazz pour tous », série de 45 tours. Car le jazz fut la grande passion de Boris. S’il cessa de jouer de la trompette en 1955, il écrivit de nombreux textes et articles sur le sujet. Outre Jazz Hot dont il tint la revue de presse de décembre 1947 à juillet 1958, il collabora à Combat, Arts, Spectacles, Les Cahiers du Disque. Rédacteur en chef de Jazz News à partir de son numéro 3 (mars 1949), B. Vian, Chansons possibles, coveril rédige presque entièrement le huitième numéro sous les pseudonymes de Michel Delaroche, Docteur Gédéon Molle, Andy Blackshick, S. Culape. La revue cessera de paraître en juin 1950 après une onzième et ultime livraison.

 

Manuscrits - ceux de “J’irai cracher sur vos tombes”, du “Conte de fées à l’usage des moyennes personnes”, de “Trouble dans les Andains”, de la traduction du “Jeune homme à la trompette” de Dorothy Baker (“Young Man with a Horn”) - , éditions originales, peintures, revues, affiches et photographies nourrissent cette exposition dont la scénographie par son implantation en forme de fleurs de nénuphars fait COUV-VIAN.jpgréférence à “L’Écume des jours”. Son parcours audiovisuel est également d’une grande diversité. On peut y voir sur grand écran des extraits d’émissions de radio et de télévision provenant des archives de l’Ina, “La vie jazz, film documentaire de Philippe Kohly, “L’Écume des jours” de Charles Belmont ou “L’Herbe rouge” de Pierre Kast.

 

Richement illustré, le catalogue de l’exposition supervisé par Anne Mary, conservateur du département des Manuscrits de la BnF (une coédition BnF - Gallimard, 192 pages, 39 euros) comprend un long texte d’Alain Tercinet que les amis du jazz connaissent bien.

 

Ouverture du mardi au samedi de 10h à 19h, et le dimanche de 13h à 19h. Fermée lundi et jours fériés.

 

Logo-Vogue--b-.jpgL’exposition « Vogue » se poursuit jusqu’au 13 novembre à la BnF. Fondée en 1947 par trois amateurs de jazz, Charles Delaunay, directeur de la revue Jazz Hot, Léon Cabat et Albert Ferreri, la maison de disque connut son premier succès avec Les oignons de Sidney Bechet, plus d’un million d'exemplaires vendus. Vogue diffusa en France les premiers disques microsillons et s'illustra dans tous les genres musicaux. Jazz (Claude Luter, Martial Solal, Henri Renaud), musiques ethniques (les trésors ethnomusicologiques du Musée de l'Homme), chanson française (premiers disques de Johnny Hallyday, Françoise Hardy, Jacques Dutronc et Antoine), musique classique et musique pop. Cette saga prendra fin au milieu des années 80 avec l’arrivée du CD, support optique dont le succès contraindra la maison de disques à fermer son usine de pressage de Villetaneuse.

 

Mezz-Mezzrow--cover-P.-Merlin.jpgSeize panneaux dont quatre consacrés au jazz racontent cette histoire. Pochettes de disques (Pierre Merlin en signa de magnifiques), affiches, catalogues, photographies rares ou inédites (l'orchestre de Duke Ellington enregistrant salle Wagram avec un orchestre symphonique, des clichés d'André Berg) en constituent l’essentiel. S’y ajoutent des archives sonores et audiovisuelles : interviews d’artistes et du personnel de Vogue et images de scopitones, petits films diffusés dans les années 60 sur des juke-boxes associant l'image au son.

 

Allée Julien Cain. Du mardi au samedi de 10h à 20h, dimanche de 13h à 19h, et le lundi de 14h à 20h. Exposition fermée le lundi matin et jours fériés. Entrée libre.

 

Photos : Hommage à Boris Vian (collage), Pierre de Chocqueuse - Photo en largeur de B. Vian © D.R. / Archives Cohérie Boris Vian, Paris 2011.

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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 09:30

Denny-Zeitlin---Labyrinth--cover.jpgEnregistré en juillet 2008 et juin 2010, “Labyrinth” rassemble les meilleurs moments de deux concerts donnés par Denny Zeitlin au Ernie Shelton’s House de Sebastopol (Californie), un petit club intime (moins d’une centaine de places) qu’il apprécie pour la qualité de son public. Le pianiste (73 ans aujourd’hui) conserve intacts ses moyens techniques. Il articule parfaitement ses notes, contrôle leurs attaques et leurs résonances au sein d’un jeu dynamique qui met en valeur une main gauche puissante et espiègle. L’histoire du jazz reste présente dans sa musique. Le blues et ses ambiguïtés harmoniques, ses notes bleues qui oscillent entre les modes majeur et mineur, la teinte de façon particulière. Zeitlin aime aussi les intervalles distendus, les tensions dissonantes (septièmes majeures, quartes augmentées) souvent recherchées pour elles-mêmes. Son harmonie n’est pas toujours linéaire. Dans Footprints qui ouvre le disque, il tourne autour du thème, le segmente, en isole les huit premières mesures. Fruit d’une réflexion personnelle, le morceau de Wayne Shorter devient prétexte à des variations inattendues. Dancing in the Dark bénéficie d’une nouvelle jeunesse harmonique tandis que Sail Away et People Will Say We’re In Love inspirent à l’interprète de longues improvisations lyriques. Ce dernier joue un piano rubato et rêveur, s’attarde sur les mélodies qu’il décante et transforme, en fait ressortir les belles notes. Celles de As Long as There’s Music, presque une valse, sonnent avec beaucoup d’autorité. La composition de Jule Styne hérite de basses puissantes. Une main gauche virevoltante pose les arpèges et les notes perlées. Ce n’est pas la première fois que Zeitlin nous en offre une version enregistrée. Le chaloupé Brazilian Steet Dance a également fait l’objet d’enregistrements en solo, en trio et en duo. Slipstream et Labyrinth datent des années 60 et furent gravés pour Columbia. Cette dernière pièce, la plus longue de l’album, fascine par ses chausse-trapes. Le pianiste s’amuse à se tendre des pièges, explore sans jamais se perdre tout le registre de son clavier, utilise sa table d’harmonie comme un miroir sonore déformant. Il aime terminer ses concerts par des prestissimo éblouissants. Slipstream nous y prépare, un thème que Lazy Bird écrit par John Coltrane surpasse en pure virtuosité.

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